Cet article sur Ésaïe 6 a pour sujet la vision reçue par le prophète Ésaïe. Elle révèle la sainteté de Dieu, notre péché, notre besoin de repentance et notre envoi en mission au service de Dieu et du prochain.

Source: Récits d'hier pour la foi d'aujourd'hui. 4 pages.

Ésaïe 6 - La vision du prophète Ésaïe

« L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui; ils avaient chacun six ailes : deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler. Ils criaient l’un à l’autre et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées! Toute la terre est pleine de sa gloire! Les soubassements des seuils frémissaient à la voix de celui qui criait, et la Maison se remplit de fumée. Alors je dis : Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une braise qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche et dit : Ceci a touché tes lèvres; ta faute est enlevée, et ton péché est expié. J’entendis la voix du Seigneur, disant : Qui enverrai-je et qui marchera pour nous? Je répondis : Me voici, envoie-moi. Il dit alors : Va, tu diras à ce peuple : Écoutez toujours, mais ne comprenez rien! Regardez toujours, mais n’en apprenez rien! Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles et bouche-lui les yeux, de peur qu’il ne voie de ses yeux, n’entende de ses oreilles, ne comprenne avec son cœur, qu’il ne se convertisse nt ne soit guéri. »

Ésaïe 6.1-10

Rarement un texte biblique nous saisit avec autant de force et d’émerveillement que ce magnifique chapitre 6 du livre du prophète Ésaïe. Rarement aussi, un texte de l’Écriture nous parle avec autant de précision et de clarté des éléments qui forment la religion révélée. Tous les éléments de celle-ci se trouvent admirablement réunis dans ce chapitre, sans que l’un puisse prédominer sur l’autre. Nous y saisissons donc le cœur même de notre religion chrétienne, le noyau, la véritable et correcte relation avec le Dieu de Jésus-Christ.

D’abord, l’élément mystique, sans lequel notre cœur serait froid et insensible. Ensuite, l’élément intellectuel, sans lequel notre esprit perdrait sa lucidité et se livrerait à des fadaises sentimentales. Enfin, l’élément institutionnel, la structure ou le cadre normal dans lequel la religion peut être pratiquée et vécue.

Le Temple de Jérusalem, lieu de culte en Israël, a été le cadre de la vision du prophète. Sans l’Institution, la religion, même biblique, court le risque de dégénérer en religion fantaisiste. Si l’on ignore la nature véritable de notre foi et de notre religion, il suffit de lire et de méditer ce passage de l’Ancien Testament. Si l’on ne rencontre pas Dieu, si l’on ne reconnaît pas ce qu’il y a de divin dans ce culte, alors aucune prédication, aucun chant, ni même la plus perfectionnée des liturgies, ne pourrons-nous apporter la moindre aide.

Ésaïe le prophète se trouve devant une fenêtre ouverte, d’où il nous invite à contempler le vaste horizon, l’étendue immense qui embrasse et le temps et l’éternité. Cette vision à elle seule peut déjà faire naître la foi en nous, l’approfondir et l’enrichir, l’asseoir sur un solide fondement et en plonger les racines jusque dans l’éternité de Dieu.

Pour le prophète Ésaïe, sa vision de Dieu fut une expérience incomparable. Il vivait en une époque de grave crise nationale. Le peuple auquel il appartenait connaissait les violents sursauts de l’agitation sociale, politique, voire religieuse. Sa vision eut lieu l’année même de la mort du grand et bien-aimé roi Ozias. Le trône était vacant et même chancelant, et le peuple tout entier se trouvait plongé dans le deuil national. De lourdes menaces se profilaient à l’horizon et l’avenir était plus qu’incertain. Et voilà qu’au sein de cette pénible situation le prophète devient le témoin de la solidité de Dieu, de sa permanence et de son éternité. Dieu, le Seigneur et le Juge, reste assis, inébranlable, sur son trône.

Remarquons à quel point Ésaïe, le prophète de l’Ancien Testament, se garde de dissocier les deux réalités auxquelles il vient de participer. Au contraire, il regarde aussi bien la réalité terrestre et temporelle que la réalité céleste et éternelle. Il ne va pas se réfugier dans le mysticisme en s’isolant du monde; il ne va pas non plus se hasarder à balayer d’un revers de la main ce qui pourrait être, à ses yeux, purement spirituel pour ne s’attacher qu’à ce qui est terrestre. Il ne refuse pas ce qui est céleste, glorieux, transcendant, comme nous dirions aujourd’hui, afin de mieux s’occuper des tâches terre à terre qui ne manquent pas dans ce bas monde. Lui, qui est homme d’État et prince royal, est terrassé, subjugué, par cette vision inouïe. Dès lors, toute sa personne, comme toute sa carrière, en seront transformées.

À vrai dire, son expérience était bien trop personnelle, trop intime, pour être convenablement expliquée dans tous ses détails. C’est aussi le cas pour certaines de nos expériences. Nous ne pourrons jamais les communiquer de manière adéquate aux autres, même à nos proches, n’est-il pas vrai? Certaines de nos prières ne sont, en réalité, que de profonds soupirs… L’amour que nous ressentons, la reconnaissance que nous éprouvons, l’adoration que nous vouons à Dieu peuvent être des sentiments tellement intimes, si attachés au plus profond de nous-mêmes, que nous les conservons parfois pudiquement pour nous-mêmes, sans les exposer et dévoiler aux yeux curieux et étrangers.

On dit de telles expériences qu’elles sont indicibles, et nous risquons de commettre des maladresses si nous nous hasardons à les expliquer. Par ailleurs, certains de nos témoignages risquent d’être d’inutiles bavardages et, à la rigueur, des insolences envers Dieu. Aussi bien notre expérience que notre témoignage doivent se fonder uniquement sur la Parole de Dieu et s’inspirer d’elle. Quelqu’un a dit : « Ôtez la Bible, il se trouvera encore des gens qui essayeront de prêcher… » Mais sera-ce une prédication sur le Dieu de la Bible? Non, certainement pas, mais une prédication sur les idées et les idolâtries du cœur humain.

Dans l’expérience authentiquement biblique du prophète, nous rencontrons trois grandes vérités essentielles.

1. La première vérité concerne Dieu et sa sainteté. Dieu est saint et inaccessible. Il est séparé du monde, il ne se mêle pas à l’impureté, mais la juge; il condamne le mal et le péché. Mais Dieu est aussi saint parce qu’il place son pouvoir créateur au service des hommes. Il a créé le monde et il conserve la vie des hommes, des bêtes et de toute la nature. Nous dépendons étroitement de lui, et sans lui il ne nous serait pas possible de respirer un seul instant. Or, n’oublions pas que notre vie et nos personnes sont souvent l’enjeu d’événements extérieurs. Alors nous pensons que ce qui compte c’est ce qui se passe sous nos yeux. Ainsi, à l’époque d’Ésaïe, l’Assyrie et l’Égypte décidaient du sort des nations et des peuples comme le font aussi les superpuissances de notre époque.

Mais d’après le prophète, l’événement décisif c’est l’action de Dieu sur nous-mêmes et sur les êtres autour de nous. Dieu nous appelle à lui; il nous invite à nous détourner de notre vaine manière de vivre; il nous presse de nous convertir à lui pour que nous puissions naître à un jour nouveau; il veut nous accompagner jusqu’au bout de notre séjour terrestre.

2. La deuxième vérité que nous apprenons de cette vision prophétique concerne la personne même d’Ésaïe. En présence du Dieu saint, ébloui par sa majesté céleste et saisi de frayeur devant cette pureté, Ésaïe se voit comme un grand pécheur. « Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées » (És 6.5). Il est atterré au point qu’il ne peut pas s’associer au Gloria et au Sanctus du cœur céleste. La vision de Dieu, qui le rapprochait du Seigneur, l’en éloignait en même temps. Il avait le désir de rencontrer Dieu, mais cette idée le remplissait à présent d’effroi. Il se voit pécheur, fragile, néant. Et le premier mouvement du prophète sera alors de confesser son péché, de se repentir. Sans la repentance, il nous est impossible de nous tenir devant Dieu, de lui parler et même de parler de Dieu aux autres.

Or, notre effort sournois est précisément là : nous placer au niveau de Dieu et nous déclarer ses égaux; parfois même de le braver, ou de lui poser des questions insolentes, ou encore de l’accuser… C’est là la religion de notre esprit, non celle de la Bible. Or, la vraie religion nous montre notre insolvabilité et notre perdition. Qu’il soit clair que tout homme est, dans un sens ou dans un autre, un être religieux. Dans ce cas, il est ou bien l’adepte et le croyant de la religion révélée, celle du Christ et de toute la Bible, ou bien l’esclave de celle que fabrique son imagination pervertie. Nous connaissons ou bien Dieu, et alors nous sommes affranchis par lui, ou bien les idoles, et alors nous courons à notre perte. Ou bien nous sommes au bénéfice de la grâce, ou bien nous subissons la colère de Dieu.

3. La troisième et dernière vérité révélée au prophète concerne les autres. Le Dieu révélé de la Bible est celui qui appelle et qui envoie; autrement dit, sa mission est envers les autres. Si sa vision n’était pas suivie par la mission, elle ne serait que rêve et chimère. Et inversement, une mission qui ne vient pas de Dieu ne sera qu’un fardeau insupportable. Mais les deux réunies forment, ensemble, le parfait service de Dieu, qui appelle et qui envoie. Il nous faut l’écouter. Celui qui l’écoute le proclame; il annonce la repentance, exhorte à la conversion, invite au service divin. Nous ne pouvons parler de Dieu qu’à condition d’avoir auparavant entendu son appel. Certes, les hommes autour de nous cherchent un autre discours; ils préfèrent les chrétiens tièdes, qui s’accommodent à toutes les sauces. En revanche, ceux qui sont hardis, le monde les refusera comme il a refusé Jésus-Christ, comme il a chassé les prophètes, comme il a tué les apôtres…

Pas de prêchi-prêcha, mes amis, mais seule la prédication sans répit, sans compromis et sans demi-mesure de la sainteté de Dieu et de son amour, de son jugement et de son salut.

Amis chrétiens, n’écoutez pas ce que le monde vous dit sous prétexte de modernité et en vous promettant du succès. Ne vous imaginez pas que le monde et les événements selon le monde sont des choses décisives. Ne croyez pas que si vous avez lu les journaux, écouté les informations ou regardé la télévision vous êtes au courant de l’actualité! Pour comprendre l’actualité vraiment actuelle, si je peux m’exprimer ainsi, il faut lire la Bible et écouter Dieu tout d’abord.

C’est une question essentielle, celle que nous pose Ésaïe le prophète : Avez-vous vu Dieu? L’avez-vous écouté?