Cet article a pour sujet l'Église qui est le corps du Christ que Jésus s'est acquis pour le salut. Elle est une et sainte et possède des marques distinctes, celle d'écouter la Parole du Christ, car il en est le Chef, et celle d'exercer la discipline.

Source: Les vérités de la religion chrétienne, 1711. 7 pages.

L’Église

  1. C’est à l’Église qu’est destinée cette gloire dont nous avons parlé, et c’est à elle que Jésus-Christ a acquis le salut
  2. L’Église est le corps de Christ
  3. Il n’y a qu’une seule Église de Christ
  4. L’Église est sainte
  5. Cette Église ne saurait périr
  6. La principale marque de la vraie Église, c’est d’entendre la voix de Jésus-Christ et de le suivre
  7. Le Chef de l’Église est Christ
  8. L’un des principaux ennemis de Jésus-Christ c’est l’Antéchrist, dont saint Paul décrit les caractères
  9. Jésus-Christ a établi plusieurs ministres
  10. L’Église a le pouvoir d’exercer la discipline sur les pécheurs scandaleux, et de les priver des sacrements
  11. Dieu a établi des magistrats pour gouverner son Église à l’égard des choses civiles, et il veut que tous leur soient soumis
  12. Le mariage a été institué de Dieu pour multiplier les élus et son Église, et il est honorable entre tous

1. C’est à l’Église qu’est destinée cette gloire dont nous avons parlé, et c’est à elle que Jésus-Christ a acquis le salut🔗

« Christ a aimé l’Église, et s’est donné lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, après l’avoir nettoyée par le lavement d’eau par la parole. Afin qu’il se la rendît une Église glorieuse, n’ayant point de tache, ni de ride, ni autre telle tache, mais afin qu’elle fût sainte et irrépréhensible » (Ép 5.25-27).

Jésus-Christ a aimé son Église, jusqu’à ce point de se livrer à la mort de la croix, pour expier ses péchés, et pour la faire son épouse. Ce n’a pas été parce qu’il a trouvé quelque beauté en elle qu’il en a fait son épouse; mais au contraire, c’est afin qu’il la sanctifiât après lui avoir pardonné ses péchés, et lui avoir donné le symbole et le sceau de cette rémission par le baptême et les assurances de ce pardon par sa Parole; et il la sanctifie par cette même Parole qu’il a accompagnée de la vertu de son Esprit; afin qu’il se la rendît une Épouse glorieuse, parfaitement sainte, car la gloire de l’Église, c’est la sainteté et ses vertus sont ses ornements, et que sa beauté n’ait rien qui la défigurât; mais cette perfection ne sera que dans le ciel.

2. L’Église est le corps de Christ🔗

« Laquelle est son corps et l’accomplissement de celui qui accomplit toutes choses en tous » (Ép 1.23).

L’Église est le corps de Christ mystique; il est sur elle le Chef, il la conduit, et l’anime, et il répand sur elle ses douces influences.

Elle n’est rien sinon ce qu’il la fait être, et c’est lui qui lui fournit l’esprit et la vie dont chaque fidèle est animé. Cependant, comme le chef est une chose en quelque sorte imparfaite, s’il est séparé du corps, l’Église peut en quelque manière être dite l’accomplissement ou la perfection de Christ; en tant que de lui, comme du Chef, et d’elle, comme du corps résulte un tout d’une grandeur parfaite, et d’une belle symétrie. Et Jésus-Christ rend aussi son Église pleinement accomplie par l’assemblage de tous ses membres qui sont ses élus; par la connaissance, la foi, et la charité qu’il produit en eux successivement, et par le bonheur et la gloire où il doit élever un jour son Église.

3. Il n’y a qu’une seule Église de Christ🔗

« Comme nous avons plusieurs membres en un seul corps, et tous les membres n’ont pas une même opération, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Jésus-Christ » (Rm 12.4-5).

Il en est de l’Église comme de nos corps. Comme vous voyez que nos corps sont composés de quantité de membres, qui sont tellement liés les uns aux autres, que néanmoins ils sont destinés à différentes opérations. Ainsi, nous constituons tous un même corps dans la communion de notre Seigneur Jésus-Christ; et quoi que nous soyons séparés, si est-ce que par la force de cette communion, nous sommes comme membres les uns des autres.

« Il y a un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi vous êtes appelés à une seule espérance de votre vocation » (Ép 4.4).

Toute l’Église répandue par tout l’univers n’est qu’un seul corps, encore qu’il soit composé de plusieurs fidèles, comme de plusieurs membres. Dans ce corps il n’y a qu’un même Esprit qui l’anime, c’est l’Esprit de Christ, comme si ce n’était qu’une seule âme, qui lui donnât sa vie et ses mouvements; aussi tous les fidèles ont les mêmes biens pour les objets de leur espérance, savoir la félicité éternelle, à laquelle ils sont appelés. Tous sont unis par les liens d’une même foi et d’une même charité.

4. L’Église est sainte🔗

« Christ a aimé l’Église, et s’est donné lui-même pour elle. Afin qu’il la sanctifiât, après l’avoir nettoyée dans le baptême d’eau et par sa parole : Afin qu’il se la rendît une Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni autre chose semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irrépréhensible » (Ép 5.25-27). « À l’Église de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés en Jésus-Christ » (1 Co 1.2).

La vraie Église n’a pour ses vrais membres que ceux que Dieu a sanctifiés, et séparés des autres hommes par une vocation efficace. Jésus-Christ ne peut point avoir pour ses membres, ceux qui demeurent dans leur corruption. Ses membres sont ceux dont les noms sont écrits au ciel.

5. Cette Église ne saurait périr🔗

« Les portes d’enfer ne pourront jamais prévaloir contre elle » (Mt 16.18).

Les complots et les forces de l’enfer ne pourront pas détruire l’Église; ni les tyrans, par leurs persécutions, ni les hérétiques, par leurs erreurs, ni Satan, ni le monde ne la sauraient anéantir; il est plus aisé, dit un ancien, que le soleil s’éteigne, qu’il n’est aisé que l’Église périsse.

6. La principale marque de la vraie Église, c’est d’entendre la voix de Jésus-Christ et de le suivre🔗

« Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent. Elles ne suivront pas un étranger, au contraire elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jn 10.17).

Le caractère des brebis du Seigneur, c’est-à-dire des vrais fidèles, est :

  1. Qu’elles entendent la voix de Jésus-Christ, qui résonne dans la bouche de ses vrais ministres; et sa parole qui est contenue dans ses Écritures.

  2. Qu’elles discernent sa voix de celle des faux docteurs.

  3. Qu’elles le suivent, et qu’elles ne s’écartent point de la voie, qu’il leur a marquée, et dans laquelle il a marché lui-même.

  4. Qu’elles ne suivent point un faux pasteur, qui voudrait les détourner du chemin qui conduit au ciel, parce que quelque soin qu’il prenne pour rendre sa voix agréable, elles la discernent de celle du souverain Évêque de nos âmes.

« Si vous persistez en ma parole, vous serez vraiment mes disciples » (Jn 8.31).

Il ne suffit pas pour être les disciples de Christ d’écouter sa parole, et d’être persuadé de sa vérité, il faut que cette persuasion pénètre nos cœurs et persévérer dans la doctrine, tellement qu’aucune tentation ne nous en détourne.

« Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu » (Jn 8.17).

Chaque effet a du rapport à la nature de sa cause; les enfants le plus souvent ressemblent à leurs pères. Celui donc qui est né de Dieu doit avoir des qualités conformes au principe de son origine, et celui qui a ces qualités écoute ses paroles, avec attention, avec réflexion, et pratique ce qu’il ordonne.

7. Le Chef de l’Église est Christ🔗

« Il l’a donné sur toutes choses pour être Chef à l’Église » (Ép 1.22). « Mais afin que suivant la vérité avec la charité, nous croissions en toutes choses en celui qui est le Chef, c’est-à-dire Christ; duquel tout le corps bien ajusté et serré ensemble par toutes les jointures de l’assistance prend l’accroissement du corps, selon la vigueur qui est dans la mesure de chaque partie, pour l’édification de lui-même, en charité » (Ép 4.15-16). « Et c’est lui qui est le Chef du corps de l’Église, et qui est le commencement et le premier-né d’entre les morts, afin qu’il tienne le premier lieu en toutes choses. Et vous êtes rendus accomplis en lui, qui est le Chef de toute principauté et puissance » (Col 1.18; 2.10).

Christ est le Chef de l’Église et l’unique Chef. C’est lui qui la gouverne par son Esprit; il adresse tous ses membres, et il les conduit dans leurs opérations; il sait tout ce qui leur importe; c’est un Chef qui ne dort ni ne sommeille point, qui connaît parfaitement tout ce qui peut être utile à son corps, et qui le lui peut procurer. Un Chef puissant, miséricordieux, sage, qui communique à ses membres tout ce qu’ils ont de vie et de mouvement, qui est uni si étroitement avec eux, que toutes les puissances de la terre, de l’enfer, et des cieux ne sauraient rompre cette union.

8. L’un des principaux ennemis de Jésus-Christ c’est l’Antéchrist, dont saint Paul décrit les caractères🔗

« Ce jour-là ne viendra point que premièrement la révolte ne soit arrivée auparavant, et que l’homme de péché, le fils de perdition ne soit révélé; qui s’oppose et s’élève au-dessus de tout ce qui est nommé Dieu, ou qu’on adore jusqu’à s’asseoir comme Dieu, dans le Temple de Dieu, se portant comme s’il était Dieu » (2 Th 2.3-4).

Saint Paul donne dans ce chapitre les caractères de l’Antéchrist :

  1. Il parle d’une apostasie de la pureté de la doctrine de Christ. L’apôtre la décrit en 1 Timothée 4.1.

  2. Il appelle l’Antéchrist, un homme de péché; c’est-à-dire non seulement un pécheur insigne, mais encore un imposteur et séducteur. Or la description que fait saint Paul marque que ce n’est pas un seul homme, mais plusieurs qui se succéderont les uns aux autres jusqu’à la venue de Christ, comme un Roi. Daniel 7.17 marque plusieurs rois.

  3. Il nomme fils de perdition, qui est destiné à une perdition éternelle, et qui attire les autres dans la perdition.

  4. Il dit qu’il sera révélé. Il y aura donc un temps de mystère, durant lequel l’apostasie se formera peu à peu, et comme imperceptiblement, et un temps de manifestation.

  5. Il dit qu’il s’oppose et s’élève; c’est-à-dire qu’il s’opposera et s’élèvera, car saint Paul (2 Th 2.6-7) fait voir que cela ne devait pas arriver de son temps.

  6. Il dit qu’il s’opposera et s’élèvera contre tout ce qui est nommé Dieu, et qu’on adore, ou qui est auguste, comme les puissances de la terre, et qu’il fera des lois contraires à celles de Dieu.

  7. Il dit qu’il serait assis au Temple de Dieu; qu’il voudrait régner dans l’Église, et sous ombre d’une puissance spirituelle, disposer de toutes choses.

  8. Il dit qu’il se portera comme s’il était Dieu : il souffrira qu’on l’appelle Dieu, qu’on lui en attribue les propriétés et qu’on lui rende les honneurs qui ne sont dus qu’à Dieu.

  9. Il ajoute qu’il y avait quelque chose qui le retenait, c’est-à-dire l’Empire romain, comme les Pères l’ont reconnu.

  10. Saint Paul remarque que de son temps le mystère d’iniquité se mettrait en train; car il y avait déjà des faux docteurs et des gens, qui par leur orgueil s’élevaient au-dessus de leurs frères.

  11. Il fait comprendre que l’Antéchrist établirait son Empire par un mystère d’iniquité, par une iniquité mystérieuse, couverte d’une apparence de piété et de religion, et par de faux miracles.

9. Jésus-Christ a établi plusieurs ministres🔗

« Lui-même a donné les uns pour être apôtres, et les autres, pour être prophètes; et les autres, pour être évangélistes; et les autres, pour être pasteurs et docteurs. Pour l’assemblage des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps de Christ » (Ép 4.11-12).

Jésus-Christ a établi les uns pour être apôtres, les premiers et les plus excellents de ses ministres, à qui l’éminence et l’étendue de la charge, et les grâces extraordinaires qui l’accompagnaient, donnaient une souveraine autorité. Les autres pour être prophètes, à qui Dieu révélait quelquefois l’avenir et qui avaient le don d’expliquer les prophéties et les vérités célestes. Les autres pour être évangélistes, qui étaient joints aux apôtres, pour les aider à porter l’Évangile par toute la terre, et à gouverner les Églises qu’ils avaient fondées. Les autres, pour être pasteurs et docteurs, attachés chacun, par la médiocrité de leurs dons, avec une autorité ordinaire, ou à leurs Églises, ou à leurs écoles, pour les conduire, et les instruire; et cela pour rassembler tous les saints dans une même société, pour avancer l’œuvre du ministère, et pour élever et construire le corps de Jésus-Christ, l’édifice de l’Église, jusques à ce que Dieu ait appelé dans son Église tous ses élus, et que nous nous rencontrions tous dans un même sentiment, dans l’unité de la foi; et que les restes ou de l’ignorance des Gentils, ou des préjugés des Juifs n’empêchent plus que nos pensées ne soient entièrement uniformes.

10. L’Église a le pouvoir d’exercer la discipline sur les pécheurs scandaleux, et de les priver des sacrements🔗

« Ne donnez point les choses saintes aux chiens » (Mt 8.6).

Il ne faut pas exposer les mystères de la religion ni les sacrements aux profanes; les choses saintes sont pour les saints.

« Ôtez d’entre vous le méchant » (1 Co 5.13).

Éloignez-le de votre communion, retranchez-le de votre corps, et ne permettez pas qu’il souille les mystères en y participant.

« Si quelqu’un qui se nomme frère est paillard, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, ne mangez pas même avec un tel » (1 Co 5.11).

N’ayez aucun commerce particulier. Les Juifs ne mangeaient point avec les excommuniés et les idolâtres.

11. Dieu a établi des magistrats pour gouverner son Église à l’égard des choses civiles, et il veut que tous leur soient soumis🔗

« Que toute personne soit sujette aux puissances supérieures; car il n’y a point de puissances, sinon de par Dieu; et les puissances qui sont en état sont ordonnées de Dieu. C’est pourquoi, qui résiste à la puissance, résiste à l’ordonnance de Dieu, et ceux qui y résistent feront venir la condamnation sur eux-mêmes » (Rm 13.1-2).

Que toute personne, sans aucune exception, s’assujettisse volontairement aux puissances, qui sont élevées en autorité, chacun selon la forme du gouvernement, qui est établie au lieu de sa demeure; car il n’y a point de puissance établie, pour le gouvernement et la conservation de la société, qui n’ait été ordonnée de Dieu; en sorte que quiconque s’oppose à ces puissances résiste à l’établissement que Dieu a fait en général, des magistrats et des souverains, et à la sage conduite de sa providence, qui élève ceux qu’il lui semble bon, au gouvernement des peuples, et ceux qui y résistent attirent sur eux la condamnation de Dieu et des souverains.

« C’est pourquoi il faut être sujets, non seulement à cause de la punition, mais aussi à cause de la conscience » (Rm 13.5).

Il faut être sujets aux souverains non seulement pour se garantir de la peine, mais parce que la conscience nous engage à obéir au commandement de Dieu, qui veut qu’on soit soumis aux souverains; mais dès là même, que la conscience nous lie aux magistrats en vertu de l’ordonnance divine, il est clair qu’elle ne peut point nous obliger à lui obéir dans les choses qui sont contraires à la parole de Dieu (Ac 4.19, et 5.29).

« Rendez donc à tous ce qui leur est dû; à qui le tribut, le tribut; à qui le péage, le péage; à qui la crainte, la crainte; à qui l’honneur, l’honneur » (Rm 13.7).

Rendez donc à toute sorte de personnes, à chacun selon sa condition, toutes les choses auxquelles vous êtes obligés; les impositions qui sont faites sur les terres, les taxes qu’on met sur les marchandises, qu’on transporte d’un lieu à un autre; le respect, et la soumission, l’entretien même; car le mot qu’on traduit par honneur signifie quelquefois l’entretien nécessaire (1 Tm 5.17).

12. Le mariage a été institué de Dieu pour multiplier les élus et son Église, et il est honorable entre tous🔗

« Le mariage est honorable entre tous, et la couche sans tache, mais Dieu jugera les paillards et les adultères » (Hé 13.4).

Le mariage doit être tenu pour honorable entre toute sorte de personnes et de conditions. Mais que chacun se donne garde d’en violer l’honnêteté, et qu’il conserve son corps dans la sainteté; car Dieu punira les paillards et les adultères qui ne se repentent pas.