Cette prédication sur 1 Timothée 3.8-13 a pour sujet les qualités requises pour être diacre. C'est un ministère excellent exigeant une piété solide et une bonne conduite, car le diacre doit être un modèle et sera encouragé dans sa foi.

Source: Le bon combat - Prédications sur 1 Timothée. 10 pages.

1 Timothée 3 - Une autre belle activité

« Les diacres pareillement doivent être respectables, éloignés de la duplicité, des excès de vin et des gains honteux; qu’ils conservent le mystère de la foi dans une conscience pure. Qu’on les mette d’abord à l’épreuve, et qu’ils exercent ensuite le diaconat, s’ils sont sans reproche. Que les femmes de même soient respectables, non médisantes, sobres, fidèles en toute chose. Les diacres doivent être maris d’une seule femme et bien diriger leurs enfants et leurs propres maisons. Car ceux qui ont bien exercé le diaconat s’acquièrent un rang honorable et une grande assurance dans la foi en Christ-Jésus. »

1 Timothée 3.8-13

  1. Introduction
  2. Le diacre est important dans son Église (v. 8)
  3. Le diacre est solide dans sa piété (v. 9-10)
  4. Le diacre est exemplaire dans sa conduite (v. 11-12)
  5. Le diacre est avantagé dans sa foi (v. 13)
  6. Conclusion
    Note de la rédaction sur 1 Timothée 3.11

1. Introduction🔗

Imaginez que vous soyez un employé de maison chez une grande famille bourgeoise au 19siècle. Il y a souvent des invités dans cette demeure, et comme d’habitude, on vous présente toujours très cordialement aux convives comme étant « un des serviteurs de la maison ». C’est ce que vous êtes en effet : un serviteur. Ça vous plaît? Imaginez maintenant que vous soyez un membre de notre Église depuis de nombreuses années. Il y a souvent des nouveaux venus le dimanche au culte, et comme d’habitude, le pasteur vous présente toujours très cordialement aux visiteurs comme étant « un des serviteurs de la maison ». Qu’est-ce que vous en pensez? Et si je vous disais que, si vous vouliez exercer une fonction officielle dans l’Église, vous avez le choix entre surveillant et serviteur. Que préféreriez-vous faire?

Nous continuons d’étudier le troisième chapitre de la première épître de Paul à Timothée, et dans ce chapitre, Paul est en train d’expliquer à Timothée (et à son Église) quelles sont les qualités requises pour exercer les deux fonctions qui sont explicitement mentionnées comme étant des fonctions officielles dans l’Église. Dans ma traduction de la Bible, ces deux fonctions ont pour nom « évêques » et « diacres ». Mais en grec, ces deux mots signifient littéralement « surveillants » et « serviteurs ». Nous avons déjà vu dans une prédication précédente sur 1 Timothée 3.1-7 que ce terme de « surveillants » ou « d’évêques » désignait certains hommes dans l’Église qui sont, dans d’autres passages, appelés des « anciens » ou des « conducteurs », et dont la fonction consiste à enseigner et à diriger les communautés chrétiennes locales. Mais maintenant, Paul en vient à parler d’une autre fonction dans l’Église, celle de « diacre » ou de « serviteur ». Nous verrons dans un moment de quoi il s’agit exactement. Mais a priori, évidemment, on se dit que « serviteur », c’est une fonction inférieure à celle de « surveillant ». Le serviteur, d’habitude, ce n’est pas le gars qui impose le respect et l’admiration. C’est plutôt celui sur qui on s’essuie les pieds.

Il paraît que les gérants d’hôtel à l’étranger redoutent, plus que tout, les réservations faites par des Français, parce que les Français ont la réputation d’être arrogants, exigeants et râleurs. Les serviteurs, ce sont des gens qui doivent se plier à nos moindres caprices. Alors, serviteur, ce n’est pas une fonction désirable. Mais dans notre texte, c’est exactement le contraire. Paul veut redorer le blason de la fonction de diacre, parce que nous avons peut-être tendance à penser que les diacres, dans l’Église, ce sont des gens qui ne sont pas assez forts pour être des évêques (des anciens). Alors, ils jouent en deuxième division. Mais en réalité, comme nous le verrons, la fonction d’ancien et la fonction de diacre sont égales en dignité. En fait, la fonction de diacre ne doit pas du tout être dénigrée, car c’est une fonction éminente dans l’Église.

2. Le diacre est important dans son Église (v. 8)🔗

a. Une fonction à prendre au sérieux (v. 8)🔗

La première information que l’on peut glaner de ce texte, c’est que le diacre est important dans son Église. Au verset 8, Paul utilise une locution très importante, c’est le mot « pareillement », qui est parfois traduit par « de même ». À quoi Paul est-il en train de nous renvoyer? Au début du chapitre, où il introduit la question des fonctions dans l’Église, il a livré cette parole qu’il a qualifiée de « certaine » : « Si quelqu’un aspire à la charge d’évêque, il désire une belle activité. Il faut donc que l’évêque soit… » (3.1-2). Et un peu plus loin : « Les diacres pareillement doivent… » (3.8). Ce que Paul est en train de nous faire comprendre, c’est que la fonction de diacre est elle aussi une belle activité, une œuvre excellente et désirable.

Les premières qualités qui sont mentionnées, au verset 8, viennent confirmer l’importance des diacres, car ce sont des qualités propres à leur fonction. Ils doivent être « respectables » (autrement dit : honorables, dignes, sérieux), c’est-à-dire des gens honnêtes, sobres et désintéressés. C’est très cohérent quand on considère que la tâche des diacres, fondamentalement, consiste à venir matériellement au secours des nécessiteux. Les premiers diacres de l’histoire de l’Église avaient pour mission de venir en aide aux veuves (Ac. 6). C’est pourquoi on peut dire que le travail des diacres dans l’Église, globalement, est un service matériel. Ils doivent donc être caractérisés par certaines qualités propres à l’exercice de leur fonction, car les diacres, en tant que diacres (et « pareillement » aux anciens) sont importants dans leur Église.

b. Le préparateur de sandwich et le responsable du ménage🔗

Nous avons quand même du mal à ne pas considérer cette fonction comme étant une fonction inférieure dans l’Église. Dans l’Église catholique, il y a trois degrés dans le sacerdoce : le plus élevé est évêque, et le moins élevé est diacre. On ne peut pas devenir prêtre, puis évêque, sans avoir d’abord été diacre. Mais dans ce texte, Paul met les fonctions d’évêque et de diacre côte à côte. Il ne s’agit pas de la même chose; il y a un rapport d’autorité entre les uns et les autres; mais les deux sont également importants dans l’Église.

Pour illustrer ce point, nous pouvons songer aux différentes fonctions exercées conjointement dans un restaurant. Vous souvenez-vous de ce jeune homme qui a mangé avec son papa dans un certain restaurant rapide à Avignon et qui est mort quelques heures plus tard d’une intoxication alimentaire fulgurante? L’enquête a révélé la présence de staphylocoques dorés dans le liquide gastrique du jeune homme, sur le sol de la cuisine du restaurant et sur plusieurs des employés. J’aimerais vous poser la question : qu’est-ce qui est le plus important à vos yeux lorsque vous allez au restaurant? La qualité gustative du sandwich ou l’hygiène de la cuisine? On choisit souvent un restaurant pour le goût de ce qu’on y mange. Mais le travail des hommes et des femmes qui font le ménage n’est-il pas au moins aussi important? Si Paul avait écrit une épître à l’équipe de votre restaurant préféré, il aurait peut-être écrit : « Si quelqu’un aspire à préparer les sandwiches, il désire une belle activité. Il faut donc que le préparateur de sandwiches ait bon goût, qu’il sache respecter les recettes et qu’il soit rapide. Ceux qui font le ménage pareillement doivent être assidus et scrupuleux. » Avez-vous l’impression qu’une des fonctions est plus importante que l’autre?

c. Tenir cette fonction en estime🔗

Je crois qu’on a tendance à dénigrer quelque peu la fonction de diacre parce qu’on a tendance à dénigrer ce qui est matériel au profit de ce qui est « spirituel ». En réalité, il n’y a pas de dichotomie entre le matériel et le spirituel. Dieu a créé les cieux et la terre. Dieu s’est toujours préoccupé des besoins non seulement spirituels, mais aussi physiques des hommes. Notre corps compte pour Dieu, notre santé compte pour Dieu, notre intégrité physique et notre sécurité comptent pour Dieu… Dieu lui-même, pour apporter une solution à nos besoins de toute nature, s’est incarné en Jésus-Christ; il n’a pas envoyé un ange ou un fantôme, il a envoyé son propre Fils dans une chair humaine. Il a aussi ressuscité son Fils avec un corps, comme prémices de la résurrection de la chair, qui constitue (d’après Paul dans un autre passage) l’objet même de l’espérance chrétienne (1 Co 15). Donc, ce qui est matériel compte pour Dieu, tout comme ce qui est spirituel. Il se préoccupe de tous nos besoins. Et dans l’Église, ce sont les diacres qui ont pour fonction de secourir matériellement les nécessiteux, et plus largement, d’exercer un service d’ordre matériel.

À force de dénigrer cette fonction, on se retrouve dans l’Église avec des diacres « bouche-trou ». Ce sont des gens parfois démotivés, livrés à eux-mêmes, parce qu’on ne tient pas leur travail en estime. Ou bien ce sont des gens qui n’ont pas les qualités requises par Paul dans ce passage. Le diacre, c’est souvent le mec bricoleur, un peu rustre, un peu simple, à qui on a confié ce rôle de façon un peu condescendante, pour lui faire plaisir. Ce n’est cependant pas la vision que Paul a de cette fonction, comme nous le verrons dans la suite du passage.

3. Le diacre est solide dans sa piété (v. 9-10)🔗

a. Être sans reproche en matière de doctrine et de conduite (v. 9-10)🔗

La deuxième chose que nous pouvons glaner de ce texte, en effet, c’est que le diacre, selon Paul, est solide dans sa piété. Voyez ce qu’il dit aux versets 9 et 10 : les diacres doivent « conserver le mystère de la foi dans une conscience pure », c’est-à-dire qu’ils doivent avoir une solide connaissance de la doctrine chrétienne et un solide comportement de chrétien. Paul en ajoute en matière d’exigence quand il dit, juste après, qu’il faut tester la solidité du diacre potentiel avant que celui-ci devienne officiellement diacre. Il faut l’observer pendant un certain temps et voir comment il se débrouille, notamment lorsque surviennent les difficultés. Va-t-il compromettre la vérité chrétienne? Aura-t-il des écarts de conduite?

b. Serveurs dans un restaurant de luxe🔗

En pensant à ces exigences que Paul impose aux diacres, aux « serviteurs », je ne peux pas m’empêcher de penser aux divers métiers de service qui existent dans l’hôtellerie et dans la restauration de luxe. Si vous avez déjà été dans un grand restaurant ou dans un hôtel 4 étoiles, vous savez bien que, pour gagner le droit d’y travailler en tant que serveur ou en tant que concierge, il faut passer par une formation très minutieuse. Cette formation peut coûter cher et peut durer longtemps. Et il faut accumuler de l’expérience avant de pouvoir postuler à un travail au Ritz ou au Fouquet’s. Ce n’est pas un travail que n’importe qui peut faire, n’importe quand et n’importe comment. À première vue, nous pouvons avoir l’impression que ce n’est pas un travail très difficile, mais la réalité, c’est que c’est un travail très exigeant.

c. Les ingrédients essentiels de la piété🔗

Il en est de même de la fonction de diacre, ou de « serviteur », dans l’Église. Ce n’est pas une fonction que n’importe qui peut exercer, n’importe quand et n’importe comment. Les diacres doivent être solides dans leur piété. Il est intéressant de remarquer que Paul ne dit pas que les diacres doivent être « aptes à l’enseignement », comme il l’a dit pour les anciens, mais en même temps ils doivent être droits en ce qui concerne la doctrine et la conduite. On voit que, pour Paul, la bonne doctrine et la bonne conduite sont les ingrédients essentiels de la piété chrétienne. Nous avions déjà vu cette idée au premier chapitre lorsque Paul avait encouragé Timothée à « combattre le bon combat, en gardant la foi et une bonne conscience » (1.18-19). Nous avions parlé de l’importance pour tout chrétien de maintenir côte à côte la pureté de la doctrine (l’orthodoxie, le bien-croire) et l’intégrité morale (l’orthopraxie, le bien-faire).

Comme nous le voyons bien, ces ingrédients ne sont l’apanage ni de Timothée, ni des anciens, ni des diacres. Ce sont les ingrédients normaux et essentiels de la vie de tout chrétien. Qui que vous soyez et quoi que vous fassiez dans l’Église, le mystère de la foi est important pour vous, tout comme l’état de votre conscience. Est-ce que vous entretenez, dans le cadre de votre piété, une bonne connaissance des vérités bibliques, ou bien délaissez-vous cette dimension de la foi pour vous concentrer sur des expériences ou des spéculations personnelles? Est-ce que vous examinez votre conduite à l’aune des enseignements objectifs de la Bible, ou bien craignez-vous que Dieu jette sa lumière sur telle ou telle situation de votre vie et qu’il éveille ainsi votre conscience à des choses qui ne sont pas conformes à sa volonté? Ces questions, les « aspirants-diacres » doivent se les poser, bien sûr, mais cela ne dispense pas les autres chrétiens de se les poser. La suite du passage va d’ailleurs le confirmer.

4. Le diacre est exemplaire dans sa conduite (v. 11-12)🔗

a. Des hommes et des femmes exemplaires (v. 11-12)🔗

La troisième chose que l’on peut glaner de ce texte, c’est que le diacre est censé être exemplaire dans sa conduite. Autrement dit, les diacres, comme les anciens, sont censés être des modèles pour l’Église. Mais contrairement aux anciens, cette exigence ne relève pas particulièrement de la nature de leur fonction, mais seulement du fait qu’ils ont une fonction. J’explique : les anciens sont censés être des experts en vie chrétienne chargés d’enseigner et de conduire la communauté; ils doivent donc, notamment par l’exemple de leur vie, montrer aux autres le chemin de la piété. Mais ce n’est pas le but de la fonction de diacre. Les diacres sont chargés essentiellement d’exercer un service matériel dans l’Église. Mais du simple fait qu’ils exercent une fonction officielle dans l’Église, ils doivent être exemplaires dans leur conduite.

Il y a un débat concernant le verset 11 pour savoir s’il faut comprendre le mot « femmes » comme désignant les femmes des diacres ou les femmes diacres. Il me semble que Paul est en train de parler de femmes diacres (diaconesses) pour trois raisons : tout d’abord, il y a l’emploi de cette fameuse locution « de même » qui laisse à penser que Paul est toujours en train de songer aux fonctions officielles dans l’Église; deuxièmement, cette remarque s’inscrit dans une section où Paul n’a pas fini de parler des diacres, sauf qu’il livre une exigence propre aux femmes au verset 11, puis une exigence propre aux hommes au verset 12; et troisièmement, Paul n’a rien dit concernant les femmes des anciens dans le passage précédent1. Mais quoi qu’il en soit, on peut au moins retenir l’idée que les hommes diacres ainsi que leurs femmes (ou bien les diacres qu’ils soient hommes ou femmes) sont censés être exemplaires dans leur conduite. Les femmes le seront en étant respectables elles aussi (honorables, dignes, sérieuses) — tout l’inverse de ce qui sera reproché à certaines femmes dans cette Église un peu plus loin dans l’épître (1 Tm 5.6, 11-13 et 2 Tm 3.6-7); les hommes le seront en étant des chefs de foyer dévoués à leur femme et à leurs enfants.

b. L’affaire Lewinsky et les démocrates🔗

Encore une fois, cette exigence n’est pas placée sur les diacres comme si c’était leur responsabilité d’enseigner et de conduire les autres dans l’Église. Non, cette exigence est placée sur eux tout simplement parce qu’ils occupent une fonction officielle dans l’Église. Ils ont des responsabilités, d’ordre matériel, et de ce fait, ils se font remarquer, on les observe et leur comportement, qui est visible, en dit long sur leur caractère. C’est pour cette raison que la qualité numéro 1 mentionnée par Paul est la « respectabilité » (3.8 et 3.11). Pourquoi faut-il être respectable si leur seule fonction relève du service matériel? Il faut que ces personnes soient dignes d’être prises au sérieux, sans quoi c’est justement leur fonction qui ne sera pas tenue en estime et qui, en fin de compte, ne portera pas de fruits dans la vie de l’Église.

Vous souvenez-vous de l’affaire Lewinsky? Un ancien président des États-Unis a eu cette fameuse liaison avec une employée de la Maison-Blanche. Beaucoup de gens qui ont voulu défendre Bill Clinton ont dit : « Et alors? C’est sa vie privée! Ça n’a rien à voir avec son travail de président! Il fera bien ce qu’il veut à côté, tant qu’il dirige bien le pays. » Mais ce n’est pas comme ça que la population a vu les choses. D’après une étude réalisée par l’université de Princeton, l’affaire Lewinsky a fait perdre les démocrates lors de l’élection présidentielle qui a suivi. Par conséquent, le critère qui a pesé le plus lourd dans l’élection de George Bush, le successeur de Bill Clinton, a été « l’intégrité morale ». Vous voyez bien qu’une fonction officielle doit être tenue en toute dignité, sans quoi c’est la fonction elle-même qui en souffre, qui est décrédibilisée et qui devient infructueuse.

c. Des modèles pour autrui🔗

Dans Actes 6, lorsque les apôtres ont dit à la multitude de disciples de nommer des diacres, ils leur ont demandé de choisir des personnes qui recevaient « un bon témoignage, remplis de l’Esprit et de sagesse ». Quel était le travail qui leur était destiné? « Servir aux tables. » Depuis quand est-ce si difficile de servir aux tables? Ce n’est pas la nature de la fonction qui entraîne ces exigences, c’est le fait que ce soit une fonction. Comme je l’ai dit au sujet des anciens dans une prédication précédente, vous vous dites peut-être que tout cela est bien beau, mais que vous n’êtes pas vraiment concerné par le sujet. Ce qui est faux pour trois raisons : tout d’abord, Dieu vous appellera peut-être un jour à devenir diacre dans notre Église; deuxièmement, si vous êtes un membre de notre Église ou si vous le devenez un jour, vous serez probablement amené à nommer un ou plusieurs diacres pour qu’ils exercent leur fonction dans le cadre de cette assemblée qui est la vôtre; troisièmement, les exigences adressées par Paul aux diacres dans ce passage concernent tous les chrétiens directement ou indirectement.

Ce qui implique qu’en étant confrontés à ce discours de Paul, nous devons nous poser certaines questions. Mesdames et mesdemoiselles, quel usage faites-vous de vos paroles lorsque vous êtes entre vous? Savez-vous faire preuve de patience et de maîtrise de soi, ou bien êtes-vous d’un tempérament excessif et querelleur? Messieurs, à quoi ressemblent l’amour et le dévouement que vous portez à votre femme? Quelle importance accordez-vous à votre rôle d’instructeur et de berger auprès de vos enfants? Mais revenons à nos diacres. Paul nous a fait comprendre que le diacre était important dans son Église, qu’il était solide dans sa piété et qu’il était exemplaire dans sa conduite. Il reste encore un élément, qui se trouve dans le dernier verset de ce passage.

5. Le diacre est avantagé dans sa foi (v. 13)🔗

a. Marcher sur les pas de Jésus (v. 13)🔗

Effectivement, le quatrième enseignement que l’on peut glaner de ce texte, c’est que le diacre est avantagé dans sa foi. D’après Paul, « ceux qui ont bien exercé le diaconat s’acquièrent un rang honorable et une grande assurance dans la foi en Christ-Jésus » (3.13). Il est difficile de savoir ce que Paul veut dire ici, si on ne rapproche pas cette affirmation d’une affirmation de Jésus lui-même : « Qui est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? N’est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22.27). Dans le passage parallèle de l’Évangile de Marc, Jésus dit à ses disciples :

« Quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur [“diacre”]; et quiconque veut être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mc 10.43-45).

Jésus est en train de dire à ses disciples que le chemin de la gloire et de l’honneur selon Dieu, c’est le chemin du service, car c’est ce chemin que Jésus lui-même, le Fils éternel de Dieu, a emprunté. Ce que Paul est en train de dire, c’est que le diacre est avantagé dans sa foi, c’est-à-dire que le diacre est édifié et encouragé à travers l’exercice de sa fonction, et qu’il est destiné à une place de choix dans le royaume de Dieu, parce que le diacre marche sur les pas de Jésus.

b. Marcher sur les pas de son héros et modèle🔗

Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de marcher sur les pas d’un de vos héros ou d’un de vos modèles dans la vie. Pardonnez-moi cette illustration irrévérencieuse, mais il y a deux ans, un jeune joueur de l’Olympique Lyonnais, qui est né à Lyon et qui a grandi à Lyon, a été transféré dans un des plus prestigieux clubs de foot du monde, à savoir le Real Madrid. Il se trouve que le héros et le modèle de ce jeune joueur avait toujours été un joueur de foot brésilien du nom de Ronaldo, qui lui-même avait joué au Real Madrid pendant cinq saisons consécutives. Vous imaginez l’effet que cela a dû avoir sur ce jeune Lyonnais de se retrouver précisément dans la situation qu’avait connue son héros et modèle, de porter le même maillot, de jouer sur la même pelouse, de prendre sa douche dans le même vestiaire, bref, de marcher sur ses pas! Cela a dû le remplir d’une grande assurance, nourrir encore plus sa passion et le motiver à travailler encore plus à ses qualités de footballeur.

c. Jésus a donné sa vie en rançon🔗

Je pense que Paul est en train de dire un peu la même chose au sujet des diacres. Les diacres, du fait de leur fonction, marchent précisément sur les pas de leur héros et modèle, Jésus-Christ. Ils croissent en assurance dans la foi, car ils savent qu’ils sont en train de faire exactement ce que Jésus a fait. Ils sont consolés des difficultés de la vie et des difficultés de leur service, car ils savent que ceux qui se rendent « humbles comme les petits enfants » seront « les plus grands dans le royaume des cieux » (Mt 18.4). Ils savent qu’en se mettant au service d’autrui, en étant à proprement parler des « serviteurs », en portant secours aux nécessiteux, ils sont en train de marcher sur les pas de Jésus, celui qui a mis de côté la gloire dont il était digne dans le ciel et qui s’est « dépouillé lui-même » en devenant semblable aux hommes, et qui s’est « humilié lui-même » jusqu’à mourir sur la croix. Jésus s’est mis à notre service, au service de notre salut, alors que nous en étions totalement indignes. Vous voyez : Jésus est le diacre par excellence! Et d’après Paul dans l’épître aux Philippiens, en raison de son fidèle service, Dieu a ressuscité son Fils, l’a « souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2.9-11).

Parce que la vie de Jésus a été une vie de service, les diacres tout particulièrement sont édifiés à travers l’exercice de leur fonction qui les fait marcher sur les pas de leur Seigneur. Mais dans un sens plus large, tout chrétien grandit en assurance dans la foi lorsqu’il marche sur les pas de son héros et modèle, le Seigneur Jésus-Christ. La question que je veux vous poser avant de finir, c’est donc : quelle est votre relation à Jésus-Christ, à ce serviteur parfait qui a donné sa vie en rançon pour délivrer tout être humain qui se confie en lui? Lui avez-vous cédé votre existence? Marchez-vous à sa suite? Accueillez-vous au quotidien son autorité bienveillante dans votre vie?

6. Conclusion🔗

Pour conclure, je voudrais juste rappeler ce que j’ai dit en introduction : dans le monde, le rôle de serviteur est rarement un rôle désirable. Mais nous avons vu dans ce texte que, pour Paul, la fonction d’ancien et la fonction de diacre sont égales en dignité. Les diacres ne sont pas des « sous-fifres ». Ils sont importants dans leur Église. Ils sont censés être solides dans leur piété. Ils sont censés être exemplaires dans leur conduite. Et ceux qui exercent bien le diaconat sont avantagés dans leur foi. Comme nous l’avons vu au début : la fonction de diacre ne doit pas du tout être dénigrée, car c’est une fonction éminente dans l’Église.

Note de la rédaction sur 1 Timothée 3.11

Le ministère Ressources chrétiennes comprend plutôt que 1 Timothée 3.11 désigne les femmes des diacres et non pas des diaconesses, pour les raisons suivantes :

1. La locution « de même » (3.8 et 3.11) s’explique mieux si les femmes (3.11) sont les femmes des diacres plutôt que des diaconesses. Si la répétition de la locution « de même » indiquait que Paul est toujours en train de songer aux fonctions officielles dans l’Église, cela suggérerait que les ministères d’ancien, de diacre et de diaconesse sont trois fonctions distinctes (division en trois paragraphes marqués par la même locution), alors qu’il s’agit de seulement deux fonctions. Il est plus naturel de penser que cette locution permet d’introduire les qualités exigées de trois groupes de personnes distinctes : anciens, diacres, épouses des diacres (et des anciens).

2. Il est normal que Paul n’ait rien dit concernant les femmes des anciens dans la section précédente (3.1-7), car il n’était pas nécessaire de répéter ces qualités, puisqu’elles sont certainement les mêmes que pour les femmes des diacres (« à plus forte raison »).

3. Il n’y a pas seulement une section propre aux hommes diacres dans ce chapitre (3.12), mais bien deux (3.8-10 et 3.12). Car cela n’aurait pas de sens de répéter : « Que les diacres en général, hommes et femmes, soient respectables… De même, que les femmes diacres en particulier soient respectables. » La séquence est donc : « diacres masculins – femmes – diacres masculins ». Il devient alors difficile de comprendre pourquoi, dans un chapitre consacré aux fonctions officielles, Paul évite d’utiliser le terme « diakonos » pour désigner ce que l’on prétend être des diaconesses, alors qu’il utilise deux fois ce terme pour désigner les diacres masculins, aussi bien à propos de leurs qualités morales et spirituelles qu’à propos de leurs qualités conjugales et familiales.

4. De plus, la séquence « diacres masculins – diacres féminins – diacres masculins » n’est pas un développement très logique, contrairement à la rigueur habituelle de Paul. Il aurait été plus normal de regrouper ensemble tout ce qui concerne les diacres masculins avant de parler des diaconesses. La progression est plus logique si l’on comprend que les « femmes » sont les femmes des diacres : il est d’abord question des qualités des diacres (3.8-10), puis des qualités de leurs épouses (3.11), puis des qualités particulières des diacres avec leurs épouses (3.12).

5. Le mot « femme » en grec (« gunè ») utilisé ici (3.11) est également utilisé dans le contexte immédiat pour désigner les « femmes » des anciens (3.2) et les « femmes » des diacres (3.12). Si Paul avait voulu parler de diaconesses, il aurait été plus cohérent et moins confondant de les désigner par un terme technique associé à ce ministère, plutôt que par le mot « femmes » qui renvoie naturellement aux femmes des anciens et des diacres dont il parle juste avant et après.

6. Paul vient de parler de la tenue des femmes (encore « gunè ») dans l’Église (2.9-10), leur interdisant d’enseigner ou de prendre autorité sur l’homme (2.11-12) et leur rappelant leur rôle maternel (2.15). Or, le ministère des anciens et des diacres établit un contraste avec cette section précédente. Le contraste est affaibli si certaines « femmes » du chapitre 3 sont diaconesses. Il demeure si elles sont toutes des femmes des anciens et des diacres (3.2; 3.11 et 3.12).

7. Les qualités demandées à ces femmes touchent toutes à leur conduite (3.11), aucune ne se rapporte à leur doctrine, contrairement à ce qui est exigé des diacres masculins (3.9) et des anciens (3.2). Or, à la lumière de toute l’épître, le double domaine « doctrine et vie » nous semble essentiel pour tout officier d’Église. La meilleure explication de cette absence est que ces femmes ont pour maris des diacres qui conservent eux-mêmes le mystère de la foi dans leur foyer.

8. De même, aucune qualité exigée de ces femmes ne se rapporte à leur vie au foyer. Cette absence est difficile à expliquer s’il s’agit de diaconesses. Pourquoi ne leur est-il rien demandé concernant leur vie conjugale et familiale, alors que Paul stipule des exigences précises dans ce domaine pour les anciens (3.2,4-5) et pour les diacres masculins (3.12), et même pour qu’une veuve puisse être « inscrite sur la liste » des veuves au service de l’Église (5.9-10)? Si par contre ces femmes sont les épouses des diacres et des anciens, cette absence de mention de qualités familiales s’explique bien, car il est déjà demandé à leurs maris de bien diriger leurs maisons.

9. Il est en effet stipulé que « les diacres doivent être maris d’une seule femme et bien diriger leurs enfants et leurs propres maisons » (3.12). Il s’agit bien d’une qualité exigée pour être diacre! Sans doute pour les mêmes raisons que pour être ancien (3.4-5), afin que les diacres soient en mesure, eux aussi, de prendre soin de l’Église de Dieu selon leur appel particulier. Cela exclut les femmes de ce ministère, car elles n’ont pas reçu l’appel de diriger leur foyer ni l’Église (2.12).

La position de Ressources chrétiennes consiste à dire que seuls des hommes possédant les qualités requises peuvent être ordonnés au ministère de diacre, car ils ont aussi un rôle de direction dans l’Église, même s’il est différent de celui des anciens (exemples : faire des visites diaconales, incluant à des hommes veufs, mariés ou célibataires; conseiller spirituellement des chefs de famille concernant la gestion de leurs finances familiales, encourager l’entraide et la communion fraternelle dans l’Église, etc.). Il n’est pas étonnant que les diacres nommés à Jérusalem n’étaient pas des femmes, mais sept hommes (Ac 6.3-6), même si le problème à régler concernait des femmes, car en fait le problème concernait toute l’Église et toute sa communion fraternelle menacée, nécessitant une direction à la fois spirituelle et matérielle pour préserver l’Évangile. Les femmes chrétiennes seront toutefois une aide précieuse auprès des diacres (compassion, aide auprès de malades, de jeunes mamans ou d’autres dames de l’Église, comité d’entraide, etc.).

Des raisons supplémentaires soutenant cette position sont présentées dans d’autres articles parus sur notre site :

​Note

1. Pour un avis différent, voir la note de la rédaction concernant 1 Timothée 3.11 à la fin de ce document.