Cet article sur 1 Pierre 1:3-4 a pour sujet l'espérance vivante fondée sur la mort et la résurrection de Jésus, dans l'attente joyeuse de la nouvelle création et de la résurrection des morts, lors de son retour promis.

Source: La foi et l'espérance et l'amour. 4 pages.

1 Pierre 1 - Une espérance vivante

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir et qui vous est réservé dans les cieux. »

1 Pierre 1.3-4

Dans ce remarquable début de sa première lettre, l’apôtre Pierre offre de manière claire et concise un résumé de l’Évangile dans sa totalité et dans toute sa richesse. L’Évangile est une espérance vivante qui fait lever vers Dieu un chant de reconnaissance d’une allégresse infinie, chant qui rappelle les louanges des Psaumes de l’Ancien Testament. Ces actions de grâce découlent de la conviction que, telle une ancre sûre et certaine, l’espérance est présente dans chacune de nos existences.

Les premiers lecteurs de cette lettre apostolique, habitant les contrées de l’antique Asie Mineure plongée dans un paganisme grossier, ignorant tout d’une religion libératrice, sans la moindre lueur d’espérance, n’avaient rien qui put leur inspirer une espérance comme celle décrite sur cette page.

Depuis le moment même de leur conversion, ils se trouvaient en butte à l’incompréhension de leurs contemporains et devenaient aussitôt les cibles de la persécution. Étrangers et pèlerins, sans cité permanente sur cette terre, traversant parfois la fournaise ardente de l’épreuve, ils parcouraient une route parsemée d’embûches. Parfois même ils étaient menacés par la tiédeur et par le reniement. Alors, quels motifs pouvaient-ils trouver en eux-mêmes ou autour d’eux pour espérer? C’est précisément à ces chrétiens-là que l’apôtre claironne son message.

D’autres chrétiens, durant ce même siècle et dans d’autres contrées, avaient eux aussi entendu parler d’espérance dans des circonstances invraisemblables. Prenons par exemple le cas de ces esclaves, forçats dans les forges de cuivre de la ville de Corinthe, voués à une existence inhumaine. La production de ce métal se faisait au prix du sacrifice de dizaines, de centaines de vies humaines. Ces esclaves passaient la plus grande partie de leurs journées exposés au feu des fournaises qui fondait le métal auquel se mêlait parfois, soit par imprudence, soit dans l’inconscience, leur propre corps. Des corps meurtris, suffocants, brûlés, malades…; à chaque instant, la mort pouvait sonner pour chacun d’eux. Voilà donc soudain qu’au milieu de ces zombies, de ces morts vivants, on entendit un jour une nouvelle incroyable.

Imaginons un instant qu’un de ces esclaves, sur le chemin menant de la forge infernale au port de Corinthe où on allait chercher les matières premières, se soit un jour mêlé à un groupe de gens apparemment un peu bizarres, dans une rencontre extraordinaire. Un homme d’apparence plutôt chétive, sans chercher à impressionner l’auditoire par des talents d’orateur, discourait au sujet de liberté et même d’espérance… Cet homme n’était autre que l’apôtre Paul, celui qui plus tard écrira aux chrétiens corinthiens : « Il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles » (1 Co 1.26).

L’esclave dont nous parlons dut aussitôt courir vers ses compagnons de malheur, ces hommes couverts d’ulcères et aveuglés par les flammes des chaudières en ébullition, et se mettre aussitôt, à cet endroit même, à répandre cette étrange rumeur concernant une espérance vivante, une rédemption divine accordée à tous et à chacun. Dieu, le Créateur des cieux et de la terre, et non les idoles fabriquées avec le métal qu’ils forgeaient, était apparu parmi les hommes. Il avait vécu une vie d’homme. Il avait souffert, il avait connu l’angoisse et l’abandon, la plus extrême des adversités. Il avait souffert, il avait été crucifié, il était mort, avait été mis au tombeau, descendu aux enfers… Mais, et voilà la plus incroyable des choses, il était ressuscité. Il était sorti vivant du tombeau! Monté au ciel, il était assis auprès de Dieu, d’où il allait revenir avec une puissance souveraine.

À cause de lui, à cause de ce Dieu incarné, les esclaves les plus misérables pouvaient participer à une espérance inouïe. Ils pouvaient se sentir plus libres dans leurs forges souterraines que les riches bourgeois dans leurs somptueuses demeures.

Qu’en est-il de nous, hommes de notre temps, tellement chargés d’incertitudes, tellement sombres et déprimés? Or je peux affirmer, encore aujourd’hui, que seules la mort et la résurrection du Christ peuvent nous remplir de la même joyeuse espérance. Comme une ancre de nos âmes, elles nous maintiendront dans la foi pour nous conduire, avec sûreté, jusqu’à bon port.

Voyez-vous, l’espérance chrétienne n’est pas une utopie. Vous savez qu’étymologiquement le mot utopie signifie « sans lieu ». Contrairement à l’utopie, notre foi et notre espérance sont liées à un lieu précis, à un événement historique : d’une part au Calvaire, d’autre part au tombeau vide.

La foi est le contenu de notre espérance, et l’espérance, quant à elle, est la durée, la continuité de notre foi. Cela veut dire que notre espérance regarde vers l’avenir. L’apôtre Pierre, dans sa deuxième lettre, nous invite encore à fixer notre regard vers cet avenir-là : « Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pi 3.13). Nous attendons le renouvellement total de la création.

Le Christ, la Parole de Dieu, se trouvait à l’origine de la création. À la fin de celle-ci, il réapparaîtra comme le Recréateur de l’univers. Celui-ci, comme notre propre corps, même réduit en un amas de poussière, reprendra vie grâce à la Parole rénovatrice de Dieu. Nos cœurs peuvent déborder de joie, car pour nous, Église du Christ, cette fin signifie surtout la rencontre personnelle avec notre divin Sauveur. Alors nous saurons que sa promesse était vraie et, extasiés, nous lui dirons : « Seigneur, tu n’as pas trompé notre attente. » Jérusalem la céleste, parée de tous ses joyaux, descendra du ciel et, enfin, « l’héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir » (1 Pi 1.4) sera révélé dans toute sa splendeur.

Voici donc notre raison d’espérer, parfois même contre toute espérance… Dans ce monde actuel, brisé par tous les désespoirs, rongé par une anxiété dont nous apercevons des signes dans tous les domaines, là où les hommes parlent de dépressions ou d’avenir en « panne sèche », au milieu de la confusion générale, des violences totalitaires ou anarchiques et de la désorientation systématique, nous saurons espérer.

Nous espérerons, à condition cependant de rester au bénéfice de la croix du Christ et de placer nos vies sous la lumière de sa glorieuse résurrection. Ne pas espérer serait comme si l’arbre refusait de vivre par sa sève, que l’océan n’avait plus de place pour ses vagues, que l’homme renonçait à vivre avec son âme… Cela serait impossible et absurde. Or, l’espérance n’est pas une chose surajoutée à notre vie dans la foi. Elle est notre vie, elle fait partie de nous-mêmes. Elle fonctionne aussi telle une prévision météorologique, une sorte d’annonce du temps qu’il fera demain, le pronostic certain du climat qui régnera sans tarder. Nous pouvons respirer maintenant en dépit des lourdes et étouffantes pressions atmosphériques.

Bientôt se produira le seul événement décisif qui compte pour nous et pour l’univers tout entier. L’histoire des hommes ne sera pas toujours l’escalade sauvage que nous connaissons. Dans sa providence bonne et sage, Dieu est en train de transformer toutes choses de fond en comble. Nous ne savons pas l’heure exacte. Mais l’essentiel est de savoir qu’une fois pour toutes, Dieu a pris une décision irrévocable et sa réponse à tout désespoir est la même que dans l’Ancien Testament ou celle entendue dans la lettre de Pierre. Dieu est à l’œuvre, d’autant plus actif et puissant lorsque le tourbillon se fait violent et dévastateur.

Mais notre espérance vivante nous conduira aussi sur le chemin de l’obéissance, car chaque fois que le Nouveau Testament en parle, il la met en rapport avec notre action. Elle est le motif et le terrain pour agir ici et maintenant, en témoins fidèles du Christ. Ni utopie ni chloroforme, elle donne la véritable impulsion pour lutter contre le mal sous toutes ses formes. À cause de cette lumière sur l’avenir que Dieu nous promet, nous ne resterons pas inertes. L’espérance chrétienne devrait même nous rendre inquiets d’une saine et sainte inquiétude pour refuser le mal dans ce monde et pour participer à toute œuvre qui donne les signes de la proximité du Royaume. Ne nous accommodons pas de la situation présente, mais controns, à cause de l’espérance vivante qui est en nous, l’injustice, l’iniquité, la désolation. Nous aurons à lutter contre le statu quo du mal dans lequel les hommes se plaisent.

Mais que l’étape finale que nous franchissons, avec nos interrogations inquiètes et avec nos soupirs de lassitude, n’altère pas notre espérance. Que la faiblesse de notre chair ne l’étouffe pas. L’Esprit de Dieu en nous participe à nos soupirs, mais il y entretient aussi l’espérance.

Acculés au pied du mur, criblés par des attaques diaboliques, ne cessons pas d’espérer, même pas un seul instant. Quelle que soit la tribulation de l’heure ou les blessures reçues, Dieu nous rendra conformes à l’image du Fils. D’ailleurs, c’est lui en personne qui est notre bienheureuse espérance.