Cet article a pour sujet l'ascension du Christ qui est monté au ciel dans son humanité afin de nous communiquer son salut et ses dons par son Saint-Esprit.

Source: Christologie - La personne et l'oeuvre du Christ (AK). 3 pages.

Christologie (26) - L'ascension du Christ

Le fait de l’ascension du Seigneur nous rappelle en premier lieu la séparation entre Christ et ses disciples (Lc 24.51; Jn 13.33,36; Ac 1.9). Cependant, l’ascension remplit les disciples d’une joie immense (Lc 24.52). La raison en est la suivante : les disciples comprennent que l’ascension implique un progrès sur le chemin que le Médiateur doit parcourir pour leur donner le plein salut. Jésus a achevé son œuvre terrestre. Maintenant, il peut s’en aller vers le Père qui l’a envoyé afin de recevoir de la part de son Père cette gloire qu’il avait auprès de lui avant la fondation du monde (Jn 17.5). Certes, l’ascension rappelle aussi que l’œuvre médiatrice de Christ n’est pas encore entièrement finie. Christ ne peut pas encore amener ses disciples avec lui. Ils ne peuvent pas encore le suivre (Jn 13.33,36). On doit donc encore attendre la pleine communion entre l’Église et Dieu. Une période d’attente commence le jour de l’ascension (Ac 1.11). Toutefois, Jésus dit que les disciples doivent se réjouir de son départ (Jn 14.28), qu’il vaut mieux qu’il s’en aille (Jn 16.7). Christ peut maintenant commencer une nouvelle période de travail messianique après avoir achevé son œuvre sur la terre. Lorsqu’il aura aussi achevé son œuvre dans le ciel, Christ reviendra pour prendre ses disciples avec lui (Jn 14.3).

Ce nouveau travail que Jésus ne peut entamer qu’après son ascension implique l’envoi du Saint-Esprit (Jn 7.39; 16.8). Christ maintiendra par l’Esprit la communion entre les disciples et lui-même, de sorte qu’il sera avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde malgré son absence locale d’après son humanité (Mt 28.20). Christ sera localement dans le ciel d’après sa nature humaine. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il y aura seulement une communion entre la nature humaine de Christ et les disciples après l’ascension, bien que nous n’acceptions pas l’idée luthérienne de la présence réplétive (qui sert à remplir) du corps du Christ. Christ vivra personnellement en communion avec son Église par le Saint-Esprit. Nous avons déjà souvent remarqué qu’il est erroné d’isoler telle ou telle œuvre médiatrice d’une des natures de Christ. Christ est lui-même présent tous les jours dans l’Église, lui qui est vraiment Dieu et vraiment homme, certes sans confusion, mais aussi sans division ni séparation.

La communion avec Christ est donc maintenue par le Saint-Esprit. Les croyants deviendront des fils (adultes) de Dieu par l’Esprit d’adoption (Rm 8.15). L’Esprit conduira les disciples dans toute la vérité (Jn 16.13). Il leur enseignera des choses qu’ils ne pouvaient pas encore porter avant l’ascension (Jn 16.12).

Le Saint-Esprit convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement (Jn 16.8). La période de la mission commencera (Mt 28.19; 1 Tm 3.16). Tout cela fait que la séparation de Jésus par l’ascension n’empêche pas que les disciples rentrent à Jérusalem avec une grande joie (Lc 24.52). Il y a une différence essentielle entre la séparation qui résulte de l’ascension et la séparation quelque temps plus tôt lorsque Jésus était dans le tombeau. Alors la tristesse avait tout à fait déterminé l’attitude des disciples, comme Jésus l’avait prédit (Jn 16.22). Mais la joie est revenue par la résurrection de Christ. Maintenant, Christ s’en va de nouveau. Mais nul ne ravira plus la joie des disciples (Jn 16.22). Car cette séparation par l’ascension désigne aux disciples le progrès que le Seigneur fait en ce qui concerne l’accomplissement de son œuvre messianique. Cette séparation leur parle de la possibilité que leur souverain Sacrificateur entre dans le ciel par son propre sang, du fait qu’il a obtenu une rédemption éternelle (Hé 9.12). Il y entre comme leur Sauveur. Il y priera pour eux (Hé 7.25) et il y préparera des places pour eux (Jn 14.2). On peut même dire que les disciples entrent eux-mêmes dans le ciel en Christ leur Chef (Ép 2.6). Parce que Christ leur Chef ira dans le ciel, leur vie y sera aussi cachée avec Christ en Dieu (Col 3.3).

Leur héritage sera réservé dans les cieux et ils seront gardés pour l’héritage, pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps (1 Pi 1.5). L’entrée de Christ dans le ciel est pour les disciples le fondement d’une espérance inébranlable (Hé 6.19-20). Cette séparation veut donc dire qu’il y a un progrès. Une certaine période dans l’œuvre du Médiateur s’est achevée. Une période plus glorieuse commencera aussi sur la terre : celle de l’Esprit.

Luther attribue au corps de Christ trois manières d’être présent : la présence locale ou circonscrite (sa présence sur la terre pendant sa vie terrestre et après son retour); la présence illocale ou définitive (Jn 20.19, la présence à la manière d’un esprit, d’un ange); la présence réplétive ou divine qui appartient à l’humanité de Christ à cause de son unité personnelle avec Dieu. Luther rejette une ubiquité locale ou extensive du corps de Christ. Cette ubiquité du corps de Christ est aussi rejetée par la Formule de Concorde. La Formule de Concorde se réfère à l’affirmation de Luther selon laquelle l’humanité de Christ est partout présente où sa divinité est présente, à cause de l’ubiquité, c’est-à-dire de la présence réplétive (Müller, 693). Il est curieux que la Formule de Concorde enseigne dans les longues références les idées de Luther qui furent aussi défendues par Brenz et par Andreas, tandis qu’elle s’oriente plutôt dans la direction de la doctrine de « l’ubivolipraesentia » de Chemitz en dehors des références. Il n’est pas tout à fait clair comment la Formule de Concorde veut que l’on combine la théorie plus ancienne de l’ubiquité et la théorie de l’ubivoliprésence selon laquelle l’humanité de Christ peut être présente, à cause de l’omnipotence communiquée, partout où elle veut être présente.

Une autre opinion que nous rejetterons est celle qui sépare trop l’humanité de la divinité de Christ dans l’état de l’exaltation et qui néglige ou rejette que la présence de Christ dans la sainte Cène est aussi en rapport avec sa nature humaine.