Cet article sur Exode 20.2 a pour sujet notre Dieu Libérateur venu nous affranchir de l'esclavage du péché et nous donner sa loi et ses commandements pour que nous trouvions la liberté, la protection et la direction.

Source: La loi de la liberté - Méditations sur le Décalogue. 3 pages.

Exode 20 - La liberté dans la loi

« Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. »

Exode 20.2

Dieu vient vers moi! Tel est l’extraordinaire message des dix commandements, que nous nous proposons d’expliquer dans cette série de méditations. Dieu est mon Dieu, ma lumière et mon émerveillement. Il fait surgir son visage à travers son mystère. Et soudain, c’est pour moi la découverte d’une autre réalité : l’extraordinaire expérience de sa rencontre va désormais irriguer mon histoire; elle deviendra la sève qui nourrira mon existence tout entière. Cela est aussi prodigieux que le premier amour. Dieu vient vers moi. Il est mon Dieu et mon Libérateur.

L’image que je me faisais de lui n’était qu’une triste caricature. Elle peut maintenant disparaître. Je ne peux pas l’asservir à mes projets. Il demeure indocile à mes désirs. Dieu se débarrasse de tous les nuages que j’ai créés autour de lui; il déchire les voiles dont je l’enveloppais et il se dresse en tant que le Seigneur libre. Dieu se passe de nos formules de présentation. Telle est sa seigneurie et sa liberté. Certains ont cherché à bâtir des systèmes logiques pour prouver l’existence de Dieu. En général, ils ne sont que la logique du désert et l’harmonie du vide, car Dieu en est absent. Comment pourrait-il être le prisonnier de nos catégories de pensée? C’est pourquoi, lorsqu’il se présente à nous, il le fait en ses propres termes, il nous dit simplement que nous sommes ses débiteurs et qu’il est, lui, le seul Libérateur.

Peut-être sommes-nous surpris d’entendre Dieu nous parler en ces termes. Après tout, ne suis-je pas libre de me comporter comme je l’entends? Cela ne regarde que moi. La liberté est mon bien, « étoffe de mon être », et non pas une quelconque qualité surajoutée! J’entends en disposer comme je veux. Ma dignité d’homme est impossible sans elle; des révolutions violentes ont surgi pour secouer tout asservissement; des guerres impitoyables ont été déclenchées pour la conquérir; des vies héroïques ont été offertes sur son autel; des épopées glorieuses l’évoquent; les hymnes les plus exaltés des nations ont été inspirés par elle. Qu’ai-je besoin d’une liberté qui me viendrait de si loin? Une liberté qui n’est pas terre à terre ne saurait me séduire ni m’intéresser…

Cependant, que d’illusions nous faisons-nous au sujet de notre prétendue liberté! Les temps de notre subordination sont révolus, disons-nous, et l’affranchissement total à la portée de notre main. Bien sûr, nous pensons et nous agissons comme si notre vie était absolument autonome, comme si nous possédions la souveraineté sur notre existence. Nous voulons vivre notre vie sans contrainte. Voyez, par exemple, tant de conjoints qui revendiquent leur liberté, de telle sorte qu’ils nient, en fait, le mariage qu’ils ont contracté!

Notre rêve le plus cher c’est de nous retrouver libres dans nos choix, dans nos décisions et dans notre comportement. Mais ce n’est qu’un rêve; car nous croyons, naïvement, nous débrouiller seuls. Pourtant, notre vie se consume sur le chemin de la prétendue liberté que nous avons choisi, et nous n’y pouvons rien… L’angoisse nous étreint et la solitude nous donne le vertige. Ceux qui ont visé un idéal de liberté et qui croient l’avoir atteint voient souvent le courant de la vie tarir en eux. Dans cette recherche passionnée, parfois passionnante, nous risquons à chaque pas de nous trouver sur une voie sans issue.

Il est possible de mener une brillante carrière, d’accumuler des réussites et des biens matériels, de jouer à être heureux et d’avoir au fond de soi-même le sentiment vague et poignant comme une morsure d’avoir manqué sa destinée d’être humain. Car tout être qui pense sait que la vie n’est pas une partie de plaisir, mais une partie que l’on ne joue qu’une seule fois et qu’il faut s’acharner à gagner. Dans cette lutte, l’homme veut être armé de toute sa liberté. Mais plus il veut la saisir, plus elle lui échappe, et toute la somme des détresses humaines, avec la mort comme toile de fond, est là comme une barrière infranchissable. Voilà où aboutit toute liberté confrontée à la réalité de l’existence. De quoi faire perdre leurs dernières illusions aux optimistes et aux naïfs. Alors, la vie n’est-elle pas absurde, elle aussi, comme la mort? L’homme, pour ne citer qu’une phrase de Jean-Paul Sartre, « n’est-il pas une passion absurde? » Notre liberté véritable et totale est surtout menacée parce que nos égarements volontaires, notre attitude envers Dieu, notre conduite vis-à-vis du prochain s’opposent sans cesse à la loi de Dieu qui est la seule loi pour la liberté.

Ah, mes amis, notre maison de servitude à tous porte le nom funeste de péché. Nous nous sommes soumis à l’esclavage le plus dégradant et nos propres vices ont formé la chaîne qui nous retient cruellement esclaves. C’est dans cette situation limite, à savoir au cœur même de notre misère, que Dieu vient vers nous. Il parle le langage du cœur, ce cœur identique à tous les âges, où surgissent tant de passions nobles ou viles. Nous comprenons le langage qu’il utilise. Il use pour nous d’un accent si familier qu’il doit nous toucher et nous émouvoir : « Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’ai libéré. »

Il y a trois mille cinq cents ans, Dieu a parlé ainsi sur le mont Sinaï. Des hommes tremblant de peur ont été rassurés. Hier encore, ils subissaient le sort des esclaves à la merci des tyrans, mais leur délivrance fut grande, décisive et complète.

Ceux qui les asservissaient avaient été renversés et engloutis par la mort. La mort elle-même n’avait pas pu prévaloir contre ces fugitifs sans défense apparente. Leur libération, bien qu’imméritée, avait été irréversible. Dieu prenait en main leur destinée. Alors qu’il se révèle à eux, son premier mot, adressé aux tribus israélites, ne contient pas tout d’abord un ordre. Il ne leur dit pas, en tout premier lieu, ce qu’elles doivent ou ne doivent pas faire, car la loi de Dieu n’est pas une nouvelle forme d’asservissement. Même le feu ardent et le tremblement de terre autour du Sinaï, qui effrayèrent tant les hommes rassemblés pour écouter la loi, passent à l’arrière-plan. Dieu faisait parvenir par sa voix rassurante la nouvelle qu’il était avant tout leur Libérateur.

En même temps, il leur explique le pourquoi et le comment de cette délivrance inouïe. « Je suis ton Dieu. » Vous, mes enfants, vous qui avez peur, vous qui ne savez où donner de la tête, vous pour qui la souffrance et l’oppression ont été une énigme obscure, sans signification ni but, je vous ai arrachés de la terre étrangère. En moi, vous avez un Dieu personnel; non une loi de la nature ni un mystère anonyme, mais votre puissant Libérateur.

Parce que Dieu est le Libérateur, il veut aussi être le Législateur. Il a donné son commandement. Dans la loi, les hommes peuvent trouver leur liberté, mais aussi et en même temps la protection et la direction pour une vie nouvelle. Parce que Dieu prend au sérieux ceux qu’il a arrachés à la mort, il ne permet pas que la glorieuse liberté de ses enfants se dégrade et dégénère en licence. Une telle licence les mènerait à la seconde mort, plus terrible encore. Dieu décide de la conduite des siens. Il les instruit pour leur bien. Sa grâce libre les appelle à l’obéissance, et cette obéissance, elle aussi, est une grâce.

Désormais, pour vivre librement et pour devenir vraiment majeurs, les hommes n’ont pas besoin de mentir, de voler, de convoiter, de tuer… Dieu leur suffit. L’abandon de notre vie à Dieu n’est jamais une limitation, mais au contraire son élargissement. Nous lui appartenons, et alors nous vivons, ou bien nous nous obstinons dans notre prétendue liberté autonome, et alors nous ne sommes plus que néant, futilité et désespoir.

Comment se fait-il alors que tant de chrétiens paraissent écrasés ou puérils, tristes et brisés, étouffant leur personnalité? Pour un certain nombre de fidèles, Dieu reste le symbole de toutes les interdictions et l’injuste explication d’une vie triste et morose!

Dieu est notre liberté. Mais cette liberté lui a coûté. Elle lui a coûté si cher que son Fils unique est venu pour l’accorder à tout homme qui l’a perdue et qui n’espère qu’en lui seul. Sur la croix du Calvaire, la rançon de nos lâchetés, de notre apostasie et le prix de nos péchés ont été payés. La mort même, notre implacable ennemie, a été détruite par Jésus-Christ, qui a brisé toutes nos chaînes, jusqu’aux plus dégradantes.

C’est pourquoi il peut nous dire dans son Évangile : « Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres » (Jn 8.36).