Cet article a pour sujet les institutions et les pratiques religieuses juives à l'époque du Nouveau Testament, le temple, les cercles de sainteté, la synagogue, les fêtes juives, les sacrificateurs, les lévites et le sanhédrin.

Source: Introduction au Nouveau Testament. 13 pages.

Le cadre religieux juif du Nouveau Testament - Les institutions et les pratiques religieuses

  1. Introduction
  2. Le Temple
  3. Les cercles de sainteté
  4. La synagogue
  5. Les fêtes
    a. Pâque
    b. La Pentecôte
    c. La fête des Tentes
    d. Le sabbat
    e. Le calendrier religieux et civil
  6. Le clergé
    a. Le souverain sacrificateur
    b. Les prêtres
    c. Les Lévites
    d. Le Sanhédrin

1. Introduction🔗

L’existence juive tout entière à l’époque de Jésus, comme antérieurement, est marquée par une pratique religieuse intense. Examinons quelques-unes des données les plus familières sur ces pratiques ainsi que les lieux où elles se déroulent et les officiels qui en sont chargés.

Durant l’Exil babylonien, une note spirituelle plus intense qu’antérieurement domine l’existence de la nation. Les Juifs sont privés du Temple et des rites habituels, mais la circoncision se pratique et l’on observe scrupuleusement le jour du sabbat. En outre, ils méditent la loi de Dieu. Il est fort probable que, mus par leur zèle religieux, ils se réunissent en assemblée afin de s’encourager mutuellement. Ces réunions se déroulent dans un endroit appelé synagogue, dont nous parlerons plus loin. Durant la période exilique, le culte ne pouvait être qu’une affaire de particuliers dispersés et non une pratique nationale. Aussi il perdit beaucoup de son aspect officiel pour revêtir davantage un caractère de piété personnelle.

Au retour de l’Exil, une nouvelle élaboration du culte au Temple voit de nouveau la célébration d’offrandes; offrande de sacrifices matin et soir jusqu’à l’époque d’Antiochus Épiphane IV qui, ainsi que l’on a vu dans la partie relatant l’histoire politique de cette période, a profané le lieu très saint en y introduisant une truie pour l’offrir sur l’autel.

Des holocaustes (du grec « olokautoma », sacrifice entièrement brûlé) et des offrandes pour l’expiation des péchés sont offerts le jour de sabbat et à la nouvelle lune, de même que durant les grandes fêtes annuelles. Au cours des années, voire des siècles, d’autres fêtes s’ajouteront à celles déjà existantes et observées avant l’Exil, notamment la fête des Purim, qui commémore la délivrance des Juifs par l’intervention d’Esther, reine dans la cour perse. Également la fête de la Dédicace qui commémore la purification du Temple par Judas Maccabée, en 165 avant J.-C.

D’autres éléments cependant s’ajoutaient à ces observations rituelles, notamment à cause de la multiplication des synagogues dans la Diaspora. Parmi eux, l’étude des livres prophétiques et de la Torah ainsi que la prière, accompagnée de louange et d’action de grâces. Conformément aux conceptions eschatologiques de cette période, la prière pour les morts semble s’être développée durant le 2siècle avant J.-C. L’origine en est attribuée à l’influence païenne et à des oblations que ces derniers offraient sur la tombe des trépassés; pourtant, elles en diffèrent en ceci que la foi juive s’inspire d’idées plus élevées et que les prières sont adressées à Dieu, non à des morts, en leur nom seulement. Les âmes ayant bénéficié de la prière d’intercession pourraient à leur tour apporter leur secours à des vivants.

Sauf dans des cercles pieux, plutôt restreints, le judaïsme dégénéra en pur formalisme et en un système légaliste. L’idée même de la transcendance divine semble passablement déformée, car on se représente un Dieu plutôt arbitraire dans ses jugements. Seule l’observance stricte de la loi, entendue et pratiquée comme un ensemble de préceptes rigoureusement légaliste, à la manière des pharisiens, estimait-on, pouvait assurer la justification. Ce même formalisme eut recours à des expédients extérieurs, voire hypocrites, pour parer à des faillites et à d’autres manquements. Ainsi, des œuvres de piété, bien que non prévues par la Torah et les traditions, et l’observation scrupuleuse des détails superflus feront de l’homme pieux, c’est-à-dire du pharisien, un homme orgueilleux et un propre juste. C’est contre cette perversion de la piété que Jésus s’élèvera avec vigueur.

2. Le Temple🔗

À tout point de vue, le Temple constitue le centre de la vie d’Israël. Le premier, on se souvient, avait été construit par Salomon et fut détruit, au début du 6siècle (586) lors de la prise de Jérusalem par les armées de Neboukadnetsar.

Le second Temple, lui, fut élevé après le retour d’Exil sous la direction du prince Zorobabel grâce à l’impulsion spirituelle donnée par le prophète Aggée. De dimension bien modeste, il a été profané par un souverain païen. Restauré et agrandi, quoique non achevé, par les soins d’Hérode le Grand à partir de 20 avant J.-C., il est détruit en l’an 70 de l’ère chrétienne, lors du siège de Jérusalem. L’historien juif Flavius Josèphe décrit le bâtiment dans les termes suivants :

« Rien dans l’aspect extérieur du temple n’était omis pour frapper l’esprit et le regard. En effet, comme il était recouvert de tous les côtés par d’épaisses plaques d’or, dès le lever du soleil il réfléchissait la lumière avec une telle intensité qu’il obligeait ceux qui le regardaient à détourner les yeux comme devant des rayons du soleil. Pour les étrangers arrivant de dehors, il apparaissait de loin comme une montagne enneigée, car dans les parties où il n’était pas recouvert d’or il l’était d’un marbre des plus blancs. Au sommet, il était hérissé de pointes d’or acérées pour empêcher les oiseaux de se poser et de souiller la toiture.1 »

Cette impression de magnificence est partagée par d’autres témoins de l’époque. Les contemporains de Jésus devaient être émerveillés en arrivant au sommet d’une colline et découvrant la ville avec, au milieu, une tour de 50 mètres de hauteur, équivalente d’un immeuble de quinze étages, plantée sur un immense terre-plein de 480 mètres de long sur 300 de large et surplombant une bonne partie de la ville, elle-même entourée d’un mur qui formait un véritable rempart.

Pénétrons sur ce terre-plein : Juifs et païens y ont accès. On remarque deux immenses portiques, sous lesquels sont installés les marchands de bœufs, de moutons, de colombes, d’huile et de farine, éléments nécessaires au culte; des changeurs de monnaies aussi, ne l’oublions pas, car la circulation des différentes monnaies à l’intérieur de la Palestine rendait indispensable une telle profession. La monnaie officielle du Temple est frappée du temps d’Alexandre Jannée (103-76 avant J.-C.) et elle a le même poids que celle de Tyr (raison pour laquelle elle est appelée monnaie tyrienne). Le centre du terre-plein est surélevé par rapport à l’ensemble; des stèles écrites en grec et en latin en interdisent, sous peine de mort, l’entrée à tout incirconcis.

Par des marches, on accède à la terrasse centrale sur laquelle se trouve élevé l’édifice du Temple. Neuf portails, quatre au nord, quatre au sud et un à l’est, y donnent accès; ces neuf portails :

« … étaient recouverts d’or et d’argent sur toute leur surface. L’étaient aussi leurs montants et leurs linteaux; un seul, à l’extérieur du sanctuaire, l’était en bronze de Corinthe, surpassant largement en valeur les portails plaqués d’or et d’argent. Chaque portail avait deux portes de trente coudées de chacun [15 m] et de quinze de large » (Josèphe).

Cette porte corinthienne est sans doute la Belle Porte mentionnée dans Actes 3.2.

On traverse ensuite le parvis des femmes, puis celui des hommes et celui des prêtres qui entoure l’autel des sacrifices. Derrière cet autel se dresse le Temple proprement dit, sorte de cube mesurant 50 mètres en longueur, largeur et hauteur. À l’intérieur, la salle nommée Saint contenait au centre l’autel des parfums, à gauche la table des pains des propositions ou d’offrande, à droite le chandelier à sept branches; le Saint des Saints, lui, est entièrement vide (dans le Temple de Salomon, il contenait l’arche de l’alliance). Il est fermé non par un mur, mais par un double rideau (le voile du Temple); seul le souverain sacrificateur, quoiqu’avec une grande crainte, avait le droit d’y pénétrer une fois par an, le jour de la fête des Expiations; c’est le lieu même de la présence du Seigneur.

Un certain nombre de bâtiments annexes sont accolés au mur du Temple; ainsi la salle du Sanhédrin, les réserves pour le bois, le vin et l’huile destinés au culte, la salle du trésor. D’autres éléments décoratifs, comme des grappes de raisins en or, de la taille d’un homme, sont vues sur le fronton et de nombreuses teintures, faites de tissus précieux, importés des pays lointains.

Quand Josèphe parle de marbres éclatants de blancheur et d’or étincelant, il doit passablement enjoliver, à moins que les prêtres (les seuls à pouvoir pénétrer dans cette partie du sanctuaire) ne nettoient régulièrement les murs; en effet, l’autel est un sérieux foyer de pollution; il n’a aucun point commun avec les autels des églises romaines. Cet autel carré de 25 mètres de côté et de 7,50 mètres de haut, auquel on accède par un escalier, ressemble davantage à un incinérateur ou à un four crématoire, dépourvu de système de récupération et de filtrage de fumées, l’essentiel du culte consistant à brûler entièrement la victime (holocauste) ou bien, au moins, les viscères et la graisse (sacrifices pour les péchés et sacrifices de communion). Seules les peaux ne sont pas consumées et elles sont acquises par les sacrificateurs. Pour le feu, on emploie du bois relativement précieux associé à de l’encens dont le parfum sert à atténuer l’odeur de la viande carbonisée.

Chaque jour, on immole comme sacrifice perpétuel d’Israël à Dieu deux agneaux d’un an; un le matin, un autre le soir. L’empereur romain fait également sacrifier (à ses propres frais) deux animaux, on ne sait quels, l’un pour lui-même l’autre pour l’empire. Notons au passage une différence notable; alors que tous les autres peuples de l’empire doivent immoler à l’empereur, ici on offre un sacrifice en son nom. Nous ignorons le rituel exact de ces sacrifices officiels; si un grand-prêtre désigné par le sort y officie, il est probable que les autres prêtres de service l’assisteront et que les lévites musiciens interviennent. Durant le reste de la journée se succèdent les sacrifices privés; là encore, le chiffre en est inconnu, mais il doit être élevé, notamment en période estivale (époque des voyages) et surtout au moment des grands pèlerinages. Si Hérode, en l’an 20 avant notre ère, a décidé d’agrandir le Temple, la raison en est bien entendu tout à fait politique, car il désire gagner la faveur des Juifs. Mais ceux-ci n’ont pu accepter cette mesure, laquelle dut leur poser des problèmes d’ordre rituel et des difficultés pour maintenir le culte, si cela n’avait correspondu à un besoin effectif. Actes 21.26 suppose qu’il faut prendre rendez-vous pour offrir un sacrifice. Il est vrai aussi qu’Actes 20.16 laisse entendre que Paul est arrivé au moment d’un pèlerinage, mais on ne peut en conclure que les prêtres ne chômaient pas!

L’Israélite qui veut offrir un sacrifice commence par entrer dans le Temple acheter de la farine et de l’huile nécessaires pour pratiquement toutes les offrandes. Puis il pénètre dans la seconde enceinte et se dirige vers le parvis d’Israël. Il se présente à un prêtre, lequel sera reconnaissable à sa tenue spéciale (vêtement de lin blanc). Ce dernier l’emmène alors à travers le parvis des prêtres, qu’un laïc peut emprunter pour les circonstances jusqu’au pied de l’autel. Si, dans l’Ancien Testament, c’était l’offrant qui égorgeait personnellement la victime, il semble qu’au premier siècle de notre ère ce rôle soit dévolu au prêtre, sauf pour le rite de l’agneau pascal, immolé par le chef de famille, car c’est le peuple tout entier qui, selon Philon d’Alexandrie, est élevé ce soir-là à la dignité sacerdotale. Puis l’animal est dépecé et les quartiers sont répartis selon les prescriptions de la loi. Prières ou bénédictions accompagnent ces rites, mais elles ne nous sont pas connues. Une femme ou un non-circoncis peuvent faire offrir un sacrifice, cependant il leur est interdit de pénétrer dans le cœur du Temple; ils ne peuvent accompagner et seconder le prêtre.

3. Les cercles de sainteté🔗

Nous venons de parler d’emplacements bien précis, de parvis (des femmes, des Israélites), ce qui nous amène à considérer plus profondément la conception juive de la sainteté. En caricaturant à peine, on pourrait dire que, pour Israël, Dieu seul est le Saint, le Pur, le Séparé, le Parfait, mais que l’homme et la création en général sont profanes, impurs, voire banals, imparfaits. La simple proximité ou le contact physique risque de communiquer ou de contaminer une partie de ce que l’on est. L’homme peut communiquer son impureté à son semblable, mais pas sa sainteté. En revanche, Dieu communique sa sainteté à tout ce qui l’approche, une sainteté de plus en plus diffuse et faible au fur et à mesure qu’on s’éloigne de lui. On pourrait représenter cela sous forme de cercles concentriques.

Au centre est placé le lieu sacré par excellence, le lieu où Dieu a fait reposer sa gloire (1 R 8.10-11), le Saint des saints. Puis vient le Saint, où les prêtres sont autorisés à entrer. Viennent ensuite l’autel sur lequel tous les sacrifices sont offerts et l’espace entre l’autel et le Saint qui est strictement réservé aux prêtres, et puis le parvis des prêtres dans lequel des prêtres inaptes au culte, handicapés de toutes sortes, ont leur accès. En cinquième et sixième position viennent les homme israélites adultes, puis les femmes. Les païens sont les derniers à pénétrer dans ce cercle. Ces cercles eux-mêmes s’inscrivent dans un contexte beaucoup plus large. Autour du temple, l’espace sacré par excellence se trouve la ville de Jérusalem, puis le pays d’Israël et enfin le reste de l’univers.

Suivant son état, circoncis ou non, pur ou impur, l’humain peut s’avancer plus ou moins dans ces « degrés » de sainteté. Tant qu’il reste dans les limites qui lui sont imparties, il n’y a aucun problème, mais s’il les franchit, son impureté « profanera » le lieu dans lequel il est indûment entré, et alors il rompt l’équilibre voulu par le Seigneur. De même, quand Jésus touche un lépreux pour le guérir, il prétend le purifier, lui donner sa sainteté, alors que pour les Juifs il ne fait qu’en recevoir l’impureté.

4. La synagogue🔗

Le Temple est le lieu qui polarise toute la vie religieuse, politique, économique d’Israël. Mais dans le quotidien de la vie, une autre institution, la synagogue, revêt une grande importance. Il n’existe qu’un seul Temple où l’on monte à certaines occasions (au moins une fois dans sa vie si on réside loin de la Palestine). Mais le moindre village possède sa synagogue; c’est là finalement que se forgent la mentalité et la piété d’Israël.

Comme le terme église, celui de synagogue semble recouvrir deux réalités : le rassemblement pour la prière des croyants et l’édifice matériel où il a lieu. Actes 16.13 laisse entendre que le bâtiment est secondaire par rapport au rassemblement.

La synagogue est généralement un bâtiment rectangulaire orienté vers le Temple. L’essentiel du mobilier se compose d’une armoire dans laquelle sont soigneusement conservés les rouleaux de la Torah et des prophètes. Certaines d’entre elles ont des bancs de pierre ou de bois placés au long des murs. Ce bâtiment est utilisé au maximum et pas seulement pour l’office du sabbat. Il devint très vite le lieu de l’éducation des enfants et des jeunes. À qui appartient ce bâtiment? Habituellement, semble-t-il, à la communauté locale, chacun participant à la construction et à son entretien. Mais il arrive qu’elle soit la propriété d’un individu et cédée ou offerte à la communauté.

Les origines du rassemblement synagogal ne nous sont connues que par des sources littéraires particulièrement obscures sur ce point. Il semble certain qu’il faut en chercher l’origine dans l’Exil babylonien. Ainsi que nous l’avons déjà signalé, ce désastre national fut une épreuve très douloureuse pour la foi, provoquant jusqu’à l’apostasie d’un certain nombre, la destruction du Temple et l’arrêt du culte. La cessation du culte semble offrir la preuve que les dieux babyloniens étaient plus forts que le Dieu d’Israël. Mais d’autres Juifs, préparés par la prédication de Jérémie et surtout celle d’Ézéchiel qui vécut avec eux en déportation, découvrent un sens à ce qui advient : Dieu n’abandonne pas son peuple; au contraire, il cherche à le purifier.

Le culte officiel s’exprime par la méditation focalisée sur les événements passés et présents et la prière. Les croyants commencent à se rassembler comme ils le peuvent pour raviver mutuellement leur foi commune en l’intervention divine. Les prêtres ont certainement un rôle important et, en retour, tout cet effort de réflexion contribue largement à la formation de la tradition sacerdotale et à l’intense activité littéraire de l’époque. Il arrive qu’on se réunisse pour cette réflexion près de la ville ou l’on est déporté sur une plage, le long d’un fleuve.

L’habitude de ses rassemblements est-elle maintenue en Palestine après le retour d’Exil? On a commencé par reconstruire le Temple et restaurer le culte officiel. Mais en Palestine même, ce mouvement synagogal semble se développer sous l’impulsion d’Esdras et de Néhémie; la description donnée par Néhémie 8 présente un bel exemple d’un tel rassemblement. De leur côté, les Juifs restés en Babylonie et ceux qui se sont dispersés dans le vaste monde connu d’alors (Diaspora) éprouvent le besoin de ces rassemblements indispensables pour maintenir leur foi au Seigneur et pour affirmer leur conscience d’appartenir toujours au peuple élu. Le mouvement se généralise et, au premier siècle de notre ère, chaque communauté juive possède alors la sienne. Des villes comme Jérusalem, Rome, Alexandrie ou Antioche en possèdent un grand nombre (480 à Jérusalem d’après la tradition rabbinique). On croit à cette époque que cette institution est aussi ancienne que le peuple lui-même.

Le déroulement du culte à la synagogue est centré sur la prière et la méditation des Écritures. On commence par réciter le « Shema », le credo d’Israël (Dt 6.4-5). D’emblée, on affirme l’unicité de Dieu et le lien très fort qui l’unit à son peuple. Puis viennent un certain nombre de prières dites par le responsable de l’office et auxquelles s’associe l’ensemble des assistants par un amen solennel. Elles visent à la fois les besoins de la vie courante et le grand désir du peuple de voir l’instauration de l’ère messianique.

Le Talmud nous a transmis la prière appelée « Shémoné Esré » ou dix-huit bénédictions, mais il aime aussi à codifier des éléments qui ne l’étaient pas toujours au premier siècle. Certaines de ces bénédictions sont assurément postérieures à la ruine du Temple et les deux versions de cette prière que l’on connaît ne sont pas identiques; aussi on peut se demander si au premier siècle on n’a pas un canevas de prière plutôt qu’un texte fixé.

Ensuite se déroule la lecture de la Parole de Dieu. Il s’agit sans faute d’un texte de la Torah. Il n’est pas question de le réciter par cœur. On doit le lire dans le texte hébreu. Mais beaucoup de Juifs ne savent pas, ou plus, leur langue classique. Le lecteur s’arrête donc après chaque verset et un autre membre de la communauté le traduit en araméen. Cette traduction est parfois littérale, mais souvent aussi c’est une paraphrase qui fait le lien avec d’autres passages bibliques ou qui introduit toute une théologie. C’est le Targum. Tout Juif mâle adulte, c’est-à-dire de plus de douze ans, peut lire la Torah. On a sans doute une certaine liberté pour choisir le passage qui est lu, encore qu’à l’approche des fêtes on cherche des textes qui parlent de cette solennité. La liste des morceaux pour chaque sabbat ne sera fixée que bien plus tard. Ensuite, vient la lecture d’un passage prophétique selon les mêmes principes, mais avec un choix encore plus large. Souvent, le texte, prophétique notamment, est choisi en fonction de la lecture de la Torah, mais la codification sera plus lente encore à établir.

Avant ou après cette lecture, intervient la prédication que tout Juif adulte peut faire. Elle semble consister souvent en des paraphrases explicatives du texte biblique, à grand renfort de citations prises en dehors de tout contexte et de toute considération d’ordre historique. Ces commentaires sont à la fois une exaltation et une glorification du Très Haut, une formation théologique dispensée au peuple tout entier et une exhortation à vivre selon la loi. Après quoi l’office prend fin.

Cette action liturgique ne comportant aucun élément sacrificiel, le prêtre n’y a aucune place déterminée, sinon pour une bénédiction qui intervient à la fin de la première partie et qui lui est normalement réservée. S’il n’y a pas de prêtre, le président de l’assemblée le remplace.

Tout Juif peut lire la Torah et en faire le commentaire, mais tous ne le font pas, le petit artisan ou le paysan qui a peiné toute la semaine n’a pas souvent la compétence nécessaire pour parler et il doit être heureux de céder sa place à quelqu’un de plus compétent (scribe) ou à quelque personnage de passage. En pratique, ce sont les scribes et les pharisiens qui animent ces réunions cultuelles. Cela leur permet de propager leurs idées et d’accroître leur influence sur le peuple. Sans la synagogue, ils n’auraient jamais eu le rôle qu’ils se sont donné et le prestige dont ils jouissent. Pour célébrer la prière commune, il faut réunir au moins dix hommes adultes libres, sinon on y renonce. Il advint que cette prescription vale à un esclave juif sa libération anticipée, sans elle on n’aurait pas atteint le nombre minimum!

5. Les fêtes🔗

Trois fêtes jouent en Israël un rôle important. Ce sont des moments où le peuple tient à se rassembler pour manifester la solidarité qui unit ses membres et pour célébrer les grandes interventions du Seigneur, le Libérateur de son peuple. Ce sont les trois fêtes de pèlerinage : Pâque, Pentecôte et la fête des Tabernacles ou des Tentes.

a. Pâque🔗

Pâque est le souvenir de la libération d’Égypte. Lors de cette Pâque, 180 000 pèlerins se rassemblent dans la ville qui, en temps normal, ne compte peut-être que 25 000 habitants! Ces pèlerins ne peuvent se loger tous dans la ville sainte; aussi pour les circonstances on en agrandit les limites. Au soir du 14 nisan, les chefs de famille viennent au Temple avec un agneau à immoler. Puis chacun rentre chez soi où il dépouille l’animal et le rôtit. Pendant ce temps, l’épouse a ôté de la maison tout ce qui pouvait ressembler à du pain fermenté ou levé et a préparé des galettes non levées et fait bouillir des herbes amères. Commence alors le repas de la fête. Le repas est pris dans une position allongée sur des divans, à la mode romaine. Le vin est de rigueur. Si quelqu’un est trop pauvre pour s’en procurer, le Temple lui donne de quoi remplir les quatre coupes réglementaires. Durant ce repas, les Psaumes du Hallel (Ps 113 à 118) sont chantés par toute la famille, scandés de bénédictions du père sur des coupes de vin.

Les enfants surpris posent des questions : « Pourquoi tout cela? » Alors le père explique le sens des différents rites et développe surtout le souvenir de l’intervention de Dieu lors de la sortie d’Égypte.

La semaine qui suit voit des jours de réjouissances devant Dieu. L’animation est telle que le procurateur romain, toujours soucieux du maintien de l’ordre, aura quitté la ville maritime de Césarée pour contrôler de près la situation. Josèphe signale que les principaux signes avant-coureurs de la révolte juive en 66 eurent précisément lieu à l’occasion de tels pèlerinages.

b. La Pentecôte🔗

Comme l’indique son étymologie grecque, cette fête tombe cinquante jours après la Pâque (Dt 16.9). Le livre de l’Exode la nomme fête de la moisson ou des semaines. À sa célébration est rattachée l’alliance du Sinaï, occasion du renouvellement de l’alliance.

c. La fête des Tentes🔗

D’après Lévitique 23.43, cette fête doit rappeler qu’à leur sortie d’Égypte Dieu a fait habiter les enfants d’Israël sous des huttes. La dédicace du Temple de Salomon coïncide avec cette fête. Elle est la plus spectaculaire de toutes. Pour la célébrer, chaque famille doit construire aux environs immédiats de Jérusalem une hutte de branches dans laquelle elle va vivre pendant une semaine (Jn 7.37).

Parmi les autres fêtes, mentionnons le jour des Expiations, la Rosh Hoshanah, la Dédicace, les Purim.

d. Le sabbat🔗

Les fêtes de Dieu (Lv 23.4) sont, mot à mot, des rendez-vous annuels que Dieu donne à son peuple pour sanctifier le temps. Le sabbat joue le même rôle, mais selon un rythme hebdomadaire.

La valeur religieuse du sabbat a été développée en deux directions. L’une insiste sur l’aspect social; l’homme, spécialement l’esclave, doit pouvoir se reposer; cet aspect libérateur du sabbat est rattaché à la libération donnée par Dieu lors de l’Exode. Le sabbat a aussi été rattaché à la création; le septième jour, Dieu cessa, mot à mot, « fit » sabbat.

La pratique du sabbat a été codifiée de plus en plus strictement au cours des âges, tendant à devenir parfois une sorte d’absolu pesant lourdement sur l’homme. Jésus lui a redonné sa signification primitive en déclarant : « Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2.27).

e. Le calendrier religieux et civil🔗

Faute de connaissances astronomiques précises, les anciens ne pouvaient lire leur calendrier sans comporter de sérieuses inexactitudes. Aucune des méthodes imaginées ne réussissait à opérer une division du temps qui ne laissa subsister quelque vide dans le cours de l’année. Les Égyptiens, par exemple, prenaient pour base de leurs calculs le jour. Ils en comptaient, comme nous 365 par an et divisaient l’année en 12 mois de 30 jours chacun, sans tenir aucun compte des lunaisons. Il leur restait ainsi cinq jours non incorporés aux mois. Chez les anciens Hébreux, c’est l’année dont la longueur n’était pas rigoureusement déterminée comme celle des Égyptiens, mais qui délimitait suffisamment, en pratique, le retour régulier des saisons. Les 12 mois étaient, comme plus tard chez les musulmans, des mois lunaires, mais se succédaient sans que l’on se souciât de faire coïncider le début de l’année avec le premier jour d’un premier mois. En un mot, les années d’une part, les mois d’autre part, suivaient leurs cours sans qu’on essayât de les synchroniser. L’inconvénient de ce système se voyait en la nécessité d’intercaler, de temps en temps, un treizième mois dans l’année.

L’année israélite, aux temps anciens, finissait en automne. C’était une année agricole. La clôture d’une période de vie agricole était très naturellement la rentrée des dernières récoltes. Le cycle de toutes les fêtes de l’année s’achevait par la fête des récoltes (voir Ex 23.16). La crise de l’Exil, sur ce point comme sur tant d’autres, introduisit en Israël de nouvelles habitudes. Il devenait tentant pour les déportés d’adopter le calendrier plus savant et mieux équilibré des Babyloniens. C’est ainsi que le commencement de l’année fut transféré de l’automne au printemps et en vint à coïncider avec la Pâque (Ex 12.2). Plus tard, sous les Séleucides et l’influence de leur calendrier, on revint, dans la vie civile tout au moins, à l’année commençant en automne, mais en conservant une année religieuse qui commençait au printemps.

Le mois étant lunaire était tantôt de 29, tantôt de 30 jours. Cette longueur variable ne dépendait d’aucune règle permettant de déterminer à l’avance si tel ou tel mois aurait 29 ou 30 jours. Il commençait, empiriquement, au moment où la nouvelle lune devenait visible dans le ciel.

Les noms des mois hébreux ont varié au cours de l’histoire. Les plus anciens de ces noms, conservés dans l’Ancien Testament, sont abib, le mois de la maturation des épis du froment; ziv, mois de la splendeur, mois des fleurs; éthanim, mois où les ruisseaux se remettent à couler; bul, mois de pluie. Ces noms, ainsi que les huit autres que nous ne connaissons pas, changèrent avec l’Exil et furent remplacés par les nombres ordinaux correspondants à la position qu’ils occupaient dans le nouveau calendrier qui inaugure l’année au printemps. Abib devint le premier mois, ziv le second, éthanim le septième, bul le huitième, etc. Plus tard, les Juifs prirent l’habitude de désigner les mois non plus par leurs nombres d’ordre, mais par leurs noms babyloniens; ceux qui sont mentionnés dans l’Ancien Testament sont nisan, sivan, éboul, kislev, tébet, chebat et adar.

Pour ce qui concerne la semaine, les Hébreux commencèrent vraisemblablement par suivre la méthode babylonienne consistant à diviser les 28 premiers jours du mois lunaire en quatre périodes finissant les septièmes, quatorzièmes, vingt-et-unièmes et vingt-huitièmes jours, la première semaine du mois commençant toujours à la nouvelle lune, ce qui présentait l’inconvénient de laisser chaque mois un ou deux jours hors de compte. On en vint vite, peut-être à cause de ce désavantage, à abandonner cet étroit rapport de la semaine et du mois. Les semaines se suivirent désormais sans ces intervalles illogiques, mais par suite, en dehors de toute considération d’ordre astronomique, les jours de la semaine ne semblent pas avoir été distingués les uns des autres par des noms. L’Ancien Testament du moins ne nous en rapporte qu’un, celui du septième, le jour du repos, le sabbat. On se contentait sans doute de désigner le jour dont on voulait parler en indiquant la position qu’il occupait dans la semaine, le troisième, le quatrième jour de la semaine. Le Nouveau Testament nous donne en outre le nom du sixième jour, celui de la préparation ou l’avant-sabbat.

Voici un tableau synoptique de l’année religieuse et civile juive :

1 (7) Nisan (mars-avril) : début de la moisson de l’orge; le 14, Pâque; le 15, pains sans levain; le 21, fin de la Pâque.

2 (8) Lyar (avril-mai) : moisson de l’orge.

3 (9) Sivan (mai-juin) : moisson du blé : fête de la Pentecôte, sept semaines depuis la Pâque; marque la fin de la moisson.

4 (10) Tammuz (juin-juillet).

5 (11) Ab (juillet-août) : vigne, figuiers, olives mûres.

6 (12) Elul (août-septembre) : début des vendanges.

7 (1) Tishri (septembre-octobre) : premières pluies, labourage; 1-2, fête des Tabernacles, Rosh Hashanah; début de l’année civile, fin des vignes et de la moisson d’olives. 10, jour de l’Expiation, Yom Kippour, jour de repentance nationale, jeûne et expiation; 15-21, fête des Tabernacles, commémoration du séjour sous les tentes en route pour Canaan, fête joyeuse.

8 (2) Heshvan (octobre-novembre) : semailles du blé et de l’orge.

9 (3) Kislev (novembre-décembre) : 25, fête des Lumières ou Dédicace, Hanukhah, commémoration de la dédicace du temple par Judas Maccabée (164 avant J.-C.), lumières brillantes dans le Temple, dans la région et dans les maisons juives.

10 (4) Tebeth (décembre-janvier) : mois pluvieux.

11 (5) Shebat (janvier-février) : Nouvel An.

12 (6) Adar (février-mars) : amandiers fleurissent; 14, fête des Purim, commémoration de la délivrance d’Israël à l’époque de la reine Esther, lecture publique du livre d’Esther dans les synagogues.

13 Adar Shemi, mois intercalaire.

Mentionnons encore que le matin, avant toute activité, et le soir, les hommes adultes prient. Tournés vers le Temple, ils récitent une prière de bénédiction puis le « Shema », ainsi que les premières et les dernières des dix-huit bénédictions, ou du « Shémoné Esré », certainement déjà en usage.

6. Le clergé🔗

a. Le souverain sacrificateur🔗

Au sommet de la hiérarchie se trouve le souverain sacrificateur. Depuis le retour de l’Exil en 538, du fait que la monarchie avait été abolie, c’est celui-ci qui progressivement devint la clé de voûte de la société juive. Il est responsable de la loi et du temple, et d’office, il est président du Sanhédrin. Il est seul à pouvoir entrer une fois par an au cœur du Temple dans le Saint des saints, le jour de la grande expiation. Sa mort est considérée comme étant expiatoire, car à cette occasion les criminels sont graciés.

En raison de ses fonctions, le grand-prêtre jouit d’une grande dignité, ce qui lui vaut une situation financière confortable; chaque soir, le premier, il choisit sa part parmi les offrandes faites au Temple et destinées aux prêtres. Le Temple est aussi pour lui une source de revenus, car il est devenu effectivement un centre de commerce important dû aux règles de pureté en vigueur pour les animaux que l’on veut offrir; les pèlerins sont pratiquement obligés d’acheter ces victimes dans le Temple même; par ailleurs, on achète beaucoup de bois précieux et autres objets de luxe, dignes de l’honneur du Seigneur. Tout ce commerce appartient à la famille du grand prêtre ou bien il est confié à de gros commerçants qui versent des pots-de-vin pour enlever le marché. Étant donné que ces moyens ne suffisent pas toujours aux appétits voraces du grand-prêtre et de sa famille, il s’en procure souvent d’autres. Il s’approprie par la force les peaux d’animaux égorgés, lesquelles en principe doivent revenir aux autres prêtres. Il va dans les fermes voler la dîme qui leur est également destinée. Il a recours à l’intrigue, au chantage, voire au meurtre.

Ce comportement, on s’en doute, ne favorisera guère la popularité du souverain sacrificateur, de plus en plus servile au pouvoir romain. Les Séleucides, puis Pompée, s’étaient permis de nommer un grand-prêtre lorsque le poste était vacant, du moins le nommaient-ils à vie. Hérode le Grand puis les procurateurs romains osèrent en destituer quand bon leur semblait; en plus d’un siècle et demi, il n’y eut que 13 grands-prêtres, mais par la suite, en un siècle, il y en aura eu 26! Autant dire que, pour rester en place, il faut absolument plaire au prince. Sur ces 26 temporaires, 25 proviennent de quatre familles. C’est dire l’ascendant politique autant qu’économique de ces familles et les intrigues ourdies entre elles. Elles formaient l’ossature du parti sadducéen.

Le grand-prêtre est aidé dans ses fonctions par un certain nombre de fonctionnaires appelés des chefs des prêtres, le commandant du Temple, responsable du culte et de la police dans le sanctuaire, qui supplée le grand-prêtre en cas de besoin; les chefs des 24 sections hebdomadaires, les sept surveillants du temple, responsables de l’entretien et les trois trésoriers. Ces postes sont occupés par des membres de la famille ou des amis du grand-prêtre.

b. Les prêtres🔗

Au nombre de 7000 environ, les prêtres sont chargés d’offrir des sacrifices et d’entretenir la partie centrale du Temple. Mais il n’y a pas besoin de tant de monde pour satisfaire aux besoins habituels du culte. Ils sont divisés en 24 classes ou équipes de service, chacun à tour de rôle, durant une semaine. Chaque matin de la semaine, on tire au sort ceux qui doivent tenir un rôle spécial dans la célébration du culte (Lc 1.9). Ce n’est que lors des trois grandes fêtes de pèlerinage que toutes les classes sont de service à la fois. Chaque prêtre exerce son sacerdoce au Temple cinq semaines par an. Le reste du temps, le prêtre est inoccupé; à l’occasion, il siégera comme conseiller au tribunal de son domicile lorsque sera jugé un cas exigeant la présence d’un sacrificateur.

Ce clergé est pauvre. Ses revenus sont constitués de deux éléments : la part prélevée sur les sacrifices et la dîme. Mais depuis longtemps, un certain nombre de Juifs oubliaient de payer la dîme et on voit mal d’ailleurs comment de petits paysans écrasés par le fisc ou des journaliers tirant le diable par la queue auraient pu la verser. Il est probable aussi que ceux-ci sont mis à l’écart parce que leur métier est méprisé, ils ne se hâteront donc pas à donner la dixième partie de leur revenu. Aussi, pour survivre, les prêtres doivent-ils exercer un métier; ils sont charpentiers, tailleurs de pierres, commerçants, bouchers. Quelques-uns poursuivent des études et deviennent scribes.

Très proches du petit peuple, tant par les revenus que par les conditions de travail et de vie, souvent pas plus instruits que lui, ils en épousent les idées. Au moment de la guerre juive, beaucoup, semble-t-il, feront cause commune avec les zélotes, espérant que le départ des Romains leur procurera un revenu plus substantiel et un statut social plus élevé.

Le sacerdoce est héréditaire; il se transmet aux fils à deux conditions : que l’épouse soit une véritable juive et non une juive bâtarde et que le fils soit physiquement et mentalement normal.

c. Les Lévites🔗

Les Lévites sont de vrais sous-prolétaires du temple. Ils sont environ 10 000 divisés eux aussi en 24 classes avec cinq semaines annuelles de service. Leurs revenus pour ce service semblent inexistants. Ils n’ont jamais eu droit à la part prélevée sur les sacrifices et la dîme qui autrefois leur était pourtant réservée, cette part leur ayant été confisquée, on ne sait trop quand, au bénéfice des prêtres. Hors de leur service, comme ces derniers, ils exercent des métiers les plus variés.

Dans le Temple, ils sont divisés en deux groupes : les Lévites musiciens qui s’installent entre le parvis des Lévites et celui des prêtres et qui animent les liturgies par leur chant ou par des instruments; les Lévites portiers qui veillent sur l’entretien du Temple, contrôlent l’accès aux différents cercles de sainteté, assurent la garde et la police dans le sanctuaire. Ces groupes sont rigoureusement distincts, car en principe celui qui accomplirait le travail dévolu à un autre groupe serait passible de mort!

d. Le Sanhédrin🔗

Le grand Sanhédrin, du grec « sunèdrion », est la Cour suprême d’Israël. Ses origines remontent sans doute à l’époque perse et ses premières mentions au règne d’Antiochus III (223-187). Il a été constitué sous Jean Hyrcan (134-104).

Comme dans les cités hellénistiques, le sanhédrin est un conseil qui assiste le grand-prêtre, chef suprême de la nation, lequel en est le président. Il comprend 71 membres, des anciens, les grands-prêtres déposés, des prêtres sadducéens, puis de plus en plus des scribes pharisiens.

Hérode le Grand limita ses pouvoirs, mais sous l’occupation romaine ils furent restaurés et même étendus. Cour de justice, il juge des délits contre la loi, fixe la doctrine et a l’œil strict sur toute la vie religieuse. On a beaucoup discuté, sans y voir trop clair, pour savoir si, à l’époque de Jésus, il détenait le pouvoir d’exécution capitale. En tout cas, pour prononcer une condamnation à mort, il fallait deux séances de 24 heures d’intervalle. Il avait une garde à sa disposition (Jn 18.3,12).

Après la catastrophe de l’an 70, il se reconstituera à Jamnia, mais désormais comme une institution toute différente dans sa compétence et son esprit.

Dans toute la Palestine, il existe de petits sanhédrins de trois membres dont l’un est le juge (Mt 5.25).

Note

1. Josèphe, Guerre des Juifs, V. 222-24.