Cet article sur Apocalypse 1.1-8 a pour sujet la révélation de Jésus-Christ qui nous offre certitude et espérance inébranlable. Le bonheur est pour ceux qui gardent la prophétie et attendent le retour du Christ pour le jugement universel.

Source: Le Dieu invincible - Méditations sur l'Apocalypse. 5 pages.

Apocalypse 1 - De la part de l'Alpha et de l'Oméga

« Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et qu’il a fait connaître par l’envoi de son ange à son serviteur Jean, celui-ci a, comme témoin, annoncé la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ : tout ce qu’il a vu. Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit! Car le temps est proche. Jean aux sept Églises qui sont en Asie : Que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, et de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le souverain des rois de la terre! À celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui la gloire et le pouvoir aux siècles des siècles! Amen! Voici qu’il vient avec les nuées. Tout homme le verra, même ceux qui l’ont percé; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à son sujet. Oui, amen! Je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant. »

Apocalypse 1.1-8

L’Apocalypse de Jean est une révélation. Tel est le premier mot par lequel débute sa toute première déclaration. En effet, en grec, « apokalupsis » signifie « révélation », « dévoilement ». Par conséquent, c’est un message communiqué qui peut être reçu, proclamé, qui sera compris. N’est-ce pas surprenant? Ce livre si mal compris, tellement controversé, dont on a tant abusé sous prétexte d’en rendre le contenu intelligible, se présente à nous non pas sous la forme d’une énigme enveloppée de mystère, moins encore comme un discours qui plongerait son auditeur dans la plus grande confusion, mais comme une déclaration aussi claire qu’une goutte de rosée. C’est une lumière céleste qui projette ses rayons sur les réalités les plus obscures. Une révélation sur l’histoire du monde et plus spécialement sur celle de l’Église chrétienne.

Par delà les régions du silence et les espaces qui nous effraient, une révélation d’importance capitale nous est accordée. Désormais, nous pouvons vivre avec une tranquille assurance; c’est une Parole de Dieu qui est proclamée sur les pages de cet étrange livre. Celui qui la prononce n’est autre que le Christ. Remarquons que, dans ce genre littéraire qu’est l’Apocalypse, c’est l’acte divin qui l’emporte, contrairement à la prophétie, où prédomine la voix de l’homme avec ses interpellations. C’est la personne du Christ qui est principalement dévoilée, non une pensée centrale ou abstraite. Aussi, cette Parole devient-elle à la fois véridique et urgente, réconfortante aussi. Désormais, qu’il soit visible ou invisible, le Christ se trouvera au cœur de chaque vision décrite par l’auteur humain du livre. De son côté, ce dernier n’occulte pas le sens de cette Parole : il ne fait que la déclarer et l’expliciter.

C’est également le Père du Christ, le Dieu tout-puissant, qui en est le dispensateur. En dernière analyse, c’est lui qui est la source de toute révélation. Ainsi nous savons que Jean ne dispose pas à sa guise d’une vérité intemporelle. L’homme ne découvre rien à l’aide de son génie religieux. L’homme de la Bible reste toujours le récipiendaire privilégié et le bénéficiaire heureux de la révélation venue d’en haut. Il est le témoin sans cesse émerveillé et reconnaissant du dévoilement divin. Cependant, ce message est communiqué par l’intermédiaire d’agents. Ici, il y en a deux : l’ange céleste puis le serviteur du disciple exilé à Patmos, exilé en tant que témoin annonçant la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ.

Dans la Bible, l’ange est le messager de Dieu par excellence. L’ange n’existe pas en soi. Il n’est pas un être autocéphale. Pas plus que l’homme, lui aussi créature de Dieu, il ne pourrait prétendre à une quelconque autonomie par rapport à Dieu. L’ange est chargé d’une mission, sans qu’il doive devenir pour autant l’objet d’une vénération particulière de la part des humains. Bien au contraire, il offre l’exemple parfait de la totale soumission à la volonté majestueuse du Tout-Puissant. Devant celle-ci, il s’efface. Ainsi, comme le déclarent nombre de passages bibliques, il demeure « le compagnon de service de l’homme ».

La révélation divine est communiquée à travers des séries de visions. Elle consiste « en tout ce qu’il vit » (1.2), ce que vit Jean. Elle concerne les événements qui doivent se produire, non pas des événements fortuits, mais des faits certains, notamment l’avènement de Jésus-Christ1.

L’annonce de l’avènement imminent du Christ réconforte les cœurs affligés de ses disciples, mais les esprits rebelles, eux, peuvent en être consternés.

Par moments, la prophétie biblique risque de nous dérouter; le symbolisme oriental, dont est tissée toute la trame de l’Apocalypse, nous embarrasse plus d’une fois. N’oublions pas que les symboles sont en fonction des temps historiques dans lesquels Jean a vécu et a témoigné. Néanmoins, tout disciple de Jésus peut y trouver des pages suffisamment claires pour entendre l’exhortation et recevoir l’indispensable instruction. Notons que Jean n’est pas un simple agent de renseignements chargé de diffuser des nouvelles pour amateurs de merveilleux. Au contraire, il dispense un enseignement à la fois précis et bienfaisant. Quiconque reçoit cet enseignement peut se dire bienheureux. « Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit! » (1.3).

Cet « heureux » est la première des sept béatitudes qui jalonnent toutes les pages de notre livre. Elle s’adresse aux communautés chrétiennes qui allaient lire ces pages. Ceux qui les lisent et ceux qui les entendent — car tous ne peuvent lire, faute d’instruction — sont les uns comme les autres l’objet des faveurs célestes. Ce détail nous surprend aussi. Tandis que le lecteur superficiel du livre y trouve des phrases obscures et achoppe à des images terrifiantes, puisque hélas!, dans le langage courant « apocalypse » et « apocalyptique » sont devenus synonymes de calamités, l’auteur, lui, nous fait part dès le début d’une bénédiction. Selon un critique athée de notre 
siècle :

« L’Apocalypse est la fleur des hurlements d’une génération. Elle résume trente ans de fureur visionnaire. Trente années critiques où les chrétiens naissants apprirent des Juifs agonisants l’art de la sacrée invective et de l’exécration absolue.2 »

Aux yeux de l’incroyant, la béatitude conférée par le Christ passe pour un malheur! Le bienheureux sera taxé de malheureux. Le livre de l’Apocalypse est, quant à lui, une Bonne Nouvelle. Celui qui garde la Parole de Dieu et observe les commandements divins est un homme heureux. Ce livre extraordinaire ne nous a pas été donné pour satisfaire la simple curiosité des badauds, amateurs de choses mystérieuses. Il offre la certitude et nous remplit de courage. Il invite à la fermeté puisqu’il fonde une espérance inébranlable. On lira donc ces pages et on les étudiera avec une sainte avidité. Notre foi en sortira stimulée et renforcée.

« Le temps est proche », nous est-il dit (1.3). Proche non pas au sens d’une chronologie déterminée par nos calendriers et mesurée par le temps que marquent les cadrans de nos horloges. Le temps est proche par rapport à Dieu. Le temps est court parce qu’il est celui de notre foi et de notre espérance, qu’il n’est qu’un temps d’intérim, jusqu’à ce que se manifeste dans toute sa splendeur le règne divin et qu’éclate la majesté de Jésus, le Christ. Ce temps « proche » est aussi un temps dense. Il n’est pas une date, mais une période remplie d’une longue et patiente attente et dont les temps ne sont connus que de Dieu seul. Ce n’est pas le temps que détermine une futurologie fantaisiste, celui des calculs habiles, des excitations malsaines de sectaires qui fleurissent sous tous les climats et à chaque époque. Mais le temps animé d’une attente joyeuse, vécu dans la vigilance et parfois dans une lutte impitoyable contre la lâcheté et même la tiédeur. Le temps pendant lequel l’Église priera avec ferveur et soupirera, impatiente après l’avènement de son divin Époux.

Ce sont les sept Églises de l’Asie qui sont les premiers destinataires du message. Ici, l’Asie n’indique pas le continent que nous connaissons, ni même l’Asie Mineure, mais la province du proconsulat romain autour d’Éphèse, dans la partie occidentale de l’Asie Mineure.

Le chiffre sept, comme partout ailleurs dans l’Écriture, représente un nombre symbolique, celui de la plénitude, de la totalité des Églises, puisqu’en réalité il y a plus de sept communautés locales dans cette contrée. C’est un chiffre sacré. Comme tel, sept désigne surtout la totalité de l’Église chrétienne, l’Église universelle. Celle-ci reçoit une salutation majestueuse. La grâce tout d’abord, c’est-à-dire la faveur divine envers celui qui ne mérite rien de bon, mais qui reçoit le pardon de ses offenses et à qui est accordée la vie éternelle. La paix ensuite, le reflet du sourire de Dieu dans le cœur du croyant réconcilié avec lui.

Le Père est annoncé dans son être divin, éternel, celui qui est, qui était et qui vient. Le Saint-Esprit, à cause de sa perfection et de son énergie divine, est appelé « les sept esprits qui sont devant le trône » (1.4). Bien entendu, il s’agit du Saint-Esprit de Dieu, de la troisième personne de la sainte Trinité.

Jésus-Christ, lui, est appelé « le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le souverain des rois de la terre » (1.5). Mais ce n’est autre que le Christ crucifié et ressuscité des Évangiles. Actuellement, il est « assis à la droite du Père ». Il est investi d’une autorité universelle, parce qu’il a été le Médiateur unique et définitif de la rédemption. Aussi fait-il l’objet des louanges :

« À celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui la gloire et le pouvoir aux siècles de siècles! Amen! » (1.5-6).

Louange pour l’amour infini du Fils de Dieu devenu Sauveur et immolé pour nous. Par la foi en lui, tout croyant, quelles que soient sa race et sa langue, possède actuellement les mêmes privilèges qui étaient jadis l’apanage des Juifs. En effet, l’Église est composée de toutes les nations et de tous les peuples de la terre. Elle jouit d’une position royale. Déjà, le fidèle se trouve avec le Christ dans les lieux célestes. Il a un accès libre auprès de Dieu et il est chargé d’une mission. En tant que sacrificateur, il doit sans cesse offrir des sacrifices à son Dieu; celui de sa propre personne, du renoncement à soi et, dans l’intercession et l’action, son témoignage et le service d’amour.

Cette action de grâce est prononcée en vue de la prochaine apparition du Christ : « Voici il vient et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé se lamenteront » (1.7).

Le Christ revient! Telle est la certitude et la consolation que nous partageons avec Jean et avec vingt siècles d’Église universelle. Le Seigneur reviendra tout-puissant et nul ne peut nous ravir cette joie. En Christ, Dieu exécutera tous ses desseins, en dépit des oppositions haineuses et des machinations démoniaques. Mais cet événement déclenchera aussi une crise redoutable. Le retour du Christ ne sera pas une phase de plus sur la voie de l’évolution normale de l’histoire, mais un événement unique et ultime.

Il apparaîtra de manière visible, en personne. Ils doivent donc se lamenter ceux qui s’opposent à lui, les païens rebelles.

Mais l’Église qui l’attend tire son réconfort de cette connaissance. Son Seigneur reviendra pour juger les vivants et les morts; ce sera alors le dernier acte sur la scène où se joue actuellement la tragédie de l’incrédulité. Tous ceux qui se sont élevés contre lui dans leur folle arrogance et se sont moqués de la majesté divine apprendront qu’il est l’Alpha et l’Oméga, le Commencement et la Fin, le Premier et le Dernier. Il a le pouvoir de revenir comme il a le pouvoir de recréer de nouveaux cieux et une nouvelle terre.

Comment en être assurés? Nous n’avons pas le droit de nous tromper sur les grandes questions anxieuses de l’existence; or, nous nous trompons tragiquement. La confusion des esprits n’est que le signe de leur désintégration en dehors de l’Alpha et de l’Oméga.

Pour Jean à Patmos, pour nous en ce temps qu’est le nôtre, Jésus-Christ est le témoin fidèle. Il est sûr et fiable. Il a conquis la mort. Nous ne parlons pas d’un rêve, mais de la réalité ultime.

Pour le chrétien, l’heure la plus sombre est celle où il a l’impression que son Christ est absent, lointain, invisible, inaccessible…

L’Apocalypse de Jean nous le rend proche, imminent, accessible. Il est l’Alpha et l’Oméga, le Commencement et la Fin, la Conclusion et la Récapitulation de toutes choses. Telle est la finalité et la force du message proclamé dans le livre de la révélation de saint Jean.

Notes

1. Avec de nombreux commentateurs, nous pensons que le retour du Christ ne constitue pas le thème central du livre, quoiqu’il occupe une place importante.

2. P. L. Couchoud, cité par Ch. Brütsch, p. 24.