Cet article est la déclaration missionnaire du Conseil oecuménique réformé sur la seigneurie du Christ, le salut et la délivrance de la servitude, les agissements de Satan et des démons et la proclamation de l'Évangile libérateur.

Source: Défi et défaite des démons. 4 pages.

Déclaration missionnaire du Conseil œcuménique réformé (Harare 1988)

  1. La seigneurie du Christ
  2. Salut et délivrance de la servitude
  3. Quelques perspectives bibliques relatives aux agissements de Satan
  4. La proclamation de l’Évangile aujourd’hui
  5. Quelques considérations pratiques

1. La seigneurie du Christ🔗

  1. Parce que le règne souverain de Dieu s’étend sur la totalité du monde et de la vie, nous devons en témoigner sans cesse, tant dans nos vies individuelles que dans notre existence communautaire et sociale. En tant que serviteurs du Christ vivant et citoyens de son Royaume, il nous appartient d’annoncer et de manifester concrètement que la terre est au Seigneur, et ce qu’elle contient (Ps 24.1).
     
  2. Bien que le Royaume est apparu en la personne du Christ, néanmoins il n’est pas encore présent dans sa totalité. Aussi en attendons-nous la manifestation de tous les aspects (Ph 3.20; Ap 11.15). Pendant ce temps, nous nous rendons bien compte qu’un conflit entre le Christ et « le prince de ce monde » persiste toujours (Jn 12.31; 2 Co 4.4).
     
  3. Le règne des ténèbres se manifeste dans l’incroyance, dans la franche indifférence, aussi bien dans l’humanisme impie que dans des systèmes démoniaques, des structures sociales, des idéologies, des fausses religions et des pouvoirs spirituels opposés au Royaume de Dieu (Ép 6.11).
     
  4. Dans l’œuvre rédemptrice du Christ, le royaume des ténèbres a été dérouté, aussi la puissance et le royaume appartiennent-ils au Seigneur Jésus-Christ (Col 2.14-15). Par conséquent, nous devons faire nôtre une conception essentiellement positive du monde, même si l’impact total de cette victoire n’est pas encore totalement manifeste.

2. Salut et délivrance de la servitude🔗

  1. L’affranchissement de l’esclavage des forces démoniaques est le seul motif valable dans le Nouveau Testament qui souligne ainsi la vaste étendue de l’œuvre rédemptrice du Christ. D’autres motifs, tels que la délivrance du péché, l’accomplissement de la justice, notre justification, la réconciliation avec Dieu, sont également des motifs importants, puissants, et ne devront pas être négligés dans notre proclamation de l’Évangile.
     
  2. Tandis que le prince des ténèbres asservit de diverses façons des personnes et des sociétés, la plénitude et la liberté en Christ sont rendues concrètes de multiples façons. Pour les uns, cela équivaut à l’affranchissement du joug des esprits impurs, des pratiques religieuses idolâtres, des superstitions, pour d’autres c’est la libération des structures sociales oppressives. D’autres en font l’expérience dans l’affranchissement du désespoir et de l’absurde.
     
  3. De telles délivrances sont le don gratuit que Dieu fait en Jésus-Christ à ceux qui, dans leur rencontre personnelle avec le Christ, sont transformés, purifiés, pardonnés et adoptés comme enfants de Dieu (Rm 8.15).
     
  4. Dans la proclamation de l’Évangile de libération, nous devons nous garder contre la tendance de nous servir de Satan comme une excuse pour nos propres erreurs. Selon l’Écriture, nous sommes les seuls responsables de notre péché.

3. Quelques perspectives bibliques relatives aux agissements de Satan🔗

  1. Selon l’Écriture sainte, l’intention de Satan consiste à inciter l’humanité à la rébellion contre Dieu (Gn 3.5; Éz 28.2,17). Le caractère trompeur de Satan est démontré dans le passage de l’Évangile selon Jean (Jn 8.44). Ceux qui sont « morts dans leurs péchés » sont appelés des esclaves du prince du royaume de l’air (Ép 2.2). Ils sont aveuglés par le dieu de cet âge présent (2 Co 4.4).
     
  2. La puissance démoniaque se révèle dans toute société et dans chaque religion; certaines sont plutôt voilées, d’autres à la fois obvies et impudiques. Nous avons besoin d’une grande perspicacité spirituelle pour reconnaître les traces de l’activité satanique dans notre propre milieu.
     
  3. L’adversaire est plus acharné à s’attaquer à l’Église du fait qu’elle est porteuse de lumière. Nous devons nous attendre aux assauts de celui-ci et, selon l’exhortation de l’Écriture (1 Pi 5.8-9), nous mettre à l’abri contre les attaques du Malin.
     
  4. Tandis que nous annonçons au monde la victoire du Christ, par la puissance de l’Esprit, il en résultera un redoutable conflit avec les pouvoirs des ténèbres. Dans ce conflit, l’Église sera soutenue par l’Esprit qui conquiert au moyen à la fois de sa vérité et de sa puissance, lesquelles ne devraient pas être dissociées (Jn 16.8; Ap 12.11). Par conséquent, il est nécessaire et tout à fait approprié d’élaborer un programme d’évangélisation de puissance, qui consistera à proclamer la Bonne Nouvelle et à inviter à la foi et à la repentance.

4. La proclamation de l’Évangile aujourd’hui🔗

  1. Nous prions les Églises de ne pas ignorer que l’avènement du Fils de Dieu en chair et la conversion du pécheur sont les plus grands miracles qui soient. D’où le fait que l’intérêt porté actuellement à des « signes et des merveilles » ne devrait jamais nous distraire au point de minimiser les grandes œuvres de Dieu en Christ, telles que nous les relate l’Écriture. La suffisance de l’Écriture pour notre foi et notre vie doit être maintenue intacte.
     
  2. L’ordre missionnaire de Matthieu 28.18-20 indique que l’Église a reçu comme tâche d’exercer le ministère de la libération du pouvoir du péché, de la mort et du diable. L’autorité pour exercer un tel ministère devra s’enraciner fermement dans les promesses de Dieu et être conforme à sa volonté.
     
  3. Tous les aspects du ministère de Jésus ou celui de l’Église primitive, telle qu’elle apparaît dans le livre des Actes des apôtres, sont normatifs pour nous aujourd’hui. Bien qu’il existe un ordre clairement exprimé d’annoncer l’Évangile, il n’existe point d’ordre explicite de pratiquer l’exorcisme, la guérison, de produire des signes et d’accomplir des miracles. Il semble préférable de considérer ces phénomènes « extraordinaires » comme étant des éléments propres à la totalité de l’Évangile1.
     
  4. Lors de la proclamation de l’Évangile, l’Église rencontrera une activité démoniaque, particulièrement dans les aires et les situations où l’Évangile fait de nouvelles irruptions, où il est prêché pour la première fois.

5. Quelques considérations pratiques🔗

  1. Conscients des abus et des excès qui se produisent dans l’exercice du ministère de libération, l’Église a besoin de s’assurer qu’un tel ministère s’exerce à la seule gloire de Dieu, plutôt que pour attirer une attention illégitime sur lui-même ou sur les moyens humains mis en place. En outre, ce ministère doit rehausser l’édification du corps du Christ dans la foi, l’espérance, l’amour et l’unité.
     
  2. Nous mettons plus particulièrement en garde contre la simplification excessive qui attribue la cause de tout malheur et toute manifestation du péché à une activité démoniaque directe. La possession démoniaque ne peut être comprise comme possibilité réelle qu’après que toutes les autres possibilités auront été exclues, y compris celle d’un trouble psychique, laquelle devra être exploitée à fond. Lorsque l’exorcisme devient une nécessité, il ne doit nullement prêter à équivoque et s’apparenter à un rite magique, mais devra être pratiqué dans la prière2.
     
  3. Nous invitons les membres de nos Églises à démontrer leur conviction de la présence immédiate du Saint-Esprit. Une telle conviction se verra dans la marche personnelle avec Dieu, la confession des péchés, la rupture avec des habitudes de péché, la prière fervente. Il n’existe pas de substitut pour la prière en tant que composante essentielle de la stratégie missionnaire. Nous soulignons ceci d’autant plus que la prière est souvent totalement négligée dans la stratégie missionnaire moderne.
     
  4. En tant qu’Églises de la Réforme, nous avons besoin de rester ouvertes à de nouvelles connaissances en ce qui concerne le potentiel du ministère confié, notamment dans le domaine de la libération du pouvoir du péché, de la chair et du diable. Nous encourageons les ministres à appliquer les pratiques esquissées plus haut en accord avec le principe énoncé, et à exprimer de la sorte le ministère pastoral global pour le bien de l’Église, dans tous les domaines où les hommes font l’expérience douloureuse de l’asservissement.

Notes

1. N.D.T. sans qu’il s’en suive qu’ils peuvent actuellement se reproduire de manière automatique.

2. N.D.T. et une prédication correcte.