Cet article sur 2 Thessaloniciens 1.6-10 a pour sujet le dernier avènement du Christ qui exercera le jugement contre ceux qui n'obéissent pas à l'Évangile et récompensera ceux qui ont l'espérance de son retour en gloire.

Source: Espérer contre toute espérance. 9 pages.

2 Thessaloniciens 1 - Le dernier avènement de notre Seigneur Jésus-Christ

« C’est chose juste envers Dieu qu’il rende affliction à ceux qui vous affligent et à vous, qui êtes affligés, repos avec nous en cette journée-là où le Seigneur Jésus se manifestera du ciel avec les anges de sa puissance, et en flamme de feu, faisant vengeance contre ceux qui ne connaissent point Dieu, et qui n’obéissent point à l’Évangile de notre Seigneur Jésus, lesquels souffriront peine, à savoir perdition éternelle devant la face du Seigneur, et par la gloire de sa puissance, quand il viendra pour être glorifié en ses saints et être fait admirable en tous les croyants : parce que notre témoignage envers vous a été cru. »

2 Thessaloniciens 1.6-10

L’un des principaux articles de notre foi, c’est que notre Seigneur Jésus-Christ doit apparaître du ciel. Or il ne faut point que sa venue soit inutile : il s’ensuit donc que c’est là que nous devons regarder, attendant notre rédemption et salut. Et il ne faut point que nous en doutions : car ce serait anéantir tout ce que notre Seigneur Jésus-Christ a fait et souffert. Car pourquoi est-ce qu’il est descendu en ce monde? Qu’il a vêtu chair humaine? Qu’il a été exposé à la mort? Qu’il est ressuscité et monté au ciel? C’est afin de nous recueillir, en son Royaume, quand il sera apparu.

Ainsi donc, cette venue de notre Seigneur est comme pour sceller et ratifier tout ce qu’il a fait et enduré pour notre salut. Or cela nous doit bien suffire pour nous appuyer afin de résister à toutes les tentations de ce monde. Mais d’autant que nous sommes si fragiles que nous ne pouvons ajouter foi à ce que Dieu nous dit, Paul use maintenant d’un argument nouveau pour nous mieux confirmer en cette attente, à laquelle il nous avait exhortés en la personne des Thessaloniciens : c’est que Dieu ne permettra point d’être ainsi méprisé par les contempteurs de son Évangile, qui ne tiennent compte de sa majesté céleste, et qu’il ne veut pas souffrir que ses créatures s’élèvent contre lui et qu’elles lui résistent.

Voilà donc comme nous devons être tant plus confirmés en l’attente de notre salut, vu que Dieu y a intérêt et que c’est sa propre cause. Et c’est un point que nous devons bien observer. Car combien que Dieu nous certifie tant et plus d’avoir soin de notre salut, si est-ce que, selon que nous avons une nature pleine de défiance, nous sommes toujours en doute. Mais quand il nous est mis au-devant que Dieu maintiendra son droit, qu’il ne voudra point souffrir que sa majesté soit foulée au pied par les hommes : voilà une doctrine qui doit nous mettre en une assurance toute résolue. Et puis il est certain que Dieu nous fait cette grâce de conjoindre sa gloire avec notre salut, tellement qu’il y a un lien inséparable de l’un à l’autre. Ne voilà point une certitude infaillible que notre Seigneur Jésus viendra pour nous donner relâche et repos; d’autant qu’il ne se peut faire que Dieu ne maintienne sa majesté contre l’orgueil et la rébellion des hommes.

Notons donc que Jésus-Christ ne peut maintenir la gloire de son Père que quant et quand il se déclare notre Rédempteur. Ce sont choses qui ne se peuvent séparer. Et en cela voyons-nous l’amour infini de notre Dieu envers ses fidèles, quand il se conjoint tellement à eux, que tout ainsi qu’il ne peut mettre en oubli sa gloire, aussi ne fait-il notre salut : et comme il déploiera sa vertu pour faire vengeance sur ceux qui lui auront résisté, il punira quant et quand ceux qui auront affligé injustement les siens. Voilà donc l’intention de Paul, quand maintenant il amène que Jésus-Christ viendra, voire pour faire vengeance sur tous ceux qui n’ont point connu Dieu, et obéi à son Évangile. Comme s’il disait, voici vos ennemis qui vous persécutent, or vous douteriez que Dieu regarde vos afflictions pour en avoir pitié et pour y mettre remède. Pensez-vous que Dieu ne tienne compte de sa gloire et qu’il ne la veuille point maintenir? Or tout ainsi que les adversaires vous affligent, d’autant que vous adhérez à l’Évangile, ainsi Dieu en maintenant sa cause se montrera votre protecteur.

Cependant, Paul nous donne ici d’autres avertissements qui nous sont bien utiles. Car quand il parle de la vengeance qui est apprêtée sur nos ennemis, il dit que Jésus-Christ viendra, voire avec les anges de sa puissance et en flamme de feu. Et à quel propos? C’est pour confirmer ce qu’il ajoute : c’est à savoir que les ennemis de sa vérité soutiendront leur punition devant Dieu et devant la face de sa majesté. Comme s’il disait que nous ne pouvons jamais comprendre quel sera le tourment des incrédules, comme aussi nous ne voyons pas la gloire de Dieu. Car nous savons que c’est une chose infinie, quand on nous parle de la gloire de Dieu : nous ne la pouvons pas mesurer, mais il faut que nous soyons ravis en étonnement. Autant en est-il de l’horrible vengeance qui est appareillée sur tous les incrédules : vu qu’il faut que Dieu déploie sa vertu contre eux. Car puisque sa majesté est inestimable, il faut aussi que leur tourment soit incompréhensible quant à nous. Voilà pour un item.

Au reste, quand Paul parle des infidèles, et des ennemis de Dieu, il dit qu’ils ne l’ont point connu, et qu’ils n’ont point obéi à l’Évangile, ou qu’ils ont été rebelles : c’est une manière de parler qui emporte une doctrine bien utile. Car quand on demande aux hommes, les plus méchants qui soient, s’ils veulent faire la guerre à Dieu, ils diront que non : mais cependant ils font tout le contraire de ce qu’ils protestent, vu qu’ils ne veulent pas pleinement s’assujettir à l’Évangile. Et comment cela? Il est dit que nous ne pouvons obéir à Dieu sinon par la foi : voilà ainsi que Paul en parle, tant en l’épître aux Romains qu’au livre des Actes. Puisque la foi est une droite obéissance et que Dieu la requiert et approuve, il s’ensuit que tous ceux qui ne veulent croire à l’Évangile lui sont rebelles, et s’élèvent contre lui tant qu’ils peuvent. S’ils protestent que ce n’est pas leur intention, c’est tout un, car la chose est telle néanmoins. Par cela nous sommes enseignés que nous ne pouvons faire service agréable à Dieu, qu’en premier lieu nous ne croyions à l’Évangile, et acceptions tout ce qui est là contenu pour nous y humilier. Bref, la foi est le principal service que Dieu demande aux hommes.

Il est vrai que cependant il nous faut noter que la foi n’est pas une simple créance pour accorder à ce qui nous sera enseigné, mais qu’il faut que nous y apportions le cœur et l’affection quant et quand que non seulement de bouche et de fantaisie nous acceptions ce qui nous sera dit, mais que cela nous soit imprimé au cœur, et que nous connaissions qu’il ne nous est pas licite de nous rebecquer à l’encontre de notre Dieu. Et pourtant que d’un vrai désir nous demandions d’adhérer à la doctrine qu’on nous offre. La foi est donc au cœur et y a sa racine et n’est pas une simple connaissance et nue : car si nous étions seulement convaincus que l’Évangile est une doctrine véritable, et que cependant nous n’y prissions nul goût, et même qu’elle nous déplut et fâchât, serait-ce là obéissance? Il est certain que non. Apprenons donc, pour obéir à Dieu, non seulement de trouver la doctrine de l’Évangile bonne et sainte, mais de l’aimer, et avec l’amour aussi qu’il y ait une révérence conjointe, suivant ce que David dit de la loi, qu’il la trouve plus douce que miel et plus précieuse qu’or ni argent.

Il faut donc que nous ayons en telle estime et prix la doctrine de l’Évangile, et surtout qu’elle nous soit ainsi douce et amiable. Or quand cela sera, alors Dieu approuvera notre obéissance. Voilà le service le plus singulier qu’il demande de nous. Mais à l’opposite, nous aurons beau faire ceci ou cela, tout ce que nous pourrons attenter sera puantise devant Dieu, jusques à tant que nous aurons cru à l’Évangile.

Et en cela voit-on combien la condition des papistes est misérable : ils se tourmentent tant et plus dans leurs dévotions, qu’ils appellent : il leur semble que Dieu est bien tenu à eux : quand ils auront badiné comme ils font, quand ils auront barboté leurs patenôtres, oui beaucoup de messes, trotté au pèlerinage, exposé leur argent pour faire leur abomination, il leur semble que Dieu doive allouer cela pour bon. Mais quoi? Le principal leur fait défaut, à savoir la foi : car encore que ces choses-là d’elles-mêmes ne fussent pas mauvaises, ni contre Dieu, si est-ce qu’elles seront rendues frivoles devant Dieu, quand il n’y aura pas de foi aux hommes. Or donc nous voyons que d’autant plus qu’ils travaillent cuidant [pensant] servir Dieu, ils ne font qu’augmenter leur condamnation et provoquer son ire davantage sur leurs têtes. Tant y a qu’ils sont nommés ici rebelles à Dieu, d’autant qu’ils ne se veulent pas assujettir à la doctrine de l’Évangile. Ils diront bien, voilà, notre intention est de servir à Dieu, et nous faisons ceci ou cela à cette fin.

Voire : mais voici Dieu qui vous convie à soi, il vous montre que tout notre bien gît en sa pure grâce et miséricorde : qu’il ne vous faut chercher salut qu’en Jésus-Christ : il vous déclare qu’il vous a envoyé son Fils afin que vous sentiez le fruit de sa passion : que c’est en son nom et par son moyen que toutes vos dettes vous seront quittées et remises : que vous ne devez point chercher d’autre avocat que lui pour trouver accès devant sa majesté : que vous devez demander d’être renouvelés par son Saint-Esprit. Voilà notre Seigneur qui parle en cette sorte.

Et vous que faites-vous? Il n’y a que fierté et présomption en vous : vous venez heurter des cornes à l’encontre de toutes les promesses que Dieu vous donne, et cuidez avoir de vous-mêmes ce qui vous est donné de Jésus-Christ. Vous vous confiez en vos œuvres et en vos mérites : vous allez chercher des patrons et des avocats tels que bon vous semble : et cependant, Jésus-Christ est laissé derrière. Il n’y a nulle foi en vous : qui pis est, vous êtes rebelles à Dieu, vous lui faites la guerre mortelle, au lieu que vous le pensez bien servir et honorer.

Ainsi donc, nous avons bien à magnifier notre Dieu, de ce qu’il nous a retirés de tels abîmes, et nous a montré quelle est la vraie entrée en son service. C’est à savoir qu’il nous conjoigne purement à la doctrine de l’Évangile et que nous recevions les promesses qu’il nous donne. Au reste, si nous apercevons que les hommes sont humiliés, voilà un vrai préparatif pour les amener au service de Dieu, même à l’obéissance pleine et parfaite que Dieu approuve. Voilà donc un item que toute incrédulité est rébellion contre Dieu : comme il n’y a nulle obéissance sinon qu’elle commence par la foi. Or Paul dit que ceux qui n’obéissent point à l’Évangile ne connaissent point Dieu. En quoi nous voyons que l’ignorance n’est point à excuser les hommes, comme beaucoup en cuident faire un bouclier : et leur semble que c’est assez quand ils ne seront point convaincus manifestement d’avoir failli à leur escient : et ils font leur compte que Dieu doit leur pardonner le tout.

Voire, mais notamment voici Paul qui prononce que Jésus-Christ viendra pour détruire ceux qui n’ont point connu Dieu. Apprenons donc qu’il faut que nous demeurions confus et perdus, sinon que nous connaissions celui qui nous a créés et celui qui nous a rachetés. Et de fait, c’est bien raison. Car pourquoi Dieu nous a donné sens et esprit, sinon afin qu’en le connaissant nous l’adorions, et que nous lui rendions l’honneur qui lui appartient? Les hommes voudront bien être prisés et honorés et ils laisseront là leur Créateur derrière. Quel propos y a-t-il? Cela n’est-il pas contre nature? Mais cependant notons que l’ignorance qui est aux incrédules ne procède pas d’une pure simplicité, mais il y a de la malice, de l’orgueil et de l’hypocrisie qui fait qu’ils n’ont discrétion ni sens. Comment cela? Car si nous pouvions connaître Dieu, il est certain que nous viendrions nous humilier devant lui. Et ainsi quand nous lui sommes rebelles, c’est signe que jamais nous ne l’avons connu : car c’est une chose trop vive que cette connaissance de Dieu, pour dire que nous la voyons là et que nous somme obstinés et rebelles comme les incrédules.

Si on allègue qu’ils sont ignorants, il est vrai : mais tant y a qu’ils sont malins aussi et hypocrites. Car n’avons-nous pas les uns et les autres assez de choses pour nous rendre inexcusables? Voire même quand il n’y aurait que cette semence que Dieu a mise en nous de nature, que contemplant le ciel et la terre nous devons penser qu’il y a un Créateur dont le tout procède : Dieu nous révèle comme en un miroir sa majesté et sa gloire, et n’y a celui qui soit convaincu de cela. Les plus méchants, quand ils se seront moqués de Dieu, s’ils se trouvent en quelque angoisse, auront leur recours à lui sans y penser : car Dieu les pousse là afin de leur ôter toute excuse, tellement que les incrédules ne sont pas si ignorants qu’il n’y ait de l’hypocrisie en eux. Ils se veulent couvrir, mais c’est à leur escient qu’ils ferment les yeux.

Il y a aussi de l’orgueil et de la malice : car si nous portions honneur à Dieu, tel qu’il lui appartient, nous aurions bien un autre souci de nous enquérir de lui et de sa volonté. Quand donc nous y sommes ainsi lâches et froids c’est signe que nous le méprisons. Et puis nous ne demandons autre chose sinon d’être en ténèbres. Comment? Car quand nous approchons de Dieu, il nous rédargüe de nos fautes, il faut que nous apprenions de nous déplaire en nos vices et nous réformer. Or nous sommes contents d’être endormis en nos pauvretés : voilà comme nous fuyons la clarté de Dieu.

Notons bien donc que ce n’est pas sans cause que les hommes sont punis nonobstant leur ignorance : car ils ne peuvent pas alléguer qu’il y ait une simplicité en eux, mais plutôt hypocrisie, orgueil, et malice s’y trouvent. Et voilà pourquoi Paul, quand il dit que ceux qui auront péché sans la loi (c’est-à-dire qui n’ont nulle intelligence de la parole de Dieu) périront néanmoins, ajoute que Dieu a engravé une loi au cœur de tous : qu’encore que nous n’eussions point ni d’Écriture, ni de prédication, si est-ce que nous avons notre conscience qui nous doit servir de loi, pour nous condamner, et cela suffira au dernier jour. Maintenant, nous pouvons bien avoir beaucoup de subterfuges devant les hommes, et nous semblera que nous devrions être quittes : mais notre compte sera bien rabattu, quand nous viendrons devant le Juge céleste. Là, nous trouverons que toutes nos excuses sont frivoles.

Notons donc bien ce passage quand il est dit que le Seigneur viendra pour déployer sa vengeance sur tous ceux qui n’ont point connu Dieu et qui n’ont point obéi à l’Évangile : c’est-à-dire sur tous incrédules. Or par cela, nous voyons que la foi est la seule porte de salut et de vie : d’autant que Jésus-Christ doit venir à la confusion de tous ceux qui n’ont point cru. Au reste, connaissons jusque à tant que Dieu ait illuminé les hommes, qu’ils sont tous ignorants et aveugles. Et pourquoi? Car nous avons beau connaître tout ce qui sera au ciel et en la terre, jusques à tant que nous ayons connu Dieu, de quoi servira tout le reste? Or nous ne le connaîtrons point jusques à tant qu’il nous ait illuminés par son Saint-Esprit.

De là donc nous voyons que nous ne serons point excusés de notre ignorance, afin que nul ne se flatte et ne s’endorme : mais cependant notons aussi que quand nous aurons connu Dieu, c’est bien raison que nous soyons assujettis à lui, qu’il nous tienne en bride, et que sa volonté soit pour guider toutes nos pensées et affections, et que nous ayons une foi telle à l’Évangile que nous puissions protester comme David, que cette doctrine nous est plus douce que miel, et plus précieuse qu’or ni argent. Voilà quant à ce point.

Au reste, nous voyons ici comme Dieu veut nous certifier de notre salut. Car si Jésus-Christ doit venir pour faire vengeance sur tous ceux qui n’ont point cru en l’Évangile, mais y ont résisté, nous pouvons et devons conclure que le monde ne sera jugé que selon l’Évangile. Or là il nous est dit que quand nous aurons reçu en vraie foi les promesses de Dieu, il ne fut point que nous doutions de sa bonté et de son amour envers nous, que nous doutions que Jésus-Christ ne fasse valoir ce qu’il a offert pour nous et notre rédemption. Tous ceux donc qui croient en l’Évangile se peuvent glorifier sans aucun doute, que Jésus-Christ viendra pour leur Rédempteur. Et c’est la certitude que Dieu nous donne moyennant que nous ne refusions pas un tel bien.

Quant à ce que Paul parle ici de la puissance de Jésus-Christ et de sa gloire, c’est afin que sa venue soit plus épouvantable à tous les incrédules et rebelles. Est-ce peu de chose, quand il est dit que Jésus-Christ viendra en la compagnie des anges, qu’il viendra avec flamme de feu, qu’il viendra avec une majesté incompréhensible, voire pour foudroyer à l’encontre de tous ceux qui lui seront ennemis? Par cela donc nous voyons que Paul a voulu ici admonester les incrédules, s’il y avait quelque remède en eux, qu’ils avisassent à ne demeurer pas toujours incorrigibles.

Cependant, parce que nous voyons que ceux qui sont amenés par Satan et endurcis ne font que se moquer de toutes les menaces de Dieu, que nous y profitions de notre côté : et quand nous oyons que Jésus-Christ viendra d’une façon si terrible, que par cela nous soyons retenus en crainte et bride, tellement que, quand Satan nous viendra piquer ou chatouiller pour nous faire détourner de l’obéissance de l’Évangile, nous pensions à nous pour dire, et comment en allons-nous? En quelle perdition? Que nous provoquions contre nous celui auquel toute majesté, empire et gloire est donnée afin d’abîmer ceux qui lui sont contraires? Si nous pensions bien à cela, il est certain que nous serions retenus, en sorte que toutes les cupidités de notre chair et toutes les tentations du monde ne pourraient rien à l’encontre de nous.

Or cependant aussi Paul a voulu faire une comparaison de la venue première de notre Seigneur Jésus-Christ avec la seconde. Pourquoi est-ce que les méchants et les contempteurs de l’Évangile s’élèvent ainsi hardiment, qu’on les voit ainsi enragés et débordés? C’est qu’ils oyent que Jésus conversant ici-bas en ce monde, a pris la condition d’un serviteur, même qu’il s’est anéanti du tout, comme Paul en parle, jusques à cette mort ignominieuse et pleine d’opprobres. D’autant donc que les ennemis de Dieu ne connaissent en Jésus-Christ sinon cette infirmité-là, ils prennent occasion de blasphémer contre lui avec une telle furie qu’on les voit. Voire : pour être Sauveur de ceux qui l’auront servi et honoré, et pour abîmer et confondre ceux qui se sont endurcis contre lui et sa Parole. Retenons bien donc que cette description terrible qui est mise ci-dessus n’est pas pour nous effaroucher : mais plutôt pour nous esjouir, voyant quel est l’amour et la grâce de Dieu envers nous. Voilà notre Seigneur Jésus qui viendra : voire avec une vertu épouvantable. Et pourquoi? Pour abîmer tous ses ennemis, pour faire vengeance des injures, opprobres et afflictions que nous aurons endurés.

Et comment? Sommes-nous dignes que le Fils de Dieu déploie ainsi sa majesté, et se montre avec un tel effroi contre ceux qui sont ses créatures? Il est certain que non, mais si est-ce qu’il le veut faire à cause qu’il nous aime. C’est donc ce que j’ai déjà touché, que nous devons être consolés quand il dit que le Fils de Dieu viendra, voire avec une telle frayeur et majesté si horrible. Car en cela il déclare par effet l’amour infini qu’il nous montre et porte, puisqu’il n’épargne point sa puissance et sa majesté pour faire vengeance de toutes les injures que nous aurons endurées. Mais nous ne pourrions bien goûter cela sinon que ce que notamment Paul met ici fût observé. C’est à savoir, que notre Seigneur Jésus-Christ ne viendra pas seulement pour se venger de ses ennemis, et de ceux qui auront été rebelles à son Évangile : mais aussi pour être glorifié et rendu admirable en ses saints, et en ceux qui auront cru. Or quand Paul met cela, c’est autant comme s’il disait qu’il viendrait pour nous faire participants de sa gloire : que tout ce qui est en lui qui mérite d’être honoré et révéré, tout cela, dis-je, nous sera alors communiqué. Bref, Paul déclare que notre Seigneur Jésus ne viendra pas retenir sa gloire à lui seul, mais afin qu’elle soit épandue sur tous les membres de son corps.

Et voilà pourquoi il dit aux Colossiens que maintenant notre vie est cachée, mais qu’elle se montrera à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ. Il ne viendra donc point pour avoir rien de particulier à soi et de quoi aussi nous soyons privés : mais plutôt afin que sa gloire nous soit commune, non point qu’il n’ait toujours la prééminence sur les siens, comme c’est la raison qu’il soit le Chef de son Église. Et de fait, la gloire qu’il nous a communiquée n’est pas pour déroger à la sienne, ni pour l’obscurcir, mais cependant si faut-il que nous soyons transformés, comme dit Paul aux Philippiens : et en lieu que nous sommes maintenant si pleins d’infirmités que c’est pitié, il faudra que nous soyons configurés à la vie céleste de notre Seigneur Jésus-Christ.

Aussi Paul en parlant ainsi a notamment regardé à la condition des fidèles, comme elle est en ce monde : car nous sommes marqués, on nous montre du doigt, on nous tire la langue, nous voyons les méchants qui se moquent des enfants de Dieu : et il faut que nous soyons ainsi rendus contemptibles afin que nous apprenions de ne point chercher notre gloire en ce monde. Dieu ferait bien que nous serions prisés de tous quand il lui plairait : mais il veut que nous portions tels diffames, afin que nous regardions en haut pour là chercher notre triomphe. Et aussi quel propos y aurait-il que nous fussions ici glorifiés et qu’on nous applaudît, et que cependant Dieu fût déshonoré?

Les méchants se moquent pleinement de Dieu, et ne tient pas à eux qu’ils ne crachent contre sa majesté. Et voudrions-nous cependant être honorés par eux? Si nous le désirons, ne faut-il pas dire que nous sommes par trop lâches? Ainsi donc, suivant ce que j’avais commencé à dire, d’autant que les fidèles sont maintenant méprisés et rejetés, que les uns se moquent d’eux, d’autres les oppriment, qu’on leur mange la laine sur le dos, et les foule-t-on au pied : pour cette cause l’apôtre nous ramène au dernier jour, disant qu’alors nous serons rendus plus admirables, voire d’autant que le Fils de Dieu l’est : et pourtant que nous ne craignions que la gloire qu’il mettra en nous ne soit pour effrayer nos ennemis, tellement qu’ils seront rendus notre marchepied, comme aussi l’Écriture en parle.

Mais Paul montre ici notamment quels sont ceux qui doivent espérer d’être participants de la gloire du Fils de Dieu, et déclare les fruits de ceux qui auront cru, quand il dit les saints. Car il montre que ceux qui sont adonnés aux pollutions de ce monde ne doivent attendre d’avoir part ni portion en cet héritage, ni de communiquer en rien que ce soit au Fils de Dieu. Cependant, quand il ajoute : ceux qui ont cru, il montre quelle est la vraie source et origine de toute sainteté, c’est à savoir la foi. Et tiercement il montre que si nous avons une foi pure et droite, il est impossible que nous ne soyons sanctifiés quant et quand. Voilà donc trois points que nous avons à noter. Le premier est que si maintenant nous venons nous souiller et vautrer en nos ordures et pollutions, nous sommes retranchés du Fils de Dieu, et pourtant n’attendons pas que sa venue nous profite : mais qu’il nous souvienne de ce qui est dit par le prophète, ne désirez point que le jour du Seigneur vienne, car il nous sera un jour de frayeur et d’étonnement et non point de salut et de joie. Il sera un jour de cruauté et de confusions, il sera un jour d’obscurité et de ténèbres.

Pource que de ce temps-là il y avait beaucoup d’hypocrites qui se couraient du nom de Dieu, le prophète leur montre que cela leur sera bien cher vendu. En cas pareil nous verrons aujourd’hui les plus méchants qui prononceront à pleine bouche et à plein gosier, et comment? Pense-t-on que nous ne craignions point Dieu, et que nous ne veuillions être aussi bons chrétiens que les autres? Voire : et cependant, ce seront gens débauchés et pleins de toute impiété qui auront autant de religion que chiens et pourceaux. Quand ils seront examinés en leur vie, on les verra pleins de déloyauté, on verra qu’il n’y a ni foi ni loyauté en eux, non plus qu’en des renards : on les verra pleins de trahisons et de parjures, on les verra pleins de cruauté, pleins d’amertume contre leurs prochains : on les verra s’adonner à toute nuisance et outrage, on les verra pleins de corruption, que quiconque leur donnera le plus il les gagnera; ils tiendront boutique ouverte pour prendre à toutes mains, tellement que non seulement ils vendront la foi, mais leur honneur, devant les hommes : ils tiendront foire et marché de s’exposer à tout mal. Bref, on les voit des impudents contempteurs jusques au bout, et cependant ils ne laissent point de se vanter qu’ils sont des plus avanés en l’Église de Dieu, et Dieu leur aidera, ce leur semble, comme s’il était bien obligé à eux.

Comme donc on voit cela aujourd’hui, le prophète parlant à ceux de son temps, dit, comment? Et de quoi vous vantez-vous? Du jour du Seigneur? Pensez-vous que sa venue vous soit profitable? Nenni non : mais ce vous sera un jour épouvantable, un jour terrible et plein d’effroi. Il n’y aura qu’effroi et étonnement pour vous. Ainsi nous avons à noter en ce passage de Paul que, si nous voulons que la venue de notre Seigneur Jésus-Christ nous profite, et qu’il nous apparaisse Rédempteur à notre salut, il faut que nous apprenions bien de nous dédier à sainteté, et que nous soyons séparés des pollutions de ce monde et de la chair. Voilà pour le premier.

Mais pour parvenir là, notons qu’il nous faudra commencer par la foi : suivant aussi ce que nous avons déclaré naguère : comme de fait, la foi est la source de toute sainteté, ainsi qu’il est parlé au chapitre 15 des Actes, où Pierre dit que Dieu purifie les cœurs des hommes par foi. Cela est dit pour montrer que, quelque belle apparence qui soit aux hommes, ils seront toujours pollués et infects devant Dieu, jusqu’à ce qu’il les purifie par le moyen de la foi. Or cependant pour le troisième article, nous sommes admonestés que, si nous avons vraie foi, il ne se peut faire que quant et quant nous ne soyons sanctifiés : c’est-à-dire que nous ne soyons réformés au service de Dieu, et que nous ne lui soyons dédiés pour l’honorer.

Et comment cela? D’autant que par la foi nous embrassons Jésus-Christ, il habitera en nous, comme toute l’Écriture en parle, et notamment Paul use de ce mot-là. Jésus-Christ (dit-il) habite en vos cœurs par foi. Je vous prie, ne sont-ce point choses incompatibles et mal accordantes, que Jésus-Christ habite en nous et que cependant nous soyons adonnés à toutes vilenies et ordures? Pensons-nous qu’il veuille habiter en une étable à pourceaux? Il faut donc que nous lui soyons consacrés. Et au reste, il ne peut être avec nous qu’avec son Esprit. Et n’est-ce point l’Esprit de sainteté, de justice et de droiture? Sera-ce point donc un mélange étrange quand les hommes se vanteront d’avoir foi en Jésus, et que cependant ils seront d’une vie dissolue et méchante, qu’ils se pollueront par toutes les infections de ce monde? Ce serait à dire, je tiens le soleil, et il n’y a point de clarté, et c’est comme si on voulait renverser tout l’ordre de nature. Car il pourrait plutôt advenir que le soleil fût sans clarté, que Jésus-Christ fût sans justice.

Ainsi donc notons bien qu’il ne nous faut point prendre cette couverture d’hypocrisie, pour dire que nous ayons foi en l’Évangile, et que nous croyons à bon escient, sinon que notre vie réponde et que nous montrions que nous avons reçu Jésus-Christ, et que par la grâce de son Esprit il nous dédie et sanctifie en l’obéissance de Dieu son Père. Voilà comme nous ne viendrons point à fausses enseignes usurper ce titre de foi, comme c’est une chose trop sacrée. Gardons-nous bien donc de le profaner : mais si nous croyons au Fils de Dieu, montrons par effet que nous y avons cru. Et il est certain qu’il nous fera sentir sa vertu, et nous donnera grâce d’attendre en patience sa venue. Et combien qu’il nous faille souffrir en ce monde beaucoup d’injures pour son nom, si est-ce qu’en la fin nous serons revêtus de sa gloire et de sa justice : comme il nous en a donné la promesse, de laquelle il nous fera sentir la vertu, moyennant que nous la recevions sans aucun doute.