Cet article sur 1 Rois 18 a pour sujet Élie au Carmel, le défi lancé aux adorateurs de Baal et l'appel à servir l'Éternel. L'adoration du vrai Dieu est incompatible avec l'islam, les faux oecuménismes et les religions oppressivies.

Source: Récits d'hier pour la foi d'aujourd'hui. 4 pages.

1 Rois 18 - Le choix décisif

1 Rois 18

L’épisode d’Élie au mont Carmel est l’un des grands moments qui ont jalonné non seulement l’existence mouvementée du prophète, mais encore toute l’histoire du salut. C’est aussi l’un des épisodes des plus familiers aux lecteurs de la Bible. Il a inspiré des générations de chrétiens au cours des siècles, lorsque, à leur tour, ils ont dû effectuer le choix décisif de leur existence. Le défi lancé par le fougueux prophète aux adorateurs de Baal et l’appel adressé aux Israélites de reconnaître le Dieu vivant, révélé plus tard en Jésus-Christ, restent toujours d’une incontestable actualité. Ils nous acculent au pied du mur, afin que, dans nos propres vies, nous cessions de pencher des deux côtés pour nous consacrer au vrai Dieu, celui de la révélation biblique, et nul autre.

Ce captivant récit se trouve dans le premier livre des Rois, au chapitre dix-huitième. En voici un résumé succinct qui en dit l’essentiel et qui inspirera notre méditation consacrée au choix décisif.

L’épisode précédent avait amené les Israélites à reconnaître la vérité de la Parole de Dieu dans la bouche d’Élie, qui veut mener le peuple à une sorte de confession de foi élémentaire : C’est l’Éternel qui est Dieu!

Au moment où apparaît Élie, l’idolâtrie semble avoir triomphé avec le roi Achab, dominé par sa femme, Jézabel la païenne. En effet, les prêtres de Baal et d’Astarté sont très nombreux en Israël, tandis qu’Élie est le seul qui soit resté visible parmi les prophètes de l’Éternel, persécutés parce que le roi et la reine donnent leur appui officiel au culte de Baal. Tandis que l’autel du mont Carmel est consacré à ce culte, celui de l’Éternel est en ruines. Toutefois, des adorateurs de l’Éternel subsistent secrètement, mais n’osent pas s’affirmer par crainte du roi et surtout de la reine.

Il faut qu’un homme de la trempe d’Élie vienne, avec une audace inouïe, faire pencher la balance de l’autre côté et rétablisse le culte du Seigneur par une manifestation de puissance qui entraînera la honte des adorateurs de Baal. C’est là qu’apparaît la grandeur du prophète, sa riche personnalité, sa totale obéissance, mais surtout sa foi inébranlable en son Dieu, qui lui donnent une autorité unique sur le peuple et sur le roi. Son acte d’obéissance marque déjà sa foi et son courage. Homme d’action autant que de discours, Élie pose devant tous le problème capital : Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés? Choisissez l’Éternel, le Dieu vivant, au lieu des futiles divinités païennes qui ne sont que néant…

Nul ne peut servir deux maîtres, déclarera plus tard Jésus-Christ; car ou bien il aimera l’un et s’attachera à lui, ou bien il le haïra parce qu’il se sera attaché à l’autre (Mt 6.24). On ne peut servir Dieu et son contraire. Ce choix décisif, dans une actualité dramatique, aiguë, nous est imposé aussi bien par le prophète de l’Ancien Testament que par le Seigneur de l’univers et Maître de nos vies : Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

Parlons de cette actualité, ainsi que du choix décisif qu’il faut opérer. Parlons-en franchement si nous ne souhaitons pas voir l’Église, et même la société moderne, basculer définitivement d’un côté où ne les attend que la mort, aussi bien spirituelle que sociale. Entre autres dangers, la férule d’une religion prétendument monothéiste veut s’imposer à nous exactement comme les Baals d’antan, menaçant d’une manière inattendue et foudroyante notre liberté de conscience. Et elle finira par nous asservir si nous n’opérons pas avec urgence le choix décisif entre le Dieu vivant, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de toute compassion, et son contraire, dont on ne peut attendre la moindre manifestation de tendresse; aucun témoin ne peut dire de lui-même, dans un langage anthropomorphique, que « ses entrailles se sont émues de compassion pour son peuple »

Nombre de gens semblent avoir fait le choix décisif en optant pour cette contrefaçon du monothéisme. Ils ne voient aucune différence fondamentale entre la révélation de la grâce du Christ et les lourdes chaînes de l’autre. Tout au plus, ils ne discernent qu’un dieu avec des interprétations humaines différentes. Ainsi, la religion ne serait donc qu’une affaire de mots, une querelle de noms… Même d’éminents représentants de la pensée chrétienne, voire des hommes d’Église, ne voient pas, apparemment, d’autre alternative. Des missionnaires chrétiens se sont précipités pour appliquer des stratégies qui tiennent compte de cette imaginaire identité entre le Seigneur des cieux et de la terre et une divinité solitaire, impassible, totalement dépourvue d’amour pour l’humanité souffrante.

Certains chrétiens modernes posent la question de la façon suivante : comment réagir, à partir de la confession de Jésus-Christ comme seul Seigneur, au renouveau actuel des religions non chrétiennes? Le temps où l’on caressait l’espoir de convertir au christianisme tous les peuples de la terre semble révolu. Comment taire, d’ailleurs, l’impression qu’un certain nombre de ces religions ont bien des choses à apprendre à nos contemporains, fatigués et désabusés, devenus trop individualistes et trop jouisseurs? Comment ne pas être stimulés par certaines pratiques de méditation ou par la démarche communautaire de certaines d’entre elles? Qui nous autorise à prendre ces religions d’en haut, comme les chrétiens l’ont trop souvent fait au cours de l’histoire, pour justifier leurs croisades? Tel est le catéchisme que certains, se voulant à la page, offrent à leurs contemporains.

Pourtant, s’il faut relativiser certaines manifestations chrétiennes non conformes à l’esprit évangélique, et par moments, remettre les chrétiens à leur place, l’Église ne cessera jamais de rendre témoignage au seul Dieu de Jésus-Christ, Père, Fils et Saint-Esprit. Le Christ est le seul pont entre l’homme et Dieu; il lui a déclaré : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14.6).

Je dis bien Jésus-Christ et non l’Église comme institution, organisation et hiérarchie. Pourtant, je me garderai bien de les opposer et de les dissocier. Alfred Loisy, un théologien libéral du siècle dernier, eut ce mot célèbre : « Jésus a prêché le Royaume, et c’est l’Église qui est apparue! » Mais ceci est inévitable. Car le Royaume de Dieu fonde l’Église, et celle-ci en devient la manifestation temporelle, et d’ailleurs provisoire, mais réelle et légitime, malgré toutes ses imperfections actuelles. De même qu’on ne peut aller au Père si ce n’est à travers Jésus-Christ, de même on ne peut s’associer au Christ à moins d’appartenir à l’Église qu’il a fondée : celle animée par l’Esprit et fidèle à la Parole divine.

J’ai proposé de parler franchement de l’incompatibilité qu’il y a entre le Christ et les autres monothéismes. Nous proclamons Jésus-Christ comme seul Seigneur, lui et son autorité sur nos consciences, lui qui transmet nos prières au Père, qui seul suscite notre confiance jusqu’à la mort, de sorte que je communie à l’exclusivisme absolu des premiers chrétiens lesquels, bien qu’ouverts à autrui, refusaient de plier l’échine devant César et fuyaient la cohorte des divinités païennes. À l’instar de ces confesseurs du Christ, je ne puis rester irrésolu, hésiter, loucher des deux côtés, caresser l’idée démagogique et chimérique d’un œcuménisme illusoire qui prétend prier avec les adorateurs d’inexistantes divinités et ceux de superflues et nébuleuses spiritualités… Non seulement pour mon salut personnel, mais encore, et j’insiste sur ce point, pour le compte de la société, menacée actuellement par toutes sortes de fausses religions et surtout par l’une d’entre elles, qui n’a rien a envier aux régimes totalitaires dont l’histoire a conservé l’effrayante mémoire…

Entre une telle religion, dont le credo affirme la violence et dont l’action se nourrit d’incessante agressivité, et le Christ, le bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis, aucun compromis n’est possible. C’est pourquoi je reste abasourdi de voir fleurir tant de compromissions irresponsables en une période où, même plus qu’autrefois, les compromis ne manqueront pas d’amener à la défaite.

Durant ce temps où je bénéficie encore d’une certaine liberté, je tiens, comme d’autres avant moi, à inviter mes contemporains à faire le choix décisif. Car j’ai une grande appréhension quant à l’avenir d’une telle liberté, la mienne, la vôtre, celle de la société occidentale comme du reste de la planète… L’actualité quotidienne nous offre de tristes avant-goûts de ce qui nous attend si nous nous laissons berner par des œcuménismes faits de slogans et de clichés.

Nos démocraties libérales seront incapables de freiner l’avance des fanatiques, et ni leurs croisades laïques ni même une nouvelle bataille de Poitiers ne pourront les arrêter dans leur course. Seule la puissance du Dieu d’Élie et de Jésus-Christ pourra nous sauvegarder des menaces mortelles qui nous guettent.

Nous constatons, du côté de nos sociétés libérales, une immense irresponsabilité. Souvenez-vous avec quelle arrogance et quel aveuglement elles ont combattu, avec irréalisme d’ailleurs, un apartheid politique qui se pratiquait à dix mille lieues de chez elles tout en tolérant, avec une passivité irresponsable d’autres types d’oppression. Or, si elles ne se ressaisissent pas, elles risquent de faire l’objet d’un nouveau type d’apartheid, bien pire que celui qu’elles avaient la prétention de combattre, imposé, celui-ci, par des fanatiques venus d’ailleurs…

Elles ont stupidement semé la pseudo-charité, caricature lamentable de l’amour chrétien, et elles moissonnent aujourd’hui, avec abondance, l’hostilité de leurs invités et protégés d’hier. Elles ont refusé de consacrer leurs enfants à Jésus-Christ, le Libérateur, et elles pourraient voir, dans un avenir pas si lointain, leurs enfants enlevés dès l’école pour en faire des janissaires… Elles ont crié « cocorico » sur leurs minces acquisitions des droits de l’homme; elles vont entendre, si elles n’y prennent garde, le rugissement d’un prédateur libertiphage. Il est fort possible que bientôt, nous autres chrétiens, nous ne puissions plus confesser le nom du Dieu de Jésus-Christ, sous prétexte qu’une telle confession est une discrimination intolérable contre les autres religions…

Donc, si les démocraties libérales et la laïcité dont elles sont si fières sont incapables d’opposer une résistance à l’agression, notre secours ne peut venir que de l’Éternel Dieu qui a fait les cieux et la terre, et qui en Jésus-Christ, son Fils unique, est aussi notre Libérateur. C’est en lui que se fonde notre espoir. Ce Dieu nous invite, nous presse même à monter avec lui au sommet du mont Carmel afin d’y livrer une bataille, non celle des armes et du sang, mais de la foi, de la prière et de la consécration. Le Christ avait déclaré : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée » (Mt 10.34); lui qui pourtant est appelé le Prince de la paix! Il nous entraîne dans le refus de toute pseudo-religion, dans le refus de courber l’échine devant ceux qui veulent nous faire courber l’échine et mettre la totalité de notre vie sous l’un des jougs les plus lourds et les plus redoutables.

À cause de Jésus-Christ, nous ne nous accommoderons jamais ni des régimes totalitaires ni des religions oppressives. Alors, jusqu’à quand boitera-t-on des deux côtés? La proclamation du Christ Sauveur est la tâche de l’Église qui se réclame de lui, et elle sera aussi le signe de la grâce que Dieu offre encore à notre génération. Le Christ, qui nous a entraînés à sa suite, fera de nous des témoins vivants et courageux, de la trempe des prophètes et des apôtres.

Christ, qui nous a entraînés à sa suite, fera de nous des témoins vivants et courageux de la trempe des prophètes et des apôtres.