Cet article a pour sujet le livre de l'Apocalypse, son but, son auteur et sa date de composition. Diverses interprétations de ce livre sont évaluées (prétériste, futuriste, historique, symbolique). Un plan du livre est proposé avec le contenu général de chaque section.

Source: La victoire du grand Roi - Commentaire sur l'Apocalypse. 11 pages.

Apocalypse - Introduction à l’Apocalypse

  1. Introduction
  2. Le but du livre
  3. L’auteur
  4. Les destinataires
  5. La date de composition
  6. Le lieu
  7. Diverses interprétations
  8. Ressemblances avec le livre de Daniel
  9. Plan et contenu général du livre de l’Apocalypse

1. Introduction🔗

Le dernier livre de la Bible est un livre difficile, mais fascinant. Il nous présente Jésus-Christ dans sa beauté et dans sa majesté. Apocalypse signifie « révélation ». C’est une « révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt » (Ap 1.1). Nous devons donc prêter attention à ce qu’il nous révèle et chercher à comprendre cette révélation.

Lorsque l’Église vit des moments tranquilles, on se préoccupe moins de ce livre. Cependant, en temps de crise ou de persécution, dans les moments difficiles de l’histoire ou quand nous perdons nos certitudes, nous portons plus attention à ce livre mystérieux, qui nous annonce l’avenir, les menaces de jugements et le retour glorieux du Christ. Il est très utile, dans un temps comme le nôtre, de considérer attentivement le message de l’Apocalypse. Nous allons essayer d’en comprendre le sens pour nous aujourd’hui.

2. Le but du livre🔗

Le but du livre est de réconforter l’Église en lutte contre les forces du mal. L’Apocalypse procure un puissant réconfort aux chrétiens persécutés qui souffrent à cause de leur foi. Ils reçoivent l’assurance que Dieu voit leurs larmes et qu’il entend leurs prières. Ce livre nous assure que Jésus-Christ est vivant, qu’il règne pour toujours et qu’il est victorieux sur ses pires ennemis. Un jour viendra où sonnera l’heure du grand jugement et où s’accomplira la rédemption complète de son peuple qui habitera dans une nouvelle création. Entre-temps, même si nous ne voyons pas encore cette victoire complète, nous avons l’assurance que notre Sauveur gouverne le monde et le dirige vers son but ultime.

L’Apocalypse a pour but de nous faire voir au-delà des apparences. Le dragon, la bête, le faux prophète, Babylone semblent puissants et causent beaucoup de dommages. Mais Jésus est déjà vainqueur et nous sommes vainqueurs avec lui. Apocalypse 17.14 résume bien le thème : « Ils combattront l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois. Et les appelés, les élus et les fidèles qui sont avec lui. »

3. L’auteur🔗

Ce livre est une révélation de Dieu (1.1). Dieu en est l’Auteur ultime. Il a fait connaître cette révélation « par l’envoi de son ange à son serviteur Jean » (1.1). Jean a vu et il a entendu des choses. Il a reçu passivement des visions et des révélations, mais il a fallu qu’il devienne actif pour écrire ce qu’il a vu et entendu et pour le transmettre aux autres. « C’est moi, Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et quand j’eus entendu et vu, je tombai aux pieds de l’ange qui me les montrait, pour l’adorer » (22.8). L’ange l’en a toutefois empêché. « Garde-toi de le faire! […] Adore Dieu! » (22.9). Puis l’ange dit à Jean : « Ne ferme pas d’un sceau les paroles de la prophétie de ce livre! » (22.10). Jean devait faire connaître cette parole. Jean n’était pas un robot. Dieu l’a préparé et s’est servi de lui avec ses dons, son expérience, ses capacités littéraires, sa connaissance de l’Ancien Testament. Cependant, Jean devait transmettre fidèlement la révélation qu’il avait vue et entendue.

Qui est ce Jean? Dès le début de l’histoire de l’Église, on a compris qu’il s’agissait de l’apôtre Jean, le même qui a écrit l’Évangile et les trois lettres. Selon des écrits anciens, Jean aurait travaillé en Asie Mineure (Turquie actuelle), en particulier à Éphèse, et il aurait vécu très vieux.

4. Les destinataires🔗

Certains commentateurs voient dans l’Apocalypse des prophéties sur des papes du Moyen Âge, sur Napoléon, sur la Première Guerre mondiale, sur Hitler, etc. On se demande comment de telles prédictions auraient pu être utiles aux chrétiens persécutés du premier siècle. Il est important de tenir compte des premiers croyants à qui le livre était destiné pour comprendre son message.

Le livre de l’Apocalypse est une réponse aux larmes et aux prières des chrétiens persécutés qui vivaient en Asie Mineure au premier siècle de notre ère. Ce sont les premiers destinataires. Ce livre ne visait cependant pas uniquement ces premiers lecteurs. Il a été donné à tous les croyants de toutes les époques. Les persécutions endurées par les premiers chrétiens n’étaient pas limitées à leur époque. Les chrétiens de tous les temps ont besoin du message de victoire et de réconfort que nous procure ce livre.

Le Seigneur s’est adressé de manière spécifique aux sept Églises d’Asie Mineure (Ap 2 et 3). Les promesses et les avertissements qu’il leur a adressés sont toutefois valables pour nous encore aujourd’hui. Jean nous dit : « Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit! » (1.3). Cette promesse de bonheur est vraie pour tous ceux qui écoutent et gardent les paroles de la prophétie, tout comme la menace de malédiction est vraie pour tous ceux qui ajoutent à ces paroles ou qui retranchent des éléments de ces paroles (22.18).

5. La date de composition🔗

Certains ont proposé que le livre a été écrit avant l’an 70. « La grande Babylone » représenterait la ville de Jérusalem qui s’est opposée à Jésus et qui a persécuté les premiers disciples de Jésus. L’Apocalypse serait une prophétie annonçant le jugement de Dieu contre cette ville. Cela exigerait donc que le livre ait été écrit avant l’an 70, année de la destruction de Jérusalem.

Irénée, le père de l’Église, a toutefois écrit que « l’Apocalypse n’a pas été vue depuis longtemps, mais durant notre génération », soit à la fin du règne de Domitien. L’empereur romain Domitien a régné de décembre 81 à septembre 96. C’est donc généralement durant cette période que l’on date le livre.

De toute manière, la date de rédaction ne change pas grand-chose à la signification de l’Apocalypse, comme nous le verrons plus loin.

6. Le lieu🔗

Jean reçut cette révélation pendant qu’il était sur l’île de Patmos, dans la mer Égée. Cette petite île est longue de 12 km et atteint un sommet de 250 m. Dieu planta sa « station radio mondiale » sur ce misérable morceau de roche dans la mer et s’est assuré que le message soit parfaitement diffusé.

7. Diverses interprétations🔗

a. Prétériste (passée ou contemporaine de Jean)🔗

Selon l’interprétation prétériste, les visions et les événements du livre se rapportent essentiellement à l’époque de l’auteur ou aux premiers siècles de l’histoire de l’Église. Jean ne s’intéresserait qu’à la situation de l’Église du premier siècle et son message ne s’adresserait qu’aux premiers chrétiens.

Deux formes :

a. L’Apocalypse serait une prophétie de la chute de Jérusalem en 70. « La grande Babylone » représenterait Israël apostat qui a aidé Rome à opprimer les chrétiens. Le but du livre serait d’encourager les chrétiens face aux persécutions des juifs et d’annoncer que ces juifs seront jugés.

b. L’Apocalypse serait une prophétie de la chute de l’Empire romain. La bête d’Apocalypse 13 serait l’Empire romain qui domine la scène et persécute les chrétiens. Babylone serait Rome (époque de Néron ou de Domitien…). Jean annoncerait que le Christ viendra détruire l’un et l’autre d’ici quelques années. Jean aurait le souci de réconforter l’Église en détresse de son époque, mais ne s’intéresserait nullement aux générations futures. Le but du livre serait d’encourager les chrétiens face aux persécutions romaines et d’annoncer que Rome sera jugée.

Problèmes :

Cela limite la plupart des prophéties concernant le salut et le jugement à l’année 70 ou aux quatre premiers siècles de notre ère. Ce serait à cette époque-là qu’elles se seraient accomplies.

Les prophéties de Daniel 2 et Daniel 7, dont il est souvent fait allusion dans l’Apocalypse, annoncent le jugement des nations et non le jugement d’Israël.

Cette interprétation a le mérite de rendre le livre très significatif pour le peuple à qui il fut écrit. Il a toutefois le démérite de le rendre dénué de sens pour les lecteurs ultérieurs (sauf pour l’information qu’il donne sur la première génération). L’Apocalypse est pourtant très intéressée par les événements de la fin (la victoire finale de l’Église au terme de ses souffrances, son repos éternel et le jugement de toute la terre).

La portée et l’utilité de l’Apocalypse pour les chrétiens des autres siècles ne se limitent pas à un manuel d’histoire de l’Église des quatre premiers siècles.

Les critiques modernes (théologiens libéraux) ont largement repris cette interprétation en l’adaptant. Le message de réconfort adressé aux premiers chrétiens contiendrait beaucoup de fausses prédictions qui ne se seraient jamais réalisées. Cette approche abaisse l’Apocalypse à une fausse prédiction. Elle diminue le champ de vision du visionnaire qui voyait bien plus grand et bien plus loin qu’on le suppose.

b. Futuriste🔗

D’après l’approche futuriste, la plupart des événements décrits dans l’Apocalypse seraient situés à la fin des temps, accompagnant le retour du Seigneur. Apocalypse 2 et 3 décriraient de longues périodes successives de l’histoire de l’Église à partir du premier siècle. Apocalypse 4 et les chapitres suivants annonceraient la période précédant de près la fin des temps, après « l’enlèvement de l’Église » et avant l’apparition du Christ dans sa gloire (interprétation dispensationaliste).

Les dispensationalistes, à titre d’exemple, voient les chapitres 1 à 3 (le discours aux sept Églises) comme étant une annonce de ce que sera l’histoire morale de l’Église, dans ses sept périodes successives à partir du premier siècle jusqu’à la fin. Puis, entre le chapitre 3 et le chapitre 4, surviendrait l’enlèvement de l’Église, un phénomène pourtant non mentionné dans l’Apocalypse. Aux chapitres 4 et 5, l’action se déroulerait non plus sur terre, mais au ciel : les fidèles ont été enlevés et habitent maintenant leur demeure céleste. Puis, tout le reste de l’Apocalypse ferait mention d’événements qui auraient lieu immédiatement avant la fin du monde, une période située entre l’enlèvement de l’Église et l’apparition du Seigneur dans sa gloire. Le peuple de Dieu qui resterait alors sur terre serait le peuple d’Israël.

Ainsi, presque tout le livre, sauf les premiers chapitres, concernerait Israël et la fin des temps. Le grand conflit de l’Apocalypse serait celui de l’Antichrist et d’Israël (les juifs). Les sceaux, les trompettes et les coupes appartiendraient à la grande tribulation, relativement à Israël et non à l’Église. L’ordre des visions correspondrait à l’ordre chronologique des événements à venir : la restauration du peuple juif dans son pays (juste avant les événements annoncés dans les chapitres 4 à 22), l’enlèvement de l’Église (entre le chapitre 3 et le chapitre 4), sept ans de tribulations, le règne de l’Antichrist, le rassemblement des nations pour combattre Jérusalem, le retour du Christ, son règne de mille ans, la rébellion finale de Satan à la fin du millénium, puis le règne éternel de Jésus-Christ dans la nouvelle création.

Il existe des versions futuristes modifiées qui ne croient pas en un enlèvement suivi d’une grande tribulation, mais qui croient que les chapitres 8 à 22 annoncent uniquement des événements futurs se rapportant à la tribulation finale et à ce qui va suivre.

Problèmes :

Rien n’indique que les lettres aux sept Églises en Apocalypse 2 et 3 s’appliquent à sept périodes successives de l’histoire de l’Église.

Le message de l’imminence du retour du Christ n’aurait eu aucun sens pour les premiers chrétiens si les chapitres 2 et 3 annonçaient sept longues périodes de l’histoire de l’Église.

Il n’y a aucune allusion à un supposé « enlèvement » entre le chapitre 3 et le chapitre 4. Il s’agit d’une supposition non fondée qui détermine toute l’interprétation dispensationaliste.

Les prophéties annoncées n’ont pratiquement rien à voir avec l’époque et les circonstances dans lesquelles le livre a été écrit. Cela est tout particulièrement vrai pour l’interprétation dispensationaliste, puisqu’à partir d’Apocalypse 4, l’Église ne serait plus sur terre et ne vivrait pas les événements se déroulant par la suite. Une prophétie est rarement détachée de la réalité immédiate du prophète et de ceux à qui il s’adresse. Dieu, par son prophète, s’adresse au peuple de l’alliance en tenant compte de leur situation de vie. Même lorsque la vision du prophète annonce des événements de la fin des temps, la parole du prophète se réfère aussi aux circonstances des auditeurs ou des premiers lecteurs. Nous trouvons dans l’Apocalypse des références évidentes aux conditions des chrétiens du premier siècle.

Ç’aurait été une bien piètre consolation pour les chrétiens de l’époque de Jean, qui souffraient des persécutions romaines, de se voir offrir un livre destiné surtout aux juifs dans un millénium à venir. Ceci enlève au livre presque toute signification pour les premiers chrétiens et pour toutes les générations ultérieures, sauf pour la dernière génération. Le livre aurait ainsi très peu de choses à dire à toutes les générations intermédiaires, si ce n’est que Dieu a un dessein ultime.

c. Historique🔗

1)​​​ Manuel d’histoire de l’Église (réformateurs, adventistes)🔗

D’après l’interprétation historique chronologique, l’Apocalypse serait une prophétie de l’histoire de l’Église et de ses étapes importantes. Les sceaux, les trompettes et les coupes annonceraient des événements spécifiques et présenteraient de façon chronologique une esquisse de l’histoire de l’Europe occidentale, s’étendant jusqu’au retour du Christ. Jean aurait prophétisé que l’Empire romain christianisé devait être envahi par les Goths puis par les musulmans, suivi ensuite du règne de Charlemagne, puis de la corruption de la papauté au cours du Moyen Âge. Il aurait annoncé la Réforme du seizième siècle ainsi que la destruction causée par Napoléon et par Hitler.

Parmi les tenants de cette interprétation, certains voient l’Apocalypse comme une histoire continue, où les visions ne se superposent jamais; les sept sceaux se suivent chronologiquement, puis viennent dans un ordre chronologique les sept trompettes, ensuite les sept coupes. D’autres voient les sept trompettes incluses dans le septième sceau, puis les sept coupes dans la septième trompette.

Problèmes :

Cette interprétation rend l’Apocalypse significative pour nous aujourd’hui et fortifie notre foi de voir l’histoire entière sous la direction souveraine de Dieu. Les premiers chrétiens n’auraient toutefois pas saisi grand-chose d’un livre concernant les événements particuliers de l’avenir, avec des symboles apocalyptiques figurant l’islam, le pape au seizième siècle, les chars d’assaut, la communauté économique européenne, l’œcuménisme moderne ou les guerres nucléaires.

Il serait également étonnant qu’un livre qui prédit l’histoire humaine ignore le monde extérieur à l’Europe occidentale. Les prophéties de l’Apocalypse seraient curieusement limitées à l’histoire de l’Église en Europe et en Occident, c’est-à-dire là où la majorité des interprètes et commentateurs de l’Apocalypse ont vécu…

De plus, les interprètes historicistes qui ont vécu à des époques différentes ne s’accordent pas entre eux. Ils ont tendance à voir dans ce livre des prédictions d’événements se déroulant à leur propre époque. Chacun interprète l’Apocalypse de manière à ce que la fin arrive à son époque. Certains vont jusqu’à s’estimer les seuls interprètes prophétiques mandatés spécifiquement par Dieu pour expliquer et préparer les derniers temps. Tout ceci montre la faiblesse d’une « exégèse de journaux » qui finit par devenir très subjective.

Une telle prophétie de l’histoire des siècles et des millénaires à venir ne serait pas très pertinente pour les lecteurs du premier siècle à qui Jean s’adressait.

2) Approche symbolique, idéaliste, spirituelle ou globale🔗

D’après l’interprétation historique symbolique, l’Apocalypse traiterait de toute l’histoire du règne du Christ, de la première venue du Seigneur jusqu’à l’accomplissement ultime, mais d’une façon plus symbolique que chronologique. L’Apocalypse proposerait une approche globale de l’histoire, une philosophie de l’histoire, et non un précis d’histoire de l’Église. Le symbolisme indiquerait des principes valables à toutes les époques. Le livre serait une grande fresque symbolique du conflit entre le bien et le mal, entre les forces de Dieu et celles de Satan. La forme la plus radicale de cette interprétation y voit un portrait atemporel de cette lutte. Le problème avec cette forme radicale, c’est que l’Apocalypse n’annoncerait pas de consommation finale de l’histoire, se terminant par la victoire finale de Dieu et le jugement dernier du diable et des ennemis de Dieu. Aucun des symboles du livre ne pourrait être identifié à des événements historiques particuliers.

Une version modérée de cette interprétation reconnaît que l’Apocalypse annonce certains événements précis, par exemple des prophéties concernant les Églises locales de Smyrne, Thyatire et Philadelphie à l’époque où Jean a vécu, ainsi que la consommation finale de l’histoire qui se termine par le salut complet, la nouvelle création et le grand jugement. Pour le reste des visions de l’Apocalypse, il ne s’agirait pas de prophéties d’événements spécifiques, mais plutôt de principes applicables à n’importe quelle époque de l’histoire de l’Église décrivant de manière générale des événements de diverses époques entre la première venue du Christ et son retour en gloire.

Cela signifie que l’interprétation prétériste a raison de voir dans certains symboles l’Empire romain persécuteur, mais qu’elle a tort de limiter ces symboles à Rome. L’interprétation historique chronologique a raison de voir la corruption de la papauté dans certains symboles, mais elle a tort de limiter ces symboles à la papauté, etc. Le grand avantage de cette interprétation est de reconnaître que le livre de l’Apocalypse a un message tout à fait pertinent aussi bien pour les chrétiens du premier siècle que pour les générations successives de chrétiens dans l’histoire, jusqu’aux chrétiens qui vivront juste avant le retour de Jésus-Christ. Le message de l’Apocalypse est aussi pertinent, réconfortant et puissant pour toutes les époques! C’est l’interprétation que nous suivrons.

Ce livre de la Bible nous présente une révélation divine sur la période s’étendant de l’ascension du Christ jusqu’à son retour. C’est donc une proclamation valable pour toutes les époques qui s’applique à toutes les situations dans l’Église et dans le monde. Les visions du livre nous révèlent sous forme d’images ce qui se passe réellement dans l’histoire de l’Église et du monde. Ce livre nous révèle le Dieu de l’alliance et son grand adversaire, Satan. Il nous révèle le rassemblement de l’Église de Jésus-Christ, l’incrédulité du monde et son refus de se repentir, le jugement de Dieu ainsi que la création d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre.

Nous devrions faire très attention de ne pas placer les différentes visions dans un tableau chronologique précis ou d’associer chaque vision à un moment particulier d’accomplissement. L’histoire se déroule rapidement et approche de sa fin, mais il y a aussi des accomplissements répétées des visions qui se réalisent à maintes reprises dans de nouvelles situations tout au long de l’histoire.

8. Ressemblances avec le livre de Daniel🔗

L’Apocalypse est dans la lignée du prophète Daniel qui nous parle de persécution et de réconfort. Nous y retrouvons l’annonce du règne éternel (Dn 2:44; 7:26-27; Ap 11.15; 14.14). Les deux livres sont développés en spirale avec des retours en arrière selon un procédé littéraire cyclique où la même période de l’histoire est couverte dans chacun des cycles. Chaque nouveau cycle récapitule des éléments déjà mentionnés dans les chapitres précédents et nous fait découvrir de nouveaux éléments se rapportant à la même période de l’histoire à mesure que nous progressons dans le livre. C’est un peu comme si nous regardions la même scène avec des prises de vue sous des angles différents, nous permettant de porter notre attention sur de nouveaux détails plus précis.

Le livre de Daniel contient deux grandes sections. Dans la section historique (Dn 1 à 6), Daniel interprète deux rêves. Dans le premier rêve, une statue représente quatre royaumes successifs, suivis du Royaume éternel que Dieu établira définitivement (Dn 2.37-45). La section prophétique (Dn 7 à 12) contient trois grandes visions. La première vision nous présente quatre bêtes symbolisant quatre royaumes commençant par l’empire babylonien, après quoi survient sur les nuages le Fils de l’homme en gloire qui établit son Royaume éternel (Dn 7). La deuxième vision nous présente un bélier (les rois des Mèdes et des Perses) et un bouc (Alexandre, le roi des Grecs) dont la corne se fragmente en quatre cornes (les quatre successeurs d’Alexandre et leurs quatre royaumes), puis vient le temps de la fin (Dn 8). Ensuite, la prière de confession de Daniel et sa demande de restauration du temple et de la ville (Dn 9.1-19) est suivie de la prophétie des soixante-dix semaines, après quoi le Saint des saints vient mettre fin au péché et amène la justice éternelle (Dn 9.20-27). La troisième vision nous révèle enfin l’homme vêtu de lin. Cette vision annonce l’histoire des Grecs et plus particulièrement des Ptolémées et des Séleucides. Ce temps d’angoisse et de tribulations est suivi de la venue du Royaume de Dieu et de la glorieuse résurrection (Dn 10 à 12).

Ainsi, le premier rêve (la statue), la première vision (les quatre bêtes), la deuxième vision (le bélier et le bouc), les soixante-dix semaines et la troisième vision (l’homme vêtu de lin et la succession des grands royaumes suivis des temps messianiques) décrivent tous la même période de l’histoire ou certaines parties de cette période examinées de manière plus détaillée.

De plus, une même vision de l’Apocalypse peut reprendre des éléments de deux ou de plusieurs visions tirées du livre de Daniel. Par exemple, la vision du Fils de l’homme (Ap 1.12-20) reprend la vision du Fils de l’homme de Daniel 7 et la vision de l’homme vêtu de lin de Daniel 10. Ou encore, des éléments d’une même vision de Daniel peuvent se retrouver dans plusieurs visions de l’Apocalypse. Par exemple, le Fils de l’homme et les quatre bêtes de Daniel 7 se retrouvent en Apocalypse 1.12-20 (le Fils de l’homme) et en Apocalypse 12 à 14.

Si les visions de Daniel ou de l’Apocalypse nous présentaient une séquence d’événements chronologiques, ce phénomène en « chassé-croisé » serait totalement incohérent et incompréhensible. Si par contre nous avons affaire à une progression cyclique nous présentant sous forme symbolique des principes par lesquels Dieu gouverne le monde, principes valables pour toutes les époques, ces reprises des symboles du livre de Daniel tout au long de l’Apocalypse se comprennent alors très bien.

9. Plan et contenu général du livre de l’Apocalypse🔗

a. Apocalypse 1 à 3 — Le Christ au milieu des sept chandeliers d’or🔗

Le premier chapitre constitue l’introduction : Jésus-Christ est le Roi de l’Église qui marche au milieu de son Église. Les chapitres 2 et 3 présentent les sept lettres aux sept Églises d’Asie Mineure. Ces lettres contiennent des avertissements et des promesses de réconfort de la part de celui qui marche au milieu de son Église. Les chandeliers représentent les sept Églises d’Asie. Jean s’adresse bien sûr à des Églises particulières du premier siècle, mais celles-ci semblent bien représenter l’ensemble de l’Église de tous les siècles. Le nombre sept revient constamment dans l’Apocalypse et symbolise la plénitude. Cette section couvre donc toute la période s’étendant de la première venue du Christ jusqu’à son retour en gloire. Cette section nous rappelle d’ailleurs avec force sa première venue (1.5, 7, 18), en même temps qu’elle annonce aux non repentants des menaces de jugement dernier (1.7) et à son Église fidèle et persévérante des promesses de victoire finale lors de son retour (2.7; 2.10-11; 2.17; 2.26,28; 3.5; 3.11-12; 3.21).

Nous avons aussi plusieurs indications qui nous montrent des liens entre cette première section et les sections suivantes. Par exemple, Jésus tient dans sa main droite sept étoiles qui sont les sept anges envoyés aux sept Églises (1.16,20; 2.1). Or, ce sont ces sept anges qui vont sonner les sept trompettes (8.2,6) et qui déverseront les sept coupes de colère (15.1-8; 16.1). L’un des sept anges montrera le jugement de la grande prostituée (17.1), puis montrera la fiancée, l’épouse de l’Agneau (21.9). Autre exemple, les croyants fidèles reçoivent la promesse d’habiter dans la nouvelle Jérusalem qui descendra du ciel (3.12), ce qui sera davantage développé dans la dernière section du livre.

b. Apocalypse 4 à 7 — Le livre avec les sept sceaux🔗

Dans cette deuxième section, le Christ n’est plus vu au milieu de son Église. Jean voit l’Agneau siégeant sur un trône dans le ciel, adoré par ceux qui l’entourent. Ceci n’indique pas une époque ultérieure aux chapitres 1 à 3, mais un autre aspect de la royauté du Christ. Il est à la fois le Consolateur et le Juge au milieu de son Église (Ap 1 à 3) et celui qui règne au ciel sur toutes choses (Ap 4 et 5). Il tient dans sa main le livre scellé et lui seul est digne d’ouvrir les sept sceaux et de révéler les secrets de l’histoire. Il est l’Agneau immolé (5.6,9, référence à sa première venue); il viendra pour juger, ce sera le jour de la colère (6.16-17, référence au jugement dernier). L’ouverture des six premiers sceaux nous présente un tableau symbolique de l’histoire du monde sous les aspects des jugements et des terreurs qui viennent sur la terre. L’Agneau donne également un réconfort éternel aux fidèles (7.16-17, annonce de sa deuxième venue et de l’Église triomphante).

c. Apocalypse 8 à 11 — Les sept trompettes de jugement🔗

Les trompettes amènent des tourments et des malheurs sur toute la terre. On peut voir un parallélisme entre les sept trompettes et les sept sceaux, mais surtout entre les sept trompettes et les sept coupes des chapitres 15 et 16. C’est donc dire que les événements symbolisés par ces trois séries de visions ne sont pas consécutifs, mais chaque série de symboles décrit l’ensemble de l’histoire de l’Église sous des angles différents. Ces symboles expriment la colère de Dieu qui amène des tribulations. Ceux qui appartiennent au Christ ne doivent toutefois pas craindre, car l’Église est protégée. Le monde est interpellé par la prédication de l’Évangile et l’Église demeure fidèle dans son témoignage jusqu’au grand jour du jugement et l’établissement du Royaume éternel (11.15-18).

d. Apocalypse 12 à 14 — La femme et le Fils persécutés par le dragon et ses acolytes🔗

Quelle est donc la raison profonde de la résistance à l’Évangile pour laquelle le monde souffre les jugements de Dieu? Apocalypse 12 nous révèle qu’une guerre redoutable se déroule en arrière-scène. Le conflit entre les puissances du mal et les puissances du bien nous est présenté de façon plus explicite. La femme et l’enfant (l’Église et le Christ) sont persécutés par le dragon et ses acolytes. À la tête des forces du mal apparaît donc le grand dragon (Ap 12) aidé de deux bêtes qui le représentent sur terre (Ap 13, l’une d’elles : le faux prophète). Babylone, la grande prostituée, représente l’orgueil du monde. Cette section couvre à nouveau toute la période de l’histoire de l’Église. Elle débute par la naissance du Sauveur (12.5) et le dragon qui cherche à le vaincre, puis se continue avec le Christ qui règne sur le trône et avec le dragon qui persécute la femme, c’est-à-dire l’Église (12.13). Cette section finit par le jugement au retour de Jésus et nous assure de la victoire certaine de l’Église (Ap 14).

e. Apocalypse 15 et 16 — Les sept coupes de colère🔗

Les sept coupes de colère sont en parallèle avec les plaies d’Égypte du livre de l’Exode. Cette section répond à la question : Qu’arrive-t-il lorsque les trompettes du jugement au long de l’histoire n’amènent pas les gens à se repentir et à se convertir? Lorsque les gens s’endurcissent devant les manifestations initiales du jugement, l’ultime colère de Dieu finira par se déverser sur eux au jugement dernier (16.17-20), mais assurera la délivrance finale de son peuple, tout comme les fléaux en Égypte n’avaient fait qu’endurcir les Égyptiens et préparer la délivrance d’Israël hors d’Égypte.

f. Apocalypse 17 à 19 - La chute de la grande prostituée et des bêtes🔗

Ceux qui semblaient victorieux (Ap 12 à 14) sont maintenant défaits (dans l’ordre inverse de leur présentation dans les chapitres 12 à 14) : d’abord Babylone (18.2), puis la bête et le faux prophète (19.20), enfin le jugement de tous ceux qui les ont suivis (19.21). Le dragon, quant à lui, verra sa défaite décrite dans la section suivante (20.10). N’oublions pas toutefois que la défaite de tous ces ennemis aura lieu en même temps, au jour du grand jugement dernier. Mais puisque le sujet est vaste et complexe, Jean le visionnaire nous décrit leur défaite au moyen de plusieurs tableaux, selon les différentes visions qu’il en a reçues.

g. Apocalypse 20 à 22 - Le jugement du dragon (Satan), suivi du nouveau ciel, de la nouvelle terre et de la nouvelle Jérusalem🔗

Le chapitre 20 nous parle d’une période de mille ans où l’Église prêche librement l’Évangile aux nations du fait que Satan est lié (c’est la période de l’histoire de l’Église où les chrétiens ont reçu la mission de proclamer l’Évangile aux nations), mais à la fin les nations seront séduites et feront la guerre sans merci aux croyants. C’est alors que le Seigneur interviendra et que viendra la fin. Les deux derniers chapitres nous décrivent le monde nouveau et la Jérusalem céleste où Dieu habitera pour toujours avec son peuple.

Même si ces sections sont parallèles, elles révèlent un certain progrès eschatologique. Par exemple, la dernière section nous rapproche davantage de la fin que les précédentes. Le jugement dernier a déjà été annoncé (1.7) et brièvement décrit (6.12-17), puis vers la fin du livre il est présenté en détail (20.11-15). La joie éternelle des rachetés dans la vie à venir est promise dans les premiers chapitres (lettres aux Églises), présentée plus loin (7.15-17), mais c’est seulement aux chapitres 21 et 22 que le bonheur à venir sur la nouvelle terre est décrit plus en détail. On peut donc discerner dans l’ensemble du livre un parallélisme progressif.

Il en est de même du combat entre Jésus et son Église, d’une part, et leurs ennemis, d’autre part. La première partie du livre (Ap 1 à 11) décrit ce combat se déroulant sur terre, où l’Église est persécutée (mais Jésus marche au milieu d’elle et il règne sur le monde à partir du ciel). La deuxième partie du livre (Ap 12 à 22) nous fait voir l’arrière-plan spirituel plus profond derrière ce combat. L’Église est persécutée par le dragon (Satan) et ses aides, mais Satan et tous les opposants du Christ et de l’Église seront jugés. C’est ainsi que la défaite de Satan est rapportée en dernier.