Cet article a pour sujet la secte, groupe qui enseigne des hérésies basées sur de prétendues révélations autres que la Bible. Ses adeptes pensent avoir le monopole de la vérité et suivent aveuglément leurs dirigeants ou leur cause.

Source: Discerner les esprits. 6 pages.

Définition de la secte

Selon Hilaire de Poitiers (env. 367), appelé l’Athanase occidental, dans son livre De la Trinité, « l’hérésie repose dans le sens qu’on donne, non pas dans le texte (les Écritures, Scriptura); et la faute (crimen) est celle de l’interprète, non pas du texte. »

« Il est impossible d’établir par simple définition une distinction immédiate entre l’Église de Jésus-Christ, répondant avec plus ou moins de fidélité à sa vocation divine, et tous ces mouvements dissidents, exclusifs, produits arbitraires de la volonté humaine, qui constituent les sectes. L’Église apostolique elle-même a été taxée parfois de secte par les juifs (Ac 24.14), pour lesquels l’affirmation de la messianité de Jésus était un blasphème et qui, par conséquent, devaient envisager comme une exécrable déviation du judaïsme le christianisme naissant. Si le phénomène sectaire est un fait d’ordre spirituel qui se manifeste dans toutes les religions et qui a son exacte réplique dans le domaine social ou politique, ce n’en est pas moins un phénomène troublant, anormal, presque toujours regrettable.1 »

Le Dictionnaire Littré donne du mot secte la double définition suivante : (1) Ensemble de personnes qui font profession d’une même doctrine; (2) particulièrement, ensemble de ceux qui suivent une opinion accusée d’hérésie ou d’erreur.

Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible renvoie le mot secte au mot hérésie :

« Ce mot transcrit du grec et dont la racine est le verbe “hairein” (prendre, saisir) désigne une préférence, un choix, l’adhésion à une doctrine; les anciens l’appliquaient aux diverses écoles philosophiques. Comme l’adoption d’une doctrine particulière révèle d’ordinaire un esprit indépendant qui, pour s’opposer aux idées reçues, s’affirme d’une façon tranchante, parfois exclusive, obstinée ou même violente, le terme d’hérésie a souvent été pris en mauvaise part; dénotant cet esprit de partage qu’on a mis aussi dans le mot secte quoique celui-ci soit dérivé du latin “sequor” (suivre) et “non seco” (trancher). »

Ce sens défavorable ne semble pas se trouver dans l’emploi du mot par le livre des Actes. « Alors quelques-uns du parti des pharisiens qui avaient cru se levèrent et dirent qu’il fallait circoncire les païens et leur commander d’observer la loi de Moïse » (Ac 15.5). « Ils me connaissent depuis longtemps, s’ils veulent en témoigner; j’ai vécu en pharisien, selon le parti le plus rigide de notre religion » (Ac 26.5; voir Ac 5.17). « Nous avons trouvé cet homme, une peste qui provoque des disputes parmi tous les juifs du monde, dirigeant de la secte des Nazaréens » (Ac 24.5). Toutefois, Paul proteste que l’Église chrétienne n’est pas une secte, mais une voie (Ac 24.14).

La traduction catholique latine de la Bible, dite la Vulgate, utilise indifféremment les mots latins « secta » et « haeresis », pour traduire le grec « hairésis », le seul utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner des groupes dissidents. Nombre de nos traductions françaises de la Bible emploient secte, hérésie et parti.

Du temps de Jésus-Christ, on distingue chez les juifs diverses sectes; celle des pharisiens, des sadducéens, des esséniens. On se souviendra que les premiers chrétiens furent eux-mêmes considérés comme une secte judaïque.

« Dans le Nouveau Testament, le mot secte sert à désigner d’abord une simple scission, un schisme, n’entraînant pas de dissidence doctrinale importante; mais ce terme y a aussi une signification plus restreinte, s’appliquant aux mouvements religieux ayant quitté la saine doctrine. En effet, dans les épîtres, ce terme a déjà le sens péjoratif actuel et désigne les mouvements religieux séparés des vrais chrétiens, de ceux qui persévéraient dans l’enseignement des apôtres. Ces sectes entravaient la propagation de l’Évangile et l’apôtre Paul affirme avoir été en péril parmi les faux frères (2 Co 11.26) » (Robert Schroeder).

Dans ses épîtres, l’apôtre condamne l’esprit de parti qui commence à se glisser dans l’Église et à la diviser (1 Co 10 à 13). Sans doute, il indique que même les « divisions » ou « divergences » entre chrétiens peuvent avoir pour effet de purifier leur communauté; c’est pourquoi il va jusqu’à dire : « Il faut bien qu’il y ait aussi parmi vous des controverses, afin que ceux qui sont dignes d’approbation soient manifestés parmi vous » (1 Co 11.19). Mais il n’en considère pas moins les hérésies comme des fruits de la chair opposées à l’œuvre de l’Esprit :

« Or, les œuvres de la chair sont évidentes, c’est-à-dire inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, magie, hostilités, discorde, jalousie, fureurs, rivalités, divisions, partis pris, envie, ivrognerie, orgies et choses semblables. Je vous préviens comme je l’ai déjà fait : ceux qui se livrent à de telles pratiques n’hériteront pas du royaume de Dieu » (Ga 5.19-21).

Le sectaire ou l’hérétique est un danger qu’il faut éviter et même fuir :

« Éloigne de toi après un premier et un second avertissement celui qui cause des divisions » (Tt 3.10).
« Il y a eu de faux prophètes parmi le peuple; de même, il y a parmi vous de faux docteurs qui introduiront insidieusement des hérésies de perdition et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux une perdition soudaine » (2 Pi 2.1).

Avec la deuxième épître de Pierre se dessine le sens qui prévaudra dans l’Église : l’hérésie est une doctrine d’erreur, destructrice de la foi et corruptrice des mœurs, à qui l’on appliquera les sévères avertissements de Jésus (Mt 7.15) et les violentes censures de l’épître de Jude.

« La secte, comme type religieux, est une communauté à laquelle on se joint par une décision libre. On ne naît pas dans une secte, on y entre par suite d’une conversion. La secte est un petit groupe de personnes qui aspirent à la perfection intérieure. Renonçant à dominer le monde, elle s’associe habituellement aux classes inférieures de la société. Elle est ou bien indifférente ou bien hostile à l’État. Elle s’oppose au système ecclésiastique et rejette tout compromis avec le monde, qu’elle considère comme mauvais. La secte est une religion de laïcs, libre des puissances mondaines et capable aussi bien d’oublier le monde dans l’ascèse que de combattre dans le radicalisme. La secte propose l’obéissance littérale aux Évangiles synoptiques dont elle retient les aspects radicaux. La secte préfère l’isolement au compromis.2 »

Le même auteur poursuit plus loin :

« Notons au départ qu’un phénomène complémentaire qui se caractérise, d’une part, par un radicalisme eschatologique et, d’autre part, par un illuminisme pneumatique, a toujours existé à la frange de l’Église établie » (p. 57).

Il convient de distinguer entre les sectes qui restent basées sur les saintes Écritures tout en donnant de fausses interprétations, et celles qui admettent d’autres révélations à côté de la révélation biblique. Les premières pourraient parfois inciter les Églises à une étude plus fidèle et plus précise des Écritures, en jouant ainsi, de manière indirecte seulement, un rôle positif. Plus souvent, elles mettent en valeur des points nuisibles par les adjonctions qu’elles font à la Bible, comme si celle-ci ne suffisait pas à nous révéler tout ce que Dieu veut nous apprendre pour notre vie et notre salut.

Qu’est-ce qu’on appelle couramment l’esprit sectaire? L’épître de Jacques le définit en opposant le zèle amer et l’esprit de dispute à la sagesse qui vient d’en haut :

« Lequel d’entre vous est sage et intelligent? Qu’il montre, par sa bonne conduite, ses œuvres empreintes de douceur et de sagesse. Mais si vous avez dans votre cœur une jalousie amère et de la rivalité, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. Cette sagesse n’est pas celle qui vient d’en haut; mais elle est terrestre, charnelle, démoniaque. Car là où il y a jalousie et rivalité, il y a du désordre et toutes sortes de pratiques mauvaises » (Jc 3.13-18).

Nombreux sont les passages du Nouveau Testament qui nous font mesurer combien d’orgueil il y a à s’écrier : « Moi, et ceux qui pensent exactement comme moi, nous sommes seuls dans le vrai » (voir Rm 3.27; 11.10; 1 Co 1.28-29; 2 Co 12.7-20; 1 Tm 3.6, etc.).

Ainsi, la secte est un groupement religieux qui, lorsqu’il se veut chrétien, met l’Écriture sainte au même niveau que ses prétendues révélations et traditions humaines et réclame pour elle-même le privilège, le monopole faudrait-il dire, de la vérité essentielle.

D’ordinaire, elle se présente comme étant la seule Église véritable. Ces groupuscules commettent des erreurs fondamentales; sans exception, ils s’égarent et ils trompent et égarent les naïfs. Corrompant la vérité de l’Évangile divinement révélé et inspiré, unique autorité et fondement de foi, ils se situent en dehors du champ chrétien originel, authentique et historiquement transmis.

Le terme d’hérésie, lui, se réfère étymologiquement à un choix, à une sélection ou à une partie fragmentée d’une idée. Secte est l’équivalent, ou presque, de confession. Ce fut au cours du deuxième siècle de notre ère qu’il désigna des religions qui devaient être exclues de l’Église apostolique et universelle.

Les Anglo-saxons ont retenu le latin « cultus » pour désigner plus particulièrement une secte pernicieuse, des divisions et des factions dans l’Église, ou encore des groupes hérétiques se mouvant hors des girons de l’Église officielle. « Cult » en anglais désigne un groupe soigneusement organisé avec ses rituels, ses doctrines et son système religieux. Il souligne l’attachement dévot ou bien l’admiration extravagante pour une personne, pour un principe, pour une cause. Actuellement, il désigne des groupes religieux hérétiques qui se réclament de la foi chrétienne, mais dont ils ne font pas vraiment partie.

On peut également diviser les sectes en plusieurs catégories : (1) celles qui ajoutent à l’Écriture des révélations parlées (le spiritisme) ou écrites (le mormonisme), ou qui se considèrent égales à la Bible et croient l’interpréter infailliblement (les adventistes du septième jour); (2) celles qui retranchent à l’Écriture, comme les Églises dites du Christ qui rejettent l’Ancien Testament, ou encore les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, la Science chrétienne, le mormonisme, l’Église de l’unité.

Entre autres, citons aussi le groupe de Herbert Armstrong et ses branches telles que le Monde à venir et la Pure vérité; mentionnons également le spiritisme dans ses différentes formes avec l’astrologie.

Ces derniers groupes pourraient également être classifiés de la manière suivante : mouvements de restauration, mouvements de guérison, mouvements adventistes.

Les sectes de restauration : Certaines s’apparentent au mormonisme. Elles admettent l’Évangile de la foi, de la repentance et du baptême, mais en ajoutant l’imposition des mains pour la réception du Saint-Esprit. Elles prétendent être d’origine apostolique, des Églises apostoliques restaurées, en opposition aux Églises qui se disent réformées. Les mormons, eux, sont divisés en plusieurs groupuscules.

Les sectes de guérison : Elles sont nombreuses; parmi elles, la Science chrétienne est la plus répandue et la mieux connue. La thèse fondamentale de l’ensemble de ce groupe est que Dieu est tout. Il est sans péché, par conséquent le péché n’existe point. Le membre de la secte est inoculé contre la maladie, aussi la maladie n’existe pas, elle n’a son existence que dans l’esprit ou l’imagination de l’individu. Il est immortel, donc point de mort. Il est esprit, par conséquent la matière est inexistante.

Les sectes adventistes : Parmi cette catégorie, il convient de classer aussi bien les adventistes du septième jour que les témoins de Jéhovah.

On pourra étudier avec profit les sectes soit du point de vue historique, soit du point de vue biographique, soit, plus spécialement, sous l’angle des modifications intervenues dans leur document doctrinal fondateur (leur Bible) et leurs pratiques d’organisation.

Toutes ont ceci en commun qu’elles rejettent de manière explicite et violemment notamment des doctrines réformées. Leur cible préférée, ce sont les échecs des Églises officielles, tant théologiques qu’éthiques.

Elles sont toutes caractérisées par leur dévouement et le zèle des adeptes, ainsi que la connaissance de leur doctrine; par la place prépondérante accordée aux femmes, contrairement aux recommandations apostoliques dans 1 Timothée 2.11-15; par l’erreur et le mensonge qui font partie intégrante de leurs systèmes. Les révélations hypothétiques venant de Dieu sont amalgamées à des écrits de leur cru, mais subissent de constantes modifications de dates et de contenus; au point que, parfois, leurs textes originaux ont complètement disparu; par conséquent, on ne peut les vérifier ni justifier leurs nouvelles doctrines.

Celui qui étudie les sectes se penchera nécessairement sur la vraie doctrine biblique autant que sur l’histoire de l’Église et le combat de celle-ci contre la perversion de la foi. Une telle étude s’impose aussi bien pour l’édification de l’Église elle-même que pour la mission qui lui est confiée d’aller « enseigner toutes les nations ».

Fondamentalement, la secte est celle qui rejette les Écritures en tant qu’autorité exclusive et norme suprême de foi et de vie chrétiennes.

« Bien aimés, ne vous fiez pas à tout esprit; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu; tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’Antichrist, dont vous avez appris qu’il vient, et qui maintenant est déjà dans le monde » (1 Jn 4.1-3).
« S’il se lève au milieu de toi un prophète ou un visionnaire qui t’annonce un signe ou un prodige, et qu’il y ait accomplissement du signe ou du prodige dont il t’a parlé en disant : Rallions-nous à d’autres dieux, des dieux que vous ne connaissez pas, et rendons-leur un culte! Tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce visionnaire, car c’est l’Éternel, votre Dieu, qui vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme. Vous vous rallierez à l’Éternel, votre Dieu, et vous le craindrez, vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, c’est à lui que vous rendrez culte et vous vous attacherez à lui. Ce prophète ou ce visionnaire sera puni de mort, car il a parlé de rébellion contre l’Éternel, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d’Égypte et vous a libérés de la maison de servitude, et il a voulu te pousser hors de la voie dans laquelle l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné de marcher. Tu extirperas ainsi le mal du milieu de toi » (Dt 13.2-6).

Pour la foi biblique et la théologie réformée, la doctrine apostolique est exclusivement consignée dans la Bible; c’est elle qui est normative pour notre foi et notre conduite.

Notes

1. Eugène V. Hoff, L’Église et les sectes.

2. Richard Bergeron, Le Cortège des fous de Dieu, p. 47.