Cet article a pour sujet l'histoire de la théologie: la période patristique, le Moyen Âge, la Réforme, le libéralisme, la néo-orthodoxie, la crise de la théologie et la théologie réformée.

Source: Introduction à la théologie dogmatique. 7 pages.

Dogmatique (2) - Une brève histoire de la science théologique

  1. La période patristique (90-800)
  2. Le Moyen Âge (800-1500)
  3. La période de la Réforme (1500-1700)
  4. L’apparition du libéralisme (1700-1900)
  5. L’école néo-orthodoxe
  6. Autres courants théologiques
  7. La crise de la théologie moderne
  8. Des représentants de la théologie réformée

La théologie a une histoire qui est marquée par son développement et sa complexité. En tant que réflexion d’un ordre secondaire sur la révélation de Dieu, la théologie n’a pas le droit de s’identifier avec la vérité de Dieu, mais elle en assure la réflexion à son sujet, dans le cadre de l’Église et en réponse au monde de l’incrédulité. En tant que théologiens réformés, nous prendrons soin de nous distinguer d’autres théologies.

1. La période patristique (90-800)🔗

C’est la période qui sera marquée par le développement et la définition primitifs de la doctrine, dans le souci d’offrir une défense et une illustration de la foi au monde cultivé gréco-romain, en définissant, entre autres, les doctrines de la Trinité, du péché originel, de la personne du Christ. Apparaîtront alors les brèves confessions de foi chrétiennes, mais aussi des œuvres théologiques majeures, dont : Origène, Ta Peri Archon (« De Principai » ou « des commencements »); Augustin, Enchiridion ad Laurentium, De Fide, Spe, et Caritate, dérivés des trois vertus cardinales pauliniennes; Jean Damascène, Ekdosis Akribes Tes Orthodoxou Pisteos (un exposé précis de la foi orthodoxe).

2. Le Moyen Âge (800-1500)🔗

Durant cette période, on assiste au développement de la théologie romaine. Les débats christologiques ont cessé après les sept premiers conciles œcuméniques.

Les problèmes majeurs de la période sont : le semi-pélagianisme (Synode d’Orange, 529); la transsubstantiation (quatrième Concile de Latran, 1215); la nature et le caractère de la théologie scolastique; la doctrine de l’œuvre du Christ, les théories de l’expiation (le Cur Deus Homo, « Pourquoi Dieu s’incarna-t-il? », d’Anselme de Cantorbéry; Abélard et le Sic et non, « Ainsi et pas »).

Les œuvres théologiques majeures de la période sont : Anselme de Cantorbéry, Monologion et Prologion; De Fide Trinitatis et de Incarnatione Verbi; Cur Deus Homo. Pierre Lombard, Sententiarum Verbi IV (c’est la première œuvre importante de la période scolastique, qui est un recueil des pensées des Pères anciens et plus spécialement d’Augustin); quatre livres : Dieu; Créatures, incarnation et rédemption; Sacrements et Les choses dernières. Alexandre Hales, Summa Universe Theologiae. Thomas d’Aquin (1225-1274) est assurément le plus grand des théologiens scolastiques. Il a effectué une synthèse consciente entre Aristote et Augustin, la philosophie et la théologie, Aristote et les dogmes de l’Église, synthèse qui reflète la dichotomie entre la nature et la grâce, le naturel et le surnaturel, la raison et la foi. La capacité de la raison après la chute à comprendre correctement le domaine naturel, affaiblie par la perte du donum superadditum, est néanmoins encore capable de fonctionner adéquatement dans le domaine naturel. À l’intérieur de ce premier domaine, la raison peut prouver l’existence de Dieu ainsi que d’autres vérités sans le secours de la foi et de l’Écriture, ou bien d’une révélation surnaturelle. Ces vérités naturelles sont des préambules à des articles de foi promulgués avec autorité par l’Église. Les prolégomènes à la théologie démontrent ce qui est antérieur et fondamental à la théologie dogmatique, cette tâche confiée à la théologie fondamentale qui fonctionne alors comme une propédeutique à la dogmatique.

Le dogme catholique classique insistera sur les vérités surnaturelles de la foi qui sont dérivées de l’Écriture et de la Tradition de l’Église. L’Église est celle qui authentifie la vérité de l’Écriture et, de manière infaillible, définit les dogmes. Le développement du dogme de l’Église est accepté et normalement considéré de manière normative : il ne saurait y avoir de possibilité réelle de régression et d’hétérodoxie. La potestas docendi (le pouvoir d’enseignement) de l’Église est un thème fondamental.

3. La période de la Réforme (1500-1700)🔗

Cette période se caractérise par la redécouverte de la primauté de la Parole de Dieu, pour l’Église et la théologie. Aussi bien Luther que Calvin rejetteront les conceptions de la tradition et de l’enseignement du magistère ecclésiastique, qui dominaient la pensée et la pratique romaine. Ils rejetteront aussi la méthode scolastique. La période sera caractérisée par les formulations confessionnelles et le développement d’une théologie véritablement biblique, non au sens moderne, mais au sens d’une théologie sur la base d’une recherche grammatico-historique.

Les œuvres majeures sont : Philippe Melanchthon, Loci Communes, 1521. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne (dernière édition 1559).

Voici les thèmes majeurs traités : L’objet de la théologie est la Parole de Dieu dans les Écritures; la méthode de la théologie est anti-scolastique et anti-spéculative; le cadre de la théologie reste l’Église et sa confession; la tâche « critique » de la théologie est d’éprouver la doctrine et le dogme, à la lumière de la seule Parole (sola Scriptura).

Suivant la première période de la Réforme, il y a un développement de ce qu’on appelle l’orthodoxie protestante. Durant celle-ci, l’élaboration des connaissances de la Réforme et le recours à la méthodologie scolastique seront courants.

4. L’apparition du libéralisme (1700-1900)🔗

Les racines du libéralisme moderne se plongent dans le développement de la science et de la philosophie modernes (empirisme et rationalisme). La période est marquée par l’avènement du déisme, du siècle dit des « Lumières », le développement du naturalisme rationaliste, de la critique d’Emmanuel Kant, etc. Les positions protestantes modernes et modernistes, soit rationalistes, soit empiricistes, prennent leur origine dans la théologie de l’allemand Friedrich Schleiermacher (mort en 1834).

Après le règne d’un rationalisme aberrant, le théologien allemand a désiré faire redécouvrir aux théologiens de son temps les valeurs positives de la religion. Mais la théologie qu’il exposa n’était pas celle de l’Écriture et des canons orthodoxes chrétiens et traditionnels de la foi de l’Église. Sa terminologie chrétienne traditionnelle dépouillait de son autorité objective la doctrine tout en y ajoutant des éléments nouveaux subjectifs. Pour Schleiermacher, la religion chrétienne était une affaire de sentiment; si l’homme se sent en communion avec le Christ ou s’il est conscient de son union permanente et réelle avec Dieu, il peut être assuré de son salut, qu’il croie ou non au message de l’Évangile. Influencé par la philosophie panthéiste de Spinoza et par le scepticisme de Kant, Schleiermacher se fit l’avocat d’un système de libéralisme panthéiste qui était en tout point destructeur de la foi chrétienne.

Albrecht Ritschl (mort en 1889) répandit un autre système de doctrine libérale quelque peu différent. On y retrouvait cependant les idées fondamentales de Kant et de Schleiermacher. Selon Ritschl, les réalités théologiques ont leur source et leur existence dans la conscience religieuse personnelle de l’homme. Aussi, à l’instar de Schleiermacher, Ritschl rejeta la sainte Écriture comme source unique de la foi, y substituant la « conscience de Dieu » fondée sur l’expérience individuelle. Pour lui, le Christ n’était qu’un grand génie religieux et non le Fils éternel de Dieu, bien qu’il avait la valeur de Dieu pour le chrétien croyant. Il niait catégoriquement l’expiation vicariale du Rédempteur et considérait l’immortalité de l’âme et l’espérance chrétienne de la vie éternelle en Jésus-Christ comme choses sans importance. De plus, il envisageait le Royaume de Dieu, point central de sa doctrine, tout simplement comme une large communauté d’hommes, ayant pour marque distinctive l’assistance mutuelle dans un esprit d’amour fraternel. La vigueur et la constance avec lesquelles il insista sur cette théologie terrestre l’ont fait appeler le père du modernisme et de l’Évangile dit social. Il eut soin cependant de revêtir sa pensée libérale et négative de la terminologie positive et orthodoxe de la tradition chrétienne.

Des écoles libérales de ces deux penseurs, la pensée libérale passa avec aisance au scepticisme extrême et foncièrement nihiliste de cette nouvelle excroissance qu’on appela l’école « historico-religieuse », dite aussi école « de la religion comparée », dont le représentant le plus célèbre fut Ernest Troeltsch (mort en 1923). Alors que Schleiermacher avait essayé de fonder la vérité religieuse sur le sentiment, et Ritschl sur la conscience intuitive du divin, cette nouvelle excroissance du libéralisme chercha à s’assurer des vérités religieuses de base à partir des faits connus de la révélation générale tels qu’on les retrouve exprimés partout et toujours dans les diverses religions ethniques du genre humain. Selon cette école, c’est l’étude comparée de tous les systèmes religieux du monde qui permet au théologien de parvenir aux vérités religieuses centrales pour établir sur leur base la vraie religion. Le christianisme n’est qu’une religion parmi d’autres, avec cet avantage toutefois que chez lui la révélation religieuse atteint un point culminant. Jésus est unique en ceci qu’il est le plus grand révélateur de Dieu connu de l’histoire. Mais comme Schleiermacher, les adhérents de l’école historico-religieuse rejettent la nature divine de Jésus-Christ et l’expiation rédemptrice, c’est-à-dire le cœur même du christianisme, l’Évangile du salut par le Christ qui se substitue dans la mort aux hommes pécheurs.

À partir de cette expression grossièrement anti-chrétienne du libéralisme se développa progressivement un humanisme plus que païen. Sous l’influence du pessimisme nihiliste de Nietzsche et de sa plus folle glorification du moi, résultat de sa philosophie du désespoir, il tenta de détrôner Dieu en déifiant l’homme qu’il mettait à la place du souverain Seigneur. Le réveil brutal qui mit fin à cette folie perverse se produisit à la fin de la Première Guerre mondiale quand la puissance militaire de l’Allemagne fut vaincue de manière décisive. Alors les grands rêves optimistes d’évolution progressive et les entreprises super-héroïques du surhomme s’effondrèrent. L’idole de la puissance en laquelle l’humanisme s’était confié était réduite en poussière.

5. L’école néo-orthodoxe🔗

Cette grande crise permit à Karl Barth (1886-1968) d’approcher le monde libéral paralysé avec une nouvelle théologie qu’on appela diversement « théologie de la crise », « théologie de la Parole », « théologie dialectique », « théologie existentielle », « barthianisme » ou « néo-orthodoxie ». Bien qu’il eût subi lui-même l’influence de Kant, de Schleiermacher et de Ritschl, Barth édifia, en opposition aux expressions démodées de la pensée libérale, un nouveau système de pensée dogmatique. Il se basa sur les trois principes fondamentaux du calvinisme : la souveraineté de Dieu, la culpabilité et la faillibilité de l’homme, la nécessité d’une confiance absolue en Dieu. Malgré les nombreuses traces de rationalisme et d’humanisme qu’on rencontrait, ce système théologique marquait une nouvelle direction dans l’orientation de la pensée religieuse. Il souleva ainsi l’intérêt général dès son début, car il changeait le cours de la pensée théologique. Ce qu’il y avait d’important dans l’enseignement de Barth, c’était son insistance sur la nécessité d’un retour au-delà de Schleiermacher et de Ritschl, à Luther et à Calvin, en utilisant leurs principes fondamentaux dans l’élaboration d’une théologie nouvelle destinée à apporter un message de réconfort à ceux dont la confiance optimiste et humaniste en un prétendu progrès évolutionniste en matière religieuse, comme dans le domaine de la moralité, avait menés au naufrage. En peu de temps, Barth devint pour beaucoup l’homme nouveau d’un message nouveau.

Il est difficile de nier la différence entre le jeune Barth et le Barth de la fin. On a dit qu’il est devenu plus conservateur. Mais les trois éléments de base subsistent encore. C’est cette insistance sur les principes religieux traditionnels qui fait que beaucoup considèrent la théologie de Barth comme orthodoxe, ou au moins néo-orthodoxe. Mais quelque chose y est quand même faible, pour ne pas dire douteux. La néo-orthodoxie s’avère certes un pressant appel religieux, sans être pour autant orthodoxe au sens traditionnel. Mueller cite l’allemand Sase : « En Karl Barth, la théologie libérale a enfanté son propre dompteur. Il pouvait triompher du libéralisme, car il était os de ses os, et chair de sa chair. »

Sans entreprendre un examen bien approfondi, on pourra reprocher à Barth, avec raison et sans esprit partisan, sa faible doctrine de la Parole; dans son système théologique, l’Écriture n’est pas la Parole de Dieu, ainsi que le confesse La Rochelle. Ensuite, nous remarquons que sa doctrine de la Trinité rappelle curieusement l’hérésie modaliste1. Nous déplorons également l’absence d’une doctrine du Saint-Esprit qui put adéquatement rendre compte de son œuvre divine en l’homme, ne laissant pas à celui-ci le soin de devenir ou de redevenir le maître de sa vie nouvelle spirituelle! On signalera aussi sa conception particulière des événements du salut, qui, selon Barth, appartiennent à ce qu’il appelle l’histoire supra-historique (« Geschichte » en allemand), contrairement aux événements « événementiels » (lesquels relèvent de « Historie » en allemand).

Il existe certainement des éléments de subjectivisme dans la théologie néo-orthodoxe, malgré l’insistance portée sur le Dieu tout autre, transcendant et souverain. Or tout élément subjectiviste, même accompagné d’une conviction de transcendance divine, nolens volens annulera l’effet de tous les autres principes élémentaires de la foi biblique historique.

6. Autres courants théologiques🔗

Nous ne pouvions tenir compte, dans cette brève page d’examen de l’histoire de la pensée libérale moderne, que de ses chefs les plus représentatifs, ainsi que de ses excroissances les plus caractéristiques. On devrait mentionner beaucoup d’autres noms encore. Toutefois, par mesure d’impartialité et d’intégrité intellectuelle, soulignons que certaines nouvelles excroissances libérales ne sont pas forcément et directement dues à l’influence d’un Barth ou d’un Brunner. Nous songeons spécialement aux étranges et stupides hérauts de la théologie de la mort de Dieu. L’aberration, dans les années soixante du 20siècle, atteignait avec eux son point de paroxysme.

Les principaux thèmes traités ont été : la révélation, en tant qu’autorévélation divine; la proclamation; la confession de l’Église; une conception problématique de l’Écriture. La néo-orthodoxie a conscience de la gravité du libéralisme (dans laquelle la théologie n’est que pure anthropologie, ou psychologie de la religion). Elle veut réaffirmer la révélation, notamment avec Barth et Brunner, et porte un regard favorable aux confessions et au dogme ecclésiastique.

On retrouve encore d’autres types de théologies modernes : elles sont confessionnelles, néo-libérales, néo-évangéliques, orthodoxes, théologies de l’espérance, théologies de la libération. La théologie contemporaine inclut des représentants de chacun de ces types, caractérisée principalement par le refus de l’autorité de l’Écriture, son isolement par rapport à l’Église et la confession. Elle tend à rendre à la théologie un statut scientifique, négligeant la vérité cherchant à comprendre le « sens », celui de l’histoire, de phénomènes religieux, etc.

7. La crise de la théologie moderne🔗

La théologie moderne envisage par rapport à son objet d’étude de théologie la diversité des phénomènes religieux, ce qui tend à fragmenter l’unité de l’étude théologique, et le résultat de l’étude de la pluralité des perspectives religieuses. Le statut scientifique de la théologie et la méthode particulière à l’étude de la théologie mènent à la fragmentation des disciplines théologiques. Le rationalisme des Lumières, la critique de l’Écriture, l’historicisme et le relativisme, etc., ont contribué à la marginalisation de la conviction religieuse et de l’étude théologique dans le monde moderne sécularisé.

« Étant données les tendances et opinions diverses répandues aujourd’hui dans le monde théologique, il est nécessaire que le théologien chrétien, avant de présenter à ses lecteurs son traité de dogmatique, expose en termes clairs et précis de quel point de vue il a été écrit », commence La Doctrine chrétienne, du théologien luthérien J.T. Mueller.

Le théologien moderniste estimera que la vérité doit être déterminée par la raison humaine dans la recherche scientifique, poursuit-il. Pour lui, l’Écriture sainte n’est pas la source et la norme de la foi, mais elle a été remplacée par des fondements rationnels et philosophiques qu’il a lui-même établis. Sa théologie non scripturaire est donc rationaliste et naturaliste, diamétralement opposée à la Parole de Dieu. Le point de vue de départ du théologien catholique, ce que nous examinerons plus loin, est que la vérité doit être déterminée par l’Écriture sainte en même temps que par les traditions « infaillibles » de l’Église telles qu’elles sont formellement énoncées dans les décrets et décisions du pape. Outre l’Écriture et parfois opposée à elle, la source et la norme de sa foi est la Tradition. Peut-on alors légitimement parler de cette théologie de « théologie chrétienne »? Le protestant rationaliste attribuera à l’Écriture le statut d’un document divino-humain contenant des vérités révélées qui renferme les doctrines que les chrétiens doivent croire pour leur salut; ces vérités salvatrices elles-mêmes doivent être déterminées non par l’autorité des textes de l’Écriture, mais plutôt par celle de l’esprit régénéré et sanctifié du chrétien, ou celle de la conscience chrétienne, ou encore celle de l’expérience chrétienne. Ce n’est pas le récit objectif de l’Écriture sainte, mais bien plutôt la conscience sanctifiée du sujet dogmatisant qui constitue en dernière analyse la norme de ce qui est vérité divine et de ce qui ne l’est pas.

La théologie rationaliste abandonne l’Écriture pour une norme de foi établie par l’homme lui-même. Les degrés de ce mouvement peuvent être différents, mais sa nature est toujours la même. Il est fondamentalement anti-scripturaire et trouve sa source dans l’incrédulité de la chair corrompue. Notre chapitre consacré à la doctrine réformée de l’Écriture2 reconnaît celle-ci comme la règle absolue, la source unique et la norme suprême de la foi et de la vie chrétiennes. Lorsque l’Écriture parle, la chose est décidée. Ainsi que l’admet admirablement la Confession de La Rochelle, l’Écriture canonique des 66 livres est la Parole de Dieu, lue et comprise grâce au témoignage intérieur et la persuasion du Saint-Esprit. Nous récuserons par conséquent la position du rationalisme protestant qui n’identifie pas l’Écriture avec la Parole de Dieu, la tenant simplement pour un document religieux certes de grande valeur, sans qu’elle jouisse toutefois du statut d’autorité suprême en matière de foi et de vie. Notre foi et notre vie entière seront fondées exclusivement sur elle; aussi ferons-nous de la théologie en nous fondant sur ses principes révélés et les méthodes qui lui sont conformes.

8. Des représentants de la théologie réformée🔗

Pour Calvin, la théologie a pour son champ de recherche notre connaissance de Dieu (« cognitio Dei ») qui dérive de la révélation même de Dieu au moyen de sa Parole. Cette connaissance possède trois traits : elle est exclusivement dérivée de la révélation de Dieu dans sa Parole; elle a à faire avec la relation de Dieu avec nous (« erga nos ») et non d’un Dieu dans l’abstrait ou bien en soi; elle concerne la personne même de Dieu.

L’Institution de la religion chrétienne traite de cette connaissance en parlant d’une double connaissance (« duplex cognitio ») : la connaissance de Dieu et celle de nous-mêmes dérivant de l’Écriture, en tant que Créateur et Rédempteur. Durant cette période et avant l’apparition de la critique historique et de l’accent sur le développement historique, il y a une coalescence de ce que nous devrions distinguer comme études bibliques, études confessionnelles, études dogmatiques et études ministérielles.

Les Néerlandais Abraham Kuyper et Klaas Schilder, que nous ne faisons que mentionner seulement, sont deux représentants récents de la pensée réformée orthodoxe.

Notes

1. Voir la section sur le modalisme dans notre article intitulé La Trinité — Positions antitrinaires.

2. Voir notre série d’articles intitulés La doctrine de l’Écriture.