Cet article sur 2 Samuel 24 et 1 Chroniques 21 a pour sujet le recensement du peuple d'Israël demandé par David qui était un péché d'orgueil aux yeux de Dieu.

3 pages.

2 Samuel 24 et 1 Chroniques 21 - Pourquoi le recensement du peuple était-il un péché?

2 Samuel 24
1 Chroniques 21

Pourquoi le recensement du peuple d’Israël en 2 Samuel 24 et 1 Chroniques 21 était-il un péché? Pour répondre à cette question, voici quelques pistes :

Ce n’était pas un péché en soi de faire le recensement du peuple de Dieu. Le livre des Nombres nous rapporte un recensement d’Israël ordonné par Dieu lui-même, effectué par Moïse dans le désert du Sinaï, deux ans après la sortie d’Égypte (Nb 1). Trente-huit ans plus tard, après la mort de cette première génération indocile dans le désert, le Seigneur demanda que soit effectué un deuxième recensement du peuple. Ce recensement fut réalisé dans les plaines de Moab, juste avant l’entrée dans la terre promise (Nb 26). Nous voyons donc que ces recensements étaient ordonnés par Dieu dans le but précis de répartir équitablement le territoire du pays promis parmi les tribus d’Israël.

Alors, pourquoi le recensement demandé par David en 1 Chroniques 21 était-il un péché? Tout d’abord, Dieu ne l’a pas demandé, c’est Satan qui a incité David à le faire : « Satan se dressa contre Israël et il excita David à faire le recensement d’Israël » (1 Ch 21.1). Même Joab, le général de l’armée d’Israël, savait que c’était mal de le faire. Il dit à son roi : « Mais pourquoi mon seigneur demande-t-il cela? Pourquoi Israël se rendrait-il coupable? » (1 Ch 21.3). Ensuite, il n’y avait pas de raison valable de faire un tel recensement, puisque David arrivait vers la fin de sa vie. Il avait déjà remporté de nombreuses victoires et le peuple d’Israël était bien établi et vivait en paix sur son territoire.

Il semble bien que ce soit un péché d’orgueil qui a motivé David à vouloir connaître précisément le nombre de gens peuplant son royaume. Ce serait la raison pour laquelle Dieu, dans son jugement par la peste, décima une partie de la population pour rabattre l’orgueil de David. David reconnut alors son péché et se repentit amèrement.

Pour plus de détails, je citerai le commentaire de Matthew Henry sur 2 Samuel 24 qui rapporte le même incident (le texte est ma traduction libre) :

« Quel mal y avait-il à faire cela? Moïse n’a-t-il pas dénombré le peuple deux fois sans commettre aucun crime? L’arithmétique politique ne fait-elle pas partie des politiques d’un prince? Le berger ne devrait-il pas connaître le nombre de ses brebis? Le Fils de David ne connaît-il pas tous les siens par leur propre nom? David ne pouvait-il pas faire bon usage de son calcul? Quel mal a-t-il commis en faisant cela? Réponse : Il est certain que c’était un péché et un grand péché.
1. Certains pensent que la faute était d’avoir dénombré ceux qui avaient moins de vingt ans qui pouvaient être de stature et de force capables de porter les armes, ce qui serait la raison pour laquelle ce compte ne fut pas inscrit, à cause de son illégalité (1 Ch 27.23-24).
2. D’autres pensent que la faute était de ne pas avoir exigé le demi-shekel qui devait être payé pour le service du sanctuaire comme rançon pour leurs âmes quand le peuple était dénombré (Ex 30.12).
3. D’autres pensent que David a fait cela dans le but d’imposer à la population un tribut qui lui reviendrait et qui serait mis dans son trésor, au moyen d’une liste de noms, de sorte qu’une fois qu’il connaîtrait leur nombre, il pourrait dire quel devait être leur montant à payer. Nous ne trouvons toutefois rien de cela et David n’était pas un percepteur d’impôts.
4. La faute était qu’il n’avait reçu de Dieu aucun ordre à cet effet et qu’il n’y avait aucune raison de le faire. Il s’est donné, lui et son peuple, un trouble inutile.
5. Certains pensent que c’était un affront à l’ancienne promesse que Dieu avait faite à Abraham selon laquelle sa descendance deviendrait aussi innombrable que la poussière de la terre; ça ressemble à un manque de confiance en cette promesse ou à un plan pour montrer qu’elle n’était pas accomplie à la lettre. Il voulait dénombrer ceux au sujet desquels Dieu avait dit que leur nombre ne pourrait être compté. Ceux qui cherchent à démontrer la fausseté de la Parole de Dieu ne savent pas ce qu’ils font.
6. Ce qui était le plus grave dans le dénombrement du peuple, c’est que David l’a fait avec un cœur rempli d’orgueil, ce qui était aussi le péché d’Ézéchias lorsqu’il a montré ses trésors aux ambassadeurs. (a) Avoir le commandement d’un peuple aussi nombreux était une vanité orgueilleuse de sa propre grandeur, comme si leur accroissement devait être attribué à sa propre conduite plutôt qu’à la seule bénédiction de Dieu. (b) C’était une confiance orgueilleuse dans sa propre force. En publiant aux nations le nombre de gens composant son peuple, il pensait qu’il allait paraître à leurs yeux plus formidable et ne doutait pas que, s’il devait aller en guerre, il pourrait vaincre ses ennemis par le grand nombre de ses forces, plutôt qu’en faisant confiance en Dieu seul.
Dieu ne juge pas le péché comme nous. Ce qui nous semble inoffensif ou tout au moins une petite offense peut être un grand péché aux yeux de Dieu, qui voit les principes des hommes et discerne les pensées et les intentions du cœur. Mais nous sommes certains que son jugement est selon la vérité. »

Je retiens donc que le péché de David aurait consisté en sa motivation inspirée par l’orgueil. J’ajouterai que Jésus, notre Roi et bon Berger qui connaît chacune de ses brebis par leur nom, n’a que des intentions pures lorsqu’il fait le décompte de ses brebis. Il le fait pour la gloire de Dieu, afin qu’aucune des brebis que le Père lui a données ne se perde. Il le fait également pour le bien de ses brebis, qui ont la promesse que rien ne pourra les arracher de sa bonne main (Jn 10.27-29). Nous avons la promesse que tous ceux qui seront réunis au festin de l’Agneau constitueront une grande multitude, mais cette multitude ne pourra tirer orgueil que de l’œuvre parfaite de rédemption de l’Agneau, qui, lui seul, sera célébré éternellement avec le Père et l’Esprit.

D’ici là, je crois qu’il n’est pas interdit par le Seigneur de dénombrer les membres de son peuple (voir Ac 2.41), pourvu que ce soit pour la gloire de Dieu et pour le bien de son Église. Par exemple, c’est une pratique répandue d’avoir la liste des noms des membres baptisés et des membres communiants de chaque Église locale. Cela permet aux anciens de mieux prendre soin de chaque brebis personnellement et de n’en oublier aucune. Mais à partir du moment où une Église tire orgueil de son grand nombre ou encore qu’elle fixe son attention ou ses soucis sur son petit nombre, elle commence à tomber dans le péché commis autrefois par David. Nous ferions mieux alors de nous repentir et de simplement compter sur la promesse de l’alliance faite à Abraham.

Réjouissons-nous de ce que le Seigneur ne regarde pas au grand nombre, mais plutôt à la fidélité à sa Parole, comme il a dit à la petite Église de Philadelphie :

« J’ai mis devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer, parce que tu as peu de puissance, que tu as gardé ma parole et que tu n’as pas renié mon nom. […] Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai moi aussi de l’heure de l’épreuve » (Ap 3.8,10).

Que le Seigneur nous accorde de garder sa Parole et de persévérer dans la foi!