Cet article a pour sujet les défis et difficultés du chant des Psaumes, à cause de leur contenu, des paroles utilisées, de la mélodie employée ou de la façon de chanter et de jouer la mélodie. Les qualités d'un bon psautier sont proposées.

Source: Réflexion sur le chant des Psaumes. 4 pages.

Défis et difficultés de chanter les Psaumes

  1. Le contenu des Psaumes
  2. Les paroles utilisées
  3. La mélodie employée
  4. La façon de chanter et de jouer la mélodie
  5. Les qualités recherchées d’un bon psautier
    a. Les paroles
    b. La musique

Notre série d’articles sur le chant des Psaumes1 nous amène maintenant à reconnaître qu’il existe de réels défis et difficultés de chanter les Psaumes aujourd’hui. J’ai relevé les suivants :

1. Le contenu des Psaumes🔗

Même avec la meilleure musique et l’adaptation des paroles la plus simple, chanter les Psaumes comportera toujours des défis importants à cause du contenu même des Psaumes. Ceux-ci contiennent :

  • Des noms de lieux, de personnes, de circonstances ou d’événements loin de notre réalité.
  • Des notions qui nous semblent étranges ou repoussantes : imprécations, jugements, guerres.
  • Des émotions ou des attitudes qui ne viennent pas naturellement au cœur de l’homme pécheur : élever nos cœurs vers Dieu, trouver refuge en lui, confesser nos péchés, exprimer au Seigneur nos détresses et nos lamentations, nous réjouir en Dieu, mettre notre confiance entière dans son salut, nous identifier au peuple de l’alliance, combattre le combat de la foi avec la force de Dieu, etc.
  • Des événements de l’histoire de la rédemption qui vont au-delà de l’expérience spirituelle subjective et qui nécessitent une compréhension de l’ensemble du plan de Dieu et de l’histoire du salut.
  • La nature christologique des Psaumes qui prophétisent, anticipent ou préfigurent la personne et l’œuvre du Christ.

Plusieurs Églises chantent peu ou pas les Psaumes à cause de leur contenu. Même les Églises reconnues pour aimer chanter les Psaumes chantent rarement certains Psaumes pour la même raison. D’autres modifient, diluent ou adoucissent les paroles pour contourner le problème, ou bien choisissent de chanter uniquement les versets ou les strophes au contenu plus facile ou plus attirant.

L’apprentissage du chant des Psaumes nécessite des efforts et une discipline, comme tout apprentissage (par exemple, apprendre à jouer un instrument de musique ne vient pas spontanément).

Plusieurs chrétiens pensent aujourd’hui que le chant d’adoration est là pour nous permettre d’exprimer ce qu’il y a dans nos cœurs. Ils oublient que le chant en Église est là aussi et surtout pour imprimer dans nos cœurs des notions, des pensées, des émotions et des attitudes qui ne s’y trouvent pas naturellement. Les Psaumes nous sont donnés par Dieu tout spécialement pour nous éduquer à le louer, à lui confesser nos péchés, à célébrer les œuvres rédemptrices de Dieu dans l’histoire, etc. Cette œuvre pédagogique du Saint-Esprit dans le cœur des adorateurs demande des efforts et de la discipline qui seront récompensés par de beaux fruits que nous porterons à long terme. Cela implique de la part de l’Église et des croyants :

  • D’avoir la volonté d’essayer quelque chose de nouveau.
  • De s’exercer régulièrement à chanter les Psaumes.
  • D’enseigner à l’Église la signification des Psaumes pour mieux comprendre les magnifiques paroles que nous chantons.
  • De comprendre comment les Psaumes nous conduisent à Jésus-Christ.

2. Les paroles utilisées🔗

Des mots vieillots, désuets ou trop recherchés de même que des tournures syntaxiques trop complexes rendent le chant des Psaumes inutilement difficile et même parfois incompréhensible. Il devient alors inutile de chanter ces Psaumes, car le but proposé devient pratiquement impossible à atteindre. Bien sûr, le peuple de Dieu est appelé à grandir dans sa connaissance du français actuel et du vocabulaire biblique plus technique. Cependant, nous ne devrions pas imposer à l’Église une langue désuète qui ne lui dit rien sous prétexte qu’il « faut » chanter les Psaumes.

Nous devrions rechercher un psautier écrit dans une langue à la fois belle et simple. Les paroles devraient rendre l’original le plus fidèlement possible tout en étant les plus accessibles possible au peuple de Dieu. Des mots simples et des tournures faciles à comprendre devraient avoir la priorité sur la beauté du style poétique, sans toutefois négliger le style.

3. La mélodie employée🔗

Les vieilles mélodies sont parfois très belles, parfois très difficiles à chanter, soit parce que la composition est de qualité moyenne, soit le plus souvent parce que les styles et les façons de chanter ont changé et nous sont moins familiers aujourd’hui.

D’anciennes mélodies qui sont très belles, mais moins familières, peuvent être apprises avec profit par l’assemblée. Le génie musical des générations passées n’est pas à rejeter; au contraire, sa redécouverte et son usage aujourd’hui ne pourront que nous enrichir et nous permettront d’exprimer la catholicité de l’Église que le Seigneur rassemble parmi tous les peuples de toutes les générations et de tous lieux.

Une mélodie peut être facile à chanter, mais pas nécessairement convenir au contenu d’un Psaume, par exemple un Psaume joyeux sur une mélodie triste, ou à l’inverse un Psaume de lamentation sur une mélodie légère.

Un même Psaume peut nous faire passer par diverses émotions (détresse, complainte, confiance, victoire, louange); il devient plus difficile de trouver une mélodie appropriée qui serait capable d’exprimer ou de soutenir toute cette gamme d’émotions.

Bien que la mélodie ait son importance, l’Église devrait apprendre à se concentrer davantage sur les paroles chantées que sur la beauté de la mélodie.

Cependant, nous devons aussi reconnaître l’importance du choix mélodique dans l’appropriation du contenu des Psaumes afin de louer Dieu de tout notre cœur. La mélodie est là pour émouvoir nos cœurs et nous faire saisir le contenu de façon plus profonde.

Chanter les belles paroles des Psaumes sur des mélodies qui ne disent rien ou qui frustrent et attristent l’assemblée ou une partie de celle-ci devient contre-productif et ne permet pas d’atteindre le but poursuivi.

4. La façon de chanter et de jouer la mélodie🔗

La musique est là pour aider l’assemblée à louer Dieu, mais parfois la façon de jouer la mélodie devient nuisible. Il arrive assez souvent que les mélodies anciennes soient mal jouées (trop lentement, trop langoureusement, etc.) parce que les musiciens ne connaissent pas bien le style ou parce que le style est devenu peu familier et difficile à chanter par l’assemblée.

5. Les qualités recherchées d’un bon psautier🔗

a. Les paroles🔗

  • La fidélité au texte original doit avoir priorité sur la performance poétique, sinon on risque de s’éloigner du sens de l’original.
  • Une simplicité du vocabulaire.
  • Une poésie accessible à tout le peuple de Dieu (et non une poésie élitiste).
  • Autant que possible, une fidélité au parallélisme de la poésie hébraïque.

b. La musique🔗

D’après Jean Calvin, les mélodies des chants pour le culte devraient :

  • Plaire à Dieu et aux anges.
  • Être empreintes de poids et de majesté (cela ne veut pas dire lenteur).
  • Être de grande qualité musicale.
  • Avoir un style distinct des mélodies employées à d’autres usages.
  • Correspondre au contenu du texte (unité entre le texte et la musique).
  • Être faciles à chanter par toute l’assemblée, incluant les enfants.

Note

1. La série de huit articles s’intitule Réflexion sur le chant des Psaumes.