Cet article a pour sujet la nécessité de la prière pour la mission auprès de l'islam. Prions pour des ouvriers, pour être délivrés de nos craintes et timidités, pour être capables d'accepter le défi d'aller en mission, et pour des conversions.

Source: Connaissance de l'islam. 4 pages.

Connaissance de l'islam - La prière pour l'islam

Avant même d’aborder la question d’une stratégie missionnaire parmi les musulmans, proposons à notre réflexion le sujet de la prière en faveur des missions.

Unité dans l’essentiel, liberté dans ce qui est secondaire, charité en toutes choses. Telle devrait être, sans exception, la règle qui régira toute entreprise chrétienne, qu’elle soit théologique, ecclésiastique ou missionnaire.

L’islam est une religion mondiale, avec ses aspects divers et ses besoins profonds, à la fois d’ordre spirituel et éthique. L’approche de ses adeptes sera précédée par l’authentique souci d’apporter un secours efficace, animé par la sympathie, inspiré par l’amour chrétien, soutenu par la prière, jusqu’à ce que les liens injustes soient rompus, les blessures guéries, la peine éliminée, les désirs légitimes exaucés, les aspirations satisfaites par et en Christ, plénitude de vie. Il nous révèle la plénitude même du Dieu Créateur et Rédempteur, qui est l’unique intermédiaire pour nous la communiquer et nous en faire bénéficier.

Après des siècles de travail d’évangélisation, nous assistons à des bouleversements énormes et à des changements de mentalités inhabituels, aussi bien dans le domaine politique qu’intellectuel.

Nous sommes bien loin d’avoir atteint l’objectif. Par moments, il semble même que non seulement nous en sommes éloignés, mais que celui-ci est encore irrémédiablement inaccessible.

L’alpiniste qui fait l’ascension d’une paroi rocheuse pour en atteindre le sommet ne verra que rarement, pour ne pas dire jamais, ce but, sauf à des moments exceptionnellement favorables, durant sa lente marche vers la cime. Il ne verra qu’une voie rocheuse, qu’il grimpera; il évitera les pentes abruptes, les précipices dangereux; son ascension lui paraîtra toujours plus ardue au bout de sa corde et de son pic. Il ressentira une lassitude croissante, la solitude lui pèsera, le fardeau paraîtra insupportable, et pourtant sa détermination d’atteindre le sommet lui donnera force et inspiration. À cause du but qu’il s’est fixé, la peine subie et l’effort consenti compteront peu à ses yeux.

L’une des conditions premières de la mission sera celle de la prière pour la conversion, prière qui soutiendra toute l’entreprise, au même titre que l’ordre missionnaire du Seigneur. Cette prière sera celle de ceux qui acceptent le défi, car l’évangélisation du monde musulman n’est pas une partie de plaisir. Aussi, une intercession fidèle soutiendra des efforts inlassables.

Celui-là seul qui croit que tout est possible à Dieu entretiendra une communion avec lui par ce moyen de grâce qu’est la prière. Dans notre prière, nous demanderons à être délivrés de nos craintes, de nos appréhensions, de nos timidités. Assurément, la crainte et la timidité se trouvent parmi les premiers obstacles à toute entreprise d’évangélisation. L’histoire de nos âmes débute là où commence à se livrer le combat contre la peur. La peur compte parmi ces forces adverses qui nous tiennent cantonnés dans la bergerie, campant dans le confort intérieur, ou nous promenant sur des sentiers battus, mille fois parcourus, accrochés à nos routines paresseuses. Notre monde contemporain, et l’Église moderne à son tour, estime que l’on peut beaucoup accomplir sans dépenser trop d’effort, sans ressentir de douleur lancinante, sans éprouver de difficulté, sans rencontrer d’obstacle, sans risquer le danger. Le monde moderne vit, et l’Église n’échappe pas à cette tentation, tel l’enfant merveilleusement protégé, à l’abri de tout effort qui coûte. Songez à la consommation désastreuse d’analgésiques et à l’abus des tranquillisants dans notre société moderne. À en croire les gourous modernes du bonheur parfait, la somme du bien-être idéal consisterait à s’offrir une garderie d’enfants, le but ultime de l’existence n’étant que la jouissance des plaisirs sur toutes les scènes d’un théâtre imaginaire.

Puisse alors dans une telle atmosphère de paresse notre prière pour la mission reconnaître que notre Dieu est un Dieu tout-puissant, dans toute situation, dans tout pays, au milieu de tous les peuples. Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. N’a-t-il pas divisé les eaux de la mer Rouge? Fait écrouler les murailles de Jéricho? Son Fils incarné, lui qui voyait les multitudes et les comparait à un troupeau sans berger, n’a-t-il pas déclaré que les portes mêmes de l’enfer ne prévaudront pas contre son Église?

Il nous faut adresser des prières précises, pour tel pays, pour telle région, pour les musulmans à convertir, pour les renégats. « Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas », écrivait saint Jacques (Jc 4.2). Là où il n’existe pas de vision, le peuple périt, déclare ailleurs l’Écriture. Nous pourrions citer d’autres passages bibliques encore pour compléter la liste de nos requêtes à formuler et des supplications à adresser.

À chaque occasion, le fidèle découvrira que s’il est vigilant et alerte, il ne lui manquera pas de sujets d’intercession. Il existe tellement de contrées n’ayant pu être atteintes par l’Évangile! Ces régions attendent l’arrivée de missionnaires. Prions pour elles. Dieu seul trouvera et enverra les ouvriers qualifiés pour s’atteler à la tâche. Une telle œuvre nécessite notre prière régulière. Pour les champs encore non occupés, nous avons besoin d’hommes de la plus haute qualification, de vrais pionniers intrépides.

« Quel est le missionnaire que nous devons envoyer? », demandait un missionnaire dans une de ses lettres. Et la réponse qu’il donnait était celle que nous avons toujours su être la bonne : un homme mort au monde, sans attache affective absolue, cherchant non la vie, mais offrant sa personne si Dieu la lui demande, ne poursuivant pas de résultats comptables, mais disposé à mourir, non le nombre chiffrable, mais acceptant de mourir à lui-même, traversant le long désert. Mais, ajoutait-il, peu d’hommes sont disposés à se rendre à un poste d’avant-garde de cette importance stratégique spirituelle et qui exige une totale abnégation. La majorité se contente de demi-mesures.

Même un effort consenti aux trois quarts n’est pas suffisant, digne du Christ. Pourtant, si l’on acceptait, si l’on consentait, quel champ exceptionnel de mission au regard de la foi!

On a affirmé que l’islam sera conquis non à partir de sa périphérie, mais depuis son centre, afin que la conquête puisse atteindre jusqu’aux extrêmes de sa périphérie. À notre avis, il n’existe ni de centre ni de périphérie pour la prière en faveur de l’islam. À cet égard, nous sommes tous pareillement engagés dans le ministère de l’intercession. La victoire signifiera une immense joie, et l’apparente défaite nous invitera à nous mettre à genoux. Face à des problèmes étourdissants, conscients de l’existence de vastes aires non occupées par l’Évangile, pas même superficiellement approchées, se rendant compte que des millions d’hommes et de femmes n’ont pas encore été évangélisés, le missionnaire risque de se laisser choir dans le découragement et de renoncer à l’espérance.

Le remède ne devrait pas être recherché dans des statistiques. De simples chiffres ne sont rien face à la puissance de la vie livrée, engagée. Le découragement n’atteindra pas celui qui croit en la promesse divine, qui sait que le Christ est vivant, qui a saisi la vision de la rédemption. À nos côtés se trouvent les richesses inépuisables de notre Dieu et sa puissance illimitée. Ainsi, prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers, de les qualifier pour l’accomplissement persévérant et humble, mais aussi confiant, de la tâche missionnaire.

« La prière agissante du juste a une grande efficacité », écrit saint Jacques (Jc 5.16). « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé », promettait Jésus (Jn 15.7).

« En vérité, je vous dis que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quoi que ce soit, cela leur sera donné par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18.19-20).

Ce sont des passages familiers, mais le temps est venu de saisir la réalité de ces promesses pour pouvoir les appliquer dans nos vies.

« Dans la mobilisation de nos forces spirituelles, nous devons nous rappeler que la prière est non seulement un précieux privilège, mais une méthode principale d’action chrétienne. Elle lie notre impotence à la toute-puissance divine. La vraie prière cherche sa réponse dans le sacrifice et dans le service. Nous ne perdrons jamais de vue le très grand conflit qui nous opposera à l’islam quand nous l’affronterons avec les armes de l’Esprit et de la Parole. Mais la question décisive demeurera invariablement celle-ci : Mahomet ou le Christ? Or nous savons que tout genou devra fléchir devant le nom de Jésus et toute langue le confessera Seigneur à la gloire de Dieu le Père. Ce jour glorieux est imminent quand ses serviteurs seront unis dans une communion sainte de prière de sacrifice et de service dans le monde musulman. »

« Si vous gardez mes commandements, vous demeurez dans mon amour » (Jn 15.10; voir également Mt 22.35-40). Le grand ordre missionnaire serait vain s’il n’était accompagné du grand commandement d’amour. Le fruit de cet amour sera d’observer les commandements de Dieu et d’aimer le Seigneur comme le prochain. De même qu’il est l’Alpha et l’Oméga, de même il est amour le premier et le dernier. Il faut donc s’efforcer, ce qui implique que la chose n’est pas facile, ne va pas de soi. Zwemer écrit ceci :

« L’islam surgit en tant que religion mondiale et se rendit fort à cause des divisions et des dissensions du champ chrétien. Les faiblesses des Églises orientales et leur état dégradé corrompu furent, on peut dire, la préparation pour la propagation de l’islam. Les musulmans présentaient un front uni, tandis que le christianisme était divisé. La prédication des apôtres de l’islam fut zélée et exigea un abandon inconditionnel, comme le firent ses armes. Les vrombissements de leurs chars n’étaient pas plus terribles à l’ennemi que la clameur de leur bref cri aigu, le “ilaha illa Allah, Allahu akbar”, pour les oreilles d’un christianisme idolâtre et divisé. »