Cet article a pour sujet l'économie politique selon la Bible qui nous rappelle les conséquences de la chute sur les conditions économiques, l'importance du travail et la nécessité de chercher des solutions à la lumière de notre foi.

Source: Le chrétien et la société. 4 pages.

Bible et économie politique

Notre vie tout entière est religion. Dans la vie chrétienne, il n’existe donc pas deux domaines artificiellement séparés l’un « spirituel » et l’autre « temporel ». En revanche, nous sommes invités par l’apôtre à assujettir « toute pensée » — j’ajouterai aussi toute pratique — à la seigneurie de Jésus-Christ.

Le domaine des activités économiques ne fait pas exception à cette règle. Est-il donc légitime de prôner une approche biblique aux problèmes économiques? Est-il possible et souhaitable d’élaborer des thèses inspirées par la Bible et qui soient efficaces pour la société moderne? Ce faisant, ne courons-nous pas le risque de parler un langage archaïque, ou ce qui serait encore pire, de nous introduire, par inadvertance, dans un domaine qui n’est pas de notre ressort, violer un territoire sur lequel nous n’avons pas le droit d’exercer une quelconque juridiction? Dans les limites d’un article aussi bref que celui-ci, nous ne saurions offrir autre chose que des indications sommaires; proposer surtout une orientation biblique.

Notre objectif est de placer notre personne, ainsi que toutes nos activités devant Dieu, de tenir compte de ses directives. Nous le pouvons, car nous sommes en possession de nombreux éléments bibliques pour le réussir. En tenant compte des données bibliques, nous serons en mesure d’examiner la situation et de proposer des solutions appropriées.

Les experts modernes en matière d’économie politique peuvent faire des analyses remarquables, mais en dehors de la révélation biblique ils ne trouveront jamais un terrain solide sur lequel se tenir, et, par conséquent, ils resteront toujours dépourvus de l’autorité et de la certitude nécessaires pour dénoncer avec justesse, ou combattre avec efficacité, des maux économiques tels que l’inflation, la dépression, la récession… Quelles sont donc ces données bibliques au sujet de l’économie?

1. Dieu, lisons-nous dans le livre de la Genèse, a maudit la terre après la chute. La crise économique moderne, comme celle des temps anciens, n’est que la conséquence de la crise écologique originelle. La terre refuse de nous donner de manière automatique le fruit de ses entrailles et de nous livrer en abondance les ressources naturelles. Aussi, est-ce à la sueur de son front que l’homme doit gagner son pain et s’occuper de l’économie en général.

2. Si quelqu’un ne travaille pas, écrivait l’apôtre Paul, qu’il ne mange pas non plus! (2 Th 3.10). Il s’agit ici, bien entendu, des paresseux, des oisifs professionnels et de tous les parasites de la société qui vivent aux crochets de leur prochain…

La spéculation matérialiste ne trouvera jamais le chemin vers le monde utopique de ses rêves, vers le paradis terrestre, parce qu’elle ignore et même refuse de tenir compte de ces données bibliques fondamentales. Aucune révolution économique n’atteindra ses buts si elle refuse de prendre en considération la malédiction primitive dont fait état la Genèse. Personne ne saurait suppléer comme par enchantement à la pénurie des ressources naturelles. Aucun gouvernement et aucun système social ne viendront à bout des problèmes et des inégalités tant qu’il y aura des citoyens qui refuseront de travailler. Toute ignorance de ces données bibliques déclenchera inévitablement la tempête et engendrera le chaos économique. Et ce chaos est, hélas, bien présent!

Le livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament, l’un des plus pratiques et « terre à terre » qui soient, adresse un avertissement de cette nature. À plusieurs reprises, nous lisons sous la plume de l’auteur ce qui suit : « Quiconque hait Dieu aime [c’est-à-dire choisit] la mort. » On ne peut mépriser les ordonnances de Dieu et travailler à l’encontre des structures établies par le Créateur, sans se détruire et sans détruire la vie des autres.

Une rapide rétrospective s’impose. Dès le lendemain de la chute, Dieu met des restrictions externes pour empêcher que le mal ne s’étende partout. L’une d’entre elles est la barrière que constitue la différence, voire la multiplicité des langues. Une autre, la présence de pouvoirs ou d’instances supérieures, parmi lesquelles le gouvernement civil. De même, les liens du mariage limiteront considérablement l’individualisme de l’homme et son autonomie. À l’aide de ces moyens extérieurs, Dieu restreindra le pouvoir du mensonge et limitera la portée du refus de sa vérité.

La pénurie des ressources naturelles est le fait de la rébellion morale de l’homme contre son Créateur et la conséquence de la transgression des lois qu’il a lui-même établies, mais en « maudissant » la terre, Dieu incite l’homme à coopérer avec ses voisins, afin de découvrir de nouvelles ressources. En établissant des barrières d’ordre linguistique, ethnique et culturel, parfois même géographique, Dieu restreint et limite les capacités de l’homme tout en l’obligeant et en l’incitant à la coopération en vue de la construction d’une société. Ce faisant, il empêche aussi bien une unification politique gigantesque qu’une autarcie individualiste trop fragmentée. Dieu veut empêcher l’homme de décupler sa capacité de faire le mal à l’aide d’un système politique monolithique qui risque toujours de devenir totalitaire. Rappelons ici la haine qui parcourt les pages de la Bible contre toute dictature et toute tyrannie.

Depuis les pharaons d’Égypte, en passant par les empires des Assyriens et des Babyloniens, c’est un long et éloquent réquisitoire qu’elle dresse contre l’homme et ses structures, qui s’emparent du pouvoir et cherchent à se hisser à la place de Dieu. Personne ne nous démentira si nous affirmons que les problèmes souvent aigus de l’économie, ancienne ou moderne, sont toujours liés à l’effusion du sang des pauvres et des faibles.

Quelle est la part de responsabilités des experts en la matière? Par une prétendue et fausse neutralité religieuse, les chercheurs de tout ordre, y compris les économistes, ne posent jamais la vraie question. Ils sont capables d’une brillante explication de la situation de fait, mais pas davantage. Ils n’iront jamais jusqu’aux racines du problème. Ils s’attaqueront aux détails d’une situation sans jamais apercevoir l’ensemble. Ils se contenteront de découvrir des possibilités techniques et s’émerveilleront de méthodes prétendues efficaces. Contre un tel aveuglement et une telle obstination, la foi chrétienne s’élève pour confesser sa foi au Dieu Créateur et en sa toute suffisance.

Je n’ignore pas que le chrétien et le non-chrétien sont confrontés à des problèmes qui paraissent quasi insolubles aux gens de notre époque. Pourtant, sans jamais perdre la tête, éclairés par la lumière de la révélation et conduits par des principes bibliques, les chrétiens poseront les vraies questions. Au lieu de s’épuiser à trouver la meilleure façon de juguler l’inflation, ils l’éviteront à l’aide d’une solution biblique…

Oui, les chrétiens doivent actuellement se préoccuper aussi de cette situation anormale qu’est l’inflation dans l’économie moderne.

L’économiste chrétien sait, à la suite d’autres chrétiens, qu’il n’existe pas de domaine privé et que la terre tout entière est la propriété de Dieu. Nul n’est omniscient, même et surtout pas les ordinateurs électroniques! Tout système qui prétend à l’omniscience et au pouvoir absolu est un système pervers, un véritable nœud de mensonge. L’homme ne pourra jamais devenir Dieu nulle part et d’aucune façon, pas même dans la zone des activités économiques.

La vie de la foi n’est pas une simple affaire de conviction privée. Elle ne saurait être privatisée sans danger de s’atrophier et de s’épuiser. Je n’ai pas de solutions immédiates et de nature technique à offrir, mais je sais que l’Esprit de Dieu et sa Parole nous aident et nous incitent à réfléchir à l’invention. Les slogans publicitaires chrétiens ne sont ici d’aucune utilité. Laissons les adeptes de Soga Gakkai ou d’autres gurus réciter leurs chapelets plusieurs fois par jour. Confesser la foi en Jésus-Christ, Seigneur du monde, n’est pas l’équivalent d’une quelconque incantation. En revanche, nous pouvons poursuivre une politique économique s’inspirant directement de notre confession qui affirme qu’en Jésus-Christ, Dieu réconcilie toutes choses, tant sur la terre que dans les cieux.

Autrement, nous laisserions aux empires démoniaques modernes, incarnés dans des systèmes politiques, sociaux et économiques, le pouvoir absolu, et au lieu de venir en aide aux affamés, nous ne pourrions leur offrir que des cailloux.

Faux neutralisme ici, sécularisation ouverte là-bas, attitudes spiritualistes stériles un peu partout, ont empêché les chrétiens de travailler pour le Royaume. Ils ont enterré les talents qui leur avaient été confiés par le Maître. D’autres ont goûté et ont pris goût à tous les cocktails des idéologies apostates, toutes farouchement opposées à l’Évangile.

Si nous refusions les présuppositions de l’Évangile, nous succomberions sûrement aux prises de position et aux assauts violents de l’athéisme pratique. Croire au Dieu trinitaire, à sa providence et à la finalité de sa création, selon ses desseins, ce sont là des articles de notre foi directement applicables dans toutes les sphères de nos activités quotidiennes.

La science véritable est celle qui commence sa recherche à cet endroit-là, par une telle confession. Autrement, elle sera une pseudoscience, elle compliquera plus encore que ne résoudra les problèmes de la vie moderne.