Cet article sur Apocalypse 20 a pour sujet le millénium qui est le règne actuel du Christ où Satan est lié, car l'Évangile est annoncé et les chrétiens règnent avec lui dès leur régénération. Son Royaume n'est pas politique, mais spirituel.

Source: Le Dieu invincible - Méditations sur l'Apocalypse. 5 pages.

Apocalypse 20 - Le millénium

« Puis je vis descendre du ciel un ange qui tenait la clé de l’abîme et une grande chaîne à la main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l’abîme, qu’il ferma et scella au-dessus de lui, afin qu’il ne séduise plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis. Après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps. Je vis des trônes. À ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et (je vis) les âmes de ceux qui étaient morts sous la hache à cause du témoignage de Jésus et de la parole de Dieu, et de ceux qui ne s’étaient pas prosternés devant la bête ni devant son image et qui n’avaient pas reçu la marque sur le front ni sur la main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ, pendant mille ans. Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis. C’est la première résurrection. Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n’a pas de pouvoir sur eux, mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant les mille ans. Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison, et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre. Leur nombre est comme le sable de la mer. Ils montèrent à la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora. Le diable qui les séduisait fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui y était assis. Devant sa face s’enfuirent la terre et le ciel, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts, et un autre livre fut ouvert, qui est le livre de vie. Les morts furent jugés d’après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres. La mer donna les morts qui s’y trouvaient, la mort et le séjour des morts donnèrent les morts qui s’y trouvaient, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres. La mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu. »

Apocalypse 20

Au temps où le Seigneur Jésus-Christ exerçait son ministère terrestre, la fièvre millénariste ravageait les esprits de ses compatriotes. Ceux-ci attendaient l’âge messianique qui, d’après eux, devait commencer en l’an 5000 après la création et durer pendant mille ans. Cette période devait marquer la supériorité du peuple d’Israël, inaugurer l’âge d’or, combler les ambitions politiques des Juifs et ouvrir une ère de prospérité sans précédent dans l’histoire des hommes.

Cette attente eschatologique devait susciter de très nombreux « messies », des prétendus messies et des faux messies, chacun se présentant comme le réalisateur des promesses de restauration ethnique et comme le libérateur politique du peuple élu. L’excitation atteignit son comble lorsque Jean-Baptiste inaugura son ministère de précurseur du Christ; l’immense enthousiasme populaire soulevé par les débuts du ministère public du Christ s’explique par la même ferveur millénariste.

La lecture des Évangiles nous fait clairement comprendre que Jésus ne fit aucune déclaration sur sa messianité. Au contraire, il chercha à dissiper toute équivoque et à empêcher que la foule ne tire de fausses conclusions de ses actes puissants. Toutefois, il consacra une grande partie de son temps à clarifier l’idée du Royaume de Dieu. Il le fit non dans les termes de l’attente messianique juive apocalyptique, mais d’après l’Évangile qu’il était venu proclamer, aussi bien par ses discours que par ses actes, par sa passion que par sa résurrection.

Voyez avec quelle énergie il repoussa la couronne qu’une foule émerveillée lui tendit après le miracle de la multiplication des pains! Ainsi, au lieu d’une conception politique de la messianité, il offrit l’alternative de la foi biblique en son œuvre de rédemption.

Les attentes millénaristes modernes, aussi nombreuses dans les sectes que dans certaines Églises chrétiennes, nous rappellent le précédent juif. Elles en sont la réapparition, bien qu’aucune des grandes Églises chrétiennes, pas plus que les Credos universels, ne soutiennent une telle conception de la fin des temps1.

Nous ne voulons surtout pas entamer ici une polémique contre cette conception des choses. Il est toutefois déplorable que des chrétiens de bonne foi et pleins d’intentions louables aient traduit de l’américain une Bible annotée (la Bible dite Scofield), laquelle, si on en prenait l’interprétation au sérieux, signifierait le torpillage même de l’Évangile. Nous ne voudrions pas peiner des amis protestants dont on ne peut surtout pas mettre en doute l’amour pour la Bible, mais nous pourrions dire à ce sujet ce qu’un illustre disciple de Platon disait au sujet de son maître : « J’aime Platon, mais j’aime encore mieux la vérité. » En paraphrasant cette phrase historique, nous pourrions dire : « J’aime, certes, mes amis évangéliques, mais j’aime encore mieux l’Évangile! »

Les millénarismes modernes considèrent la restauration d’un État du Proche-Orient, l’État d’Israël, comme l’effet principal et le signe suffisant de la rédemption. Certes, nous ne pouvons que nous réjouir de ce qu’un peuple, dont l’histoire deux fois millénaire a été marquée par un enchaînement de souffrances inhumaines, puisse actuellement jouir de son indépendance politique, tout en réservant nos opinions politiques à cet égard.

Cependant, s’agissant de notre problème, il faut convenir que celui-ci n’est pas politique, mais éminemment théologique. Car si l’œuvre du Christ et le sacrifice du Calvaire n’ont que la restauration ethnique et politique d’un peuple comme résultat premier et principal, alors c’en est fait de l’expiation des péchés et de notre réconciliation avec Dieu. Nous restons tout aussi pécheurs et perdus qu’auparavant… Une telle interprétation trahit toute la cause du Christ.

En un sens, les contemporains de Jésus avaient raison. Les temps étaient proches. Dans l’Évangile selon Marc, nous lisons qu’après que Jean-Baptiste eut été mis en prison, Jésus vint en Galilée prêchant l’Évangile du Royaume de Dieu en disant : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle! » (Mc 1.15). Ce Royaume-là fut effectivement établi par sa mort et par sa résurrection. Son autorité brisa définitivement la force de l’adversaire. Il fonda l’Église et les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle (Mt 16.18; Mc 9.1; Lc 9.27).

C’est parce que ses propres disciples persistèrent à nourrir la même attente messianique politique que leurs concitoyens qu’ils eurent tant de peine à admettre la nécessité de la crucifixion! Ils s’attendaient, à la manière des zélotes de leur époque, à un règne politique. Mais Jésus ne cessa d’insister sur sa conception du Royaume des cieux et sur le fait que la victoire sur le péché, la mort et le diable étaient les seuls signes visibles de ce Royaume.

Toute autre attente du Royaume s’apparente au rêve terrestre de Babylone. Le Christ, lui, est venu combattre le péché et la mort, et il les a définitivement anéantis par son œuvre de Rédempteur.

Ainsi, le millénium dont il est question au chapitre 20 de l’Apocalypse n’est nullement une période utopique. Il est le temps présent du combat chrétien, l’âge dans lequel nous vivons et pendant lequel le Christ fait avancer son règne et l’établit chaque jour davantage. Il dépossède l’usurpateur. Il réclame pour lui la terre et les cieux. Il restitue la création dans son état originel.

La proclamation de l’Évangile déclare le règne du Christ et de son peuple. Aujourd’hui même, le Christ s’arroge le droit exclusif sur nos personnes, sur l’Église et sur l’univers tout entier.

En outre, il recrée l’univers. Dans cette nouvelle création, le faux prophète, la bête et le dragon, qui est Satan, sont détruits et jetés au feu. Il fait de notre terre en agonie et des cieux en convulsion son lieu de séjour. Cette victoire se manifeste déjà durant notre âge, où l’Évangile est proclamé et dont la plénitude sera manifestée dans le Royaume éternel. La nouvelle création que nous attendons est à la fois un acte ultime et définitif et un processus en déroulement. Elle commence avec la première résurrection, c’est-à-dire par le salut du pécheur pardonné, et elle se poursuit dans la consécration totale de sa personne à Dieu. La nouvelle création signifie que toute pensée et que tout acte sont, ici et maintenant, amenés captifs à l’obéissance du Christ.

Le chapitre 20 de l’Apocalypse est la récapitulation de tout le livre. Satan est lié. La Bible s’y réfère à plusieurs reprises. Lorsqu’on a accusé Jésus d’être possédé de l’esprit mauvais, il a déclaré : « Le Royaume de Dieu est parvenu jusqu’à vous » (Mt 12.28). Ailleurs, Jésus a affirmé : « J’ai vu Satan tomber du ciel tel un éclair » (Lc 10.18). « C’est maintenant le jugement du monde quand le prince de ce monde est jeté dehors » (Jn 12.31). L’apôtre Paul déclare : « Il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix » (Col 2.15). Jean déclare également : « Le Fils de Dieu est apparu afin de détruire les œuvres du diable » (1 Jn 3.8; voir aussi Lc 11.21-22; Jn 16.11).

Depuis la première apparition du Christ, Satan a été lié et jeté dehors. Il ne peut plus tromper définitivement les hommes et les nations puisque l’Évangile est annoncé et que les hommes ont la possibilité de distinguer entre le bien et le mal, le vrai et le faux.

L’Évangile démasque les ruses de Satan et le met à nu. Durant notre âge, les disciples du Christ règnent déjà avec leur Sauveur. La résurrection dont il est question ici signifie notre salut avec tout ce que cela implique, et ceci en dépit des apparences et malgré les pronostics pessimistes!

Nous ne sommes pas les derniers des misérables, mais des vainqueurs! Nous sommes passés de la mort à la vie, des ténèbres à l’admirable lumière de Dieu; nous avons été arrachés à une humanité morte à cause du premier Adam pour être intégrés à l’humanité refaite grâce au second Adam, le Christ.

Nous pourrons donc effectivement parler de régénération, d’une nouvelle naissance. Notre salut est manifeste ici et maintenant. Il le sera dans sa totalité après la tombe et pour l’éternité. La première résurrection est notre régénération spirituelle. Depuis que nous avons été rachetés et ramenés au bercail dans la maison paternelle, nous sommes les citoyens de la Jérusalem céleste. Le Christ en a été les prémices et nous-mêmes sommes la récolte qu’il était venu engranger.

Ce chapitre nous apprend que Satan sera délié pendant quelque temps. La raison en est qu’il devra être détruit avec toutes ses œuvres. Durant notre histoire, le faux prophète et la bête sont effectivement condamnés et détruits avec leur rêve babylonien. On peut apercevoir l’ivraie qui pousse à côté du bon grain.

Certes, il existe une coalition mondiale contre la véritable Église du Christ. Elle est la dernière tentative désespérée de l’emporter contre le Christ de Dieu. Mais Satan a été démasqué. Il ne passera plus incognito, car sa véritable identité nous a été dévoilée. Gog et Magog, dont il est aussi question, ne sont plus masqués, ils ne peuvent plus se présenter comme la parfaite imitation du christianisme. Ils ne pourront plus nous proposer le paradis terrestre. Ils ne respirent que leur dernier souffle animé de leur haine contre Dieu.

Enfin, nous apprenons le jugement dernier. Dans ce chapitre, nous avons une réminiscence du Psaume 114. C’était une louange chantée lors de la fête des Tabernacles, lorsqu’Israël exprimait à Dieu son désir de voir son règne s’établir. Ainsi, le jugement dernier, comme l’intention de toute l’histoire universelle, consiste à proclamer « alléluia », c’est-à-dire « louez Dieu ». Le jugement culminera lors de la destruction du dernier ennemi de l’homme : la mort.

La seconde résurrection sera celle de notre corps et de notre âme, c’est-à-dire de toute notre personnalité restaurée. Nous recevrons alors la récompense réservée à notre fidélité. Certes, nous sommes sauvés par la foi, mais, dans sa grâce, Dieu nous accorde une récompense pour les œuvres bonnes que nous aurons accomplies en son nom et en son honneur.

Nous conclurons cependant par une mise en garde qui s’impose. Celui qui s’attend à un Royaume de Dieu de nature politique, qui fait des prévisions, en fixe l’heure, en établit le lieu d’arrivée, celui-là marche non pas par la foi, mais par la vue. Il veut établir le millénium par sa propre impatience. Or, nous sommes appelés à croire, à espérer et à aimer durant notre attente de l’établissement définitif du Royaume.

L’Apocalypse de Jean, placée à la fin du recueil des livres de la Bible, nous aide grandement à réaliser cette discipline et à tenir bon jusqu’à la fin. Si nous la lisions tel un livre de prédictions, comme celles de Nostradamus, alors c’en serait fait de la foi, de l’espérance et de la charité.

Mais, si elle nous maintient dans la foi, combien grandes seront notre force et notre joie dans cette marche humble, persévérante et quotidienne jusqu’à ce qu’apparaisse notre divin Sauveur! Chaque jour, nous pourrons alors prier : « Viens Seigneur Jésus », et notre prière sera exaucée. Car le Christ nous affirme personnellement : « Oui je viens bientôt. »

Note

1. Limitons-nous à signaler en passant que cette idée a surgi chez certains protestants anglo-saxons au siècle dernier, l’Anglais J. N. Darby et l’Américain C. I. Scofield. Notre étude Espérer contre toute espérance a tenté d’éclairer par un certain nombre de remarques critiques l’historique de ce mouvement. Les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle (Mt 16.18; Mc 9.1; Lc 9.27).