Cet article sur Apocalypse 13 a pour sujet les deux bêtes alliées de Satan dans son combat contre l'Église, symbolisant le pouvoir de persécution (gouvernements), et les pouvoir séducteurs (fausses religions et philosophies).

Source: Le Dieu invincible - Méditations sur l'Apocalypse. 5 pages.

Apocalypse 13 - Matricule d'identification 666

« Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphèmes. La bête que je vis était semblable à un léopard, ses pattes étaient comme celles d’un ours et sa gueule comme la gueule d’un lion. Le dragon lui donna sa puissance, son trône et un grand pouvoir. Et (je vis) l’une de ses têtes comme frappée à mort, mais sa blessure mortelle fut guérie. Remplie d’admiration, la terre entière suivit la bête. Ils se prosternèrent devant le dragon, parce qu’il avait donné le pouvoir à la bête; ils se prosternèrent devant la bête en disant : Qui est semblable à la bête et qui peut la combattre? Il lui fut donné une gueule qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes. Et il lui fut donné le pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois. Elle ouvrit sa gueule en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer contre son nom, son tabernacle et ceux qui l’habitent dans le ciel. Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre. Il lui fut donné pouvoir sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation. Et tous les habitants de la terre se prosterneront devant elle, ceux dont le nom n’a pas été inscrit sur le livre de vie de l’Agneau immolé dès la fondation du monde. Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende! Si quelqu’un est (destiné) à la captivité, il ira en captivité; si quelqu’un tue par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la persévérance et la foi des saints. Puis je vis monter de la terre une autre bête. Elle avait deux cornes semblables à celle d’un agneau, et elle parlait comme un dragon. Elle exerce tout le pouvoir de la première bête en sa présence, et elle fait que la terre et ses habitants se prosternent devant la première bête, dont la blessure mortelle a été guérie. Elle opère de grands signes jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Elle séduit les habitants de la terre par les signes qu’il lui fut donné d’opérer devant la bête, en disant aux habitants de la terre de faire une image de la bête qui a été blessée par l’épée et qui a survécu. Il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parle et fasse mettre à mort tous ceux qui ne se prosterneraient pas devant l’image de la bête. Elle fait que tous, les petits et les grands, les riches et les pauvres, les hommes libres et les esclaves, reçoivent une marque sur la main droite ou sur le front, et que nul ne puisse acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le chiffre de son nom. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le chiffre de la bête. Car c’est un chiffre d’homme, et son chiffre est 666. »

Apocalypse 13

L’Apocalypse est un livre de combat, un véritable traité de polémique. Si nous ne nous rendons pas compte de son esprit et de sa stratégie théologiques, nous n’aurons pas saisi un seul mot de son contenu. Ce n’est qu’une telle lecture qui peut éclairer notre sentier de la foi et ranimer notre espérance.

L’Apocalypse est la quintessence même du message chrétien originel, et, au-delà de celui-ci, de toute la révélation biblique. Elle résume admirablement l’Ancien et le Nouveau Testament. Nous sommes doublement émerveillés de ce que d’une part elle nous apporte, avec son langage symbolique remarquablement clair, l’essentiel de la révélation chrétienne et, d’autre part, du fait que l’Église primitive l’ait incluse dans son canon biblique.

Le chapitre 13 nous livre un nouvel épisode des hostilités qui opposent le rebelle à Dieu. Deux agents du dragon apparaissent et, avec une violence inouïe, ils s’en prennent à l’Église de Jésus-Christ. Il s’agit des deux célèbres bêtes de l’Apocalypse. Le contraste qu’elles offrent entre elles est saisissant. La première émerge de la mer, la seconde surgit de la terre. La première est un monstre indescriptible, la seconde a une apparence plutôt inoffensive et, pour cette même raison, elle est plus dangereuse encore que la première. Elle trompe. La première sert de bras au dragon, la seconde de cerveau au diable. La première représente le pouvoir persécuteur de Satan, la seconde symbolise la fausse religion et les fausses philosophies humaines. Mais l’une comme l’autre sont les ennemis jurés et acharnés de l’Église.

L’apôtre Jean voit d’abord le dragon qui se tient au bord de la mer. Il se trouve là pour quérir du secours. Son premier allié et agent apparaîtra sortant des eaux. C’est un monstre à la forme effrayante. Pour commencer, on en aperçoit les dix cornes, toutes ornées de diadèmes. Ensuite apparaît la tête, ou plutôt apparaissent les dix têtes, sur lesquelles sont inscrits des blasphèmes. Enfin, le corps émerge tout entier, et c’est un corps semblable à celui du léopard, large, rapide, féroce, pour bondir sur la proie et la déchiqueter. Ses pieds ressemblent à de larges pattes d’ours prêtes elles aussi à enfoncer leurs griffes. Comme la gueule constitue le point principal de la figure, elle sera mentionnée en dernier. C’est la gueule d’un lion rugissant qui sème la terreur.

Nous apprenons ensuite que le dragon l’investit d’autorité et que le monde entier suit la bête avec une grande admiration et l’adore avec une servilité inouïe. Le « qui est semblable à la bête? » et « qui peut lui faire la guerre? » se fait entendre partout. C’est un défi universel lancé à Dieu, car, l’adorant, les hommes rendent hommage au dragon, à Satan, qui en est le maître. La bête se met à parler et même à vociférer. Son discours arrogant et blasphématoire tonne pendant 42 jours contre le Tout-Puissant et elle fait la guerre contre les saints élus de Dieu.

Cette page de l’Apocalypse jette une clarté plus grande encore que toutes les lumières répandues jusqu’ici sur les tensions fondamentales de l’existence humaine. Tâchons d’en saisir la signification dans les grandes lignes. La mer à cet endroit représente les nations et les gouvernements humains; les dix cornes et les sept têtes, l’idée selon laquelle le pouvoir politique en lui-même est source d’autorité. L’homme non régénéré accorde son allégeance non pas à une autorité légitime qui est d’institution divine, mais au pouvoir brutal comme tel.

À ses yeux, le pouvoir est l’équivalent du droit! Les gouvernements s’arrogent une autorité et une souveraineté absolues qui ne sont pourtant que les prérogatives de Dieu qui les délègue à qui il veut les déléguer. C’est ainsi que les pouvoirs humains blasphèment contre Dieu, ce qui n’est pas uniquement le fait des dictateurs honnis, mais encore le fait de démagogues qui, dans nos démocraties libérales, ont décrété une fois pour toutes que la voix du peuple est la voix de Dieu (« vox populi, vox Dei »). Les majorités démocratiques de chez nous se considèrent, elles aussi, comme l’équivalent du bien général, du droit et de la justice. Elles croient dur comme fer que Dieu ne parle que par la bouche de la foule! Ainsi, elles ramènent et rabaissent l’autorité à l’« ochlocratie », c’est-à-dire au pouvoir non plus du peuple, mais de la foule, de la masse anonyme, de la horde sans loi…

La première bête de l’Apocalypse réunit en elle tout ce que l’État et l’ordre socioculturel anti-chrétiens opposent au Dieu souverain. Cette bête monstrueuse est le messie du dragon, le prophète du monde sécularisé, le représentant et le porte-parole de l’anti-Dieu. Que le dragon ait confié toute autorité à la bête veut dire que la culture humaniste athée est devenue le messie de Satan. Ainsi, elle se donne pour mission d’établir son hégémonie sur toutes les affaires humaines et d’y enfoncer ses griffes.

Aux yeux de l’humanisme athée, l’homme est l’unique messie et sauveur de l’homme. Son gouvernement centralise tout pouvoir entre ses mains; il ne contrôle pas seulement l’économie, mais encore l’éducation. Il ne décide pas seulement de la construction des routes, mais encore de l’éducation sexuelle des enfants… L’humanisme athée n’espère et n’attend rien que de son propre pouvoir et de sa culture, qu’il considère grosse d’infinies possibilités.

Remarquons que le dragon, lui, se tient à l’arrière-plan. Il met en avant son incarnation qui est la bête sortant des eaux. En effet, celle-ci est une contrepartie, la contrefaçon du Fils incarné de Dieu. Il a plusieurs têtes, ce qui signifie qu’il est capable d’une iniquité spirituelle transcendante. Elle n’est pas simplement l’image du mal, mais encore la contrefaçon du christianisme authentique. Elle est pourtant incapable de cacher ses griffes meurtrières et de dissimuler sa passion et sa convoitise de tout dévorer. Elle résiste aux attaques, même lorsqu’elle est mortellement blessée. Regardez-la, elle va jusqu’à singer la mort et la résurrection du Christ. Car elle est guérie de sa blessure mortelle. Elle singe donc parfaitement le Sauveur. Elle est capable de fasciner et d’endormir la foule. Ne nous trompons pas à son sujet. Elle est la personnification de toute la force persécutrice de Satan, lequel, à travers toute l’histoire, cherche à anéantir le peuple de Dieu.

Jadis, ça avaient été les Babylone, Assyrie, Égypte, l’Empire des Perses et des Mèdes, les Grecs et les Romains aussi… Actuellement, ce sont tous les régimes humanistes athées, autoritaires et matérialistes (marxistes ou pas) qui, durant les 42 mois de notre dispensation, occupent le trône et sévissent contre l’Église chrétienne.

À l’époque de Jean, les chrétiens devaient se rendre compte que la blessure pourtant mortelle de la bête ne l’avait pas détruite. Combien cela dut les troubler et les décourager! Pourtant, ils entendirent aussi la voix de celui qui n’était pas seulement une voix parmi d’autres, mais la Parole même de Dieu, la Parole de Jésus-Christ. Il leur avait parlé. Nous-mêmes, nous avons actuellement à déchiffrer les méandres de la politique mondiale, non dans les événements et les tumultes contemporains, mais dans la seule Parole de Dieu, dans l’Écriture sainte.

La deuxième bête apparaît avec deux cornes d’agneau. Elle parlera à son tour au nom du dragon. Elle sort de la terre. Si dans notre passage la mer symbolise le monde de l’incroyance, la terre y symbolise l’Église infidèle et apostate. Elle est l’image de la fausse religion, de la religion pour qui le Royaume véritable ne se trouve qu’ici-bas et pour laquelle le salut n’est qu’un sauvetage, grâce aux structures sociales sécularisées.

Aux yeux du monde, elle passe pour l’Église véritable; pourtant, nous la voyons prêter sa voix au dragon! Elle cherche à subordonner le croyant à la culture humaniste et à l’État humaniste, à entretenir les espoirs de la société humaniste horizontale, à cultiver une foi unidimensionnelle, à bâtir la cité terrestre; non à suivre, ni à servir Jésus-Christ ou à témoigner de son Évangile. Sa trahison atteint son point culminant avec l’identification qu’elle effectue du Royaume avec toutes les affaires humaines. Moraliste, elle tire sa force du pouvoir de l’État et signe des alliances concordataires. Elle ne cherche pas la gloire de Dieu, mais la sienne.

Aussi, à ses yeux, l’ennemi à abattre sans faute, c’est la foi évangélique. C’est celui, intègre, qui ne porte pas la marque de la bête, qui ne succombe pas à la séduction humaniste et qui, par conséquent, n’a pas le droit d’exercer un commerce quelconque. Pour pouvoir le faire, il faut porter sur le front et sur la main droite le sceau de la bête, laquelle s’impose universellement à tous.

Pourtant, les deux bêtes, aussi bien l’État humaniste que l’Église apostate, ont leurs limites. Le chiffre symbolique de 666 les désigne parfaitement. Ces trois 6 alignés indiquent que, quoi qu’il fasse, l’homme rebelle et ses institutions politiques ou ecclésiastiques, dans toutes ses entreprises et dans sa nature profonde, n’est qu’une créature déchue, imparfaite, incapable d’accéder à l’absolu qu’elle cherche pourtant désespérément à atteindre, telle Prométhée dérobant aux dieux le feu sacré. Il n’atteindra pas le chiffre de la perfection divine qu’est le 777. Aucun rêve messianique séculariste et athée n’y changera rien.

Tirons à présent nos conclusions et soyons rassurés : Certes, nous nous trouvons en présence de cette trinité monstrueuse et de son chiffre qui est le signe du mystère de l’iniquité. Mais l’iniquité sous toutes ses formes, sociale, politique, voire religieuse et morale, est limitée. De ce fait, ne nous faisons pas d’illusions. Aucune mesure humaine, aucune négociation pacifique entre hommes, pas plus qu’une confrontation violente, ne résoudront les problèmes d’une humanité qui se livre allègrement pieds et poings liés aux griffes du dragon. Certes, il y aura rencontre et alliances entre les fausses religions et les États usurpateurs d’autorité. On cherchera à embellir, à maquiller, à améliorer des situations; la condition des peuples ne se transformera pas de manière radicale. Rappelez-vous la maison de la parabole de Jésus… Exorcisée, balayée et nettoyée, elle dut recevoir l’assaut de sept démons plus méchants que le premier et sa condition dernière devint pire que la première.

Il nous faut une absolue conformité avec la parole de Dieu; une obéissance sans compromis au Messie Sauveur, Berger unique et Seigneur universel, à Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

L’Apocalypse nous l’a appris. L’histoire de l’humanité a pris une double direction : celle de la rébellion et celle de la foi.

Soyons de ceux qui se conforment à l’image du Christ et qui rendent témoignage à la Cité céleste dont Dieu est l’Architecte. C’est vers elle que nous tendons de toutes les forces de notre âme. Si l’homme apostat regarde son avenir plein d’anxiété, l’homme régénéré par la Parole et par l’Esprit espère un avenir glorieux.