Cette prédication sur 1 Corinthiens 12.3-27 a pour sujet l'Église qui est le corps du Christ composé de plusieurs membres vivant dans l'unité avec le Christ pour prendre soin les uns des autres dans l'amour fraternel.

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1 Corinthiens 12 - L'Église comme un corps

1 Corinthiens 12.3-27

Cette lettre de Paul aux Corinthiens nous rassure beaucoup, en un sens, car avant de dire des choses assez difficiles, Paul affirme qu’il rend continuellement grâce à Dieu à leur sujet! Je me dis qu’il ferait de même pour nous aussi! Et cela reflète assurément le regard du Seigneur lui-même.

Je voudrais relever trois points qui me paraissent importants pour nous, à partir de ce chapitre 12.

1. L’Église véritable confesse le Dieu trinitaire (1 Co 12.3-6)🔗

Cela paraît tellement élémentaire qu’on pourrait se demander s’il est bien utile de le rappeler. Je pense que oui. Le propre d’une dérive, en effet, est d’exister sans crier gare!

Nous savons que pour les Témoins de Jéhovah, mais aussi pour certains courants libéraux des Églises protestantes, Jésus n’est pas réellement Dieu. Il s’agit d’anciennes hérésies (arianisme, adoptianisme) qui existent encore aujourd’hui. Ce que nous savons moins, c’est que ces influences peuvent toucher d’autres Églises peu à peu, insidieusement, de manière séductrice, et les Églises évangéliques ne devraient pas se croire tout à fait à l’abri.

  • Mettre en doute l’historicité des événements rapportés dans la Bible ou certains miracles, par exemple la naissance miraculeuse de Jésus, peut paraître plus « scientifique », plus sérieux et donc plus crédible aux yeux de certains…
  • Évacuer la notion d’expiation qui est difficile à transmettre aujourd’hui et ne voir dans la croix qu’un remarquable exemple de don de soi peut constituer une voie plus douce pour transmettre l’Évangile ou pour dialoguer avec les autres religions…
  • Ne parle-t-on pas aujourd’hui de « fraternité » sans du tout se référer à Jésus-Christ? C’est positif, c’est porteur d’apaisement. La Bible le fait-elle? Elle ne le fait jamais!
  • Ne dit-on pas facilement que les doctrines sont tout humaines et ne servent finalement qu’à créer des divisions?
  • Ne met-on pas en avant, même chez nous, une sorte de pragmatisme qui revient à dire : « Ce qui est vrai, c’est ce qui me fait du bien, ce qui est dit de manière positive »? N’est-ce pas sur ce mode-là que se fait l’évangélisation, bien souvent?

Mais parle-t-on bien encore du Dieu de la Bible et de l’Église de Jésus-Christ?

Paul a véritablement ce souci quand il écrit à l’église de Corinthe, et ce n’est pas pour faire joli qu’il mentionne explicitement le Dieu trinitaire de l’Écriture.

« C’est pourquoi je vous le déclare : nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème! et nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur! si ce n’est par le Saint-Esprit. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de services, mais le même Seigneur; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous » (1 Co 12.3-6).

Est-ce seulement pour « faire de la théologie »? Nous voyons dans les versets 4 à 6 que cette vérité d’un Dieu trinitaire touche à des réalités tout à fait concrètes, avec des implications pratiques comme l’unité et la diversité de l’Église et dans l’Église. Et cette unité et cette diversité sont l’une et l’autre liées à la nature même de l’Église de Jésus-Christ, à sa vie, à sa santé, à son développement et à son témoignage.

On est loin de l’Église vue comme une association 1901 ou même 1905! « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17.21). Comme réaliser cela?

« Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de services, mais le même Seigneur; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. […] Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut » (1 Co 12.4-7, 11).

Est-ce théorique? Ce n’est pas théorique du tout!

2. Christ et l’Église, c’est tout un! (1 Co 12.12-13)🔗

Nous retenons souvent, et ce n’est pas faux, que nous sommes le corps de Christ, sur la terre, et que Christ est la tête, dans le ciel. Ce n’est pas faux et c’est la raison pour laquelle nous aspirons à son retour. Mais Paul s’exprime un peu autrement ici.

« En effet, comme le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne sont qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ » (1 Co 12.12). Comme cela est étonnant : Paul appelle « Christ » la tête et le corps!

Christ et son Église, c’est tout un, a dit quelqu’un. Comme cela est mystérieux!

Je voudrais rappeler ici l’expérience de Saul de Tarse lors de sa conversion (Ac 9). Saul croyait bien faire et se trompait gravement (cela peut nous arriver aussi…). Il ne croyait pas en Jésus-Christ. Il persécutait des chrétiens. Soudain, le Seigneur l’arrête et lui demande : « Saul, pourquoi me persécutes-tu? » — « Qui es-tu, Seigneur? » — « Je suis Jésus que tu persécutes! »

C’est stupéfiant! Saul ne persécutait pas Jésus, seulement des chrétiens…

Saul apprend en quelques minutes deux vérités qui vont bouleverser sa vie :

  • Ce Jésus qu’il croyait mort est bel et bien vivant aujourd’hui.
  • Il existe entre lui et son Église sur la terre une unité inimaginable.

Avec ce principe qui en découle directement et qui apparaît tout au long de la Bible : Ce que l’on fait, en bien ou en mal, à un membre de Christ, on le fait à Christ, même si on ne s’en rend pas compte.

Cela ne fait-il pas réfléchir? Il me semble que oui. Quel élan je devrais avoir envers mes frères et mes sœurs pour leur faire du bien! De quelles précautions je devrais user pour ne pas leur faire de mal! (voir Mt 25.40).

Réfléchissons un instant à ceci : Quand j’aime ou visite mon frère ou ma sœur chrétiens, c’est Christ que j’aime ou que je visite au travers de lui; et c’est Christ qui l’aime ou le visite au travers de moi! C’est grand!

Et ici, Paul parle de division : « afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps » (1 Co 12.25). Non pas pour des raisons de doctrine ou de caractère. Mais parce que certains sont négligés ou même oubliés dans le corps. Peut-être parce qu’ils ont moins d’apparence, ou sont trop âgés, ou sont trop éloignés, ou sont trop différents et ne font pas partie du cercle des amis…

Or, « si un membre souffre — même en secret, même s’il ne dit rien à personne, même si on ne le sait pas —, tous les membres souffrent avec lui. Et si un membre est honoré ¿ c’est-à-dire reconnu dans sa valeur de membre du corps —, tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Co 12.26).

3. Avoir également soin les uns des autres (1 Co 12.24-27)🔗

« Dieu a disposé le corps… » (1 Co 12.24). Exactement comme l’être humain dans le sein de sa mère. La mère elle-même ne comprend absolument pas comment cela peut se faire. C’est Dieu qui le fait. « C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tenu caché dans le sein de ma mère » (Ps 139.13). Il en est de même pour son Église!

Frères et sœurs, nous savons ce qu’est un corps en bonne santé. Et nous savons aussi quand nous avons mal. Nous ne disons pas : Mon dos a mal ou mon doigt a mal, mais nous disons : J’ai mal au dos, j’ai mal au doigt.

Alors, le corps est-il en bonne santé? Il conviendrait de restaurer le ministère des diacres dans l’Église qui, à côté des anciens, veillent à « l’assistance destinée aux saints ».

C’est là la réalité de l’amour fraternel dont parle Jésus (Jn 13.34-35) ou Jean (1 Jn 2.10; 4.20-21); amour fraternel qui est de la même nature que l’amour du Seigneur pour nous et que notre amour pour lui; c’est-à-dire que c’est un amour de communion.

Ainsi, il n’y a pas « rien à faire », puisque Paul écrit « que les membres aient également soin les uns des autres » (1 Co 12.25). Mais cela vient de Dieu, se fait avec les forces et le regard de Dieu, et se fait finalement pour Dieu, puisque la tête et le corps, c’est Christ!

Pour terminer, je voudrais évoquer deux petits mots qui reviennent souvent dans ce chapitre, et ailleurs encore chez Paul : chacun et tous. « Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune » (1 Co 12.7). « Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut » (1 Co 12.11).

« Car c’est dans un seul Esprit que nous tous, pour former un seul corps, avons tous été baptisés, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit » (1 Co 12.13).

Chacun et tous, ce sont les mots qui disent le souci du berger, des bergers, et aussi de chaque chrétien. Est-ce qu’il n’en manque pas un? Est-ce qu’on n’en oublie pas un? Un qui est trop petit, ou trop discret, ou trop en difficulté… Rappelez-vous les paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue (Lc 15.3-10).

Mais est-ce qu’il s’agit seulement que tout le monde soit là, dans un même lieu? Non, car certains ne peuvent pas être là et ils ne sont pas moins membres du corps pour autant. Il faut aller chez eux. Ce qui se vit dans les maisons est aussi important, peut-être plus important que ce qui se vit dans les temples et autres lieux de culte.

Ce qui est en jeu, en effet, au-delà de l’encouragement nécessaire, c’est la mise en service des dons que Dieu a accordés à chacun — à chacun c’est-à-dire à tous! — au bénéfice des frères et des sœurs; et avec les dons, les services et les œuvres qui correspondent exactement! « Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune » (1 Co 12.7). « Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier, comme il veut » (1 Co 12.11). Comme il veut! C’est incroyable!

Certains soupirent parce qu’ils se sentent inutiles, et d’autres parce qu’ils se sentent surchargés. C’est le rôle des anciens et des diacres, mais aussi de tous (et donc de chacun), de veiller à ce qu’il n’en soit pas ainsi. Veiller à ce que personne ne se dise trop faible ou trop petit, car Dieu peut se servir très facilement du plus faible ou du plus petit pour apporter la grâce qui convient, le secours attendu. L’obstacle, ce n’est pas la petitesse, c’est l’incrédulité.

« Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. […] Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier, comme il veut. »

Si le Seigneur le dit, ne le fera-t-il pas?