Cet article a pour sujet la christologie d'Eutychès au 5e siècle qui a repris la christologie d'Alexandrie et croyait en la fusion des deux natures du Christ en une seule (monophysisme opposé au nestorianisme).

Source: Les débats christologiques anciens. 2 pages.

Les débats christologiques anciens (13) - La controverse eutychienne

Une nouvelle phase de la controverse christologique opposa l’archimandrite Eutychès de Constantinople, défenseur inconditionnel de la christologie alexandrine, et son évêque Flavien de Constantinople, partisan de la christologie d’Antioche. Eutychès accusa ceux qui avaient signé la formule d’Éphèse de nestorianisme, enseignant que le Christ, vrai homme avant son incarnation, vit sa nature humaine absorbée par la nature divine quand il devint chair.

On convoqua donc en 449 le fameux Synode des brigands à Éphèse (« Raubersynode »), et Flavien obtint l’excommunication d’Eutychès. Celui-ci demanda au nouveau patriarche d’Alexandrie, Dioskur, et au pape Léon I de lui venir en aide. Dioskur obtint du Synode d’Éphèse une nouvelle condamnation de Nestorius et d’Arius. L’anathème fut prononcé sur tous ceux qui enseignaient que le Christ est composé depuis son incarnation de deux natures. Quant au pape Léon, il rédigea une « epistula dogmatica » qui ne fut même pas lue devant les évêques. Cette lettre confessait que Jésus, vrai Dieu et vrai homme, était né de Marie, « salva virginitate » (c. 1.4), et que l’union personnelle préservait les propriétés respectives de chacune des deux natures. L’exinanition n’est pas une « defectio potestatis » (abandon de pouvoir). Jésus accomplit dans l’unité de sa personne ce qui est particulier à chacune de ses natures.

En vertu de l’union hypostatique, l’Écriture peut dire que le Fils de l’homme est descendu du ciel (Jn 3.13), que le Fils de Dieu a été crucifié et enterré (1 Co 2.8). La lettre de Léon traite aussi d’impie la confession d’Eutychès, selon laquelle le Christ n’avait qu’une nature après l’incarnation. Cet excellent texte de Léon ne fait que reproduire la christologie de l’Occident (Tertullien, Augustin).

Trois légats du pape demandèrent au Synode d’Éphèse que l’épître dogmatique de Léon soit acceptée comme exprimant la foi catholique. Cependant, le Synode était dominé par Dioskur d’Alexandrie et ses partisans. Il décida qu’on n’irait pas au-delà des formulations de Nicée (325) et d’Éphèse (431). Eutychès fut donc réhabilité, et Flavien, Théodoret de Kyrrhos et d’autres antiochiens excommuniés. Dioskur se sentait en cela soutenu par l’empereur Théodose II. Léon rejeta les décisions du Synode d’Éphèse qu’il qualifia de Synode de brigands.

Théodose II mourut. Sa sœur Pulcheria épousa le général Marcia et l’éleva à la dignité de corégent. Le couple se lia avec l’évêque de Rome pour briser l’influence de Dioskur. Là-dessus, Léon demanda la convocation d’un synode en Occident. Le synode fut convoqué, non pas en Occident, mais à Chalcédoine, près de Constantinople, en 451. Le pape voulut présider le synode par l’entremise de ses légats et maintint que la controverse christologique avait été résolue par son épître dogmatique à Flavien.

Le synode réunit environ 600 évêques pendant 21 sessions qui durèrent 15 jours. Composé essentiellement d’évêques grecs, il fut dirigé, non pas par des légats de Léon, mais par des officiers impériaux. L’épître de Léon ne fut pas dogmatisée. Au lieu de cela, on adopta un nouveau texte1 (voir section suivante) qui reflétait exactement la christologie de Léon. Ce dernier fut déçu de constater qu’on n’avait pas adopté son texte et augmenté les pouvoirs de l’évêque de Constantinople. Ce geste fut un pas vers le Schisme de l’Orient et de l’Occident que le Concile de Chalcédoine voulait éviter.

Dioskur, abandonné par ses amis, et Eutychès furent exilés par l’empereur. Mais la doctrine de Nestorius fut condamnée, elle aussi. Théodoret de Kyrrhos et d’autres théologiens antiochiens, qui avaient été condamnés en 449, furent réhabilités. Ce fut la victoire de la christologie occidentale; mais elle ne mit pas fin aux dissensions qui agitaient l’Orient.

Note