Cet article a pour sujet la théologie de Basile le Grand, Grégoire de Nysse et Grégoire de Naziance et du Concile de Constantinople (381) sur la Trinité (trois personnes ayant même substance) et de la christologie.

Source: Les débats christologiques anciens. 2 pages.

Les débats christologiques anciens (9) - La théologie des Cappadociens

Il appartint aux Cappadociens de triompher finalement de l’homoiousianisme. C’est ainsi qu’on appelle Basile le Grand (330-379), son frère Grégoire de Nysse (vers 335-394) et Grégoire de Naziance (vers 320-390). Nous pouvons encore ajouter à ce trio Amphiloche d’Icone. Ces théologiens sortirent la christologie de l’impasse dans laquelle elle avait abouti, faute de disposer de termes adéquats pour distinguer entre l’essence ou substance et l’être individuel ou la personne. Tout en insistant sur l’homoousie du Fils et l’unité de la trias, ils s’appliquèrent à distinguer Père, Fils et Saint-Esprit au sein de la Trinité.

Les Cappadociens distinguèrent clairement entre « l’ousia » et la « hupostasis », appelée encore « prosôpon ». « L’ousia » est la substance commune au Père, au Fils et au Saint-Esprit, tandis que la « hupostasis » sert à identifier leur existence individuelle. Basile le Grand écrit : « L’hypostase est la désignation particulière (“to idiazon sèmeion”) de l’être de chacun (“tès hekastou huparxeôs”) ». Il y a donc trois hypostases (ou « prosôpa ») divines, mais une seule « ousia » ou substance divine. Chacune a ses particularités, son « idion », ou « idiazon », ou « idiotès », ou « idiôma ». Ainsi la particularité du Père est d’être incréé (« idion de patros men hè agenèsia »), celle du Fils d’être engendré (« huiou de hè gennèsis »), celle de l’Esprit d’être envoyé (« pneumatos de hè ekpempsis »). Il faut distinguer les trois hypostases divines de la même façon que les apôtres Pierre, Paul et Barnabas.

Les Cappadociens surpassent donc les homoousiens par la clarté avec laquelle ils affirment l’unité d’essence ou de substance, et Athanase par la netteté et la fermeté avec lesquelles ils définissent le caractère hypostatique, l’existence individuelle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Leur formulation doctrinale s’inscrit exactement dans la lignée du Concile de Nicée, en y apportant une précision terminologique dont les controverses passées avaient révélé la nécessité.

L’affirmation que les trois hypostases possèdent la même divinité (« theotès ») et participent à la même énergie (« energeia ») ou puissance (« dunamis ») divine évite l’écueil du subordinatianisme. Le commun (« koinon ») s’ajoute au particulier (« idiazon »). Au particulier des hypostases (« idiazon tôn hupostaseôn ») correspond le commun de la nature (« koinon tès ousias » ou « phuseos »). C’est l’unité dans la Trinité (« Hen ta tria tès en theotèti kai to hen tria tais idiotèsin »).

En mai 381 s’ouvrit le Concile de Constantinople. Il fut présidé par Grégoire de Naziance, devenu évêque de cette ville. Grâce à l’influence des Cappadociens, la confession de foi de Nicée (325) y fut solennellement renouvelée. Ce n’était pas vraiment un concile œcuménique, car seul l’Orient y était représenté par 150 évêques orthodoxes et 36 évêques macédoniens. Ces derniers quittèrent du reste l’assemblée en claquant la porte. En entérinant le Symbole de Nicée, le Concile condamna explicitement l’erreur des eunomiens ou anomiens, des ariens ou eudoxiens, des semi-ariens ou pneumatomaques, des sabelliens, des marcellins (disciples de Marcel d’Ancyre) des photiniens et des apollinaristes. La négation de l’identité d’essence des trois personnes de la Trinité était sans appel. Vu le caractère non œcuménique du Concile de Constantinople, un deuxième concile se réunit dans cette ville l’année suivante, en même temps qu’un synode fut convoqué à Rome. De part et d’autre, l’Église orientale et l’Église occidentale adoptèrent le texte de Nicée et la sanction qu’il avait reçue l’année précédente à Constantinople avec les modifications que l’on connaît de la part de l’Église occidentale et qui allaient préparer peu à peu le schisme survenu en 1054. Sous sa forme définitive, le Symbole de Nicée-Constantinople devint une confession baptismale qui supplanta petit à petit le Symbole apostolique.

Voici le Symbole de Nicée-Constantinople :

« Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, lumière de la lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré et non créé, d’une même substance que le Père et par qui tout a été fait, qui, pour nous les hommes et pour notre salut, est descendu du ciel et s’est incarné par le Saint-Esprit dans la vierge Marie et a été fait homme. Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il a souffert et il a été enseveli, il est ressuscité des morts le troisième jour, selon les Écritures. Il est monté au ciel. Il s’est assis à la droite du Père. De là, il reviendra avec gloire pour juger les vivants et les morts. Son règne n’aura pas de fin. Et en l’Esprit Saint, qui règne et donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui a parlé par les prophètes, qui avec le Père et avec le Fils est adoré et glorifié. Et en une seule Église sainte, universelle et apostolique. Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen. »

Le Quicumque, appelé encore Symbole d’Athanase, ne fait que reproduire la christologie de Nicée-Constantinople avec une empreinte augustinienne évidente.