Cet article a pour sujet le choix du conjoint avec qui on veut se marier. Plusieurs facteurs doivent être pris en considération dans ce choix, mais la recherche d'un conjoint chrétien et l'unité de la foi doivent être des facteurs primordiaux.

Source: Homme et femme il les créa. 5 pages.

Le choix du conjoint

Un homme et une femme se sont aimés, et voilà, issus de leur amour, nous leur devons notre existence. S’ils ne s’étaient pas rencontrés et connus, nous ne serions pas. Sans doute croit-on encore au coup de foudre, à l’amour aveugle… L’élément émotionnel, dans le choix du conjoint, semble dominer et éclipser toute autre considération. Il est pourtant étonnant que tant de mariages puissent durer encore, sachant combien la part d’accident ou de « hasard » a tenu un rôle déterminant dans maintes unions conjugales. Ou combien triviales ont été les raisons de tel ou tel mariage qui a réuni tel ou tel couple! Et avec quelle légèreté le fiancé ou la fiancée peuvent dire : « Nous avons été créés l’un pour l’autre »! Quand on pense que les éleveurs de chevaux de race ou de chiens de pedigree font tellement plus attention!

Le sérieux du choix dans le mariage sera mesuré en tenant compte que celui-ci est une relation à vie. On tiendra compte alors non de la situation plus ou moins brillante du fiancé ou du charme de la fiancée, mais davantage de la famille de l’un et de l’autre, de leur éducation et, surtout, de leur foi.

Je reconnais que cela a l’air fort peu romantique! Mais sait-on que le nombre de divorces diminue en proportion des mariages contractés pour d’autres motifs que celui d’un certain sentimentalisme? Là où le raisonnement et des arguments solides l’emportent sur une émotivité légère et sur les sens, là le mariage a plus de « chances » de réussir. À cet égard, il paraît souhaitable, recommandable même que les enfants, même à notre époque, puissent consulter leurs parents. Parfois, même de nos jours, on peut voir des mariages arrangés par les parents dont l’amour n’est pourtant pas absent, et qui offrent plus de garanties de solidité et de réussite que certaines unions contractées sur une simple attirance physique ou sentimentale, aussi ahurissante que cette opinion puisse sonner à certaines oreilles.

Mais les parents, eux, connaissent-ils leur véritable responsabilité à cet égard? Prient-ils pour que leur enfant rencontre le conjoint selon les normes de la foi chrétienne? Eux, au moins, savent que leur enfant fera un choix et prendra une décision qui le liera pour la vie, et ce, à un âge où il n’est pas tout à fait mûr, en tout cas pas avec toute l’expérience souhaitée. De toute façon, nul d’entre nous n’est d’une maturité exemplaire, aussi avons-nous besoin de la direction constante de celui qui veille sur chacun de nos pas (Gn 24.27). Dieu en personne prépare notre conjoint, notre semblable, comme compagnon ou compagne pour la vie. Il nous montrera celui ou celle qu’il a destiné pour nous.

Quelles devraient être les considérations présidant le choix du conjoint? L’essentiel, et cela va de soi pour le chrétien, c’est d’opérer le choix dans le Seigneur (1 Co 7.39). On ne peut pas avoir, avec son futur conjoint, tous les points en commun et se ressembler en tout. Cependant, si la foi fait défaut, on peut être certain que le mariage envisagé sera un échec dans ce qui est essentiel pour le croyant. Si la foi n’est pas partagée sous le toit du foyer que nous fondons, nous sommes aussi éloignés de notre conjoint que le pôle Nord l’est du pôle Sud.

Sans la communion dans la foi au même Dieu, rien ne peut être partagé dans une profonde et réelle communion. D’ordinaire, peut-être pour des raisons culturelles ou pour des motifs sociaux, on n’envisage pas le lien conjugal avec des gens appartenant à une autre race. Nous ne voyons aucune disposition biblique qui soit claire à ce sujet. L’Écriture ne nous interdit pas expressément d’épouser une personne ne faisant pas partie de notre race. Mais elle est tout à fait explicite lorsqu’il s’agit d’épouser une personne ne partageant pas notre conviction chrétienne. Et il est infiniment préférable d’épouser quelqu’un d’une autre race et dont la couleur de peau serait différente de la nôtre, s’il ou elle partage notre foi, qu’une personne qui, du même pays et de la même race que nous, la rejette. Il nous est demandé expressément de ne pas nous placer sous le même joug avec « des étrangers », c’est-à-dire sous celui des incroyants (2 Co 6.14). Un tel avis concerne autant le mariage, à plus forte raison le mariage, faudrait-il dire, que d’autres sphères d’activités et d’autres choix.

Celui qui s’attelle à un mariage mixte ne sait pas à quoi il s’engage. Le croyant ferait bien de tenir compte de cet avis biblique, car, comme nous l’avons appris, le mariage n’est pas une simple convention sociale, mais une institution divinement établie et organisée d’après des normes révélées. Il conduit à l’union totale de deux personnes. Or, le mariage mixte ressemble à un mélange d’eau et d’huile. Il pourrait y avoir une union légalisée aux yeux de la société, et pourtant, cette union pourrait être différente du mariage chrétien, comme la nuit est différente du jour. Il ne suffit pas d’avancer que « mon fiancé, ma fiancée, ne s’oppose pas au christianisme ». Au regard de la Bible, l’indifférence et la neutralité sont équivalentes à une opposition ouverte contre Dieu. « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi », disait Jésus (Mt 12.30). Aux yeux de Dieu, celui qui ne vit pas dans et par la foi est spirituellement mort. Il est membre d’une race anti-Dieu. Il est « néant » (Ép 2.1; 1 Pi 2.9-10).

Dans un mariage mixte, on voit réunis l’enfant de Dieu avec l’enfant de « ce siècle ». Comment peut-on être heureux si on se place dans des positions qui sont fondamentalement opposées? Le prophète Amos écrivait : « Deux personnes peuvent-elles marcher ensemble si elles ne sont pas d’accord? » (Am 3.3). L’incompatibilité religieuse entre époux est rarement un motif valable pour divorce. Pourtant, si on examine la situation à fond, elle semble constituer l’une des causes les plus fréquentes de conflits conjugaux. Là où les conjoints ne partagent pas la même foi, les troubles surgissent plus nombreux que l’on ne semble disposé à l’admettre. Ce qui est encore plus navrant, c’est de constater qu’au moment de contracter leur mariage, les futurs époux n’aient même pas été avertis de cette incompatibilité fondamentale. Personne ne leur avait ouvertement présenté le danger qui les attendait…

Nous ne soutenons pas que l’entente religieuse soit un facteur magique d’harmonie et la garantie absolue d’une parfaite union conjugale. Un mariage, pour réussir, dépend de nombreux facteurs, dont certains plus importants que d’autres : intérêts identiques, compréhension mutuelle, dévouement réciproque, amour et respect total. Il n’en demeure pas moins que, sans la communion de la foi, un couple court presque inévitablement vers l’échec.

Le pasteur Peter Eldersveld, le fondateur de l’émission radiophonique The Back to God Hour, dont Perspectives Réformées constitue la branche française, employait une illustration vivante et concrète pour exprimer cette vérité.

« Que diriez-vous, mon jeune ami, si en décidant de voyager, vous vous rendiez à l’aéroport ou à la gare la plus proche prendre un billet en direction du midi? Dans la salle d’attente, vous rencontrez une jeune personne, tout à fait charmante, qui vous séduit et avec laquelle vous entrez aussitôt en conversation. Vous lui posez la question : Où avez-vous l’intention de vous rendre? Elle répond que c’est la direction septentrionale du pays qu’elle a décidé de prendre. Quelle bonne idée, lui dites-vous! Et aussitôt de lui suggérer : Nous pouvons donc très naturellement voyager ensemble. Votre interlocutrice, si elle est sensée, trouvera votre idée bizarre, à moins qu’elle n’y voie qu’une plaisanterie de galopin. Mais non, vous insistez, vous qui avez pris le billet pour le midi, pour voyager en compagnie de celle qui se rend dans une direction tout à fait opposée. »

Illustration peu convaincante? Histoire absurde? Pas un seul écervelé n’irait jusqu’à ce point, j’en conviens. Mais n’est-ce pas exactement ce qui se produit dans tant d’unions de chrétiens qui ont choisi des conjoints non chrétiens? L’un et l’autre avaient choisi d’emprunter un itinéraire tout à fait opposé. Un optimisme naïf leur a fait penser qu’une fois en route le partenaire allait faire demi-tour et s’engager dans la même direction qu’eux. L’important c’est l’amour, disent-ils, peu importe la direction vers laquelle on regarde. La question de la foi est secondaire, elle peut attendre. Poussant même plus loin leur naïveté, ils déclarent fermement : Mais je m’en vais le ou la convertir!

Puis-je me permettre de vous rappeler que le foyer conjugal n’est pas une société d’évangélisation et que la vie à deux n’est pas nécessairement un champ de mission où le pauvre conjoint non chrétien doit être converti presque de force? Je crois que le zèle intempestif de bien des épouses chrétiennes harcelant sans répit leur pauvre mari pour qu’il se convertisse et se jette dans les bras du Sauveur ne finisse par lasser le mari, non pas des bras du Seigneur, mais de la langue de sa chrétienne de femme, plus naïve et légère que véritable témoin de Jésus-Christ. On n’assomme pas son conjoint à coups de versets bibliques, mais on l’aime et on le respecte, puisqu’au départ on l’a accepté et on a promis de l’aimer tel qu’il est…

Quelles sont les raisons qui militent contre le mariage mixte? D’abord celles concernant les époux eux-mêmes. En tant que chrétien, vous ne voudriez à aucun prix porter préjudice à qui que ce soit. Pourquoi le faire à celui ou celle que vous prétendez aimer le plus au monde? Comment tenir une promesse faite au Christ vis-à-vis de celui ou de celle qui ne se préoccupe nullement de votre foi et de votre Seigneur? Un mariage mixte cherche en vain à unir deux personnes dans le domaine où elles ne peuvent pas l’être, à moins qu’il ne se produise un changement profond. Il est fort possible d’être légalement unis, d’avoir beaucoup d’affection mutuelle et de rester fidèles aux vœux. Un amour vous sépare quand même de votre conjoint non chrétien. Chacun vivra à part dans ce domaine essentiel, isolé, avec le sentiment poignant qu’il n’a pas réussi une union totale et qu’il vit seul au niveau de la foi. Vous ne pourrez pas prier Dieu ensemble, lire sa Parole, aller au culte en famille, et lorsque la mort viendra vous séparer, à moins que Dieu fasse la grâce du salut au conjoint non chrétien en cours de route, vous savez que c’est là une séparation définitive, pour l’éternité…

Une deuxième raison qui s’oppose à un tel mariage est sans doute la situation qui attend les enfants. Ils sont les premières victimes d’un toit divisé pour des raisons de foi religieuse. S’il est vrai que des enfants de parents divorcés peuvent être très perturbés, il est vrai aussi que des familles dont les parents n’appartiennent pas à la même famille spirituelle peuvent l’être aussi. L’enfant peut vivre un véritable déchirement lorsqu’il vit avec ses parents qu’il aime et qu’il sent profondément séparés sur l’essentiel. Nos enfants possèdent une sensibilité aiguë, surtout en ce qui concerne les problèmes sérieux pouvant exister entre leurs parents, même lorsque ceux-ci essayent de les leur dissimuler. On ne peut pas tromper facilement les enfants dans ce domaine. Incapables de faire un choix, ils finissent souvent par rejeter et le père et la mère, et parfois aussi, par la suite, la société dans laquelle ils vivent. En effet, comment pourraient-ils vivre dans une ambiance religieuse polluée, génératrice de conflits et de tensions? Et si vous vous consolez avec une légère insouciance, comme le font certains, en disant qu’après tout, la religion, ils n’ont qu’à la choisir quand ils auront l’âge, vous commettez une erreur plus grave encore. Et cela, pour la simple raison qu’il ne peut y avoir de neutralité religieuse et que l’une des tâches des parents c’est d’élever leurs enfants dans la foi.

Le Christ invitait les enfants à aller vers lui. Les en empêcherions-nous, par égoïsme ou par souci de « neutralité »? Dieu nous en demanderait compte, soyons-en sûrs. Un mariage mixte est une guerre civile larvée. Et les enfants issus d’un tel foyer pourront rarement échapper à de graves problèmes. Même s’il y a des exceptions, il ne faudrait pas trop compter dessus.

Une troisième raison pour laquelle le mariage mixte devrait être exclu est celle de la vie de l’Église. Sa survie en dépend en partie et les mariages mixtes sont l’une des causes les plus graves et les plus répandues de son effondrement actuel. L’Église a du prix aux yeux du Christ qui l’a libérée et qui la veut comme épouse. Selon des statistiques bien établies, plus de 50 % des mariages mixtes, des « foyers mixtes », comme on dit, quittent tôt ou tard la vie de l’Église. Le foyer qui aurait dû contribuer à la croissance de celle-ci devient l’instrument même qui précipite son déclin. Quant à ceux qui y restent, ils sont bien souvent gagnés par l’indifférence ou le découragement, ce qui contribue à saper la vie et les fondements de l’institution de l’Église.

C’est l’un des stratagèmes de Satan, qui combat et vise à détruire le Royaume de Dieu. Il divise les enfants de celui-ci en les unissant à d’autres. Il le fit dans le cas de la génération précédant le déluge : « Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ce fut parmi elles qu’ils choisirent leurs femmes », dit le texte sacré (Gn 6.2). Dieu dut sauver l’humanité à travers le déluge par l’intermédiaire d’une seule famille, celle de Noé. Pensons aussi au cas de l’inique Balaam, le prophète-magicien. Le roi moabite Balak l’ayant invité à maudire Israël, Balaam en fut empêché par l’ange du Seigneur. Mais cupide et assoiffé de profit matériel, Balaam trouva une ruse diabolique pour perdre Israël : il conseilla au roi païen de corrompre les jeunes israélites par l’intermédiaire des filles de Moab, de faire, en quelque sorte, des mariages mixtes entre le peuple de l’alliance et ce peuple païen. Et cela arriva ainsi, ouvrant de la sorte l’une des pages les plus sombres de l’histoire de l’Ancien Testament. Dieu, qui avait béni Israël, est à présent contraint de le maudire à cause de la transgression consistant précisément à se lier par les mariages avec des étrangères dans la foi (Nb 25; Ap 2.14). D’autres sombres pages nous viennent à l’esprit : Salomon et ses femmes et concubines étrangères (1 R 11.1-13); Achab épousant l’inique Jézabel (1 R 16.30-33), ainsi que la déchirante séparation qu’Esdras dut opérer parmi les rescapés de l’exil, en renvoyant les femmes étrangères (Esd 9).

Le principe reste valable pour l’Église. En épousant des non-chrétiennes, nous sommes plus vulnérables aux attaques contre la foi. Nous sommes naturellement plus enclins à la tiédeur et à la dégradation de celle-ci. Si entre époux chrétiens nous avons de la peine à lutter contre la tentation et la tiédeur, qu’en sera-t-il si le conjoint ne nous soutient pas du tout, mais qu’il nous encourage à l’indifférence, lorsqu’il n’est pas tout à fait hostile? Il ne faut pas épouser celui ou celle dont vous n’avez pas la certitude qu’il appartient à la même famille de la foi. Il ne suffira pas qu’il soit inscrit sur les registres de votre Église. Il faut qu’il ait ouvertement confessé sa foi en Christ et qu’il soit engagé dans le chemin de l’obéissance. Non qu’aucun mariage mixte n’ait jamais réussi, mais cela a été au prix de pénibles concessions, parfois même ressenties comme intolérables de la part du conjoint non chrétien.

Certains chrétiens, hommes et femmes, préfèrent un mariage mixte au célibat. C’est une erreur, même si on peut les comprendre sur le plan humain et sympathiser devant leur désir de fonder un foyer lorsqu’il n’y a aucun partenaire chrétien dans les environs… S’ils persévèrent dans l’attente et la prière, le Seigneur les exaucera, et s’il ne le fait pas, c’est qu’il a certainement d’autres projets pour eux.

Pour rester conséquents avec nos principes, disons encore qu’il y a mariage mixte lorsque ce sont des membres des confessions chrétiennes par trop différentes qui s’unissent par les liens du mariage. Si nous devons parfois tenir compte, malgré tout, des différences culturelles, linguistiques, ethniques ou raciales pour ne pas hypothéquer une union dès le départ, le même argument est valable pour les membres d’une Église trop différente de la nôtre.

Disons, pour conclure, que plus il y a d’affinités entre deux personnes, plus elles ont l’espoir de réussir leur union. La vie à deux est faite aussi de détails, et beaucoup de détails forment un ensemble; il ne faut pas tomber dans le piège qui consiste à croire que le mariage va changer fondamentalement le caractère d’une personne. Il faut en tenir compte avant qu’il ne soit trop tard.