Cet article a pour sujet le but premier de la vie chrétienne qui consiste à rendre gloire à Dieu par tout ce que nous disons et faisons (le soli Deo gloria de la Réforme).

Source: Les solas de la Réforme (ÉK). 3 pages.

À Dieu seul la gloire

Nous voici arrivés au dernier article de cette série sur les six motifs qui nous permettent d’exprimer et de vivre notre foi chrétienne. Après par l’Écriture seulement, par la foi seulement, par la grâce seulement, par Jésus-Christ seulement, par l’illumination du Saint-Esprit seulement, nous abordons le dernier volet, qui a pour titre : À Dieu seul la gloire. Motif bien connu. Mais qu’expriment au juste ces mots? Ils expriment tout simplement le fait que tout nous vient de Dieu, qu’il est non seulement notre Créateur, mais aussi notre Rédempteur et celui qui pourvoit à tous nos besoins, physiques, matériels et spirituels. C’est lui qui, par sa providence, nous guide et nous fait traverser en vainqueurs toutes sortes d’épreuves servant à notre édification. C’est vers lui que doit tendre toute notre énergie, quoi que nous fassions. Car lui rendre gloire, mettre notre vie tout entière en accord avec sa volonté révélée en la lui confiant chaque jour, voilà le but ultime de notre existence.

Dieu accorde à chacun des dons particuliers. Ces dons doivent être mis au service d’une vocation qui a avant tout pour but de le servir et de servir le prochain. Cela peut-être comme enseignant, ouvrier, infirmière, médecin, parent, chargé d’une administration quelconque — privée ou publique —, ce qui implique naturellement la possibilité d’une vocation politique ou diplomatique, voire militaire. Toute vocation a pour but un service à Dieu et aux autres. C’est par là que nous trouvons notre propre accomplissement, notre satisfaction, notre raison d’être. Glorifier Dieu ce n’est donc pas se désintéresser du monde, mais en fait tout le contraire. Dieu nous a placés dans le monde pour le développer en le préservant, en l’explorant et en le protégeant. Aujourd’hui plus que jamais, au milieu de la tourmente qu’apporte une globalisation effrénée, des relations internationales toujours aussi tendues, avec une apparente diminution des ressources naturelles et une croissance démographique en pleine explosion, tous les dons reçus de Dieu doivent être mis au service du prochain et de cette vocation, adressée par Dieu dès le commencement de l’humanité au premier couple humain.

Comment glorifier Dieu, comment notre attitude intérieure doit-elle s’exprimer en comportements visibles et en actions concrètes? L’apôtre Paul écrit là-dessus à ses correspondants de l’Église de Rome au premier siècle de l’ère chrétienne. Au début du chapitre 12, il les invite à ne pas se laisser prendre au piège des réflexes dominants de la société, à ne pas céder aux pulsions égocentriques et destructrices du monde qui les entoure. Il leur dit :

« Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rm 12.2).

Et un peu plus loin, au chapitre 15, Paul les exhorte à se soutenir mutuellement, à faire preuve de patience les uns vis-à-vis des autres; ils doivent parler d’une même voix afin de glorifier Dieu ensemble, comme faisant partie d’un même corps, l’Église de Jésus-Christ. Paul leur dit :

« Que le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d’avoir une même pensée les uns vis-à-vis des autres selon le Christ-Jésus, afin que, d’un commun accord, d’une seule voix, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ » (Rm 15.5-6).

Dans sa première lettre aux Corinthiens, en fin du chapitre 6, le même Paul exhorte très fermement ses lecteurs à glorifier Dieu dans leur propre corps cette fois, c’est-à-dire à ne pas vivre de manière immorale, dans le désordre sexuel, ce qui semblait être le cas de plusieurs membres de cette Église.

« Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et vous n’êtes pas à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu » (1 Co 6.19-20).

Un peu plus loin, au chapitre 10, il enjoint ses correspondants à faire tout pour la gloire de Dieu, ce qui veut dire en particulier ne causer aucun scandale qui puisse empêcher d’autres de venir à Jésus-Christ ou de persévérer dans la foi : « Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, bref quoi que ce soit que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10.31).

D’ailleurs, une telle attitude peut être contagieuse — bien sûr dans le bon sens! —, car d’autres, des non-croyants, seront peut-être amenés à faire de même au vu de l’attitude et des comportements des croyants. C’est en tout cas ce qu’écrit l’apôtre Pierre au second chapitre de sa première lettre, après avoir donné des exhortations semblables à celles de Paul :

« Ayez une bonne conduite au milieu des païens. Ainsi, dans les domaines mêmes où ils vous calomnient en vous accusant de faire le mal, ils verront vos bonnes actions et loueront Dieu le jour où il interviendra dans leur vie » (1 Pi 2.12).

Il est frappant de constater, dans la Bible, que déjà dans l’Ancien Testament, alors que le Seigneur Dieu s’adresse à un peuple particulier, celui d’Israël, tous les peuples sont appelés à glorifier son nom, à l’adorer et à se prosterner devant lui. De nombreux passages des Psaumes l’attestent. Cela témoigne de ce que la gloire de Dieu est universelle et doit être reconnue par tous. Tous les hommes doivent abandonner leurs idoles, leurs faux dieux, et rendre gloire au seul vrai Dieu. Je voudrais vous citer un autre passage de l’Ancien Testament qui va dans le même sens et qu’on trouve au chapitre 16 du premier livre des Chroniques. Le roi David vient d’instituer un service de prêtres ayant pour fonction d’invoquer l’Éternel, le Dieu d’Israël, de le célébrer et de le louer. Ils le font avec toutes sortes d’instruments de musique devant l’arche de l’alliance de l’Éternel, qui contient les tables de pierres avec les dix commandements gravés dessus :

« Chantez à l’Éternel, vous, gens du monde entier! Annoncez chaque jour la joyeuse nouvelle de son salut! Oui, publiez sa gloire au milieu des nations, racontez ses merveilles chez tous les peuples! Car l’Éternel est grand, et comblé de louanges, et il est redoutable bien plus que tous les dieux. Car tous les dieux des peuples ne sont que du néant, alors que l’Éternel a fait le ciel. Splendeur et majesté rayonnent de son être, et puissance et beauté ornent son sanctuaire. Célébrez l’Éternel vous, les nations de la terre, célébrez l’Éternel en proclamant sa gloire et sa puissance! Célébrez l’Éternel et son nom glorieux! Apportez vos offrandes en venant devant lui et là, prosternez-vous! Adorez l’Éternel dans l’éclat de sa sainteté. Vous, gens du monde entier, tremblez devant sa face! Le monde est ferme, il n’est pas ébranlé. Que le ciel soit en joie! Et que la terre exulte! Qu’aux nations, on proclame que l’Éternel est roi! Que la mer retentisse et tout ce qui l’habite! Que toute la campagne et tout ce qui s’y trouve exultent d’allégresse! Que dans les bois, les arbres poussent des cris de joie devant l’Éternel, car il vient juger la terre. Célébrez l’Éternel, car il est bon, car son amour dure à toujours » (1 Ch 16.23-34).

Comme vous le constatez, non seulement les peuples de la terre entière sont appelés à acclamer Dieu et à lui rendre gloire, mais le psalmiste exprime de façon poétique que la nature elle-même exulte de joie en la présence du Créateur : elle témoigne à sa manière qu’il est souverain et juge de l’univers.

En conclusion, souvenons-nous aussi que les chrétiens terminent la prière que le Seigneur Jésus-Christ a enseignée à ses disciples avec une formule qu’on appelle doxologique, c’est-à-dire qui rend gloire à Dieu : « Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles, amen! »