Cet article a pour sujet les attributs de Dieu d'après l'islam, l'unicité, la sagesse et la puissance d'Allah, mais le Coran ne parle pas de sa justice et de sa sainteté, et il ignore la nature du péché.

Source: Connaissance de l'islam. 4 pages.

Connaissance de l'islam - Les attributs divins

Les versets suivants du Coran (sourate 13.13 et 19.94, entre autres) forment une assez bonne introduction à l’étude des attributs divins de la théologie islamique.

Par la crainte qu’il éprouve en présence de la puissance d’Allah, le musulman pieux reste toute sa vie l’esclave de celui-ci. Trois classes d’attributs divins sont distinguées : la sagesse, la puissance et la bonté. Plus ordinairement, l’on parlera d’attributs terribles et d’attributs glorieux.

Les premiers sont les plus nombreux et davantage soulignés que les seconds, aussi bien dans le Livre que dans la tradition. Sept d’entre eux décrivent l’unité divine et son Être absolu; cinq le désignent comme le créateur de l’origine de l’univers, vingt-quatre le caractérisent comme le Dieu miséricordieux et gracieux et le désignent avec des noms d’une grande beauté; trente-six renferment les idées de Mahomet sur sa puissance et sa souveraineté absolues; cinq mentionnent son caractère de vengeur, celui qui blesse. Il est un Dieu qui abaisse, égare, se venge, retient sa bonté, fait le mal. Dans tous ses agissements, il demeure indépendant et invariablement tout-puissant. Enfin, quatre attributs se réfèrent, si l’on peut dire ainsi, à son caractère moral, mais seulement deux le font explicitement. Les attributs moraux sont mentionnés seulement dans deux des versets du Livre qui mentionnent qu’Allah est saint et vrai, mais ceci au sens musulman.

Mahomet a vu la puissance dans la nature, mais il ne s’est jamais aperçu de sa sainteté et de sa justice. La raison en est claire : il ignore la nature du péché et ses conséquences. Le Coran (et le prophète) a oublié l’attribut de la sainteté. Sa pureté inapprochable et sa sainteté telles que les révèle la Bible y sont totalement ignorées. Le Coran observe un silence total sur le péché et ne se prononce pas sur son origine ni sur le remède nécessaire. Dans ce trait se révèle encore le contraste avec les livres sacrés même du paganisme autant qu’avec la Parole de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Melanchthon, le grand réformateur allemand du 16siècle, ami et proche collaborateur de Luther, écrivait dans son introduction à la version latine du Coran que Mahomet devait être inspiré par Satan parce qu’il n’expliquait rien au sujet du péché. Quelques rares passages seulement en font mention. La définition approximative du péché consiste à dire qu’il est la violation d’une loi ou d’une règle connue.

Selon certains théologiens musulmans, il existe sept péchés très graves : l’idolâtrie, le meurtre, la fausse accusation, l’adultère, le gaspillage du bien des orphelins, l’usure, la désertion lors du « djihad », la désobéissance aux parents. D’autres parleront de dix-sept péchés graves, d’autres encore de sept cents! Cependant, le mensonge, la tromperie, la colère ou la convoitise ne sont que des offenses minimes qui seront pardonnées si l’on peut éviter les plus grandes. Le terme qui revient souvent et ordinairement dans le Coran pour désigner le péché est celui de « dhanb », mais également de « harâm », qui signifie interdit, tandis que les termes comportant le sens de « défendu » ont remplacé ceux de la faute et de la transgression.

Rien n’est par nature bon ou mauvais, mais le devient par le fiat, la volonté d’Allah. Ce qu’il a interdit est péché. Même ce qui pourrait paraître juste et légal à la conscience humaine, quand il l’interdit, devient « harâm ». Ce qu’il permet n’est pas péché et ne peut l’être du moment qu’il le permet, même s’il était péché avant ou après cette interdiction ou permission.

C’est un aussi grave péché de prier les mains impures que de dire un mensonge, et plus grave même que la transgression du septième commandement de la table de la loi de l’Ancien Testament. L’interprétation que le pieux musulman donne à ce thème est bien laxiste. On a souligné combien le code moral musulman était pharisien, « pharisaïsme tourné en arabe », écrit Zwemer.

« Le prophète sur qui repose la paix — et que nos prières soient pour lui — a dit : Un dirham d’usure qu’on mange est plus grave que trente-six fornications, et celui qui en est coupable mérite le feu de l’enfer. »

Pour comprendre cette absence d’élément moral dans les attributs divins, il faut aller plus en avant encore. Selon le système musulman et selon le Coran qu’amplifie la tradition, tout péché est une affaire d’importance minime. Ce qui importe c’est la récitation régulière du credo musulman. La réforme du caractère ne présente aucun intérêt. Il faut répéter le « kilimah », ce qui fait ipso facto d’un homme un croyant. Même si on l’a prononcé par accident ou sous contrainte, cela suffira pour faire de quelqu’un un croyant! Ainsi, la simple récitation du credo devient le portique introduisant à la religion musulmane. Si selon le Coran Adam fut le premier des pécheurs, la croyance générale veut qu’aucun prophète ne soit véritablement pécheur! Pas même Adam, et surtout pas Mahomet, le dernier de la lignée prophétique. Celui qui ne se repent pas est destiné à l’enfer. La description de celui-ci est proprement abjecte, et épouvantables sont les tourments endurés en enfer tels que les a décrits le prophète, ce que nous verrons dans le paragraphe consacré à l’eschatologie musulmane.

Une étude du Coran et de la tradition islamique démontre qu’Allah ne semble lié par aucune norme de justice. Par exemple, le culte voué à la créature est odieux à l’esprit musulman, et pourtant Allah punit Satan pour avoir refusé d’adorer Adam! Allah est miséricordieux en tolérant les péchés de ses favoris, tels que les prophètes et ceux qui combattent dans ces batailles, mais il se venge aussitôt des infidèles et des idolâtres. Il révèle sa vérité à ses prophètes, mais il abroge leur message ou bien il le fait oublier! Il n’existe pas de vérité immuable. La loi morale change comme change la loi cérémonielle, selon les temps et les circonstances. Les docteurs musulmans nient qu’Allah soit sujet à une norme absolue de rectitude morale. Il se comporte avec un arbitraire absolu, non seulement au sens physique, mais encore au sens moral. N’est-il pas le Tout-Puissant? Il se moque de qui il veut, il trompe qui il choisit. Il facilite pourtant les choses pour ceux qui acceptent le message du prophète, car il est clément.

Selon une certaine tradition, les sept attributs principaux de la divinité seraient : la vie, la connaissance, l’intention, la puissance, l’ouïe, la vue, le discours. Nous remarquons que ces attributs décrivent simplement des capacités intellectuelles. Si cela lui plaît, Allah peut anéantir l’univers. Il peut également le reconstituer en un seul instant… Il ne reçoit de profit de personne, il ne subit aucune perte quoiqu’il advienne. Si les fidèles deviennent infidèles, cela ne lui nuira point. Il voit toutes choses, même les pas d’une fourmi noire grimpant le rocher noir durant une nuit totalement noire. C’est là évidemment une notion purement physique de l’omniscience divine que l’on contrastera avec profit avec le Psaume 139 et à son admirable notion de la connaissance que Dieu possède des choses les plus intimes et les plus obscures de l’esprit humain.

D’après le Coran, l’œil de Dieu est un microscope géant par lequel il examine les créatures. Selon la Bible, son œil est une flamme de feu qui met à nu nos pensées les plus profondes et les intentions les plus intimes du cœur. Le Coran n’a pas de nom pour décrire la conscience morale. On peut se demander ce qu’est l’idée de Mahomet relative au caractère de Dieu quand il le nomme l’orgueilleux, le meurtrier, l’indulgent, celui qui nuit, etc.

On ne peut réconcilier de tels attributs avec ceux de la bonté et de la compassion sans faire violence au texte du Coran lui-même.

Selon certains théologiens, les attributs positifs seraient exercés sur les croyants et en leur faveur, tandis que les attributs terribles seraient réservés aux infidèles. Ainsi, l’Allah musulman rappelle le Janus à deux faces de la mythologie antique. En dépit de la doctrine musulmane de l’unité divine, l’unité réelle de la déité est totalement absente de la religion musulmane. Lorsque le Coran appelle Dieu « saint », le terme ne signifie nullement pureté morale ou personnelle, comme c’est le cas dans la Bible, mais simplement pureté cérémonielle tout extérieure.

Le « tahir » du Coran se réfère à la pureté extérieure du corps. L’idée de séparation d’avec le péché est de nouveau absente de cette théologie et sans doute même inconnue. À ce propos, au sujet des attributs divins, certains interprètes de l’islam parlent du panthéisme de la force. En effet, certains attributs indiquent dans ce sens — intentionnellement ou non, peu importe — qu’Allah semble être l’intérieur et l’extérieur de toutes choses. Il est à la fois le phénomène et la puissance derrière celui-ci. Nombre de sectes musulmanes, et pas seulement les soufis mystiques, cultivent cette conception panthéiste, contrairement aux rationalistes mutazilites. Une secte, celle de Mutara Besiyah, affirme qu’avec tous ses attributs Allah est éternel, mais que sa puissance, sa connaissance et son intention ont été créées. Dans un passage unique du Coran, Allah est décrit comme dépendant ou endetté à quelque chose en dehors de lui-même. Il est la lumière du monde, mais selon le Salabiyah, il serait indifférent aux actions humaines comme s’il se trouvait en état de sommeil!

Selon les muztariyah, le bien et le mal viennent directement de la part de Dieu et l’homme n’en est ni l’auteur ni le responsable. Les nazamia disent qu’il est légitime de parler de Dieu comme de la chose.

Certaines écoles pensent que les attributs d’Allah sont éternels, d’autres le nient pour maintenir leur idée de pur et d’absolu monisme de Dieu.