Cet article sur Actes 1.8 a pour sujet l'effusion de l'Esprit le jour de la Pentecôte, afin de communiquer aux disciples une puissance pour les rendre capables d'accomplir leur mission d'annoncer la grâce de Dieu en Jésus-Christ.

Source: Méditations sur les fêtes chrétiennes. 4 pages.

Actes 1 - Je crois au Saint-Esprit Message de la Pentecôte

« Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous. »

Actes 1.8

La personne du Saint-Esprit demeure pour nombre de gens une notion plutôt vague. Certains le confondront avec l’expression de simples sentiments ou d’aspirations humaines. Les mots mêmes d’Esprit, de réalités spirituelles, de bon ou de mauvais esprits, recouvrent à vrai dire des généralités tellement imprécises qu’il n’est pas difficile de s’apercevoir que même à l’intérieur de l’Église chrétienne, celle qui confesse sa foi en l’Esprit Saint, il y a une carence dans l’enseignement et dans la connaissance du sujet.

À l’opposé, on peut rencontrer une autre attitude, celle d’une certaine catégorie de chrétiens qui accordent au Saint-Esprit une importance excessive, au détriment de tout le reste, ce qui ne contribue pas à clarifier la situation ni à dissiper l’équivoque. Au contraire, cette attitude contribue à augmenter la confusion. Un zèle et un enthousiasme démesurés se dégradent le plus souvent en excitation. Le Saint-Esprit est réduit alors à une puissance dont l’homme pourrait s’emparer et user à son gré. Une telle conception peut conduire à certains états d’âme ambigus, comme celui d’éprouver, par exemple, une émotion intense, une sorte de palpitation ou de courant qui témoigneraient de l’acquisition de cette force quasi magnétique. De tels phénomènes ne peuvent s’expliquer autrement que par un mécanisme purement psychique.

Bien entendu, la solution de rechange à ce désordre ne doit pas être l’absence de ferveur dans l’expression de la foi et du service rendu à Dieu. Lorsqu’on ignore la nature de la personne et de l’action du Saint-Esprit, lorsqu’on minimise son importance, la foi s’amenuise; elle ressemble plutôt à un vague idéalisme découragé et vacillant.

Cependant, ce que nous savons à ce sujet n’est pas une théorie sur les « valeurs spirituelles ». Notre connaissance, comme celle d’autres articles contenus dans le Credo, est spécifiquement chrétienne, c’est-à-dire puisée dans l’Écriture sainte. Je vous propose donc de comprendre ensemble la Parole du Christ adressée à ses disciples quelques instants avant son départ. Il leur promettait l’envoi du Saint-Esprit. Dix jours après son ascension, le jour de Pentecôte (ce qui veut dire le cinquantième jour après Pâques), le Saint-Esprit descendit sur les disciples réunis à Jérusalem. Les circonstances qui accompagnèrent cette effusion furent extraordinaires et, à ce propos, je vous conseille de lire vous-mêmes le chapitre 2 du livre des Actes des apôtres, où vous trouverez les détails de cet événement unique.

Depuis ce jour-là, une ère nouvelle a commencé, celle qui a vu la naissance et la formation de l’Église chrétienne. Certes, le Saint-Esprit n’était pas un inconnu avant cette date-là. Une lecture même cursive de l’Écriture sainte nous permet de saisir l’importance de sa présence et de son activité dans le dessein du Dieu trinitaire. Il participe à la création du monde. Plus tard, il s’empare des hommes, les inspire et leur donne le message qu’ils doivent transmettre de la part de Dieu. Il permet parfois d’accomplir des actes extraordinaires, il accorde toujours une autorité aux paroles des hommes envoyés par Dieu. Cependant, il était accordé encore sporadiquement et seulement à quelques élus, en vue de l’accomplissement d’une tâche spéciale.

Mais à partir du jour mémorable qui s’appelle la Pentecôte, l’effusion du Saint-Esprit ne connaît plus de limites, car elle est destinée à tout croyant et à chaque disciple de Jésus-Christ. L’Esprit n’est plus l’apanage d’un seul peuple. Autant sur le plan individuel qu’universel, une nouvelle économie s’est instaurée. Déjà dans l’Ancien Testament, le prophète Joël annonçait la chose en les termes suivants : « Vos jeunes gens et vos jeunes filles, vos serviteurs et vos servantes prophétiseront et je répandrai mon Esprit sur eux. » Désormais, celui qui se met à l’enseigne de Jésus-Christ et qui vit à l’intérieur de la communauté des fidèles reçoit l’Esprit comme arrhes de son appartenance à cette Nouvelle Alliance conclue par Dieu. Aussi, c’est la raison pour laquelle l’apôtre Paul écrit dans sa première lettre aux Corinthiens, au chapitre 12 : « Nul ne peut dire que Jésus est le Seigneur si ce n’est pas l’Esprit Saint. »

Pentecôte, ainsi que les signes extérieurs qui ont accompagné l’effusion de l’Esprit, ne peuvent plus se reproduire comme tels. On ne pourra pas créer une Pentecôte artificielle. Il n’est pas dans notre pouvoir de répéter les grands actes du salut tels que le Credo les accepte et les confesse. De même que l’incarnation du Fils de Dieu, la naissance à Bethléem, la crucifixion du Vendredi saint et la Résurrection de Pâques, de même Pentecôte demeurent un événement décisif du passé. Mais il nous suffit de savoir que l’Esprit n’a cessé d’agir et que tout homme qui croit est en mesure d’en bénéficier. Bien plus, parce que le Saint-Esprit est présent, l’homme peut confesser le nom de Jésus-Christ. Ainsi l’Esprit est engagé avec le Père et le Fils pour produire en nous la foi, l’espérance et la charité. Il ne fait rien d’indépendant et pour son propre compte. Il veut simplement nous unir davantage à Jésus. Il nous amène à la vérité qui est Jésus-Christ; il nous rappelle ce que celui-ci a fait pour nous. Il applique cette œuvre en nous. Car Jésus reste au centre de notre foi. C’est par lui que Dieu nous est révélé, connu, rendu accessible et devenu notre Père. C’est par Jésus-Christ que nous nous savons pécheurs et pardonnés. Le Saint-Esprit ne nous aide pas seulement à confesser le nom de Jésus, il permet aussi que notre vie soit conforme à celle du Sauveur.

Nous pouvons donc examiner maintenant cette autre partie de la promesse faite par Jésus à ses disciples, avant son ascension : « Vous recevrez une puissance. » De quelle puissance s’agit-il vraiment?

« La volonté de puissance, écrivait le philosophe athée Frederick Nietzsche, est la plus grande impulsion dans la vie des hommes. » Sans aucun doute, le facteur le plus fort dans les relations humaines est celui de la puissance. Il y a plusieurs manières d’exercer une puissance sur les hommes. Il y a celle des aventuriers et des opportunistes. Il y a celle des professionnels du pouvoir qui possèdent toutes sortes d’armes d’intimidation et tous les moyens de répression, tels que l’emprisonnement, la torture, les camps de concentration, le lavage des cerveaux, ou bien la simple propagande; méthodes faciles, à portée de la main, efficaces pour dépersonnaliser des victimes sans défense. C’est ainsi que toute résistance et toute volonté de la masse peuvent être brisées.

Jésus-Christ a aussi parlé d’une puissance. Mais voyez dans quelle faiblesse ou dans quelle absence de pouvoir humain il a vécu pendant toute sa vie. À son tour, l’Église chrétienne est, elle-même, faible en autorité. Apparemment, elle n’exerce aucune influence sur le monde des affaires, dans la politique et dans la vie des hommes. Lorsque nous parlons de puissance, ne nous tromperions-nous pas? Non, car il y a un seul pouvoir qui respecte l’homme et lui accorde toute sa dignité, une seule puissance qui le libère, celle de l’Esprit Saint. Le chemin que Jésus avait emprunté était celui-ci. Il avait délibérément refusé toute popularité et tout pouvoir facile sur le peuple. Il a préféré le chemin du renoncement et de l’amour afin de gagner les hommes. Le don de soi le plus total et la soumission au Père ont été les armes avec lesquelles il les a conquis. Ce chemin a amené Jésus sur la croix. Il lui a infligé la coupe amère. L’Évangile de Jean contient cette parole à ce sujet : « Il avait aimé les siens et il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13.1). Cette fin se présentait pourtant comme la plus grande des désillusions, comme une défaite humiliante et tragique. Pourtant, des millions de personnes savent aujourd’hui que la croix du Calvaire fut le signe et l’instrument de l’amour divin, arme efficace pour juger en nous le péché dont nous sommes tous coupables. Elle fut la puissance exercée dans l’amour qui agit et qui transforme la vie de ceux qui croient maintenant au Fils de Dieu.

Lorsque Jésus parlait de cette puissance à ses disciples, ceux-ci s’attendaient à voir l’établissement d’un royaume qui dominerait le monde entier, soumettant tous les ennemis. Jésus a orienté leurs pensées ailleurs, vers une autre mission, et il les a équipés en vue de son accomplissement. Il les a rendus capables de l’accomplir. La puissance en question est donc avant tout l’amour qui jaillit dans notre cœur et qui doit rayonner autour de nous. Vous savez que l’amour sincère n’a pas besoin, pas toujours, de mots sublimes et immortels. Aimer n’est pas nécessairement le privilège des magiciens du verbe. La Bible nous rend d’ailleurs très attentifs; elle dit dans la première épître de Jean : « Bien-aimés, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais en action et en vérité » (1 Jn 3.18).

Il nous suffit donc d’être et de rester perméables, disponibles à l’Esprit du Christ qui produit cet amour dans notre vie. « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour », écrit l’apôtre Paul dans une de ses lettres (Ga 5.22). Lorsque l’amour de Dieu s’empare de notre vie, il la transforme. Un tel amour ne peut pas être retenu captif ou se thésauriser. Il est agissant, il rayonne et se traduit en geste, devient consécration et service. Il produit en nous les pensées et sentiments qui étaient en Christ. Un homme nouveau est alors créé, à l’image de l’homme parfait, Jésus, capable de vivre et d’agir comme le Christ.

Je conclus par une illustration que j’emprunte à un livre :

« Vous connaissez les cathédrales anciennes aux vitraux multicolores. Ceux-ci reproduisent et relatent à leur façon des vérités bibliques. L’histoire des origines, celle des prophètes, des scènes des Évangiles y figurent et toutes ensemble vous offrent une merveilleuse prédication en images. Si vous demeuriez en dehors de ces sanctuaires, les vitraux en question ne pourraient pas attirer votre attention. Vous ne verriez qu’obscurité. Rentrés à l’intérieur, vous vous trouvez en présence d’un univers nouveau et admirable. Alors qu’à l’extérieur vous étiez indifférents, votre vision va changer pour vous plonger dans l’émerveillement devant la richesse des couleurs, la finesse de l’art, la puissance d’évocation que possèdent ces images. Le Saint-Esprit fait précisément cette œuvre-là. Il nous introduit dans la vie en Christ, illumine notre être en sorte que les images auparavant obscures nous apparaissent différemment. Peut-être, jusque-là, la vie chrétienne et la foi n’avaient aucun attrait. Nous étions restés en dehors, regardant les choses du côté opposé. Le miracle du Saint-Esprit ne nous avait pas touchés. Notre regard était bloqué. N’est-ce pas le même phénomène qui se produit dans d’autres domaines? Si vous examinez, par exemple, l’amour maternel du côté extérieur, en tant qu’observateur neutre et froid, cet amour vous paraîtra comme une anomalie dans les sentiments d’une femme, vous pourriez expliquer la chose en fonction des sécrétions endocrines! Mais pensez plutôt à l’amour de votre mère, à la protection désintéressée qu’elle dispense, à la chaleur de son cœur, à ses pensées affectueuses, alors l’image de la mère s’éclairera d’un jour nouveau. Soudain, vous serez émerveillé et les couleurs chaudes et les sentiments de son dévouement vous convaincront que le cœur qui bat devant vous est celui de votre propre mère. »