Cet article sur Éphésiens 1.3-6 a pour sujet l'élection et la prédestination, qui n'est pas un déterminisme froid, mais la grâce de Dieu qui procure salut, joie, louange et certitude, et qui n'enlève rien à notre responsabilité de croire.

Source: Croire pour comprendre. 4 pages.

Éphésiens 1 - L'élection

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adoptés, selon le dessein bienveillant de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé. »

Éphésiens 1.3-6

Quelle est la place que la liberté personnelle et la responsabilité individuelle peuvent avoir dans un monde que l’on dit être de plus en plus déterminé?

Notre siècle, plus que tout autre, semble dominé, sinon écrasé, par l’idée que tout est déterminé mécaniquement et que nous ne saurions changer quoi que ce soit aux comportements individuels, pas plus qu’au cours de l’histoire. Telle est du moins l’hypothèse du matérialisme dialectique. L’histoire, selon elle, se déroule en se conformant à un processus préétabli, irrévocable, ainsi que c’est le cas dans les phénomènes naturels. De même que l’air de l’atmosphère conditionne la température et que l’électricité statique provoque l’orage, ainsi, croit-on, l’histoire des hommes serait conditionnée par un facteur principal, qui ne serait autre que l’économie. Tout se développe alors selon un schéma déposé au début et d’où la liberté est la grande absente! Ce résumé ne suffit pas, j’en conviens, pour se faire une idée complète sur le matérialisme dialectique, mais il nous en donne un aperçu.

Les sciences naturelles ont affirmé les mêmes convictions. Les lois de l’hérédité feraient que l’homme serait entièrement le produit des tendances héritées, et de même que l’on ne peut changer la couleur de ses yeux ou de sa peau, on ne pourrait changer sa personnalité. Pour peu que l’on puisse découvrir ce fameux chromosome 13, on pourra décider si tel ou tel acte n’est pas la conséquence d’un facteur qui échappe à tout contrôle conscient. Dans ce cas, ne serait-ce pas une illusion que de tenter de convertir l’homme? « Ce n’est pas de ma faute si j’agis de la sorte », dira l’irresponsable; « je suis ce qu’on a fait de moi », affirmera le malfaiteur. L’un pourra évoquer son ascendant alcoolique, l’autre les conditions sociales et économiques et un troisième ira jusqu’à faire intervenir le déterminisme astral! On peut donc se disculper de tout acte à très bon compte…

« Vous avez été élus », nous dit la Bible, et ce terme d’élus vient peut-être jeter un trouble plus grand encore dans nos esprits, car il semble signifier que nous pensons et agissons comme si tout était organisé d’avance! L’élection dont parle l’Écriture serait-elle une forme de déterminisme? Est-il possible que jusque dans la Bible il soit dit que tout est programmé d’avance sans que nous ayons ni choix ni liberté? Serions-nous des pions sur un échiquier géant? Dieu serait-il le despote céleste d’une religion tyrannique, pierre d’achoppement? La prédestination, ce mot qui glace tant de gens, serait-elle une doctrine abominable? C’est ce qu’on dit souvent sans savoir de quelle prédestination il s’agit.

Laissons cette vision fausse et caricaturale des choses et essayons de comprendre ce que la Bible nous dit et quelle est la joie que nous pouvons éprouver en affirmant notre certitude de l’élection. « En lui, [c’est-à-dire en Christ], Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (Ép 1.4).

Nous voilà donc éclairés sur ce point fondamental. L’élection apparaît au regard de la foi comme l’acte de grâce par excellence qui apporte joie et consolation. C’est un article de foi que nous confessons et non pas un problème philosophique épineux que nous tentons de résoudre. C’est le soleil resplendissant de la bonté divine qui brille, non pas le nuage sombre et chargé d’orage qui nous menace et nous terrorise. En l’élection, nous pénétrons dans le tabernacle de la sagesse divine au lieu de nous égarer dans un labyrinthe d’intrigues métaphysiques.

L’élection dont les chrétiens sont l’objet n’est donc pas une décision froide ou impitoyable prise par Dieu, une de ces théories abstraites au sujet desquelles il nous serait possible de spéculer sur le temps et sur l’éternité pour dévoiler tant bien que mal un aspect caché du mystère de la foi. Ainsi, les deux phrases, étroitement liées, chassent les brumes d’une énigme angoissante. Dieu nous a élus en Jésus-Christ avant la fondation du monde. L’élection résout la contradiction que nous plaçons entre le temps et l’éternité. Dieu n’est-il pas le même hier, aujourd’hui, éternellement? Ses promesses et ses décisions se réalisent dans le temps. Il ne se renie point; il reste fidèle à lui-même dans le temps comme dans l’éternité. L’élection ne fait pas partie des choses secrètes, inscrutables, mais de la sagesse même de Dieu révélée en Jésus-Christ. Lorsque nous accueillons le Christ par la foi, nous nous plaçons sous le bénéfice qu’il a acquis pour nous. Notre élection en fait aussi partie. C’est pourquoi elle cesse d’être une question supplémentaire qui viendrait s’ajouter à la chaîne interminable des questions oiseuses que nous nous posons sans cesse.

Il n’y a pas une ombre d’opposition entre le Dieu éternel qui choisit et le Christ, c’est-à-dire la personne historique qui veille à l’exécution des décisions de Dieu. Si le Christ, le Fils de Dieu, est pour nous, Dieu le Père l’est aussi. Il nous a élus selon son bon plaisir, mais bon plaisir ne veut pas dire sautes d’humeur! « Ce bon plaisir » est sa bonté envers nous, et si nous cherchons un signe de l’amour de Dieu, nous le trouverons reflété dans la vie et le ministère total du Sauveur. Dieu n’a pas d’autre message à nous adresser que ce qu’il a dit une fois pour toutes en son Envoyé. Nous n’avons pas à chercher une autre vérité que la vérité incarnée, un autre chemin que la voie tracée, une autre plénitude ailleurs que dans la vie éternelle. Toutes les promesses de Dieu sont oui et amen en Christ.

Voyez de quelle manière l’élection nous apporte la merveilleuse certitude concernant notre vie présente et à venir. Son message signifie que notre existence se trouve entre les meilleures mains. Nous avons été élus pour les bénédictions de Dieu et toutes celles-ci se résument en Christ. En lui, nous sommes transformés, rénovés, pardonnés. Nous savons à présent ce qu’est la vraie humanité, ce qu’est le sens de la vie, où se trouve l’origine de notre existence, quelle en est la destinée. Notre existence cesse donc d’être un puzzle ou une sorte de roman policier dont l’intrigue se dénoue seulement quand nous parvenons à la dernière page! Dieu nous a élus en lui pour nous arracher aux griffes du désespoir, à la tumeur maligne qui tue. En lui, il contrôle chacune de nos existences individuelles, et sa grâce céleste, qui est pardon et amour, nous dit : « Vous n’êtes pas la vermine de la terre. Vous trouverez le modèle d’homme, le type de ce que vous devriez être. Non pas un modèle éphémère qui change selon les modes, selon les mœurs et les époques, mais l’archétype même, l’original qui ne sera jamais détruit. »

Qui est alors l’élu? me demanderez-vous peut-être. Comment le savoir? Un jour, alors que Jésus se trouvait sur la route menant à Jérusalem, quelqu’un dans la foule l’aborda avec la même question. Il voulait s’informer. Était-ce un reporter de son temps, désireux d’interviewer le Maître? Quoi qu’il en soit, le voilà avec une question brûlante sur ses lèvres : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés? » (Lc 13.23). Autrement dit, quel sera le nombre des sauvés? Question toute naturelle, que nous posons aussi; seront-ils 10 %, 25 %, 75 % ou 100 %? Quels seront les meilleurs pronostics? Combien d’hommes appartiennent au groupe d’élus de chaque génération? Faut-il se fier aux statistiques qui, dans nos pays, étalent à la une des journaux le nombre de baptisés? On sait qu’il existe deux manières de mentir : l’une, la vieille et classique, déclare blanc ce qui est noir et vice-versa; l’autre, ce sont les chiffres et statistiques modernes! Mais laissons les journalistes, anciens ou modernes, à leur quête du sensationnel. Pour Jésus, il n’y a qu’une question, toute personnelle, et qui n’est pas d’ordre mathématique. Ce n’est pas une affaire de calcul, mais de choix; ce n’est pas une question de chiffres, mais de foi personnelle. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite », répond Jésus à son interlocuteur (Lc 13.24). Nous devons nous efforcer d’entrer dans le Royaume de Dieu.

Il est vrai qu’à d’autres occasions Jésus a parlé d’une séparation définitive entre les boucs et les brebis. Mais nous aurions tort de n’y voir que de l’arithmétique. Il n’est pas question de soustraction ou d’addition, mais de préoccupation personnelle. Serai-je du bon côté dans le nombre des élus? Il semble, à notre époque, que le nombre des chrétiens diminue, et je crois avec la Bible que le pouvoir mystérieux de l’incroyance est de plus en plus envahissant. Mais Jésus ne savait-il pas que la réalité était aussi semblable à son époque? Or, il invitait ses disciples et ses auditeurs velléitaires à entrer par la porte étroite. Le nombre de ceux qui la trouvent est bien petit, ajoutait-il. Pourtant, Dieu soit loué, le nombre des sauvés dépasse largement tout ce que nous pourrions imaginer et il va bien au-delà de 144 000, n’en déplaise à ceux qui jonglent avec les chiffres pour mieux manipuler les consciences. La multitude des sauvés sera composée de gens venant de tous les peuples et de toutes les races du monde.

Reste la question personnelle : Serai-je du nombre? Dieu ne désire la mort de personne, mais la conversion et le salut du pécheur. Cependant, prenons garde, car Dieu rejettera ceux qui l’auront rejeté. Lors du dernier jour, jour de tri et de séparation, apparaîtra aussi le groupe des réprouvés. Les lâches, les impudiques, les menteurs, les ivrognes, les malfaiteurs, les hypocrites et les idolâtres de toutes sortes qui auront refusé Dieu et l’offre de sa grâce seront rejetés. Dieu a élu en Christ dès avant la fondation du monde, mais nous ne pouvons prendre à la légère sa réprobation.

S’il nous a élus, c’est parce qu’il est l’unique auteur et la source de sa grâce. S’il nous réprouve et nous rejette, c’est parce que nous en sommes les seuls responsables. Alors, êtes-vous du nombre de ceux qui croient au Seigneur Jésus-Christ et en sa grâce? Dans ce cas, vous louerez avec l’apôtre l’auteur de votre salut : « Béni soit Dieu… qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ! » (Ép 1.3).