Cet article a pour sujet l'accomplissement de la Pâque juive par la mort sacrificielle de Jésus qui a remplacé ce repas de l'Ancien Testment par la sainte cène. Cela  s'oppose à la judaïsation du christianisme.

Source: Tout est accompli (ÉK). 4 pages.

Tout est accompli (4) - L'accomplissement de la Pâque juive

Quel est le rapport entre la Pâque juive instituée dans le livre de l’Exode à la veille de la sortie du peuple d’Israël du pays d’Égypte, où ils étaient esclaves et maltraités, et la Pâques instituée par Jésus-Christ le soir de son arrestation, de son procès, et la veille de son exécution sur la croix de Golgotha? Convient-il de revenir à la célébration de cette Pâque comme le faisaient les juifs dans l’Ancien Testament? Certains, au sein même de l’Église, soutiennent que oui, par souci d’authenticité, prétendent-ils. Pour eux, dire que Jésus a accompli parfaitement toutes choses revient à dire qu’il a suivi strictement tous les usages dictés dans l’Ancien Testament, et que ses disciples aujourd’hui doivent faire de même pour plaire à Dieu. Autrement, les chrétiens ne seraient pas de véritables disciples du Messie.

Pour aborder ce sujet, il nous faut commencer par remarquer que l’annonce d’une Nouvelle Alliance, d’un Nouveau Testament, est déjà présente dans les écrits de l’Ancien Testament. Ce n’est ni une invention de l’Église, ni même quelque chose qui ferait inopinément son apparition sous la plume des apôtres du Christ. Au chapitre 31 du livre de Jérémie, nous lisons la prophétie suivante :

« Voici que les jours viennent — oracle de l’Éternel —, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères le jour où je les ai saisis par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, alliance qu’ils ont rompue, quoique je sois leur maître —, oracle de l’Éternel. Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, oracle de l’Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Celui-ci n’enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère en disant : Connaissez l’Éternel! Car tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand — oracle de l’Éternel; car je pardonnerai leur faute et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jr 31.31-34).

Vous aurez noté que la première alliance dont il est question n’est pas celle conclue avec Abraham, cette alliance de grâce destinée à perdurer à travers toutes les générations, mais celle conclue avec le peuple d’Israël à la veille de la sortie d’Égypte. Ceci est on ne peut plus clair dans cette parole prophétique puisque la place et le rôle de la loi sont ici mentionnés : Dieu a bien donné sa loi à son peuple par l’intermédiaire de Moïse, mais celui-ci l’a rompue, il a été désobéissant. Or l’alliance nouvelle que le Seigneur conclura avec son peuple sera telle que cette loi sera désormais écrite dans le cœur même de ceux qui en feront partie. Voilà donc faite la promesse d’une nouvelle alliance que le Seigneur établira lui-même, non pas pour abolir l’ancienne, mais pour l’accomplir dans le cœur de son peuple. Cette nouvelle alliance passera par le sacrifice d’une victime parfaite, l’Agneau de Dieu, qui purifiera de ses péchés le peuple de l’alliance.

Or, que dit Jésus-Christ à ses disciples le soir de son arrestation, lorsqu’il institue la Pâques? Écoutez bien ses paroles, telles que l’évangéliste Luc les rapporte, au chapitre 22 :

« L’heure venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il leur dit : J’ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir, car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Il prit une coupe, rendit grâces, et dit : Prenez cette coupe, et distribuez-la entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. Ensuite, il prit du pain; et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, il prit la coupe, après le repas, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous » (Lc 22.14-20).

Le pain qui représente le corps de Jésus et la coupe de vin qui représente son sang sont donnés aux disciples comme signes du sacrifice qui va être accompli sous peu. L’agneau qui va être immolé durant cette Pâque, ce sera Jésus-Christ lui-même. Vous aurez noté que Jésus, en faisant passer une seconde coupe parmi ses disciples afin qu’ils en boivent tous, leur dit : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. » Or le passage d’une ou plusieurs coupes, commandé par Jésus à ses disciples pour signifier la nouvelle alliance en son sang, ne faisait pas partie de la Pâque juive. Jésus institue donc bien un élément nouveau dans la célébration de la Pâque qui a trait au don de sa personne.

Bien sûr, cette relation de la coupe au sang de l’agneau n’est pas inventée. Même si le chef de famille ne faisait pas circuler de coupe durant le repas pascal dans l’Ancien Testament, le sang de cet agneau était répandu. Au chapitre 24 du livre de l’Exode, nous lisons que Moïse, au moment de conclure l’alliance de Dieu avec Israël, prit du sang des sacrifices qui avait été versé dans des récipients, et il en aspergea le peuple en disant : « Ceci est le sang de l’alliance que l’Éternel a conclue avec vous, sur la base de toutes ces paroles » (Ex 24.8). Une fois de plus, nous voyons que Jésus vient accomplir toute la signification et les promesses contenues dans les cérémonies données dans l’Ancien Testament.

Mais il est aussi frappant de voir qu’au moment de l’institution de la Pâque juive, au chapitre 12 du livre de l’Exode, tout mâle qui pouvait y participer devait être circoncis, même les étrangers. Écoutez donc :

« Si un étranger en résidence chez toi désire célébrer la Pâque en l’honneur de l’Éternel, tous les hommes de sa famille devront d’abord être circoncis, alors il pourra célébrer la fête au même titre que l’Israélite. Aucun incirconcis ne pourra y prendre part. Une seule et même règle s’appliquera aux Israélites et aux étrangers séjournant parmi vous » (Ex 12.48-49).

Pourquoi est-ce que je mentionne cette prescription au livre de l’Exode? Tout simplement pour souligner que tous les hommes qui souhaitent célébrer la Pâque chrétienne exactement comme elle devait l’être d’après les prescriptions de l’Ancien Testament, feraient bien de se faire circoncire, car autrement ils ne manqueront pas d’être en défaut par rapport à ces prescriptions. Ils devraient également sacrifier un agneau et enduire de son sang les linteaux de la porte de leur maison, comme l’Éternel l’a prescrit au peuple d’Israël plus haut dans ce même chapitre. Il va également de soi qu’ils ne devront en aucun cas utiliser la coupe de vin que Jésus a instituée lors du repas pascal la veille de son exécution.

Dans la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, l’auteur compare l’Ancienne Alliance à la Nouvelle, et reprend les paroles du prophète Jérémie que j’ai citées tout à l’heure. Voilà ce qu’il écrit : « En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n’aurait pas été nécessaire de la remplacer par une seconde » (Hé 8.7). Suivent ensuite les versets repris du chapitre 31 du livre du prophète Jérémie. Et l’auteur continue en disant : « Par le simple fait d’appeler cette alliance-là nouvelle, le Seigneur a rendu la première ancienne; or, ce qui devient ancien et ce qui vieillit est près de disparaître » (Hé 8.13). De fait, le cœur de l’argument de la lettre aux Hébreux repose sur la médiation parfaite de Jésus-Christ qui vient remplacer celle des sacrifices prescrits dans la loi de Moïse, dans l’Ancien Testament. Christ ouvre ainsi l’accès à Dieu le Père de manière définitive. Au chapitre 9, reprenant les éléments qu’il a exposés jusque là, l’auteur écrit ces paroles décisives pour notre sujet :

« Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle, afin que ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel que Dieu leur avait promis. Car une mort est intervenue pour libérer de leur culpabilité les hommes qui avaient péché sous la première alliance. En effet, lorsqu’il est question de testament, il faut que la mort du testateur soit constatée, car un testament n’entre en vigueur qu’après le décès de celui qui l’a établi : il est sans effet tant qu’il est en vie. C’est pourquoi la première alliance non plus n’est pas entrée en vigueur sans aspersion de sang. En effet, Moïse a d’abord exposé au peuple entier tous les commandements tels qu’ils se trouvent consignés dans la loi. Puis il a pris le sang des veaux, des boucs avec de l’eau, de la laine rouge et une branche d’hysope, et il en a aspergé le livre ainsi que tout le peuple, en disant : Ceci est le sang qui scelle l’alliance que Dieu vient d’établir avec vous. Puis il a aspergé aussi, avec le sang, le tabernacle et tous les ustensiles du culte. En fait, selon la loi, presque tout est purifié avec du sang, et il n’y a pas de pardon des péchés sans que du sang soit versé. Ces objets, qui représentaient des réalités célestes, devaient donc être purifiés de cette manière-là. Il fallait de même que les réalités célestes le soient, elles, par des sacrifices bien meilleurs » (Hé 9.15-23).

Cette dernière phrase est cruciale à comprendre : l’ancienne manière de célébrer la Pâque a été remplacée par celle que Jésus-Christ a instituée à la veille de son sacrifice sur la croix, car ce sacrifice a été bien meilleur que tous ceux qui l’avaient précédé. Revenir à l’ancienne manière, c’est tout simplement nier que cela soit vrai : c’est en fait nier l’essence même de la foi chrétienne.

Dans un prochain article, je me pencherai sur la rédaction du Nouveau Testament en langue grecque, et les implications de ce fait pour une bonne compréhension de la question qui nous occupe.