Cet article a pour sujet les rapports d'Allah avec le monde d'après l'islam. C'est un panthéisme de la force ou de l'acte où Dieu absorbe tout et lui seul est réellement actif (despotisme), sans laisser de place pour la liberté humaine.

Source: Connaissance de l'islam. 3 pages.

Connaissance de l'islam - Les rapports d'Allah avec le monde

La doctrine de l’unité de Dieu est celle de sa providence même. Elle exprime la totalité de la philosophie du prophète. Non seulement l’existence et le caractère de Dieu sont contenus dans le bref credo déjà cité, « la ilaha illa Allah », « il n’y a de Dieu qu’Allah », mais encore sa relation passée, présente et future. Selon un expert de l’islam :

« Cette formule en une langue autre que l’arabe équivaut à la négation de toute autre déité excepté une; en arabe, elle dit encore davantage : le sens plein ne consiste pas simplement à nier absolument et sans réserve toute pluralité dans l’Être suprême, que ce soit de nature ou de personne. Non seulement il déclare l’unité de celui qui engendre et n’est point engendré dans sa simple unité incommunicable, mais encore les termes impliquent que l’Être suprême est le seul agent, la seule force, le seul acte dans l’univers tout entier, nous laissant tous, êtres de matière ou esprit, instinct ou intelligence, physique ou morale, comme de pures passivités inconditionnelles, mouvements en repos. Le seul pouvoir, le seul moteur, le seul mouvement, la seule énergie, c’est la personne unique de Dieu. Le reste n’est qu’inertie et pure instrumentalité, à commencer par le principal des archanges jusqu’aux atomes les plus simples. Le credo musulman résume un système qu’à défaut de meilleure définition nous appellerons panthéisme de la force ou de l’acte, exclusivement assigné à Dieu, qui absorbe tout, exerce toutes choses, qui préserve ou détruit, soit en vue du mal, soit en vue du bien. Il est évident qu’à l’intérieur d’une telle théologie il ne reste plus la moindre place pour le bien ou pour le mal absolu, tout étant incorporé en la volonté autocrate de l’un, de ce grand agent.
Ainsi, de manière incommensurable et éternellement exaltée, dissemblable à toute créature placée, nivelée devant lui sur un plan unique, celui de leur instrumentalité et de leur inertie, Dieu est un dans la totalité de l’action omnipotente et omniprésente, ne reconnaissant aucune règle, aucune norme ni de limite, sauf son absolu vouloir. Il ne communique rien à ses créatures; leur apparente puissance ou acte sont éternellement les siens; en retour, il ne reçoit rien de leur part; car toutes choses sont en lui, par lui et pour lui. En second lieu, aucune supériorité, aucune distinction, nulle prééminence ne sauraient légitimement être réclamées par une créature par rapport à une autre dans le nivellement extrême de leur servitude et de leur abaissement. Toutes sont pareillement des instruments entre les mains de la force unique laquelle s’en sert pour les écraser ou, au contraire, les faire bénéficier de la vérité ou les induire en erreur, leur accorder honneur ou les accabler par la disgrâce, faire éprouver le bonheur ou faire subir le malheur, tout à fait indépendamment de leur mérite individuel et simplement parce que tel est son bon plaisir arbitraire, pour ne pas dire irrationnel.
À première vue, on serait tenté de penser que cet autocrate géant, cette puissance incontrôlée et antipathique, se trouve au-dessus de ce qui rappellerait une passion, un désir ou une tendance. Tel n’est pourtant pas le cas, car eu égard à ses créatures, il n’est animé que d’un seul sentiment et n’a qu’une source unique d’action, à savoir qu’il est jaloux d’eux de peur qu’accidentellement ils ne s’attribuent quelque chose que lui seul possède et, par là, ils lui fassent subir dans son règne autocrate un irréparable préjudice. Il est davantage enclin à châtier qu’à récompenser, à infliger la douleur et la peine qu’à accorder le plaisir, à ruiner qu’à bâtir. C’est sa singulière satisfaction de faire constamment sentir aux êtres créés qu’ils ne sont rien d’autre que des esclaves, des outils méprisables, afin qu’ils parviennent à un meilleur savoir de sa supériorité et connaissent son pouvoir qui dépasse tout autre pouvoir, sa ruse plus achevée que toute ruse, sa volonté supérieure à toute autre volonté, son orgueil infiniment plus démesuré que leur orgueil; ou bien, plutôt, qu’il n’existe aucun autre pouvoir, ruse, volonté et orgueil si ce n’est les siens. Stérile dans son inaccessible hauteur, n’aimant pas, ne jouissant si ce n’est de ses propres décrets, sans fils ni compagnon ou conseiller, il est bien plus solitaire et abandonné que les plus misérables de ses créatures. Son impassibilité et son égoïsme sont la cause et la règle de son despotisme indifférent à l’égard de tous.
Cette notion donnée de la déité, aussi monstrueuse et blasphématoire qu’elle paraisse, est exactement ce que communique littéralement le Coran ou qu’il a le dessein de communiquer. Tel un miroir, tout ce qui provient du Livre reflète fidèlement la pensée de l’auteur.1 »

La seule critique que l’adepte de l’islam puisse formuler à l’égard de cette magnifique description, ajoute Zwemer, consistera à prétendre qu’elle traduit la position de la secte wahabi. Mais ceci ne fera que renforcer davantage l’idée exprimée plus haut, puisque les wahabi furent les partisans du retour à l’islam primitif. Cette secte est plus orthodoxe que toute autre secte islamique, précise Zwemer. Ce que l’on vient de voir au sujet d’Allah peut mieux s’illustrer par la doctrine musulmane de la création plutôt que par celle de la providence. L’islam orthodoxe est à la fois déiste et panthéiste. Le but de la création n’était pas tant la manifestation de la gloire divine ou l’explosion de son amour que l’éclatement de son pouvoir (comparer sourates 50.37; 41.8; 16.3; 13.2; 35.12).

Le lecteur sera frappé par les contradictions évidentes des différentes sourates relatives aux jours de la création. Plus encore que cette contradiction, c’est le fait qu’Allah devient le créateur du mal (voir sourate 113.2). C’est lui qui a créé l’enfer et Satan tels qu’ils sont. Il est le créateur des méchants et des bons « djinns ». Pourquoi a-t-il créé l’enfer? Pour le remplir d’infidèles. (Si pour l’islam l’univers n’est pas infini, la raison en est que Dieu seul l’est, par conséquent, croire en deux infinis devient impossible; ce serait succomber au polythéisme).

La relation d’Allah avec l’univers est telle que tout libre arbitre et toute autre liberté dans l’exercice de l’intellect sont un non-sens. Dieu est tellement grand, le caractère de sa grandeur est tellement absolu de manière panthéiste, qu’il ne saurait y permettre même une place infime pour l’humain. Tout le bien et tout le mal proviennent de lui. Plus grave encore, il est dit qu’il a créé une multitude d’esprits et d’hommes expressément en vue de les torturer dans un tel enfer, que seuls le Coran et la tradition sont capables de nous dépeindre. Il n’y a aucun espoir et le pessimisme est devenu la philosophie populaire courante. On peut dire que l’islam rend compte d’un aspect isolé seulement de la vérité laquelle possède plusieurs facettes. Il voit Dieu, mais ne tient pas compte de l’homme. Il est conscient des exigences divines, mais il reste aveugle quant aux droits de l’humanité. Certes, l’autorité supérieure est soulignée fortement, mais la liberté humaine est complètement escamotée dans un despotisme absolu et un formalisme raide noyé dans la mort. C’est la pire forme de monothéisme qui peut exister, faisant de Dieu une pure volonté divorcée de la raison et dépourvue d’amour. Au lieu d’être une idée de progrès, il descend à un niveau inférieur à toute autre religion qu’il prétend pourtant dépasser et remplacer.

Mahomet a parlé de Dieu au-dessus de nous; Moïse a révélé le Dieu avec nous, Jésus-Christ nous a montré la face du Dieu qui est à la fois au-dessus de nous et avec nous, et, par son Esprit, en nous. Non pas un despote oriental, mais le Père céleste; avec nous, en tant qu’Emmanuel dans le mystère de l’incarnation, ce qui précisément semble être un sujet de scandale au regard de la foi musulmane; en nous par l’Esprit pour renouveler notre cœur et contrôler la volonté, en vue d’une soumission authentique dans la foi. Ceci nous amène à considérer à présent l’idée musulmane de la prédestination et du fatalisme telle qu’elle ressort du livre saint de l’islam et de la tradition2.

Notes

1. Zwemer, The Moslem Doctrine of God, American Tract Society, New York, p. 65-69. 2