Cet article a pour sujet notre amour pour Dieu préférable à tout autre plaisir dans notre société de loisirs. Le plaisir pur procure une joie saine; les plaisirs coupables nous salissent et doivent être combattus.

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Aimer Dieu plus que le plaisir Une approche chrétienne du plaisir dans une culture du loisir

I. Le plaisir dans la vie des chrétiens

1. Le plaisir et le chrétien
2. Qu’est-ce que le plaisir pur?

II. Les plaisirs coupables dans nos vies

3. Que sont les plaisirs coupables?
     a. Lorsque ce plaisir est manifestement mal
     b. Lorsque ce plaisir domine sur nous
     c. Lorsque nous le cachons aux autres
     d. Lorsque ce plaisir entrave nos responsabilités
     e. Lorsque ce plaisir ne produit pas le résultat promis

III. Comment se libérer de ces plaisirs coupables?

4. Comment combattre les plaisirs coupables?
     a. Prenez une pause
     b. Connaissez votre faiblesse
     c. Prenez conscience du pouvoir de la croix sur le péché
     d. Cultivez l’ultime plaisir en Jésus-Christ
     e. Se donner aux autres

I. Le plaisir dans la vie des chrétiens

En 2 Timothée 3, l’apôtre Paul nous donne une description du temps dans lequel nous vivons, « les derniers jours », c’est-à-dire les jours entre la première et la deuxième venue de Jésus-Christ. Il termine sa liste descriptive en parlant de ceux qui « aiment leur plaisir plus que Dieu » (verset 4). Quelle description juste du 21siècle! Quand vous entrez chez Costco, la première chose que vous voyez, ce sont les écrans géants de télévision. Quand vous quittez un magasin comme Wal-Mart, vous trouvez les CD et les DVD les plus récents juste à côté des tablettes de chocolat. Dans ce contexte, il est crucial que nous réfléchissions, en tant que chrétiens, à la place qu’occupe le plaisir dans nos vies. Nous devons nous demander : Quels sont les plaisirs purs qui plaisent à Dieu, que nous pouvons et devons rechercher? Quels sont les plaisirs coupables ou teintés de péché que nous devons rejeter? Nous tâcherons de répondre à ces questions dans cet article.

Nous examinerons tout d’abord ce qui constitue un plaisir pur et nous verrons comment il nous arrive parfois d’en dégrader la nature. Nous parlerons ensuite des plaisirs coupables — comment les identifier et comment les combattre. Notre but est d’analyser la place du plaisir dans notre vie chrétienne et de fournir des lignes directrices pour la vie de gens qui « aiment Dieu plus que leur plaisir ».

1. Le plaisir et le chrétien🔗

La recherche du plaisir est une des plus grandes priorités de notre culture. Nous passons une grande partie de notre temps à essayer de nous divertir avec nos écrans géants, nos équipements de cinéma maison, les parcs d’attractions, les mégacomplexes de cinéma, les motoneiges, etc. De nombreuses personnes ne vivent que pour la fin de semaine. Plusieurs travaillent avec pour seul but de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir se distraire. En tant que chrétiens, cette recherche excessive du divertissement ne manque pas de nous influencer.

Dans le climat social dans lequel nous vivons, il est essentiel que nous développions une pensée critique sur la place qu’occupe le plaisir dans nos vies. De nombreux chrétiens réagissent à notre culture en niant la légitimité du divertissement. Ils disent que les chrétiens devraient se concentrer uniquement sur les questions d’ordre spirituel et faire simplement leur devoir. Nous devrions nous retirer de notre culture avant qu’elle nous contamine. Cette approche de notre culture est problématique pour au moins deux raisons.

Premièrement, elle nie la réalité radicale du péché. Cette perspective enseigne de manière simpliste que le péché se trouve dans la culture du divertissement et que, par conséquent, si nous évitons cette culture, nous évitons le péché. C’est nier la nature radicale du péché qui est toujours localisé dans le cœur humain. Le péché n’est pas à l’extérieur de nous, mais à l’intérieur. Se retirer du monde n’est pas la même chose que faire face au péché et le combattre. Lorsque l’apôtre Jean nous exhorte à combattre le monde, il vise le monde dans nos cœurs.

« N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais vient du monde. Et le monde passe et sa convoitise aussi; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2.15-17; voir Jc 4.4).

Nous devons veiller à combattre l’amour du monde dans nos propres cœurs. Ce n’est pas en fuyant le monde que nous pouvons accomplir cela, mais en crucifiant notre nature pécheresse et en revêtant le nouvel homme en Jésus-Christ, y compris dans le domaine du divertissement.

Le second problème relié à cette approche est encore plus dangereux. Promouvoir le retrait de notre culture, c’est nier la bonne création de Dieu. Lorsque nous nous retirons, nous attaquons le Créateur lui-même. Le psalmiste nous rappelle au Psaume 24.1 : « À l’Éternel la terre et ce qui la remplit. » Tout ce qui existe dans ce monde vient de Dieu; tout don bon et parfait nous vient de Dieu. Les loisirs sont un don de Dieu. C’est un don des plus merveilleux qui nous procure beaucoup de plaisir et de joie. C’est aussi une grande source de repos pour les très nombreuses personnes qui sont dépassées par les fardeaux de la vie, leur permettant de reprendre leur souffle dans ce monde agité. Nous ne devons pas nous refuser à nous-mêmes ou refuser aux autres les plaisirs légitimes que Dieu nous accorde dans la vie du fait que certains abusent de ces dons excellents de Dieu. C’est le problème humain perpétuel : nous sommes des créatures d’extrêmes. Nous réagissons d’un extrême à l’autre.

Puisque l’approche qui consiste à se retirer de notre culture est problématique, quelle devrait donc être notre approche dans le domaine du divertissement? Au lieu de nous laisser séduire par la mauvaise approche prônée par notre culture, nous devons examiner ce qu’est le véritable plaisir et nous engager dans notre culture avec les plaisirs plus grands et meilleurs que Dieu nous offre. Nous devons être des personnes vraiment capables d’avoir du plaisir, sans être consumées par la recherche du plaisir. Nous devons être le sel et la lumière de notre culture même dans ce domaine.

2. Qu’est-ce que le plaisir pur?🔗

Réfléchissez à votre propre vie quelques instants. Quels sont les plaisirs purs et véritables qui vous procurent beaucoup de joie? Faites-en une courte liste, si vous voulez. Les questions suivantes peuvent vous aider à identifier les plaisirs purs de votre vie : Qu’est-ce qui me procure un plaisir tout simple? Qu’est-ce qui me renouvelle véritablement? De quelle manière est-ce que j’arrive à me décharger de mes soucis? Quels sont les plaisirs dans ma vie qui ne me laissent aucun sentiment de culpabilité? Les plaisirs purs ne laissent pas de taches ou de sentiments de culpabilité; ils nous laissent totalement ravis.

Quelles sortes de plaisirs sont véritablement purs? Voici quelques-uns de ceux que j’ai trouvés : contempler un lever ou un coucher de soleil, prendre un bon petit déjeuner, lutter avec mes fils, visiter un ami, boire une bonne tasse de café fort et brûlant, lire un bon livre, passer du temps avec mon épouse, regarder un bon film. Les plaisirs purs sont souvent propres à chacun de nous. Ce qui procure du plaisir à une personne n’en procure pas nécessairement à une autre.

Les plaisirs purs sont souvent des choses ordinaires de la vie qui nous apportent beaucoup de joie et nous ravissent pendant un moment. Il y a en fait de nombreuses occasions dans nos vies de nous réjouir de tels moments de plaisirs purs et non entachés. Cependant, un des grands problèmes de notre culture dans sa recherche excessive et jamais satisfaite de divertissements, c’est qu’elle nous empêche de pleinement goûter la joie que Dieu nous donne dans ces moments de plaisirs purs, tout simples, qui ne nous semblent pas être à la hauteur des normes d’excitation et de sensations fortes que nous nous sommes données. Aujourd’hui, nous subissons beaucoup de pression nous incitant à rechercher les sensations fortes, ce qui draine notre vie de ses petits moments de plaisir pur qui surviennent à tout instant.

Un autre ennemi des plaisirs purs de nos vies est notre propre tendance à utiliser ces plaisirs purs de façons qui ne sont pas si pures. Nous les transformons souvent en échappatoires. Nous les considérons comme des moyens d’échapper aux pressions de la vie. Les pressions typiques auxquelles nous voulons échapper sont l’ennui, la solitude, le stress, la frustration ainsi que la peine et la douleur que nous causent les autres lorsqu’ils nous traitent injustement. Que faisons-nous alors? Nous devenons des obsédés de la télévision et du cinéma; nous commençons à grignoter tout le temps; nous recherchons le réconfort émotionnel dans la nourriture ou dans la compagnie d’un animal. La liste ne fait que s’allonger. Pensez-y : Quelles sont les situations dans votre vie qui vous poussent à rechercher un moyen de fuite? De quelle manière cherchez-vous à échapper à ces situations? Dans quels « plaisirs purs » recherchez-vous du réconfort?

Quel problème y a-t-il à considérer ces choses comme des moyens d’échapper aux différents stress de la vie? Le problème, c’est que nous recherchons alors dans le plaisir ce que Dieu seul peut nous apporter. Nous échangeons ainsi le Créateur pour la créature. C’est de l’idolâtrie; c’est échanger la vérité de Dieu pour le mensonge et c’est adorer et servir la créature plutôt que le Créateur (Rm 1.25). Lorsque nous recherchons la guérison émotionnelle dans la nourriture après avoir été blessés ou après avoir subi une frustration, nous échangeons la créature pour ce que seul Dieu peut nous apporter. Quand nous faisons des idoles des plaisirs purs, nous détruisons ces plaisirs parce que nous recherchons en eux bien davantage que ce qu’ils peuvent nous apporter. Il n’est pas surprenant qu’ils nous semblent alors si vides.

L’antidote à cette tendance que nous avons à accorder trop d’importance à ces « plaisirs purs », c’est de venir à Dieu, la source du plaisir le plus pur. Le psalmiste nous en montre le chemin lorsqu’il dit : « Il y a abondance de joies devant ta face, des délices éternelles à ta droite » (Ps 16.11). C’est là ce que nous devons apprendre à dire. Nous devons apprendre à dire avec Asaph : « Qui d’autre ai-je au ciel? En dehors de toi, je n’ai aucun plaisir sur la terre. Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : Dieu sera toujours le rocher de mon cœur et ma part » (Ps 73.25-26). Dieu est le plaisir le plus pur et le plus grand en lequel nous pouvons nous réjouir et nous reposer. Nous devons nous reposer et nous réjouir en lui. Lorsque Dieu est notre plus grand plaisir, alors tous les petits plaisirs trouvent également leur place. Quand nos délices sont en Dieu, nous pouvons alors jouir véritablement des plaisirs purs de la vie, parce que nous ne recherchons pas en eux ce qui se trouve, en fin de compte, uniquement en celui qui nous donne tous ces plaisirs. Quand Dieu est sur le trône du plaisir, alors tous les autres plaisirs de la vie se mettent en place et nous sommes alors en mesure d’en jouir abondamment.

II. Les plaisirs coupables dans nos vies

Dans la première partie, nous avons commencé une réflexion sur la place que prend le plaisir dans la vie des chrétiens. Nous avons considéré ces plaisirs purs qui remplissent notre vie quotidienne d’une joie sans tache. Nous avons aussi mentionné notre tendance pécheresse à dégrader ces plaisirs et à en faire des idoles, cherchant en eux plus que ce qu’ils peuvent nous donner. En agissant ainsi, non seulement nous volons Dieu de la place qu’il devrait occuper, mais nous détruisons aussi le plaisir qui se trouve dans ces choses saines.

Nous avions conclu en soulignant que c’est seulement lorsque Dieu est Dieu et qu’il est le plus grand et le plus pur plaisir de nos cœurs, celui en qui nous faisons nos délices, que les plaisirs purs prennent leur place légitime, voulue par Dieu, dans nos vies. Dans cette deuxième partie, je m’attarderai à identifier les plaisirs coupables dans nos vies.

3. Que sont les plaisirs coupables?🔗

Les plaisirs coupables sont ces plaisirs de la vie qui nous souillent. Après leur avoir cédé, nous nous sentons sales, coupables ou simplement vides. Ces plaisirs ne sont jamais vécus sans laisser en nous un sentiment d’inconfort, de malaise et d’agitation. Ils laissent toujours une tache derrière eux. Certains de ces plaisirs coupables sont faciles à identifier : la convoitise, la gloutonnerie, la paresse. Cependant, d’autres sont plus subtils.

Dans la partie précédente, nous avons parlé de notre tendance à changer des plaisirs purs en plaisirs coupables lorsque nous les utilisons comme moyen d’échapper aux pressions de notre vie. Quand nous nous tournons vers ces plaisirs pour y trouver une manière de fuir le stress, la souffrance ou la solitude, nous transformons les plaisirs purs en plaisirs coupables parce que nous cherchons en eux ce que Dieu seul peut nous procurer. Pensons par exemple au « magasinage récréatif ». Nous ne magasinons plus parce que nous avons besoin de quelque chose; nous magasinons simplement pour le plaisir de magasiner. Faire des achats devient en soi le moyen que nous employons pour donner un sens à notre vie. Ou prenons par exemple notre tendance à manger entre les repas, lorsque nous mangeons pour trouver un réconfort émotionnel ou simplement pour l’amour de manger. Voyez-vous la subtilité d’une mauvaise utilisation de ces bonnes choses? Ces choses qui en elles-mêmes sont tout à fait bonnes peuvent devenir d’énormes pierres d’achoppement dans nos vies.

Alors, comment identifier les plaisirs coupables dans nos vies? Comment savoir si nous avons franchi la ligne qui sépare un plaisir pur d’un plaisir coupable? Comment savoir si nous utilisons d’une manière impure et indigne quelque chose qui est bon en soi? Voici cinq lignes directrices nous permettant d’évaluer les plaisirs dans notre vie et de voir s’ils ont franchi la ligne. Il s’agit d’un plaisir coupable…

a. Lorsque ce plaisir est manifestement mal🔗

Les choses que Dieu condamne expressément dans sa Parole sont de toute évidence des plaisirs coupables. Convoiter une femme, trouver plaisir dans la pornographie (Mt 5.27-31), abuser de l’alcool et des drogues (Lc 21.24, Ép 5.15-18), aimer raconter des histoires à propos des autres (1 Tm 5.13), toutes ces choses, et bien d’autres encore, Dieu les interdit explicitement. Examinez donc votre vie. Prenez-vous plaisir en des choses que Dieu a expressément condamnées?

b. Lorsque ce plaisir domine sur nous🔗

Un plaisir devient coupable lorsqu’il nous tient captifs. Nous en devenons obsédés. Il est constamment dans nos pensées. Nous aimons en rêver. Il consume notre temps et il semble que nous ne pouvons y résister. C’est devenu une obsession. La convoitise a de toute évidence une telle influence puissante sur les gens. Cependant, nous pouvons aussi devenir captifs du magasinage ou de toute autre chose qui occupe sans cesse notre esprit. Nous en sommes prisonniers! Quelles sont les choses dans votre vie qui dominent sur votre temps, vos pensées et vos désirs?

c. Lorsque nous le cachons aux autres🔗

Nous reconnaîtrons ces plaisirs coupables dans notre vie en examinant les choses dans lesquelles nous nous complaisons secrètement. Nous les faisons en cachette afin que personne ne nous voie. Ce sont ces choses que nous cachons à notre époux, à notre épouse ou à nos amis les plus proches parce que nous savons que ce sont des plaisirs illégitimes. Nous nous sentons honteux et embarrassés d’avouer que nous y trouvons du plaisir. Rappelons-nous que l’emprise puissante de ces plaisirs impurs dans nos vies repose en partie sur le fait qu’ils sont secrets et inavoués. Puisqu’ils sont cachés, ils peuvent manœuvrer avec liberté et puissance. Pour arriver à être libérés de ces plaisirs coupables, nous devons commencer par les admettre et les avouer, à nous-mêmes, aux autres et par-dessus tout à Dieu! Quels sont les plaisirs dans votre vie que vous cachez aux personnes les plus proches de vous?

d. Lorsque ce plaisir entrave nos responsabilités🔗

Si un plaisir nous empêche d’accomplir les bonnes choses que nous devons faire, alors nous savons qu’il s’agit d’un plaisir coupable. Nous négligeons de faire quelque chose de bien parce que nous ne pouvons résister à nos plaisirs secrets. Un plaisir est un plaisir coupable lorsque nous délaissons constamment nos devoirs ou notre méditation quotidienne de la Parole parce que nous préférons plutôt passer du temps sur Internet, à regarder la télévision ou __________ (à vous de remplir). Quels sont les plaisirs qui vous empêchent le plus d’accomplir le bien?

e. Lorsque ce plaisir ne produit pas le résultat promis🔗

Les plaisirs impurs nous promettent de grandes choses. La pornographie nous offre l’excitation sexuelle, sans la relation émotive complexe qui vient avec le mariage. Le magasinage récréatif promet de donner à notre vie un sens et un but. Toutes ces décisions que nous prenons nous donnent un sentiment de pouvoir et nous permettent de trouver notre identité dans ce que nous achetons. Les promesses du péché sont toutefois toujours trompeuses. Les plaisirs impurs sont incapables d’accomplir leurs promesses. L’excitation sexuelle que procure la pornographie et le sens d’accomplissement que l’on trouve dans le magasinage nous laissent ensuite complètement vides. Ces plaisirs nous couvrent d’un gros nuage de honte.

Un plaisir idolâtre, par sa nature même, ne peut réaliser ce qu’il promet, car il promet ce que Dieu seulement peut donner : une joie véritable et durable et un sens à la vie. Tout ce que ces plaisirs peuvent procurer n’est qu’une pâle imitation des dons de Dieu; ils nous laissent donc toujours aussi vides. Quelles sont les choses dans votre vie dans lesquelles vous espérez trouver du plaisir, mais qui vous laissent plutôt vides et déçus?

À l’aide de ces cinq lignes directrices, examinez votre vie. Priez le Seigneur qu’il vous aide à sonder votre cœur afin de discerner quels plaisirs coupables y sont cachés. Demandez à Dieu de vous aider à y faire face.

III. Comment se libérer de ces plaisirs coupables?

Nous arrivons à la dernière partie de nos réflexions sur le plaisir dans la vie des chrétiens. Dans la première partie, nous avons considéré ces plaisirs purs qui remplissent notre vie quotidienne d’une joie sans tache. Dans la deuxième partie, nous avons porté notre attention sur les plaisirs coupables qui nous font sentir sales, coupables et vides.

J’aimerais maintenant aborder les moyens de se libérer de ces plaisirs coupables. La stratégie présentée dans le reste de cet article pour se défaire des plaisirs coupables s’applique également aux plaisirs purs qui ont été tordus, dont nous avons parlé dans la première partie. Notre but est de voir comment il est possible de se libérer des plaisirs entachés par le péché afin de réellement savourer les plaisirs purs, pour la gloire de Dieu, Créateur du plaisir.

4. Comment combattre les plaisirs coupables?🔗

Dans ce monde brisé et sous la malédiction du péché, nous ne trouverons jamais la paix. Nous aspirons à la paix. En espérant éviter les luttes, nous nous contentons souvent d’une fausse paix trouvée dans des évasions pécheresses. Cependant, cette fausse paix ne sera jamais suffisante. Dans ce monde déchu, le chrétien est toujours en guerre et cette guerre se livre également dans le domaine de nos plaisirs. Quelle stratégie pouvons-nous mettre en place pour combattre les plaisirs coupables et les éloigner de nous? J’aimerais souligner cinq points principaux dans ce combat.

a. Prenez une pause🔗

Après avoir identifié un plaisir coupable dans votre vie, prenez délibérément une pause d’une semaine loin de celui-ci. Nous commençons par une pause assez courte, puis, après avoir réussi, nous la prolongeons de plus en plus. Faites donc un « jeûne » d’une semaine pour commencer. Résistez à votre plaisir coupable. Cessez d’y céder pendant un certain temps. Voyez ce qui arrive. Vous allez probablement vous heurter à un combat féroce. De plus en plus, vous allez ressentir un désir, une envie, un besoin ardent d’y céder. Il est possible que vous deveniez obsédé par la chose dont vous vous privez. Vous allez découvrir que vous avez pour elle un désir presque irrésistible. C’est semblable à ce qu’un « accro » ressent.

Ces envies et cette dépendance sont présentes dans tous les cœurs humains pécheurs qui se tournent vers quelque chose dans la création pour obtenir ce que Dieu seul peut nous donner. Cette expérience se voit très clairement dans des problèmes majeurs tels que les jeux de pari, la pornographie et l’abus d’alcool ou de drogues. Mais si vous déclarez un « jeûne » de chocolat, ou de collations, ou de jeux vidéo, vous vivrez un combat similaire. C’est une indication qu’il s’agit d’un plaisir idolâtre! Commencez par résister. Ne vous laissez pas décourager lorsque vous êtes épuisé, écoutez cet encouragement tiré d’Hébreux 12.4 : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché. »

b. Connaissez votre faiblesse🔗

Dans cette lutte, notez à quel moment vous êtes le plus susceptible de tomber et pourquoi cela se produit. Pourquoi cherchez-vous un tel moyen d’échapper à la réalité? Certains d’entre nous cèdent aux plaisirs coupables parce que nous nous ennuyons. Nous n’avons rien à faire, alors nous mangeons. Certains d’entre nous cèdent parce qu’ils cherchent un réconfort émotionnel. Nous nous sentons seuls, frustrés et en colère, alors nous nous réfugions dans la nourriture, le magasinage ou les films. Parfois, nous y succombons parce que nous voulons nous accorder une récompense après avoir fait quelque chose de bien ou accompli une tâche. Vous comprenez l’idée. Quelles sont les choses, les circonstances et les émotions qui déclenchent votre désir pour ce plaisir coupable? Qu’est-ce qui vous donne la « permission » d’y céder? Vous ne pourrez jamais lutter contre les plaisirs pécheurs de votre vie si vous ne savez pas quel « chemin » vous y mène.

c. Prenez conscience du pouvoir de la croix sur le péché🔗

Lorsque vous aurez ressenti l’intensité de la lutte et que vous aurez identifié les « chemins » particuliers qui vous mènent au péché, il deviendra clair que vous ne pouvez pas combattre seul. Notre pouvoir et notre force sont insuffisants dans cette guerre. Ce qu’il faut, c’est que vous combattiez ces plaisirs coupables par la croix du Christ. Vous devez comprendre l’Évangile et la façon dont il s’adresse à ces plaisirs coupables dans nos vies. Écoutez ces paroles de l’apôtre Paul en Romains 6.5-11 :

« En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection : nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui, afin que ce corps de péché soit réduit à l’impuissance et que nous ne soyons plus esclaves du péché, car celui qui est mort est quitte du péché. Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus; la mort ne domine plus sur lui. Car il est mort et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes, et maintenant qu’il vit, il vit pour Dieu. Ainsi vous-mêmes, considérez-vous comme morts au péché et comme vivants pour Dieu en Christ-Jésus. »

Paul dit que le chrétien est uni au Christ dans sa mort et dans sa résurrection : lorsque le Christ est mort, le croyant est mort. Lorsque le Christ a été rendu à la vie, le croyant a été rendu à la vie. Voilà le fondement essentiel qui nous aide à lutter contre les plaisirs coupables dans notre vie. Nous devons comprendre que nous sommes morts au péché. Nous n’en sommes plus esclaves, car le Christ est mort au péché et, par lui, nous aussi nous sommes morts au péché. Nous devons donc nous considérer maintenant comme morts à ce péché. Nous sommes vivants, afin de marcher pour Dieu dans le chemin de la droiture. Nous avons le pouvoir de rompre avec les plaisirs entachés par le péché dans nos vies. Dans ce combat — et il s’agit d’un combat féroce —, nous sommes entièrement dépendants de Jésus-Christ.

En Galates, Paul montre par deux expressions ce que devrait être notre cri de guerre. Premièrement : « Je suis crucifié avec Christ et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi : ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2.20). Deuxièmement : « Quant à moi, certes non! Je ne me glorifierai de rien d’autre que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde! » (Ga 6.14). Par ces deux affirmations, Paul indique clairement que son espérance se trouve en Jésus-Christ. Par sa mort, le monde est crucifié pour le croyant et le croyant est crucifié pour le monde. Le croyant ne vit plus dans le péché, mais il vit par le pouvoir vivifiant du Christ. C’est là que nous trouvons la solution aux plaisirs qui détruisent notre âme.

d. Cultivez l’ultime plaisir en Jésus-Christ🔗

Nous devons aussi commencer à voir le tableau d’ensemble. Puisque nous avons été créés avec une soif et un désir de connaître le Dieu vivant, notre désir ne peut être satisfait par quoi que ce soit dans la création. Plus nous cherchons à étancher notre soif par quelque chose dans la création, plus notre soif grandit. Le désir s’intensifie parce qu’aucune créature ne peut satisfaire cette soif de Dieu au cœur de l’âme humaine. Voilà pourquoi nous devons nous encourager à garder les yeux fixés et à cultiver l’ultime plaisir qui se trouve dans la connaissance de Jésus-Christ. L’attitude de Paul devrait également devenir nôtre :

« Et même je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur […] afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui. […] Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection » (Ph 3.8-10).

Voilà la sorte de joie en Jésus-Christ que nous devons cultiver. C’est une joie qui ne dépend pas de notre humeur ou des circonstances de la vie. Il s’agit d’un plaisir parfait fondé en Jésus-Christ et qui comble l’âme.

Il y a une autre raison pour laquelle nous devons cultiver cette joie en Jésus-Christ en remplacement du plaisir et de la joie que nous trouvons dans les plaisirs coupables. Les plaisirs entachés de péché attaquent notre joie en Christ et diminuent notre gloire en Christ. Nous ne pouvons pas considérer Jésus-Christ comme délicieux, magnifique et glorieux lorsque nous cherchons notre joie et notre satisfaction dans les plaisirs coupables. Nous n’avons donc qu’une seule option : nous devons confronter ces plaisirs. Ils font la guerre à notre amour pour le Christ. Ils divisent notre loyauté et dérobent ainsi ce qui doit appartenir à Jésus-Christ. Voyez-vous l’importance et la nécessité de faire face à ces choses?

Lorsque nous faisons de Jésus-Christ notre véritable plaisir et que nous nous réjouissons en lui comme notre trésor inestimable, tous les autres plaisirs terrestres reprennent la place qui leur convient et nous pouvons alors les apprécier pour ce qu’ils sont vraiment : des cadeaux de notre tendre Père, pour la joie et le plaisir de ses enfants. Lorsque nous apprécions les cadeaux de Dieu pour ce qu’ils sont vraiment, rendant gloire à Dieu en y prenant plaisir, ils prennent leur place légitime. Se réjouir en Dieu comme notre ultime plaisir ne détruit pas pour autant les plaisirs terrestres; cela les purifie et les sanctifie afin que nous puissions réellement prendre plaisir en ce monde!

e. Se donner aux autres🔗

Ceci peut sembler secondaire comme sujet, mais c’est pourtant de la plus haute importance. Jésus résume la loi de Dieu ainsi : aimer Dieu et aimer son prochain (Mt 22.36-40). Chercher notre véritable plaisir en Dieu ne veut pas dire que l’on s’isole des autres. Ce serait profondément non biblique. Se donner à Dieu et se donner à notre prochain ne sont pas des actions mutuellement exclusives; elles vont main dans la main. Lorsque nous sommes unis à Jésus-Christ, il nous unit aussi à son peuple, les membres de son corps. Cela contribue grandement à notre délivrance des plaisirs coupables. Remarquez que la plupart des plaisirs illicites — ou même peut-être tous — sont des actes centrés sur soi-même, nombrilistes. Nous les recherchons dans l’isolement. Pour rompre avec eux, il est important que non seulement nous nous en séparions par la croix, en les remplaçant par la joie suprême en Jésus-Christ, mais également que nous nous donnions aux autres, aux personnes qui ont besoin de notre aide.

Notre implication auprès des autres nous aide à trouver des plaisirs purs et de la satisfaction dans la compagnie des autres, à trouver un sens d’accomplissement dans le fait d’aider les gens qui en ont besoin et de leur procurer du plaisir. Contrairement aux plaisirs entachés par le péché qui nous rendent misérables, vides et coupables, ces plaisirs sont réellement significatifs, purs et épanouissants. Ils nous procurent joie réelle et contentement véritable. Être un membre actif dans une Église locale ne détruit pas le plaisir; le service mutuel et le don de soi aux autres sont un moyen dont Dieu se sert pour accorder du plaisir aux membres de son peuple. « Rappelez-vous les paroles du Seigneur Jésus, qui a lui-même dit ceci : il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20.35).

Voilà donc une stratégie établie pour combattre les plaisirs coupables dans nos vies. Chacun de nous a le devoir de lutter contre les plaisirs pécheurs et idolâtres. Dans notre culture, tellement obsédée par le plaisir, nous devons tenir ferme dans l’Évangile de Jésus-Christ. Que Dieu nous aide à continuer de combattre afin qu’en lui soient notre joie et notre allégresse. « J’irai vers l’autel de Dieu, vers Dieu, ma joie et mon allégresse, et je te célébrerai sur la harpe, ô Dieu, mon Dieu! » (Ps 43.4).