Cet article a pour sujet la nécessité de reconnaître la personne du Christ, avec sa divinité et son humanité, pour pouvoir comprendre l'oeuvre de rédemption qu'il a accomplie.

Source: Christologie - La personne et l'oeuvre du Christ (AK). 2 pages.

Christologie (18) - L'oeuvre du Christ est incompréhensible sans sa personne

On ne peut pas comprendre l’œuvre de Christ si on ne sait pas qui il est (c’est ce que fait, par exemple, l’école libérale). Cela apparaît aussi à plusieurs reprises dans les Évangiles. C’est pourquoi Jésus demande à ses disciples de lui dire qui il est avant de leur parler de sa souffrance et sa mort (Mt 16.13-21). On ne comprend l’œuvre de Christ qu’à condition de savoir qui en est le sujet. Par conséquent, nous devons traiter de la personne de Christ avant de nous occuper spécialement de son œuvre.

Dans la partie de l’œuvre de Christ, nous tiendrons naturellement compte de ce qui aura été dit dans cette première partie de la christologie. Mais on doit aussi tenir compte de l’œuvre de Christ dans la partie examinant sa personne. Il est vrai que l’on ne peut comprendre qui est Christ si on ne sait pas pourquoi il est devenu chair. Si on ne tenait pas assez compte du but rédempteur de l’incarnation, on oublierait facilement l’importance essentielle de la distinction des deux natures de Christ. Celui qui a une fausse idée de l’œuvre de Christ comprendra mal la personne de Christ. Le résultat d’une isolation de la personne de Christ de son œuvre ne peut être autre chose qu’une spéculation étrangère à la réalité du Christ. On peut bien distinguer entre l’œuvre et la personne de Christ, mais il ne faut pas oublier que dans cette distinction il s’agit de deux aspects de ce qui est une unité inséparable. Il y a une action réciproque entre la connaissance de la personne de Christ et celle de son œuvre. Mais cela ne peut pas donner lieu à l’objection de ne pas faire précéder la doctrine de l’œuvre de Christ par celle de sa personne.

Contrairement à ce que nous affirmons :

1. Du côté de la théologie dialectique, on fait de la propagande pour « la méthode inductive » dans la christologie : on devrait parler de l’œuvre de Christ avant de traiter de sa personne, que l’on connaît par cette œuvre (Brunner). Cette conception ne rend pas justice à ce que nous venons de dire de l’action réciproque entre la connaissance de la personne de Christ et celle de son œuvre. Christ a expliqué à ses disciples qui il était afin que l’on pût comprendre son œuvre. Il est vrai que les disciples n’ont reçu la pleine lumière en ce qui concerne la personne de Christ que par la résurrection. Mais il ne faut pas oublier que l’enseignement de Christ précéda la résurrection. En tout cas, nous ne comprenons pas pourquoi nous n’aurions pas le droit de traiter de la personne de Christ avant de traiter de son œuvre, pourvu que nous tenions compte de l’interdépendance de la personne et de l’œuvre.

2. Il existe des objections contre la doctrine ecclésiastique des deux natures de Christ, parce qu’on la considère comme étant trop spéculative. D’autres la rejettent parce qu’ils veulent se restreindre à donner de Christ un jugement de valeur. Ces groupes aiment se référer à cette affirmation de Melanchthon : « Hoc est Christum cognoscere, beneficia sujus cognoscere, non quod isti » (« c’est ici de connaître le Christ, à savoir connaître les bénéfices de son œuvre »). On peut dire du sens des paroles de Melanchthon qu’elles témoignent de l’opposition de Melanchthon à l’intellectualisme de la scolastique. Melanchthon insiste sur le fait que la connaissance intellectuelle de Christ n’est pas encore la connaissance de Christ lui-même, comme l’Évangile en parle. L’affirmation veut vraisemblablement dire encore davantage. Au moment où il l’a écrite en 1521, Melanchthon ne pouvait apparemment trouver nulle part une christologie qui lui semble acceptable. Une christologie manque dans l’édition de ses Loci (sa théologie) de 1521. Mais on trouve une christologie dans l’œuvre postérieure de Melanchthon. Ceci démontre que l’on ne peut faire appel à Melanchthon pour le rejet de la christologie de l’Église.

Les bienfaits de Christ ne peuvent pas être séparés de sa personne. Il nous met en communion avec Dieu, il nous donne le pardon de Dieu. Il peut faire tout cela, parce qu’il est le Fils de Dieu.