Cette prédication sur Esdras 3.1-2 a pour sujet la nécessité pour l'Église de s'accorder dans l'unité, de sanctifier le Seigneur et de vivre dans la consécration entière à Dieu afin de servir Dieu ensemble.

4 pages.

Esdras 3 - Levons-nous et bâtissons

« Le septième mois arriva, et les Israélites étaient dans (leurs) villes. Alors le peuple s’assembla comme un seul homme à Jérusalem. Josué, fils de Yotsadaq, avec ses frères les sacrificateurs, et Zorobabel, fils de Chealtiel, avec ses frères, se levèrent et bâtirent l’autel du Dieu d’Israël pour y offrir des holocaustes, selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse, homme de Dieu. Ils rétablirent l’autel sur ses assises, car ils avaient peur des populations locales et ils y offrirent des holocaustes à l’Éternel, des holocaustes du matin et du soir. »

Esdras 3.1-3

  1. La nécessité de s’accorder
  2. Sanctifier le Seigneur
  3. Se consacrer à Dieu

Nous avons souvent de la peine à tenir ensemble les réalités spirituelles et les réalités matérielles ou pratiques. Tous les hommes ont de la peine, car le péché a obscurci leur intelligence, mais les Français ont plus de peine que les autres : depuis trois siècles, tout a été fait ou presque dans notre pays pour cloisonner les domaines, les rendre indépendants : ici les choses spirituelles, là les choses matérielles, pratiques…

Voyons-nous cela dans la Parole de Dieu? Nous ne le voyons pas. Quand Jésus veut faire comprendre ce que signifie le suivre (ça, c’est spirituel), il parle d’un homme qui veut bâtir une tour (ça, c’est pratique). Cet homme s’assoit et calcule la dépense pour voir si, après avoir posé les fondements, il pourra la terminer. Ainsi, la Bible nous démontre que les choses spirituelles sont tout aussi concrètes et pratiques…

Les livres d’Esdras et de Néhémie nous parlent de la reconstruction de la ville de Jérusalem, au retour de l’exil. Vous savez, c’est là où l’on voit les ouvriers qui travaillent d’une main et tiennent une arme dans l’autre… Vous me direz que cela n’est pas très pratique! C’était très concret, en tout cas; et ils n’avaient pas le choix. Et c’est comme cela qu’ils ont rebâti la ville!

Le livre d’Esdras raconte cela, un peu comme le livre des Actes raconte le début de l’Église à Jérusalem. Pour notre instruction. Au chapitre 3, dans les trois premiers versets, trois faits sont rapportés, qui correspondent à trois principes spirituels permanents. Ce sont ces trois principes que je veux présenter maintenant.

1. La nécessité de s’accorder🔗

C’est là quelque chose qui est tout à la fois pratique et spirituel.

Je lis au verset 1 : « Le peuple s’assembla comme un seul homme à Jérusalem. » Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie qu’ils étaient tous parfaitement d’accord! Dans un pays où le président de la République est élu avec 50,2 % des voix, cela paraît suspect. Il est vrai que les dictatures usent de moyens douteux pour obtenir de larges majorités. Mais là, c’est plus qu’une large majorité et il n’y a pas de moyen douteux. Comment expliquer cela?

L’explication se trouve un peu plus haut, au chapitre 1 où on lit ceci : « Tous ceux dont Dieu réveilla l’esprit se levèrent pour aller bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem » (Esd 1.5). Ainsi, ce qui paraît impossible (ou suspect) humainement parlant paraît finalement tout naturel (et désirable) quand Dieu réveille l’esprit de son peuple. Cela est confirmé historiquement. Au début du livre des Actes, nous lisons que les premiers chrétiens « persévéraient dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et les prières » (Ac 2.42); et que « la multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme… » (Ac 4.32). Dieu était au milieu d’eux. Cela s’est vécu de multiples fois dans l’histoire de l’Église, chaque fois que l’Église a connu un réveil et qu’elle put avancer sérieusement.

On voit que c’est bien tout à la fois pratique, concret et spirituel.

Deux questions :

a. Cela est-il si important?🔗

Cela est très important et même nécessaire. En tout cas si nous désirons voir Dieu agir au milieu de nous. Être accordés n’est pas qu’une question de confort. C’est une condition pour servir. Le cœur de chaque homme (mais aussi tout groupe, toute équipe de ministères, toute Église) est comme une coupe que Dieu veut remplir de sa présence; mais si cette coupe est fêlée, elle perdra ce qu’elle reçoit et ne pourra se remplir.

En fait, être accordés est à la fois une conséquence de la présence de Dieu et une condition. Jésus le dit clairement à ses disciples : « Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque à Dieu… » (Mt 18.19). Si deux s’accordent. On pense aux guitares, aux flûtes et au piano avant le culte. Est-ce superflu? Est-ce que cela se fait en deux secondes? Est-ce que c’est fait une fois pour toutes? Dieu a les oreilles fines. Il ne suffit pas d’être assis ensemble pour être accordés. L’amen qu’on dit ensemble devrait être comme une signature…

b. Si cela est si important, comment cela peut-il se faire?🔗

Cette question est évidemment capitale. En un sens, Dieu seul peut le réaliser, nous l’avons vu : « Tous ceux dont Dieu réveilla l’esprit se levèrent. » Soyons d’abord sûrs de cela. Il existe des moyens humains, mais ce ne seront toujours que de pâles imitations. Il nous faut supplier Dieu de nous accorder profondément les uns aux autres, sur une base qui ne soit pas seulement amicale (on s’entend bien), sentimentale (il y a longtemps qu’on se connaît) ou pragmatique (on a besoin les uns des autres). Il faut plus que cela!

Faut-il seulement le demander à Dieu? Bien sûr que non. Si je dis : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », cela suffit-il? Il faut que celui ou celle qui dit cela, évidemment, laisse Dieu établir son règne dans sa propre vie, c’est-à-dire qu’il ou elle abandonne ou fasse mourir — comme sur une croix — sa volonté propre pour laisser toute la place à celle de Dieu. Je ne crois pas qu’il y ait d’autres possibilités.

« Que ta volonté soit faite! » Cela implique de renoncer à la mienne. Est-ce là quelque chose d’exceptionnel? C’est le commencement de la vie chrétienne! Les deux autres faits rapportés au début du chapitre 3 montrent la voie.

2. Sanctifier le Seigneur🔗

Au verset 2 : « Ils bâtirent l’autel du Dieu d’Israël » (autel et pas hôtel). Déjà, bâtir des murailles et un temple, c’était beaucoup! Au verset 7, nous lisons : « Cependant, les fondements du temple de l’Éternel n’étaient pas encore posés. » Pourquoi commencer avec la construction d’un autel? Tout simplement pour ne pas se tromper d’objectif! C’est si facile… On met en place un programme, une organisation, des objectifs… et quand c’est fini, on se rend compte qu’on a fait ça pour nous. Il semblait que c’était pour Dieu, mais c’était pour nous (Za 7.5).

En fait, ce n’était pas si clair. C’est comme celui qui dit à quelqu’un : Je t’aime. En fait, souvent il ne pense qu’à lui-même. Le jour où il s’en aperçoit, il se met à pleurer. On pense au cœur blessé de Dieu. « Ce peuple m’honore de la bouche et des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi » (És 29.13). Pourtant, ces gens priaient ou chantaient des cantiques!

Construire d’abord un autel, c’était s’assurer que leur volonté, leurs projets ne passaient pas avant ceux de Dieu. C’est cela, sanctifier le Seigneur. C’est exactement cela. « Que ta volonté soit faite. » « Le peuple se leva comme un seul homme. » « Que ton nom soit sanctifié. » « Ils bâtirent un autel » afin que tout soit ordonné (mis en ordre) par lui et pour lui. Pour ne pas travailler en vain… Mais comment le vivre?

3. Se consacrer à Dieu🔗

Le troisième fait rapporté est instructif : « Ils offrirent des holocaustes à l’Éternel » (Esd 3.3). Ici, il faut simplement rappeler ce qu’est un holocauste. C’est une offrande qui est non seulement apportée à l’autel, sacrifiée (mise à mort), mais aussi entièrement consumée. Pas consommée; consumée! Ce n’est pas un sacrifice ou une offrande pour le pardon ou pour la reconnaissance. C’est un sacrifice ou une offrande de consécration, qui signifie : Comme cet animal offert et consumé, je m’offre à toi sans rien garder. Il n’y a rien pour moi. Je m’offre à toi entièrement, sans retour. Et je n’exclus pas de donner ma vie s’il le faut.

Frère et sœur, en réalité l’amour demande cela. L’unité spirituelle le demande aussi. « Alors le peuple s’assembla comme un seul homme à Jérusalem. » La présence de Dieu au milieu de nous le réclame également. Comment Dieu pourrait-il régner en même temps que nous? La capacité de lutter et de résister le demande encore. Au chapitre 4, les ennemis sont là qui usent de moyens considérables pour décourager le peuple de Dieu et interrompre son travail. Intimidations, accusations… Mais le peuple répond : « Nous sommes les serviteurs du Dieu des cieux et de la terre, et nous rebâtissons sa maison » (És 5.11; voir Né 2.20).

Serons-nous tous en mesure de répondre cela à celui qui voudra nous intimider? L’Église a besoin de chrétiens comme cela. On pense aux trois compagnons de Daniel qui se sont trouvés dans une fournaise pour avoir refusé d’adorer et de servir un autre Dieu que l’Éternel (Dan 3; voir Ac 4.19-20; 5.29). Notre pays a besoin de tels chrétiens! On a fait des chrétiens des gens seulement doux et gentils. Mais un chrétien est prêt à mourir pour servir Dieu fidèlement. Sinon, est-il chrétien? Les kamikazes ne sont pas nos modèles. Notre modèle est Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ est mort pour accomplir la volonté de Dieu. Et cette mort est aussi la nôtre dès lors que nous sommes unis à lui, ce qui est notre véritable position!

« Le peuple de Dieu se leva comme un seul homme. Ils bâtirent un autel à l’Éternel et y offrirent des holocaustes. » Ces trois faits rapportés sont en réalité inséparables. Mettre Dieu résolument en premier (bâtir l’autel pour l’Éternel), offrir ma vie à Dieu totalement, sans retour (c’est le sens de l’holocauste), c’est rendre possible l’unité spirituelle qui est une des marques principales du peuple de Dieu, la condition pour le servir tous ensemble.

Vous savez comment cela se prépare? Tout seul, à genou, dans la chambre.