Cet article a pour sujet l'intérêt actuel pour le phénomène démoniaque, pour l'occultisme et les démons. Cela montre le besoin spirituel de l'homme que Satan cherche à tromper, mais que Jésus-Christ est venu délivrer.

Source: Défi et défaite des démons. 9 pages.

Démonologie - L'actualité du démoniaque

S’il faut en croire la petite histoire, autrefois, au cœur du Moyen Âge, des chrétiens se disputaient pour savoir combien d’anges pouvaient tenir sur la tête d’une épingle! Sans doute, la question ne se posait pas pour les démons. Apparemment, ceux-ci n’auraient pas supporté une crise de logement aussi aiguë! Aimant les grands espaces, les hordes de Béelzébul devaient parcourir le vaste monde, cornes dressées, queue au vent, à la recherche d’un lieu de séjour plus confortable et convenant mieux à leurs funestes desseins. Une sorcière de village par exemple! Et lorsque la chasse contre celle-ci commençait, les légions démoniaques s’envolaient ailleurs, ignifuges et à l’abri des flammes dévorant sans merci leur malheureuse hôtesse. Peut-être était-ce pour se nicher dans des endroits moins malfamés? Une Église par exemple! Qui aurait soupçonné les Églises d’accueillir, elles aussi, le démon? Car, comme la femme de César, l’Église était au-dessus de tout soupçon! Voire!

Mais trêve de plaisanteries! Penchons-nous sur la réalité actuelle, les démons et leurs agissements maléfiques. Hélas!, on nous a tellement bourré le crâne de certitudes matérialistes que nous croyons peut-être uniquement à ce que nous touchons, sentons et humons. À tel point que l’homme, affirme-t-on, n’est que le produit de ce qu’il mange! Qui croirait encore à l’existence des anges et les démons? Finie l’époque des célèbres peintures avec des anges aux visages poupins, munis d’ailerons et invariablement occidentaux, nordiques et blonds! Pour les esprits forts modernes, les seuls anges possibles et imaginables sont des hommes ou des femmes en blanc, médecins et infirmières, et parfois, pour les esprits plus taquins, des agents de police… Pour les plus fortunés, il y a les gardes du corps musclés! Quant aux démons, en vain chercherions-nous, pour effrayer les enfants gourmands et menteurs, « le vilain diable du catéchisme, aux dents féroces, au pelage de bouc, à la longue queue et aux cornes luisantes, qui, la fourche à la main, rôtit éternellement les pécheurs! » (M. Denuzière). Il n’effraie plus personne, surtout depuis que prêtres et pasteurs ne semblent tenir ces représentations que pour images d’Épinal, bonnes à classer au rayon des mythes frelatés. Les démons que l’on redoute actuellement ce sont les germes et autres virus mortels.

Nonobstant, depuis peu, selon la grande presse, les démons et leur prince Satan en tête seraient revenus à la mode. Satan semble se porter bien. Les écrits sur lui prolifèrent; il y a toujours, hélas!, des gens pour fouiller dans les bas-fonds de la création invisible afin d’alimenter des chroniques plus ou moins douteuses et satisfaire la curiosité malsaine de certains lecteurs. Ce penchant pour le démoniaque, cette boulimie pour les récits de satanisme, pour la magie, la sorcellerie, les démons, les exorcismes et autres diableries font la fortune des spécialistes du genre!

Certains chrétiens et certaines Églises semblent s’être donné comme mission spéciale celle de se pencher avec prédilection sur les phénomènes relevant de l’occulte (l’exemple le plus affligeant étant celui d’un fondamentaliste dispensationaliste américain dont le livre sur Satan s’est vendu non seulement outre-Atlantique, mais encore dans le monde entier, comme des petits pains, tant il est vrai que la théologie-fiction remporte actuellement des succès fulgurants); sans parler du spiritisme, du démonisme, de la sorcellerie, des envoûtements, de la nécromancie, de l’astrologie, des horoscopes, de l’adoration de Satan, des messes noires et autres meurtres rituels… Même des missionnaires, sous le titre assez curieux de « rencontre de puissances », croient devoir nous rapporter dans les moindres détails certains faits observés en terre de mission : rencontres avec des puissances actives, violentes, maléfiques et mortelles, parfois entre le missionnaire et les esprits du mal. Discourir sans arrêt de « rencontre des pouvoirs » (« power encounter » en anglais) comme du thème majeur dont l’évangéliste devrait traiter est devenu une obsession qui nous préoccupe sérieusement.

Dans l’étude présente qui traitera de la démonologie à la lumière des saintes Écritures, nous rappellerons les données essentielles de la révélation chrétienne. La Bible nous en présente non seulement le contenu, mais nous permet encore de le transmettre avec sobriété ainsi que d’envisager un conflit qui s’impose de façon tout à fait réaliste. Contrairement à ce qui s’écrit à propos du démon et qui ne manque pas d’entretenir une curiosité malsaine, suscitant un véritable engouement pour tout phénomène occulte, nous chercherons à examiner la démonologie biblique et à l’interpréter d’après des convictions que nous voulons résolument réformées. Nous prendrons le risque de décevoir ceux de nos lecteurs qui ont un penchant pour tout ce qui est alléchant, aussi bien dans le champ que nous explorons que dans d’autres champs de la révélation biblique. Notre tâche consistera à nous inspirer exclusivement de la sobriété saine et salutaire de l’enseignement biblique.

Certains s’interrogent sur le pourquoi de cet engouement jusque dans des cercles chrétiens. Nous en mentionnerons quelques facteurs :

Nos contemporains ont soif d’entendre une voix qui leur parvienne du delà de leurs machines et qui soit différente des sons et vibrations produits dans les usines traditionnelles de leur culture religio-philosophique. Preuve en soit la passion avec laquelle certains affirment la présence d’extra-terrestres parmi nous et leur certitude quant à la réalité des O.V.N.I. Ils sont disposés à recevoir n’importe quelle réponse à leur quête, d’où qu’elle vienne. Ayant soif d’aventure, ils n’hésiteront pas à chevaucher les frontières de leur existence routinière, plutôt confortable, qu’ils trouvent morne et ennuyeuse.

À l’âge des Beatles et des drogues, il fallait s’y attendre. Car ce n’est pas un secret qu’au-delà de ces deux phénomènes sociaux modernes s’étend le royaume de l’occulte, dont les frontières s’ouvrent accueillantes pour qui cherche à s’y engouffrer afin d’engloutir l’homme à la poursuite d’une satisfaction ultime.

Mais les Églises chrétiennes n’ont pas échappé, elles non plus, à l’attrait de l’occulte. Si ses adeptes sont en grand nombre, on peut trouver aussi, dans les Églises, ceux qui partagent leur intérêt entre les aventures de Satan, des interprétations fantaisistes de la fin des temps et la curiosité d’un monde souterrain peuplé de créatures spirituelles déchues.

Il y a aussi ceux qui, sans être ni cartomanciens, ni de vulgaires charlatans de fête foraine, se sont mis à se prosterner devant l’image de Satan. Ils peuvent être des intellectuels, des figures du monde de l’art et des spectacles, des enseignants, des hommes du monde politique et même, nous assure-t-on, des hommes… d’Église!

Si nous nous référons à ces cas, la raison en est que, sans vouloir soulever de passions déplacées, nous tenons à proposer une aide chrétienne et pastorale à ces égarés. Une telle aide ne peut leur être offerte autrement que par une fidèle exposition des données bibliques sur le sujet qui nous occupe et par la proclamation claire de l’Évangile du salut. Ce n’est que dans une intention strictement pastorale que nous avons entrepris une étude de cette nature. Nous comprenons la cause actuelle de l’obsession du démoniaque. Pour certains, esprits défaitistes, c’est le signe d’une abdication morale pure et simple. D’autres, transgresseurs affichés de la morale, se justifieront en disant que « le démon m’y a poussé », car ce n’est pas un secret pour personne que le pouvoir démoniaque n’ait aucune peine à exercer son influence sur celui ou celle qui a abdiqué sa responsabilité morale. Pour d’autres, l’occulte répondra à la recherche de sensations fortes et d’expériences nouvelles. Pour d’autres encore, il correspond à une quête de pouvoir.

Parmi nos contemporains, nous rencontrons aussi cette catégorie de malheureux qui sont restés superstitieux. À vrai dire, ils n’ont rien à envier à ceux qui, en d’autres âges et d’autres incultures, jouissaient de la même immaturité spirituelle. S’écartant de ce qui est clairement révélé, ils voient le pouvoir diabolique partout et Satan derrière chaque maladie, chaque dépression, chaque emportement coléreux ou chaque comportement inhabituel. Sans nier que de tels comportements puissent être occasionnellement attribués à Satan, il ne faut pas conclure automatiquement qu’ils sont tous, sans exception, le fait du diable. Il faut en discerner les causes réelles — et en grande majorité celles-ci sont d’ordre naturel — et alors, il faut faire appel à la science médicale, voire à une psychologie qui ne contredise pas la direction spirituelle chrétienne.

Cela dit, certains phénomènes inhabituels (dont on nous fait part) sont bien souvent associés à l’abus de la drogue et à des perversions sexuelles. Ils témoignent de l’aliénation des hommes par rapport à Dieu, de la répudiation de l’autorité souveraine de sa Parole, manifestée une fois pour toutes dans la loi et les prophètes et suprêmement et définitivement dans l’incarnation de son Fils unique, Jésus-Christ, le Seigneur. N’attendons aucune nouvelle révélation relative aux anges déchus. Tenons-nous-en au sage conseil pastoral de Jean Calvin, le grand réformateur français du 16e siècle :

« Bien sûr que les démons et Satan existent et qu’ils sont actifs. Mais si la Bible nous en parle, c’est pour nous avertir et nous mettre en garde contre celui qui, ange de lumière ou lion rôdant autour de nous, cherche à mieux nous dévorer.1 »

Nous aurons ainsi à éviter deux écueils : d’une part le rationalisme rebelle de la terre plate, d’autre part l’obsession qui caractérise les crédulités superstitieuses des modernes.

Parlons cependant de l’actualité du démoniaque. C’est à un hebdomadaire à grand tirage que nous empruntons pour commencer quelques lignes d’un reportage sur le démon et les pratiques démoniaques actuelles.

« Envoûtements. Possessions. Exorcismes. Des millions de Français sont persuadés d’être les victimes du diable… Les sous-sols de tel ministère semblent avoir abrité une cérémonie vaudou. Dans telle ville, un homme et sa sœur mettent le feu au lit de leur père invalide “pour le faire renoncer à Satan”. Ailleurs, deux retraités ont perdu tout leur bétail, découvert des rochers de cinquante kilos dans le lit de leur fille et retrouvé des milliers d’épingles de toutes formes dans leurs champs et dans leur maison. Ailleurs encore, deux frères tuent leur père de trente coups de couteau; il préparait, croyaient-ils, un philtre pour ensorceler sa femme. Cinq ans auparavant, il avait tenté de l’immoler par le feu… Voici encore un autre fait : un maçon tue d’un coup de couteau un Turc; “il me jetait des sorts”, expliquera-t-il. Poursuivons l’enquête. L’étranger, aussi, connaît les sorciers et les exorcistes. Aux États-Unis, cinq nouveau-nés sont sacrifiés chaque année depuis 1969 à Satan pour fêter le retour de l’été. En Yougoslavie, trois “exorcistes” rouent de coups et brûlent une jeune femme pour obtenir le nom de ceux qui torturaient son âme.
Pas un jour sans qu’un quotidien ne relate une histoire de sorcellerie. Il y a celles qui font rire, comme la mésaventure de cet homme d’affaires qui, pour décrocher un contrat avec un pays étranger, danse autour d’une mallette bourrée de billets de banque : le sorcier, bien sûr, finit par s’éclipser avec le magot! D’autres histoires font froid dans le dos. Comme ce scénario tragique où, lors d’un rituel macabre, une infirmière assassine son fils de six ans pour “l’exorciser”. Ou encore ce fait divers où un couple d’artisans croit éviter la faillite en déterrant un cadavre pour prélever tibias et viscères afin de fabriquer un talisman… Dans les caves du ministère mentionné tout à l’heure, c’est un fragment de cervelle humaine qui fut découvert2. »

Revenons encore aux États-Unis : Depuis qu’un assassin en série de Californie connu sous le nom de « Night Stalker » a flambé les cornes de Satan devant les caméras de la télévision, le lien entre satanisme et crime violent ne devrait plus faire de doute. Le gouvernement ne conserve pas de statistiques sur l’influence qu’exerce cette nouvelle religion qui croît de manière vertigineuse dans ce pays. Cependant, des sociologues organisent des séminaires dans le pays entier pour s’informer des faits et des comportements et pour s’éduquer sur le sujet. Selon un fonctionnaire de police, depuis la dépression des années 1920, la nouvelle religion du satanisme est la menace la plus grave que court la société. Peu nombreux sont pourtant les enseignants et éducateurs du grand public qui sont en mesure d’expliquer le phénomène en termes de modèles béhavioristes, ou de hasarder quelques conseils quant à la manière de s’y prendre. Une certitude reste cependant acquise : le satanisme est devenu une idéologie qui permet et promeut une activité criminelle sans précédent et, chose inédite, une activité criminelle souterraine. La croissance rapide du culte voué au diable peut s’expliquer aussi en liaison avec l’extension qu’a prise depuis quelques décennies le trafic des stupéfiants. Des satanistes « orthodoxes » nient pourtant que la secte soit directement associée au crime, à la violence et à d’autres activités illégales dont on l’incrimine.

Du fait que le satanisme est une religion conservant un secret absolu sur ses pratiques et du fait que ses adeptes doivent non seulement occulter leurs rites aux non-initiés, mais encore leur mentir à ce propos sous peine de punition exemplaire, il est quasiment impossible d’obtenir des informations dignes de foi quant aux rites pratiqués. Si quelqu’un se hasarde à discuter publiquement des pratiques sataniques, il est évident qu’il ou elle a cessé d’appartenir au cercle. Aussi, les renseignements les plus abondants recueillis sur la secte sont de nature plutôt anecdotique et, par conséquent, peu crédibles.

Rappelons-nous que la plus grande partie des symboles et des cérémonies concernant cette « nouvelle religion », d’ailleurs vieille comme le monde, a été inventée par un psychologue britannique du début du siècle, Aleister Crowley.

Quant à la vague de satanisme qui déferle notamment parmi les jeunes, voire les adolescents, elle s’explique, en partie au moins, par l’influence de la musique dite « Heavy Metal » (en américain), une variété de rock lourd d’une extrême nocivité pour le psychisme. Cette musique mélange délibérément à son lyrisme irrationnel des messages occultes et aussi, cela va de soi, les formes extrêmes de perversion sexuelle, en dépit des dénégations des producteurs qui s’enrichissent avec ces produits sous-culturels infernaux. C’est aux États-Unis que les chrétiens ont été les premiers à être sensibilisés et à se mobiliser contre elle à cause de leurs solides convictions bibliques et théologiques. De nombreux faits divers criminels, souvent d’une violence inouïe, s’expliquent par l’inspiration reçue du culte satanique. L’enquête de l’hebdomadaire mentionnée plus haut concluait :

« Satan prend l’avion, emprunte le métro et, pour se faire connaître, il multiplie les conférences et les congrès. Selon une récente enquête, 18 % des Français croient à la sorcellerie. Et même si la moitié des personnes interrogées se déclarent convaincues que la science expliquera un jour ses effets, ses officines prolifèrent. En même temps, chaque année plusieurs milliers de demandes d’exorcisme sont déposées dans les diocèses catholiques romains.
En France, on estime à trente mille le nombre des sorciers, mages et autres désenvoûteurs. Un vrai filon; leur chiffre d’affaires dépasserait les trois milliards de FF. Impossible de connaître les chiffres avec précision. La sorcellerie est mise hors-la-loi par le code pénal qui stipule que seront condamnés à des peines de un à cinq ans de prison “les charlatans et devins persuadant les dupes qu’ils ont le pouvoir de guérir certaines maladies ou de provoquer le succès, l’accident ou l’événement”. Aussi, beaucoup de spirites ou de médiums pratiquent-ils leur art en secret, tandis que les écoles de sorcières, les confréries de néo-satanistes ou de lucifériens sont déclarées, sous des noms divers et obscurs, comme associations à but non lucratif, régies par la loi. Colloques et séminaires se multiplient, comme “la sorcellerie aujourd’hui”. Sans doute inspirés par Béelzébul, les sorciers publient chaque année des centaines de “guides de la sorcellerie”. Un rien suffit à faire sortir le diable de sa boîte!3 »

Arrêtons ici la longue citation de ces faits divers, rapportés par la presse écrite.

À un moment où les missionnaires chrétiens s’évertuent à nous persuader que les activités des esprits souterrains dans les pays dits de mission reprennent de plus belle (comme si elles avaient jamais cessé!), il serait imprudent d’oublier que l’Occident civilisé n’est pas davantage à l’abri des agitations fébriles des forces souterraines maléfiques. Notre propos est différent. Sortant de l’enquête journalistique faite pour alimenter la curiosité du grand public, bien qu’elle soit tout à fait sérieuse et convaincante, nous nous proposons une enquête menée d’après les données de la Bible, laquelle inspirera une sobre réflexion, telle que la commande l’ensemble de son enseignement.

Jésus nous enseigne à prier : « Délivre-nous du Malin » (Mt 6 .13). Du malin comme personnage, et non du mal, ainsi que traduisent cette partie du Notre Père certaines versions modernes. Lecteurs de la Bible, nous avons l’intime conviction de la réalité du monde spirituel et invisible, aussi bien angélique que maléfique. Et s’il fallait encore ajouter un argument en faveur de cette conviction, nous pourrions citer la réplique classique que Shakespeare met dans la bouche de Hamlet : « Il y a plus de choses sous le ciel que n’en contient ta philosophie, Horatio. »

Le sujet que nous abordons est vaste; il sera adéquatement abordé si nous savons en faire une synthèse aussi correcte et complète que possible, sans trop nous attarder au côté anecdotique.

L’occulte, invariablement accompagné d’oppression démoniaque, fait partie intégrale de la vie sociale et culturelle moderne. Il a envahi tous les niveaux de la pensée de l’homme contemporain. Il fait peser lourdement son influence sur les diverses aires de l’existence et de l’activité humaines.

On ne peut comprendre le monde de l’occulte contemporain en ne tenant compte que des modèles de développement logiques. Malheureusement, des hommes de science, par exemple des médecins, mais aussi certains théologiens, procèdent par une analyse exclusivement logique et rationnelle pour expliquer le phénomène. Or, l’activité de Satan est tellement variée que les spécialistes risquent fort d’être déçus s’ils tiennent à rendre compte de l’ensemble des facettes de ce phénomène uniquement à partir de leur guérite d’observation.

Nous aurons de la peine à parvenir à une vue d’ensemble cohérente pour pouvoir expliquer le phénomène démoniaque, si nous l’approchons à partir d’un point de vue ou à l’aide d’une seule discipline scientifique, médicale ou psychologique, qui trahirait nos préjugés personnels. Rappelons-nous que, dans les manifestations démoniaques, tout est en rupture, disloqué, rebelle à une systématisation logique.

L’occulte est une religion faite sur mesure. Il en existe des centaines de variétés, et les combinaisons entre elles sont multiples. Certains sorciers croient en la réincarnation, d’autres non. Certains astrologues étudient la numérologie, d’autres n’y accordent aucun crédit. La graphologie peut accompagner l’astrologie, mais nombre d’astrologues ne lui porteront aucun intérêt. Une école de sorcellerie croira fermement à la guérison par les plantes, une autre refusera de la prendre en considération. L’application pratique des sciences occultes vise à accroître un certain savoir en vue d’opérer des choix concrets dans la vie courante.

Reconnaissons que toute énergie ou force mystérieuse ou inconnue ne relève pas forcément d’une origine satanique. Dieu est le Créateur de toutes choses, aussi bien visibles qu’invisibles. Cependant, Satan peut se servir de toutes les occasions pour opprimer les gens; aussi devons-nous être sur nos gardes et rester vigilants à l’égard de cette chance qui lui est accordée. Considérons par exemple nos instincts ou désirs sexuels. Comme tels ils n’ont rien de satanique; on sait pourtant de quelle manière ils peuvent permettre, si on n’exerce pas une vigilance soutenue, l’intrusion de puissances démoniaques hyperactives. De même, on peut raisonnablement parler de télépathie, de télékinésie, de clairvoyance. De telles activités, simple hypothèse seulement, pourraient appartenir au domaine de la création; rappelons-nous toutefois qu’elles risquent de servir d’antichambre d’où les forces démoniaques pourraient se lancer aussitôt à l’assaut de toute l’habitation.

Il y a quelques années, un article d’Arthur Koestler, écrivain mondialement connu et disparu il y a peu, faisait part du fait suivant : dans certains laboratoires scientifiques, on mène une recherche active relative à d’hypothétiques tachyons, des corpuscules d’origine cosmique supposés voyager plus vite que la lumière, et selon la théorie orthodoxe de la relativité, dans un temps à rebours. Ces corpuscules — précisons qu’il s’agit là d’une hypothèse — apporteraient à notre présent des informations à partir du futur, de la même manière que la lumière et les rayons X nous en apportent à partir de galaxies éloignées, c’est-à-dire depuis le passé lointain. À la lumière de ces développements, nous ne pouvons, a priori, exclure la possibilité théorique de phénomènes précognitifs ne faisant pas partie de notre savoir actuel.

Des savants posent également nombre de questions relevant de la parapsychologie. Par exemple, un schizophrène est-il réellement un malade mental au sens courant du terme, ou bien, au contraire, quelqu’un qui subit la pensée d’autrui? On a parlé de « l’homme perméable » comme d’un être poreux, tel un crustacé sans carapace, soumis involontairement à l’influence, pour ne pas dire à l’oppression, de multiples réalités, plutôt que coupé de la réalité. En d’autres mots, est-il influencé par d’autres forces que celles que nous connaissons, que nous percevons et que nous éprouvons en général? Un malade mental ne serait-il pas doté d’une sensibilité plutôt inhabituelle?

Tout ceci nous rappelle une phrase du célèbre savant britannique, Sir James Jeans : « L’univers commence à nous paraître davantage comme une grande pensée que comme une grande machine. » Or, James Jeans n’est pas particulièrement un mystique. Ses recherches ont été effectuées sur la théorie des principes quantiques. Mais il semble que le principe de complémentarité, que depuis si longtemps des chrétiens ont appliqué, se met enfin à gagner du terrain. Comme nous l’avons dit, il existe dans notre univers bien plus de réalités et de phénomènes que ne pourrait expliquer une philosophie positiviste ou une conception mécaniste de l’existence et de l’ordre créé. Tout semble produire des effets sur d’autres plans que purement physiques, et il existe des forces qui nous influencent et dont nous ne nous rendons pas toujours compte.

Combien de tout ceci est-il ouvert à l’activité démoniaque? Comment distinguer entre une investigation scientifique du monde créé par Dieu et la manipulation du démoniaque qui désintègre le système des prouesses mentales? Existe-t-il un danger de possession démoniaque lorsque les expériences psychiques sont conduites sur une base ou un terrain psychique, mais non lorsqu’elles le sont dans des laboratoires de l’État? Question légitime qui attend une réponse honnête.

À peu d’exceptions près, tous les hommes savent que peu nombreux sont les événements que l’on peut expliquer en termes exclusivement physiques. Nous pensons qu’en tout homme normal il existe un désir légitime, inné, d’atteindre des vérités ou des pouvoirs supérieurs; une telle soif de savoir s’accommode parfaitement du tableau plus large de la vie, de même la volonté d’exercer un certain contrôle et d’assujettir des énergies autres que les énergies les plus familières. Mais une telle recherche devra être subordonnée aux lois du Créateur. Si nous sommes dotés d’une intelligence merveilleuse, la raison en est que nous avons été créés pour être en relation avec lui. Aussi, il existera toujours un vide et une soif inextinguible tant que nous serons séparés de lui et en rupture avec l’unité harmonieuse qu’il nous propose.

Tout homme porte dans ses gènes une nécessité inéluctable, un code qui le destine à se trouver en relation intime avec le Dieu Créateur, celui qui est « là-haut », au-delà, plus grand que tout le reste. L’homme a soif d’intimité avec ce Dieu totalement autre. Jésus-Christ est un Dieu puissant, qui existe avant toutes choses; c’est en lui que la totalité de l’ordre créé trouve sa cohésion et en qui subsiste la réalité perceptible aussi bien que l’univers invisible. Il est également un Sauveur personnel qui promet d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Or, Satan peut abuser de chaque besoin spirituel de l’homme. Il ne veut pas que celui-ci trouve son bonheur et la réponse à ses questions en Christ; c’est pourquoi il s’y substitue par fraude et par ruse. Il est le trompeur par excellence; il s’est servi des hérésies gnostiques des premiers siècles pour contaminer les milieux chrétiens, et, avec les mêmes hérésies, il incite actuellement les hommes à chercher un dieu sans nom ni visage, au-delà du Dieu de la Bible.

Soyons heureux de savoir que le Saint-Esprit nous habite de manière vitale, aussi bien à titre individuel que communautaire. Au moment où les forces démoniaques semblent se livrer à une escalade de violence, nous avons le privilège, en tant qu’Église, de savoir que le Saint-Esprit de Dieu nous habite à ces deux titres. Sa puissance en nous est réelle et active en vue de notre régénération et de notre constante transformation à l’image même de Jésus-Christ, homme parfait et Fils unique de Dieu.

Maintenons aussi un sain équilibre; que les chrétiens qui souffrent d’une surproduction d’adrénaline ne s’imaginent pas qu’ils sont possédés du diable! Qu’ils vérifient leur vie dans l’Esprit à la lumière de la Bible; qu’ils s’examinent d’après les critères de la sanctification évangélique, mesurent leur esprit de renoncement, le sérieux de leur repentance, la fermeté de leur consécration au seul Seigneur de l’univers et à leur Sauveur personnel, Jésus-Christ.

Satan est le trompeur, le prince de ce monde, celui des ténèbres, l’accusateur, le prince du pouvoir de l’air, le meurtrier et le menteur. Il combat la lumière en se servant de tous les moyens pour gagner l’entrée dans la pensée des humains et pour s’emparer de leur âme.

Mais nous savons aussi que Jésus-Christ, en qui habite la plénitude de Dieu, nous a libérés de tout joug diabolique et nous a faits enfants de Dieu par adoption; grâce à lui, nous bénéficions de la présence du Paraclet au milieu de nous, voire en nous. Il se tient auprès de nous pour nous défendre. Nous proclamons celui qui est, en personne, la Bonne Nouvelle. Nous jouissons d’une paix qui est plus que physique ou émotionnelle, d’une paix totale, qui surpasse tout entendement humain, destinée, offerte à la personne tout entière, aussi bien émotion que cerveau et esprit.

Notes

1. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne.

2Le Point du 29 juillet 1985.

3Le Point du 29 juillet 1985.