Cet article a pour sujet le diaconat et le ministère des diacres qui contribue à l'édification de l'Église et à la faire grandir en maturité et dans la communion spirituelle.

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Le diaconat et la maturité de l'Église

Au début de l’Église (Ac 6.1-6), nous voyons le ministère qui semble le plus élevé, celui des apôtres, et le ministère qui semble le plus humble, celui des diacres. Les apôtres se consacraient à l’enseignement et à la prière, mais une dissension était apparue entre des chrétiennes veuves d’origine juive et d’origine grecque. Sept hommes sages, de qui on pouvait rendre un bon témoignage et qui étaient remplis du Saint-Esprit, furent désignés pour résoudre cette difficulté. S’agissait-il seulement de donner à manger à ces veuves chrétiennes? Non, il s’agissait de préserver la communion dans l’Église! Ce n’était pas moins important que d’apporter de bons enseignements.

Avec le temps, le ministère diaconal s’est confondu avec l’action sociale ou humanitaire. Tout cela est utile et important, mais pas de la même nature. Le ministère diaconal est un ministère au sein de la communauté chrétienne, attaché tout particulièrement à « l’assistance destinée aux saints » (2 Co 8.3-4; 9.1). L’objectif est que les membres les plus vulnérables de l’Église (chrétiens isolés, malades, âgés, démunis…) ne soient pas amenés à douter de la communion qui les relie aux autres chrétiens. Nous voyons Paul se soucier fréquemment de cela.

« Les membres doivent avoir également soin les uns des autres, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps. Car si un membre souffre [même secrètement] tous souffrent… » (1 Co 12.25-26; voir Ac 11.29-30; Rm 15.25-26).

Cela a-t-il seulement une dimension horizontale, tout humaine? Non, car ce qui touche chaque chrétien touche le Seigneur lui-même (Za 2.8; Mt 10.42; 25.40; Mc 9.41; Hé 6.10). À plus forte raison quand cela touche la communion de l’Église. Ainsi, Paul peut-il écrire que « le secours de cette assistance, non seulement pourvoit aux besoins des saints, mais il est aussi une source d’abondantes actions de grâces envers Dieu » (2 Co 9.12). Actions de grâces? C’est proche du culte! C’est pourquoi l’apôtre peut écrire : « Persévérez dans la prière. Pourvoyez aux besoins des saints » (Rm 12.12-13). Il s’agit de deux communions inséparables. Deux communions qui en font une seule. Une Église qui comprend et vit cela commence à devenir adulte.

Quand les diacres accomplissent leur ministère à côté des anciens, pour et avec l’ensemble des fidèles, la prédication est en quelque sorte préparée et prolongée, ce qui lui confère une autorité plus grande.

L’Église donne ainsi réellement suite au ministère de serviteur que Jésus a démontré. Il a servi; nous servons. Et c’est réellement lui qui sert encore au travers de son corps, de nous. Sans le ministère du secours et de l’entraide, le corps est en souffrance; il est attristé, amoindri, handicapé. Avec l’engagement diaconal (celui des diacres et celui de tous les fidèles), l’Église donne au salut accompli par Jésus-Christ sa vraie et pleine mesure. Par ailleurs, servir l’Église, c’est servir son chef, Christ! (Mt 10.40-42; 25.40).

Les chrétiens, par leurs services mutuels, constituent réellement un corps. « Le ministère des hommes dont Dieu use pour gouverner son Église, dit Calvin, est comme la jointure des nerfs pour unir les fidèles en un seul corps.1 » Les gestes précèdent et accompagnent les paroles. Le diaconat précède et accompagne l’action pastorale du pasteur et des anciens. C’est ainsi que le monde peut voir l’Église comme une démonstration du salut, de la grâce, de la sagesse qui sont en Jésus (Jn 13.34-35; 17.20-23).

Le diaconat pratiqué préserve l’Église de l’hypocrisie dans sa confession de foi, dans son enseignement, dans ses prières, notamment sa prière d’intercession : il préserve du risque de prier pour les besoins des autres en fermant les yeux sur les occasions de répondre à ces besoins.

Le diaconat pratiqué préserve l’Église de l’intellectualisme ou des pratiques symboliques sans rapport avec les besoins et les comportements réels, d’une spiritualité désincarnée. Dans cette perspective, la Cène doit devenir une source pour la diaconie : le service et l’entraide s’opposant à tout ce qui peut menacer la joie de la communion.

Note

1. Calvin, Institution chrétienne, IV.3.2.