Cet article sur 1 Pierre 5.7 a pour sujet les inquiétudes et les angoisses qui dénotent un manque de foi et dont il faut apprendre à se décharger dans la prière aux pieds de Jésus, en lui faisant confiance qu'il prend soin de notre avenir.

Source: Méditations sur la vie chrétienne. 3 pages.

1 Pierre 5 - Inquiétude ou confiance?

« Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous. »

1 Pierre 5.7

Il nous est arrivé aux uns et aux autres, à des moments d’inquiétude intense, de tension externe et d’angoisse étouffante, de chercher quelqu’un sur qui nous appuyer, auprès de qui trouver amitié et secours. Il nous est aussi arrivé de ne trouver personne de disponible pour partager nos fardeaux. Même l’adulte mûr et riche d’expérience connaît parfois, de manière aiguë, de tels moments de disette morale, et lorsqu’il se trouve seul et désemparé, il doit se dire parfois pour se consoler : « Quel rêve enfantin! Comment ai-je pu me laisser égarer par mon imagination? M’adonner à de telles fantaisies? Décidément, chacun doit se prendre en charge; c’est la règle de la vie… »

Pourtant, ce n’est pas à une fuite dans l’imaginaire ni à des rêves enfantins que nous invite l’apôtre Pierre dans ce passage de sa première lettre. Au contraire, il nous conseille vivement de mettre en pratique l’unique méthode réaliste et efficace pour en finir avec l’inquiétude, même la plus dévorante. Autrement, nous ne pourrions nous attendre qu’à la désillusion et au découragement. Je ne tiens pas à troubler qui que ce soit en rappelant que notre santé physique et mentale ressent directement et douloureusement les effets de nos inquiétudes. Qui n’a pas entendu dire que les ulcères d’estomac sont le plus souvent provoqués par une trop vive anxiété? Qui n’a pas vu des perpétuels anxieux finir par se comporter en névropathes? Qui n’a pas rencontré des personnes qui, à cause d’une angoisse incontrôlable, ont sombré dans la dépression, ruinant ainsi, bien involontairement, leur santé physique et psychique?

Mais les effets de l’inquiétude ne sont pas ressentis uniquement sur le plan physique et psychique. Ils sont encore plus graves parce qu’ils touchent et révèlent les racines mêmes d’une vie coupée de la communion avec Dieu, d’une vie qui ne connaît pas la confiance en lui. L’homme toujours inquiet est celui qui a perdu le sens de la réalité et la mesure de sa responsabilité.

Ne nous étonnons donc pas que le Fils de Dieu en personne s’en soit préoccupé. Selon lui, l’homme qui s’inquiète outre mesure, avec ou sans raison, se comporte « comme un païen » (Mt 6.31-32). Ce qui veut dire que l’anxiété est l’une des expressions les plus manifestes de notre cœur. Pourquoi serions-nous inquiets? Voulez-vous examiner les causes de l’anxiété à la lumière de la Bible? Celles-ci sont multiples, mais leur nature profonde et toujours identique est, tout simplement, le manque de foi et de confiance en Dieu.

Si nous examinions les termes qui décrivent l’inquiétude, nous verrions qu’ils renferment l’idée de la division, de la séparation, d’un déchirement de la personnalité. L’inquiétude est une préoccupation excessive, parfois même angoissée, pour une situation, pour des faits ou des attitudes auxquels ni nous-mêmes ni personne ne pouvons rien changer. Parfois, nous ne savons pas même où se trouve la source de cette angoisse. Alors se produit ce déchirement profond : L’inquiétude anticipe le futur sans raison. En réalité, il se jette dans le futur à corps perdu… Pourtant, aussi banal que cela puisse sonner, le futur n’est pas le présent! C’est-à-dire que nous n’en avons pas le contrôle. Il n’y a que notre imagination sans bride qui veut vagabonder dans ces aires-là.

Pourquoi l’esprit devrait-il s’égarer dans un temps qui échappe à tout contrôle? Jésus-Christ, le Sauveur, veut s’occuper de cette maladie qui ronge aussi sûrement que la gangrène. Cependant, il ne s’arrête pas à décrire un état négatif; il montre surtout la manière dont nous pouvons nous en sortir. L’inquiétude n’est rien d’autre qu’une fausse polarisation sur la vie. Elle dévore le sujet par d’hypothétiques problèmes concernant le lendemain. Or, Jésus déclare qu’à chaque jour suffit sa peine! (Mt 6.34). Le Christ, le Fils de Dieu, reste le Seigneur de l’avenir inconnu comme le Maître de l’heure présente. Nos lendemains se trouvent entre ses mains. Notre manque de foi en lui est une preuve que nous voulons le remplacer, lui, le Créateur de nos vies et le Rédempteur de notre destinée, par nos esprits tourmentés, par des hypothèses invérifiables. Pourtant, toutes choses se trouvent entre ses mains. Notre malheur consiste en ce que nous cherchons ce qui nous est offert.

D’aucuns penseront que l’alternative à l’inquiétude est une insouciance irresponsable, qu’au fond la foi chrétienne et l’Évangile tout entier sont conçus pour des êtres nonchalants et que Jésus-Christ en personne ignorait les soucis matériels d’une dure existence… Ne l’a-t-on pas souvent représenté sous les traits d’un personnage romantique, sans prise sur les réalités quotidiennes de la vie et parfois même assimilé aux hippies des années soixante, vivant dans la paresse si ce n’est dans la crasse? Certains chrétiens estiment qu’il serait interdit, par obéissance à l’Évangile, de concevoir des projets d’avenir et de former des plans pour le futur.

Hélas! comme beaucoup de paroles de Jésus, celle-ci aussi a connu le sort malheureux des mauvaises interprétations… Jésus n’objecte nullement à la nécessité de préparer l’avenir. Il refuse simplement que nous ayons à son sujet une inquiétude déplacée. Le Nouveau Testament, comme d’ailleurs toute la Bible, nous invite à programmer, à préparer la vie, à condition de dresser des plans selon la volonté de Dieu. La question essentielle est de bien la préparer. S’il est hors de question, pour nous autres chrétiens, de nous angoisser pour l’avenir, il est aussi également interdit de nous ériger en maîtres prétentieux du futur. Le chrétien qui programme, projette et prépare est celui qui, dans une attitude de foi et de confiante soumission, s’adresse à Dieu en le priant : « Seigneur, tu es le Maître et je te confie tous mes projets. Je veux agir selon ta volonté, te servir pour ta seule gloire. Je t’appartiens corps et âme, dans la vie comme dans la mort. »

« Dans la vie comme dans la mort. » Voyez à quel prix Jésus, qui nous demande de ne pas nous inquiéter, nous a pris en charge. Au commencement, Parole créatrice, Principe de vie, « car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 7.28); Sauveur des hommes, il s’est offert pour donner à notre existence cette qualité qui, dans le temps, en dehors du temps et au-delà du temps, s’appelle vie nouvelle et éternelle.

Mais pratiquement, que devons-nous faire pour nous débarrasser de nos soucis, m’interrogerez-vous? Je répondrai qu’il est quasi impossible d’y parvenir. Les soucis expriment nos émotions; Dieu nous a pourvus d’une vie émotive, ainsi que d’une vie intellectuelle et d’une volonté. Ce serait presque anormal de ne se faire jamais de soucis. Mais le secret consiste à apprendre à diriger nos émotions. Si nous les surchargeons, si nous gaspillons nos énergies, si l’anxiété consomme le potentiel de vitalité qui se trouve en nous et qui est un don de Dieu, alors ce sera la défaillance, la misère, l’étouffement…

Songeons à l’exemple de l’alpiniste qui escalade la montagne et qui plante le piolet sur la paroi escarpée à laquelle il accroche sa corde. Il avance par petites étapes, parfois de quelques centimètres seulement, tout en se préparant à passer de l’autre côté. S’il se précipitait avec toute son énergie pour atteindre rapidement le but, un faux pas le précipiterait dans le précipice ouvert au-dessous de lui. Combien de personnes, après avoir accompli leur tâche quotidienne, sont épuisées, sans joie ni satisfaction, parce que l’inquiétude les a dévorées et que leurs préoccupations excessives les ont dévitalisées. Aussi étonnant que cela puisse paraître, selon la Bible, l’homme inquiet est un paresseux! La célèbre parabole des talents racontée par Jésus en offre une parfaite illustration. C’est parce que le troisième serviteur s’était fait trop de soucis sur le capital qui lui avait été confié qu’il alla l’enterrer sans le faire fructifier… Paresseux, lui cria son Maître, paresseux et inutile! Il fallait au moins le confier à d’autres pour que cela rapporte (Mt 25.24-30).

Il existe une attitude de souci légitime; sachons la conserver dans les limites prescrites. En ce qui concerne les anxieux et autres malheureux livrés à eux-mêmes et qui ne dépendent que de leurs propres ressources, disons-leur sans tarder : Seul l’Esprit de Dieu pourra vous affranchir et vous redonner une vision équilibrée des choses et amener la sérénité dans vos esprits.

En réalité, personne ne peut s’occuper de soi-même tel que Dieu le fait pour chacun d’entre nous. Personne ne peut se supporter ainsi que Dieu nous a supportés, en se chargeant de notre personne, du poids de notre péché, du malheur de notre incrédulité… Examinez la nature et la cause de votre problème, mais sachez surtout que la solution se trouve en Dieu. Déchiré par l’inquiétude, anxieux et oscillant, vous pouvez vous adresser à celui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui nous l’a donné comme Sauveur. Déchargez-vous donc de tous vos soucis sur celui qui vous invite : « Je ne vous laisserai pas seuls, je ne vous abandonnerai pas. » La prière de la foi au Dieu Père et Fils, voilà l’antidote à une angoisse qui autrement nous mènerait à une ruine certaine.