Cette prédication sur 1 Corinthiens 12.3-27 a pour sujet la communion dans l'Église et l'unité entre la tête, le corps et les membres dans l'amour fraternel et dans la diversité, en vue du service selon les dons de chacun.

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1 Corinthiens 12 - La tête, le corps et les membres

1 Corinthiens 12.3-27

1. La tête et le corps🔗

Nous savons tous ce que c’est. Nous le vivons tous les jours, même sans y penser! Si je me fais mal au doigt, je ne dis pas : Mon doigt a mal, mais : J’ai mal au doigt!

Pour ce qui est de Christ et de son Église, avouons que cela est pour nous plus abstrait. Et pourtant… Écoutons Paul en 1 Corinthiens 12.12 : La tête et le corps, c’est Christ! Comme c’est étonnant.

a. Que dit la Bible?🔗

Écoutons la lecture de plusieurs passages qui peuvent nous aider.

Dans la lettre aux Hébreux : « Dieu n’est pas injuste pour oublier votre travail et l’amour que vous avez montrés pour son nom, ayant rendu et rendant encore des services aux saints » (Hé 6.10). Nous voyons ici que des chrétiens ont aimé et servi des frères et des sœurs en Christ, de diverses manières, sans se rendre compte peut-être que c’était un amour et un travail qui touchait Dieu directement. Mais Dieu s’en rendait compte, lui! Ce que ces chrétiens avaient accompli était plus grand que ce qu’ils avaient imaginé. Si quelqu’un touche ma main ou mon épaule, c’est mon être tout entier qu’il touche! (Za 2.8).

Dans le livre du Lévitique : « Lorsque quelqu’un péchera et commettra une infidélité envers l’Éternel, en mentant à son prochain… » (Lv 5.21). Le prochain, dans la Bible, c’est un membre du peuple de Dieu ou quelqu’un qui y est assimilé. Cette fois, c’est une action négative, malheureusement, qui a une répercussion plus grande que ce qui semblait. Un frère (ou une sœur) a menti à un autre frère (ou sœur). Pas forcément pour quelque chose de grave; et sans se rendre compte que cela revenait à « pécher et à commettre une infidélité envers l’Éternel »! Il (ou elle) n’avait pas songé que cela allait jusque là… C’est déjà la réalité du corps. Plus qu’une image!

Paul reprend exactement cette pensée quand il parle de l’attitude envers les frères (ou les sœurs) plus faibles dans la foi.

« Ainsi, le faible périra par ta connaissance, le frère (ou la sœur) pour lequel Christ est mort! En péchant de la sorte contre les frères et en blessant leur conscience faible, vous péchez contre Christ » (1 Co 8.11-12).

On n’avait peut-être pas imaginé cela. Pécher contre Christ, on ne le voudrait pas! Mais on l’a fait en blessant un frère ou une sœur.

Cela est également vrai pour les actes positifs. Écoutons ce que dit Jésus :

« Celui qui vous reçoit me reçoit. Et celui qui me reçoit reçoit celui qui m’a envoyé. » « Et quiconque donnera seulement un verre d’eau à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10.40, 42; 25.40).

Je trouve que c’est presque vertigineux! C’est comme le songe de Jacob : « L’Éternel était ici et je ne le savais pas » (Gn 28.16).

b. Quelle leçon apprenons-nous ici?🔗

Une double leçon :

  • Il y a une unité inimaginable entre Dieu et son peuple, entre Christ et son Église, entre la tête et le corps. Songeons à la parole de Jésus à Saul de Tarse : « Je suis Jésus que tu persécutes » (Ac 9).
  • Ce que l’on fait, en bien ou en mal, à un membre du corps de Christ, qui que ce soit, c’est à Christ qu’on le fait!

Si c’est du mal, c’est plus grave que ce qu’on a imaginé… Si c’est du bien, c’est plus formidable!

c. Quelles sont les implications?🔗

Quelles précautions je dois prendre pour ne pas faire de mal à un frère ou une sœur! (Ép 4.25-32).

Quel zèle pour faire du bien, d’une manière ou d’une autre, en paroles, en actes, quelle bénédiction!

Même si cela est fait en secret, même si personne d’autre ne le sait! C’est la règle du corps! Et le corps n’est jamais sans la tête : c’est donc une manière directe d’aimer et de servir le Seigneur.

Quand j’aime mon frère ou ma sœur chrétiens, c’est Christ que j’aime au travers de lui (d’elle), et c’est Christ qui l’aime au travers de moi! C’est grand!

2. Le corps et les membres🔗

Nous venons d’en parler, mais je prolonge quelques instants avec ce que dit Paul en 1 Corinthiens 12.

« C’est pourquoi je vous le déclare : nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème! et nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur! si ce n’est par le Saint-Esprit. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de services, mais le même Seigneur; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. […] Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. […] En fait, Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu. […] Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part » (1 Co 12.3-7, 11, 18, 24-27).

Que devons-nous retenir principalement? Je propose trois leçons importantes.

a. Dieu est à l’origine🔗

Dieu est à l’origine, encore aujourd’hui, de toute la vie et de tout le fonctionnement « organique » de l’Église.

« Nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur si ce n’est par le Saint-Esprit. […] Le même Dieu opère tout en tous. […] À chacun, la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. […] Maintenant, Dieu a placé chacun des membres du corps comme il a voulu » (voir Ps 139.13-14).
« Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de prix à ce qui en manquait… » (voir Ép 2.8).

Qu’on est loin du modèle « associatif » qui s’est plus ou moins imposé partout!

b. L’unité et la diversité🔗

L’unité et la diversité, avec les mots un et plusieurs qui reviennent assez souvent. Une unité profonde… et une très riche diversité. Diversité de dons, de services et d’œuvres, mais le même Esprit. Nous ne sommes pas tenus de faire tous la même chose, ou de la même manière! (pensons aux cinq ministères, éventuellement en tension, etc.). Apprenons à distinguer ce qui est différent et ce qui est divergent. Ce n’est pas la même chose! Nous pourrions en parler longtemps. Songeons seulement que c’est le reflet de la Trinité (v. 4-5), ce qui signifie qu’il nous faut le respecter infiniment.

c. Chacun et tous🔗

Ces deux petits mots reviennent très souvent aussi. Chacun est précieux. Mais chacun, c’est tous! Tous sont utiles. Mais tous, c’est chacun! Cela, c’est le fardeau des bergers (pensons à la brebis perdue et à la drachme perdue de Luc 15). Mais c’est aussi le fardeau de chacun de nous, car nous sommes tous concernés, d’une manière ou d’une autre. « Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part » (1 Co 12.27). Chacun pour sa part. C’est là un point capital.

Au verset 25, Paul parle de « division dans le corps ». Pourquoi? Simplement parce que certains membres sont négligés, voire oubliés… Le corps se trouve amoindri, amputé, handicapé. Et Paul ajoute : « Que les membres aient également soin les uns des autres. » Il n’y a donc pas « rien à faire », même si c’est « Dieu qui opère tout en tous »! Voilà la vie du corps. Que les membres aient également soin les uns des autres. Chacun! Tous! Sans exception. Même celui ou celle qui ne va pas bien. Même celui ou celle qui ne peut plus sortir de sa maison… ou de son lit. Le plus petit ou le plus faible est utile, dès lors qu’il demeure dans la foi.

En un sens, le « chacun » prime. « Si un membre souffre, tous souffrent… » (1 Co 12.26). « Entre dans ta chambre… » (Mt 6.6). « Ôte premièrement la poutre de ton œil… » (Mt 7.5). « Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu » (1 Pi 4.10). Que chacun regarde d’abord à lui-même. Y compris dans le couple, d’ailleurs. Nous n’imaginons pas à quel point le vécu de chacun influe sur le vécu du culte communautaire, par exemple.

En un sens, c’est le tous qui prime. C’est la dimension de l’amour, c’est la dimension du sacrifice. Paul dira par exemple : « Pourquoi ne souffrez-vous pas quelque injustice, pourquoi ne vous laissez-vous pas dépouiller, plutôt que d’avoir des querelles entre vous? » (1 Co 6.7; voir Jn 10.11, 16; 11.49-52; Ph 1.23-24; 2.2-8). Chaque pierre compte, même la plus petite. Mais ce qui prime, c’est la maison, l’habitation. Et c’est ce que nous sommes (Ép 2.22). Chaque membre compte, même le plus petit; mais ce qui prime, c’est le corps. Et le corps, c’est Christ! (1 Co 12.12).

C’est la vocation des ministères dans l’Église de veiller à cela (ministères de type pastoral et diaconal; Ph 1.1; 1 Tm 3). Veiller sur tous et sur chacun. Et cela renvoie à cette expression de Paul : « publiquement et dans les maisons » (Ac 20.20). D’où l’importance des visites et des rencontres individuelles.

Mais la finalité, c’est le ministère de l’Église. C’est-à-dire de tous et de chacun! Celui qui opère, distribue, appelle, envoie, donne, c’est le Seigneur, aujourd’hui encore. Et à nous, il revient de veiller sur nous-mêmes et de prendre soin les uns des autres, en fonction du don que nous avons reçu. De telle sorte que personne ne se sente surchargé en portant la part de deux ou trois; de telle sorte que personne ne se sente inutile. Personne!

« Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant en particulier comme il veut » (1 Co 12.11). S’il l’a dit, ne le fera-t-il pas? Il le fera. Il le fait. Si nous le vivons, nous verrons alors un débordement de la grâce, même au milieu des épreuves, parmi nous et pour tous ceux que Dieu enverra.

Annexes

Je remarque que toutes les recommandations de Paul et des apôtres peuvent se résumer en trois points qui occupent constamment leur pensée :

1. L’unité spirituelle🔗

Elle existe, en Christ; elle est belle, mais elle est fragile. Un rien l’abîme, l’altère. Il ne suffit pas d’être assis à côté les uns des autres pour être unis, tant s’en faut! Si un obstacle, une blessure, une mauvaise pensée existent, personne ne s’en rendra compte peut-être, mais le Seigneur le voit et la « circulation » de l’amour et de la grâce entre nous se trouve altérée, comme s’il y avait un caillot dans une veine ou une artère. On est loin de l’esprit associatif…

2. La sainteté de vie🔗

Nous sommes appelés saints, vous le savez, par notre appartenance au Seigneur qui nous a rachetés, et nous sommes appelés à « marcher comme il a marché lui-même » (1 Jn 2.6). Est-ce seulement une morale? Pas du tout! C’est la vie du corps! Ce qui signifie que tout ce qui, dans ma vie, constitue une fidélité, un progrès, une victoire…, c’est un gain pour le corps tout entier, même si je n’en parle pas. Si je suis béni dans ma maison, même en secret, le corps est béni!

3. L’amour fraternel🔗

« Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour ardent, car l’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pi 4.8). « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13.34-35). L’expression « les uns les autres » désigne la communauté des disciples, de manière exclusive. Cet amour fraternel, en réalité, c’est l’amour de Christ pour chacun qui rejaillit, qui se prolonge. C’est le même! C’est un amour de communion. Si les autres le voient, ils voient le Seigneur vivant au milieu de son peuple. C’est là le témoignage naturel de l’Église.