Cet article a pour sujet la foi qui répond à l'appel de Dieu, à l'exemple d'Abraham, en ayant confiance en ses promesses et dans l'obéissance à sa Parole.

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Par la foi

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai; je rendrai ton nom grand. Deviens donc une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit, comme l’Éternel le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abram était âgé de 75 ans, lorsqu’il sortit de Harân. Abram prit sa femme Saraï et son neveu Loth, avec tous les biens qu’ils possédaient et le personnel qu’ils avaient acquis à Harân. Ils sortirent pour se rendre dans le pays de Canaan. Ils arrivèrent donc au pays de Canaan. Abram traversa le pays jusqu’à l’endroit nommé Sichem, jusqu’au chêne de Moré. Les Cananéens habitaient alors dans le pays. L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta descendance. Abram bâtit là un autel à l’Éternel qui lui était apparu. Puis il leva son camp de là pour se rendre dans les montagnes, à l’est de Béthel; il dressa sa tente entre Béthel à l’ouest, et Aï à l’est. Il bâtit là un autel à l’Éternel et invoqua le nom de l’Éternel. Abram repartit, en se rendant par étapes vers le Négueb. »

Genèse 12.1-9

« C’est par la foi qu’Abraham, obéit à l’appel de Dieu en partant vers un pays qu’il devait recevoir en héritage; et il partit sans savoir où il allait. C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme en un pays étranger, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. »

Hébreux 11.8-10

« Car je n’ai pas honte de l’Évangile : c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. En effet. la justice de Dieu s’y révèle par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. »

Romains 1.16-17

« Alors, à la voix de l’Éternel, l’Assyrien sera terrifié; l’Éternel le frappera de sa massue. »

Ésaïe 30.21

Abraham a entendu, il a reçu, il a obéi. C’est là la foi.

Cette foi est le seul moyen de salut dès les origines (pensons à Noé et même à Abel). Par cette foi, Abraham est le père de tous les croyants qui croient par une foi semblable, c’est-à-dire qui mettent l’appel et la promesse de Dieu au-dessus de tout le reste. C’est la condition pour entendre la voix qui montre le chemin, la voie.

Sans cela, comment se diriger?

Abraham n’a pas cru dans sa tête seulement. Il a quitté le lieu de sa naissance, la maison de son père, tout ce qu’il connaissait, pour partir sur une route inconnue, vers un pays inconnu. Il n’y avait pas de Bible à cette époque; Jésus n’était pas encore venu. Abraham laisse tout : ses racines, ce qu’il aime, sa sécurité, ses projets personnels; mais il entretient en même temps un rapport personnel serré avec le Dieu qui l’a appelé : il ne part pas tout seul, il n’est pas en train de faire sa volonté. C’est la volonté d’un autre avec lequel il construit une relation au fur et à mesure de la marche.

Tout n’était pas simple pour Abraham, le texte ne le cache pas. À chaque étape, Abraham bâtit un autel pour rendre grâce à Dieu (Gn 12.6-8). On voit qu’il invoque le nom du Dieu qui l’a appelé. Dans invoquer, il y a « vox », la « voix ». Dans invoquer, il y a à la fois un appel au secours et une marque de confiance. Les deux. C’est important. J’encourage à prier à haute voix, même quand on est tout seul.

Et Dieu lui parle, chaque fois qu’il le faut. Pas forcément toutes les cinq minutes.

Cela nous apprend une autre chose très importante : Ce que nous vivons dépend de notre relation avec Dieu. Mais l’inverse est également vrai : Notre relation avec Dieu dépend de ce que nous vivons. Abraham peut avancer dans sa marche parce qu’il entretient une vraie relation avec Dieu; mais Abraham entretient une vraie relation avec Dieu parce qu’il est en train d’avancer comme Dieu le lui a demandé! En d’autres termes, Abraham ne pourrait pas aller bien loin dans sa marche s’il n’invoquait pas régulièrement le nom de l’Éternel; mais comment pourrait-il invoquer le nom de l’Éternel et entendre sa voix s’il avait décidé de demeurer tranquillement chez lui?

Cela nous rappelle le lien étroit entre la foi et l’obéissance de la foi. C’est la même chose! Et aussi entre l’obéissance de la foi et la prière : Celui qui obéit à Dieu fait mieux que celui qui prie. Celui qui dit « oui » fait mieux que celui qui dit : Je dirai oui. Nous prions en vue d’obéir. « L’obéissance vaut mieux que les sacrifices »1, dit la Bible, car l’obéissance est le vrai sacrifice que Dieu attend. C’est cela, la foi.

Nous retrouvons exactement le même processus avec tous les croyants mentionnés dans l’Écriture, aussi différents et « humains » qu’ils ont été. Ils étaient comme nous. Les disciples de Jésus ont entendu cet appel : « Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Laissant leurs filets, ils le suivirent » (Mc 1.17-18).

Ce qui est dit d’Abraham en Hébreux 11 les concerne tous : « Il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Hé 11.10). C’est là une clé fondamentale. Une cité que l’œil ne voit pas, qui n’est pas l’œuvre de la main des hommes, en aucune manière; qui est l’œuvre de Dieu seul. Celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur!

La foi saisit des réalités qui sont encore invisibles, mais qui, en vérité, sont tout aussi réelles que celles que l’on voit, et même plus réelles, car les unes sont passagères et les autres sont éternelles. Je cite l’épître aux Hébreux :

« En lui soumettant toutes choses, Dieu n’a rien laissé qui ne lui fût soumis. Cependant, nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises. Mais celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a soufferte » (Hé 2.8b-9a).

Par la foi, nous voyons ce que l’œil ne voit pas encore, exactement comme un peintre voit déjà son tableau achevé alors que la toile est encore toute blanche. S’il ne voit pas son tableau déjà achevé, il ne pourra jamais le peindre!

C’est l’expérience des disciples d’Emmaüs, déçus parce que leurs projets s’étaient évanouis, comme cela peut nous arriver si souvent. Ce récit extraordinaire nous fait assister à un basculement entre la marche par la vue et la marche par la foi : « Notre cœur ne brûlait-il pas pendant qu’il nous parlait en chemin? » Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître… Mais à la fin du jour, « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent », et s’en retournèrent à Jérusalem avec une immense joie (Lc 24.31-32).

Les espoirs humains finissent par s’écrouler un jour. Heureux sommes-nous si autre chose, alors, est révélé à nos cœurs et aux yeux de la foi! C’est l’espérance. « Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme » (Hé 6.19).

Que nous apprennent encore ces textes que nous avons lus?

Nous devons accepter d’être des étrangers sur la terre, quelle que soit notre position sociale, professionnelle ou que sais-je, incompris du plus grand nombre. « Si le monde ne nous reconnaît pas, c’est qu’ils ne l’ont pas reconnu », dit Jean (1 Jn 3.1).

« Le ciel est pour les déracinés. » C’est l’esprit des béatitudes. Le chrétien est en marche vers un autre lieu, et cela change tout. « Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hé 13.14).

Je pense au témoignage d’Asaph, au Psaume 73. La vue de ce monde le trouble au plus haut point, car les réalités injustes semblent l’emporter largement. « La difficulté fut grande à mes yeux », dit-il, jusqu’au moment « où je me suis approché du sanctuaire », de la présence de Dieu. Alors les réalités invisibles lui apparaissent. « Oui, les méchants sont sur des voies glissantes, et moi je suis avec toi pour toujours! » (Ps 73.16-18).

Nous dépendons de Dieu entièrement. C’est un fait et c’est un choix! C’est la foi.

Que valent les consolations d’ici-bas? Elles durent à peine plus de quelques instants. La science soulage, mais elle ne sauve pas. Il en est de même pour la politique, et aussi pour le social… Tant mieux pour ce qui soulage! Mais la situation des hommes — et la nôtre — ne demande pas seulement d’être soulagée! On se souvient du dialogue avec la femme samaritaine. « Quiconque boira de cette eau aura encore soif » (Jn 4.13).

La foi nous demande-t-elle de fuir les réalités terrestres? Non (voir Ps 23.4). Nous pouvons demander à Dieu notre pain quotidien et tout ce dont nous avons besoin, en nous souvenant que Dieu sait aussi ce dont nous avons besoin. Mais faisons-le dans la perspective « du règne, de la puissance et de la gloire pour les siècles des siècles » (Mt 6.13).

Nous devons prendre soin de cette terre, c’est normal. Mais le salut n’est pas dans la survie de cette planète. Aussi importantes soient-elles, ces réalités sont secondes. Et Dieu qui dit d’honorer son père et sa mère demande à Abraham de quitter son père et sa mère. Et on se souvient des paroles de Jésus à ce sujet : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10.37).

Je vais aller plus loin. L’Église et Jésus-Christ sont très étroitement liés, et en un sens, l’un n’est pas sans l’autre. Mais celui en qui nous croyons, c’est Jésus-Christ. Notre rédemption, c’est Jésus-Christ. Notre espérance? Elle est en Jésus-Christ et en lui seul. C’est lui qui nous permettra de regarder tout le reste avec le regard qui convient. « Celui qui a cette espérance se purifie comme lui-même est pur » (1 Jn 3.3).

Jésus nous dit qu’Abraham, bien qu’étant mort sans voir Jésus, l’a vu à l’avance et s’en est réjoui! Et donc il a vécu ce dont parle Paul dans sa première lettre aux Corinthiens :

« Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps est court; que désormais ceux qui ont une femme soient comme n’en ayant pas, ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas, et ceux qui usent du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe » (1 Co 7.29-31).

Entendre la voix de Dieu, c’est ce qui nous permet de marcher selon sa volonté. Et marcher selon sa volonté, c’est ce qui nous permet d’entendre sa voix. La voix qui montre la voie. « Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira : Voici le chemin, marchez-y! » (És 30.21).

Note

1. « Samuel dit : L’Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Éternel? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers » (1 S 15.22).