Cet article sur Éphésiens 5.18 a pour sujet l'oeuvre du Saint-Esprit et la plénitude de l'Esprit qui nous est donné par l'écoute de la Parole, quand nous nous engageons à vivre pour le Royaume et que nous portont le fruit de l'Esprit.

Source: Croire pour comprendre. 4 pages.

Éphésiens 5 - Remplis de l'Esprit

« Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit. »

Éphésiens 5.18

  1. La question de l’Esprit
  2. La plénitude de l’Esprit

1. La question de l’Esprit🔗

Parler du Saint-Esprit est sans doute l’une des tâches les plus délicates pour le prédicateur chrétien. Nul n’ignore les divergences d’interprétation; nul ne se réjouit de l’immense confusion qui règne à son sujet. Comment réussir à en parler correctement et à rétablir, si possible, toute la vérité?

J’espère toutefois que nous aurons pour l’essentiel l’intelligence et le secours du Saint-Esprit pour discerner plus clairement sa personne divine et son œuvre du salut.

Le chrétien réformé a pourtant la certitude d’y voir clair, lorsqu’il ouvre l’admirable petit ouvrage qui s’appelle le Catéchisme de Heidelberg, dans lequel il lit : « Il me régénère, me conduit dans toute la vérité, me console et m’habite pour toujours. » Cette brève explication reflète fidèlement toute la pensée et toute la doctrine biblique du Saint-Esprit. Ce qu’elle dit me paraît amplement suffisant pour croire au Saint-Esprit et pour vivre au bénéfice de son œuvre.

L’Esprit Saint est source de nourriture et de vie nouvelle, qui sans cesse fait croître cette vie transformée. Il convertit tous les jours le chrétien à son Seigneur Jésus-Christ et le fortifie par sa grâce fidèle. Celui qui est en Christ l’est par l’Esprit qui agit de manière secrète, mais efficace. Parfois trop discrètement au gré des uns; ailleurs avec un dynamisme qui déroute ceux qui ne s’y attendaient pas. Une chose est certaine et je tiens à la souligner : il n’opère jamais de manière isolée. Il accompagne nécessairement et sans y manquer la prédication correcte de l’Évangile. Il n’existe pas de Saint-Esprit en soi, coupé de la grâce du Christ auquel l’Évangile, de sa première à sa dernière page, rend témoignage. L’Esprit m’habite; il vit en moi, je suis devenu son Temple. Mon corps a été désigné pour être son sanctuaire, et ce que je suis en tant que chrétien, je le dois à son action. Il témoigne à mon esprit que je suis enfant de Dieu; il ne me laisse pas seul ni orphelin; il ne cesse d’exercer son influence sur moi.

Tout ceci me paraît d’une clarté éblouissante, mais des points moins clairs persistent. Ainsi, nous avons parfois de la peine à comprendre le mode de sa présence et la manière dont il mène son action. Quoique certains de l’une et de l’autre, ces deux points peuvent créer parfois quelque confusion dans nos esprits. C’est ainsi qu’en notre temps l’on a proclamé « l’ère du Saint-Esprit », parce qu’une partie de l’Église place exclusivement l’accent sur l’Esprit, négligeant quelque peu Dieu le Père et Dieu le Fils. Des mouvements qui s’en réclament et qui, il faut l’avouer, remportent un certain succès ont malheureusement jeté le discrédit sur d’autres chrétiens… qui auraient le malheur de « ne pas croire » à l’Esprit.

Je puis admettre l’existence d’Églises arides et stériles, parfois même moribondes, qui se rétrécissent comme une peau de chagrin. Leur état s’explique par l’abandon d’une prédication évangélique et par la négligence de l’action de l’Esprit. Là où l’Esprit Saint est relégué à un article de doctrine et figé dans une position théorique, l’Église ne bénéficie pas de son action révélatrice. Elle s’enlise dans le traditionalisme et se sclérose dans des formalismes sans vie. L’atrophie des membres est la cause de l’absence de fruits de l’Esprit. Qui peut se réjouir à la vue d’une telle Église? Mais cette constatation nous autorise-t-elle à conclure que partout où il n’y a pas d’explosion de vie il n’y a que la mort? Car la prédication fidèle, l’administration correcte des sacrements, la discipline spirituelle ecclésiastique sont encore à l’honneur dans des Églises qui ne cherchent qu’à plaire à Dieu et à vivre leur vocation chrétienne sans tambour ni trompette, dans une ligne qui reste fidèle à l’Écriture et à la tradition réformée. Et ceci malgré les problèmes qui peuvent surgir dans leur sein comme au sein de chaque Église.

L’orgueil spirituel n’est pas toujours absent de certaines critiques négatives et certains jugements sur autrui n’ont pas de motifs uniquement bibliques et chrétiens, mais une trop grande suffisance spirituelle. À ces amis, il conviendrait de rappeler le texte de Paul : « Qui es-tu toi qui juges un serviteur d’autrui? S’il se tient debout ou s’il tombe, cela regarde son maître » (Rm 14.4).

Je tiens à rappeler une fois de plus que nul n’est détenteur exclusif de la vérité, et, à plus forte raison, nul n’est le dépositaire exclusif du Saint-Esprit. Or, la correcte formulation de la foi et de la doctrine n’est pas une affaire négligeable. Bien au contraire; ainsi que l’écrivait au siècle dernier le grand Alexandre Vinet : « Le réveil religieux éclate nécessairement sur le sol rocailleux de l’orthodoxie. » Inutile de s’abandonner à des réveils qui risquent de produire d’agréables sensations; inutile de s’évertuer à innover par des moyens artificiels; inutile de prétendre que tel ou tel aggiornamento fera forcément œuvre de réforme radicale. Les changements d’ordre liturgique ici, l’emploi de la guitare là, les chants sentimentaux qui font dodeliner les têtes et les esprits ailleurs… et surtout les nouveaux procédés « langagiers », où l’on discute de la dénatalité à la place du culte et où l’on s’imagine être dans « le vent » en lisant le journal hebdomadaire au lieu de méditer l’Écriture le dimanche matin, tout cela me paraît être vent et poursuite du vent.

Oui, je suis peiné d’entendre des critiques à l’égard d’Églises et de chrétiens, qui, sans s’adonner à l’exhibitionnisme psychique, vivent de la plénitude de l’Esprit de Dieu. Et je rends grâces au Seigneur pour ces hommes et ces femmes admirables, d’autant plus que la plupart d’entre eux sont touchants de modestie et de discrétion, que j’ai rencontrés durant mes années de ministère et dont le rayonnement authentique pourrait être une leçon de vie chrétienne à ceux qui crient un peu trop vite victoire chaque fois qu’ils se laissent déborder par leurs sentiments… Alors, quelle est la méthode appropriée pour bien saisir l’action de l’Esprit de Dieu? Comment faire l’expérience de l’Esprit sans nécessairement foncer dans un mysticisme qui n’a rien de chrétien?

2. La plénitude de l’Esprit🔗

En termes bibliques, que veut dire exactement la plénitude de l’Esprit? En ouvrant et en consultant l’Ancien Testament, nous nous rendons compte que l’action de l’Esprit de Dieu, déjà à l’œuvre à l’aube de la création, s’emparait des personnes pour les sanctifier, pour leur donner la sagesse, pour les qualifier en vue d’une œuvre, pour les garder dans l’Alliance de grâce. En réalité, Pentecôte n’est pas une innovation pour ceux qui vivaient de l’Esprit, même dans le cadre cultuel de l’ancien Israël, si ce n’est que l’Esprit se répand sans distinction sur tout croyant et qu’il n’est plus réservé à certains ministères comme dans le passé. Il serait fort intéressant d’étudier l’action de l’Esprit de Dieu à partir du premier verset du livre de la Genèse, au lieu d’en confiner la présence et l’action souveraine uniquement dans le deuxième chapitre du livre des Actes des apôtres.

Le Nouveau Testament nous annonce la plénitude totale et parfaite de l’Esprit dans la personne et le ministère de l’Unique, de l’Homme parfait parce que Fils de Dieu : Jésus-Christ. Il fut le premier à en recevoir la plénitude totale, ce qui lui permit d’accomplir les œuvres du Royaume. À la fin de son ministère terrestre, Jésus promit d’envoyer l’Esprit sur les disciples, à la fois comme signe de son triomphe final et comme gage de sa présence continuelle avec eux. Pentecôte rend plus évidente cette victoire et cette présence. Elle n’est pas un événement ex abrupto, mais s’inscrit dans la ligne logique de toute l’œuvre de la rédemption. Ne l’isolons donc pas de Noël, ni du Vendredi saint, ni de Pâques, ni de l’Ascension. À partir de Pentecôte, Jésus est actif comme le Consolateur des siens, et c’est pourquoi le Nouveau Testament nous apprend à utiliser, parfois de façon interchangeable, les deux expressions : « être en Christ » ou « être en l’Esprit ».

L’événement de Pentecôte a produit des signes et des phénomènes physiques tels que des voix, un vent puissant, des langues en forme de flammes. Rien n’atteste que les langues de feu sont apparues à d’autres occasions. Une seule fois il est question d’un tremblement de terre, mais plus jamais on n’entend parler sur les pages du Nouveau Testament de phénomènes extraordinaires en rapport avec l’action de l’Esprit. En dehors du Nouveau Testament, on peut prétendre à de telles manifestations. Je reste, en ce qui me concerne, très sceptique, d’autant plus que la Bible seule fonde ma foi et non des événements sans contrôle dont certaines personnes auraient été les témoins.

De toute manière, il serait absurde de s’attendre à une nouvelle Pentecôte, comme il serait absurde de s’attendre à une incarnation nouvelle du Christ ou à sa résurrection. Une chose en tout cas certaine, c’est qu’en général, la plénitude de l’Esprit se produit de manière discrète.

Si dans Actes 19 il est question du parler en langues, ce miracle semble donné comme un signe et comme un témoignage isolé de l’effusion de l’Esprit à ceux qui ne connaissaient pas encore l’événement. L’essentiel restait l’enrichissement de chaque fidèle et de l’Église dans son ensemble. L’Esprit donnait la certitude d’avoir fait l’expérience de la conversion.

D’après Actes 6, les assistants des apôtres devaient également connaître la plénitude de l’Esprit. Cela peut signifier que tous les convertis et baptisés n’étaient pas véritablement remplis de la plénitude. Ce qui est aussi le cas pour les chrétiens des temps modernes…

Aussi l’Écriture nous exhorte-t-elle en ces termes : « N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu » (Ép 4.30). « Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit » (Ép 5.18). Voilà donc quel doit être le désir essentiel de tout baptisé. Comment être remplis de l’Esprit? Il n’y a pas de question plus importante que celle-là. Il convient d’abord de demander cette plénitude à Dieu et la rechercher activement. Il faut vivre de la vérité et pour la vérité. Celle-ci n’est nulle part ailleurs que dans l’Écriture, Parole vraie et vivante de Dieu. C’est notre rapport avec l’Écriture, qui est cette Parole, qui déterminera notre plénitude, et non une expérience dépourvue de fondement. La Bible n’est pas un texte figé ou mort; elle est véritable source de vie et moyen de grâce.

Enfin, la plénitude de l’Esprit se manifeste quand nous nous engageons à vivre pour le Royaume, lorsque le Christ devient le Maître absolu de nos vies, que nous participons activement et utilement à la vie de l’Église; lorsque la seigneurie du Christ est proclamée dans tous les départements de l’existence. Nous connaîtrons quelque chose de cette plénitude si nous démontrons ce que le Nouveau Testament appelle les fruits de l’Esprit. Inutile de discuter longuement pour savoir si nous sommes remplis de l’Esprit; il suffit de produire des fruits sur l’arbre régénéré que nous sommes et de prouver notre liberté d’enfants de Dieu. L’expérience de la Pentecôte sera réelle pour tout chrétien là où l’Évangile sera totalement cru, le Christ parfaitement obéi et Dieu honoré en premier.