Cet article a pour sujet la foi et l'espérance telles que comprises aujourd'hui, avec un sens dilué, et telles qu'enseignées dans la Bible dans leur véritable sens. La foi, l'espérance et l'amour sont distincts, mais unis entre eux.

9 pages.

Foi et espérance - Quelle différence?

  1. Deux risques
  2. La foi
  3. L’espérance
  4. L’éclairage biblique sur la foi
  5. L’éclairage biblique sur l’espérance
  6. L’espérance et la constance dans l’épreuve
  7. Les trois!

1. Deux risques🔗

L’exercice, aujourd’hui, consiste à préciser le sens des mots qu’on emploie en tant que chrétiens, par exemple au chevet des malades ou auprès des familles.

Deux risques existent. Le premier est de ne plus utiliser les mots du vocabulaire chrétien, pour ne pas paraître trop décalés par rapport au monde actuel. La psychologie, la sociologie, etc., nous fournissent toute une palette de mots qui sont compris par tout le monde : la tendresse, la solidarité, l’empathie, le respect, la dignité, l’écoute, etc. Tous ces mots sont importants, mais ils sont en commun à tout le monde et n’expriment pas ce qui est spécifique aux chrétiens. Au point où certains pourraient se poser la question : les chrétiens ont-ils finalement quelque chose de spécifique ou ont-ils seulement une tradition qui exprime d’une certaine façon ce que d’autres expriment autrement, mais tout revient au même… Le dalaï-lama semble penser comme cela, me semble-t-il, et beaucoup d’autres avec lui.

Le deuxième risque est d’employer des mots dont le sens est flou, vague. Ils sonnent bien à l’oreille, mais ils ne disent rien de très clair. Je pense au mot fraternité qu’on emploie à toutes les sauces aujourd’hui : il désigne tour à tour la fraternité universelle, la fraternité citoyenne, ou la fraternité chrétienne, mais certains y incluent volontiers nos frères musulmans… C’est sympathique, mais qu’est-ce qu’on dit, finalement?

On pourrait aussi parler du mot amour, qui est également employé à toutes les sauces, vous le savez bien; notamment en français où le même mot peut s’appliquer à une glace à la vanille, à son conjoint ou à son prochain… Si les médecins ou les chirurgiens agissaient de la même manière, on serait propre!

Il y a enfin les mots foi et espérance. Il faut déjà un certain courage pour les prononcer, mais quand nous le faisons, leur donnons-nous un sens clair, un vrai contenu? Ce n’est pas si évident. Et pourtant…

Je pourrais commencer par rappeler ce que dit la Bible à ce sujet. Mais je préfère continuer à décrire le contexte dans lequel nous vivons. Après nous viendrons à la Bible.

2. La foi🔗

Ce mot semble quand même dire quelque chose. En tout cas pour ceux qui disent qu’ils n’ont pas la foi. Cela signifie que quand elles sont devenues adultes, ces personnes ont cessé de croire ce qu’on leur avait dit, qui leur est ensuite apparu comme des histoires pour enfant : le Père Noël, le bon Dieu, la création du monde, la naissance miraculeuse de Jésus…

L’école (dans l’Éducation nationale notamment), les médias (d’une manière générale), un certain nombre de scientifiques, une certaine manière d’envisager la politique… tout cela s’est évertué à faire passer la foi au rang des choses désuètes. Autrefois, il était assez rare qu’une personne dise qu’elle n’a plus la foi. Aujourd’hui, ce n’est plus très rare.

Pour celui qui dit qu’il ne l’a pas, c’est donc assez clair. Mais pour celui qui dit qu’il l’a, cela l’est peut-être beaucoup moins. Pour beaucoup, dire que l’on a la foi signifie que l’on croit qu’il y a « quelque chose là-haut ». C’est déjà pas mal. Mais est-ce la foi? Pas vraiment! Vous vous souvenez peut-être de ce qu’écrit Jacques : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent » (Jc 2.19). Que dit-il ensuite? Qu’il est nécessaire de démontrer la vraie foi par les œuvres de la foi. Mais la Bible parle également des œuvres sans la foi! En apparence, ce sont les mêmes! Mais les unes glorifient Dieu, tandis que les autres sont mortes… Ainsi, faire du bien, aller à la messe ou au culte, s’engager dans telle ou telle œuvre, c’est une sorte de foi (par rapport à ne rien faire), mais ce n’est pas nécessairement ce que la Bible appelle la foi.

Notez qu’il en est de même pour l’amour… L’apôtre Paul dit en effet que quelqu’un peut donner tous ses biens pour les pauvres, et même livrer son corps pour être brûlé, et cela sans amour (1 Co 13.3). On peut donc faire des choses remarquables sans amour et sans foi, en tout cas dans le sens que la Bible donne à ces mots.

3. L’espérance🔗

Quelques remarques sur la notion d’espérance aujourd’hui. Les sociologues s’accordent pour dire que notre société est une société sans espérance ou d’espérance creuse. Un très grand nombre de conséquences, que chacun peut observer, le démontre. Cela génère généralement deux sortes de comportements :

  • Le découragement, la démotivation : plus la peine de se battre, de travailler à l’école, plus la peine d’aller voter, d’avoir des enfants, etc.

  • Ou au contraire une sorte de fuite en avant : la musique à fond, l’activisme, le zapping, mais aussi les dépendances, les attitudes autodestructrices, etc. On pourrait en parler longtemps.

Déjà, Paul le disait : « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourons » (1 Co 15.32). On remarque ici que l’espérance ou le manque d’espérance conditionnent bel et bien la manière de vivre.

L’Observatoire de la laïcité a publié son rapport annuel 2016-2017, appelant médias et élus à se détacher du « culte de l’immédiateté » et du « clash »1.

Ce qui est frappant, c’est que même les chrétiens sont attirés par cette perspective. Je pense à une femme pasteure à qui je parlais de l’espérance et qui m’a répondu : « Ce qui m’intéresse, c’est maintenant. » En un sens, elle avait raison. « Chaque jour suffit sa peine », dit Jésus. Mais je pense que pour elle, cela signifiait : Après, personne ne sait ce qu’il y aura! Un peu comme ceux qui disent : Je ne crois que ce que je vois.

Je pense au mouvement « Kingdom now » (Le Royaume maintenant), dénoncé par le pasteur Jean-Marc Thobois2. Cela ressemble à une foi qui ne veut plus attendre, qui ne veut plus se contenter des signes, mais qui veut la pleine réalité tout de suite. L’apôtre Pierre prend cette tentation en compte quand il écrit :

« Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient, mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse… » (2 Pi 3.9).

Il y a également un courant théologique appelé (en anglais) « Open theology » qui dit que Dieu lui-même ne sait pas comment les choses vont finir. Et que le cours des choses dépend autant de nous que de lui. Un peu comme si Dieu « espérait », dans le sens vague, que les choses finiraient bien, mais sans en être sûr lui-même…

Avec ces courants actuels, l’espérance disparaît.

Ces remarques, nous les partageons ici, comme un sujet de réflexion. Mais pour celui qui est sur un lit de malade, pour celui qui perçoit la fin de sa route, croyez-vous que ce soit quelque chose de purement théorique?

Parfois, je me demande si les mots que nous employons ne risquent pas de paraître un peu comme des placébos : c’est sucré, c’est positif… Mais est-ce suffisant? Y a-t-il encore dedans le produit actif qui agit? Nous pouvons nous interroger nous-mêmes.

Dans le langage courant, l’espérance est une chose naturellement possible, voire probable, mais incertaine : j’espère que ça va passer, j’espère que j’y arriverai, j’espère qu’il fera beau, j’espère que je vais guérir… Pour la Bible, l’espérance, c’est le contraire de cela : c’est une chose naturellement improbable (la venue du Messie, le retour du Seigneur, la résurrection des morts, l’avènement de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre…), mais dont cependant on peut être tout à fait certain!

4. L’éclairage biblique sur la foi🔗

La Bible donne-t-elle des indications assez claires pour que l’on comprenne ce qu’est la foi, sans la confondre trop facilement avec autre chose? Je crois que oui. Je propose trois éléments constitutifs de la foi :

a. La foi implique une rencontre personnelle avec la personne de Jésus🔗

Les verbes recevoir, venir à, croire en disent cela. « À ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1.12). « Vous sondez les Écritures, elles parlent de moi, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie! » (Jn 5.40). À quelqu’un qui dit qu’il croit, on peut donc demander s’il est venu à Jésus pour avoir la vie, s’il l’a reçu dans son cœur, s’il lui a dit un « oui » personnel.

Le verbe « connaître », dans la Bible, désigne cette expérience intime. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17.3). On comprend la différence entre « connaître des choses sur Dieu » et « connaître Dieu ». C’est ce que Jésus dit à Nicodème : « Tu es docteur en Israël et tu ne comprends pas ces choses » (Jn 3.10). Dans ce sens exactement, Jean Calvin dit : « La connaissance de Dieu est une vive expérience. »

Cette expérience est celle de la nouvelle naissance (Jn 3.3-7). Elle n’est en aucun cas le fruit d’un effort; elle est le fruit de l’action de Dieu, par la révélation du péché et de la grâce. On se souvient de ces paroles de Jésus : « Je te loue, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants » (Mt 11.25).

b. La foi est une expérience conforme à la Parole de Dieu🔗

Il me paraît important de rappeler cela aujourd’hui à cause de l’accent très fort mis sur la subjectivité, le ressenti, mais aussi sur toutes sortes de syncrétismes. Une expérience personnelle conforme aux Écritures.

Après sa résurrection, alors qu’il marchait avec les disciples d’Emmaüs, Jésus « leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24.27). Cela aurait été plus rapide de faire un petit miracle… Après la Pentecôte, Apollos « démontrait par les Écritures que Jésus est le Christ » (Ac 18.28). On pourrait citer beaucoup d’autres textes. Je retiens juste ce qu’écrit Paul aux Corinthiens :

« Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Co 15.1-2).

Ils ont fait une expérience conforme aux Écritures, de telle sorte que le témoignage intérieur du Saint-Esprit et le témoignage de l’Écriture concordent parfaitement. Ces deux versets de Paul nous apprennent qu’on peut croire en vain, c’est-à-dire qu’il y a une foi qui ressemble à la foi, mais qui n’est pas la foi, de même qu’il y a un amour qui ressemble à l’amour, mais qui n’est pas l’amour! (1 Co 13.3).

c. La foi se démontre par l’obéissance de la foi🔗

« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7.21). Là aussi, il y a quelque chose qui ressemble à la foi, mais qui n’est pas la foi. Il est vrai que Dieu seul connaît les cœurs. Mais ces choses sont écrites pour que nous puissions exercer un discernement.

Cette obéissance est-elle une obéissance en vue d’être sauvé? Non! C’est une obéissance qui démontre qu’on est sauvé. Ce n’est pas pareil. Mais c’est une obéissance quand même. Le Psaume 119 — qu’on pourrait si bien mettre dans la bouche de Jésus — le dit magnifiquement en évoquant l’amour de la Parole de Dieu, l’amour de ses commandements. La Bible le dit clairement : l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements, à faire ce qu’il nous demande. « Abram crut et il partit. »

Jacques le dit aussi : Ce n’est pas par les œuvres qu’on est sauvé, c’est par la foi. Mais cette foi se démontre par des œuvres spécifiques, différentes des œuvres tout humaines. « Je te montrerai ma foi par mes œuvres » (Jc 2.18).

La première lettre de Jean donne quatre signes de la foi : se reconnaître pêcheur, confesser Christ, garder les commandements de Dieu et aimer les frères dans la foi.

5. L’éclairage biblique sur l’espérance🔗

Si la foi consiste à recevoir ce que Dieu me dit et me donne aujourd’hui, l’espérance est la certitude des choses promises. La foi implique une réceptivité et une obéissance; l’espérance suppose une attente et une persévérance.

Il y a bien une ressemblance entre les deux. Vous connaissez la définition que donne la lettre aux Hébreux : « La foi est une ferme assurance des choses que l’on espère » (Hé 11.1). Foi et espérance sont donc proches, mais ils ne sont pas synonymes.

Je l’illustre avec Abraham. Quand Dieu lui dit : « Va dans le pays que je te montrerai », ou : « Offre ton fils en sacrifice », la foi conduit Abraham à obéir tout de suite. Et cette foi a été agréable à Dieu. Mais quand Dieu lui dit : « Ta postérité sera comme les étoiles du ciel, comme le sable qui est au bord de la mer » (Gn 22.17), là c’est l’espérance qui est concernée. Abraham est mort sans voir sa nombreuse postérité; mais ces choses ont été devant lui comme un horizon certain, plus certain même que les choses présentes et visibles!

C’est pourquoi la Bible dit de l’espérance qu’elle est « une ancre de l’âme, solide et sûre » (Hé 6.19).

Abraham quitta tout et partit « car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Hé 11.10). C’est cela, l’espérance. Là, on voit que l’espérance nourrit et fortifie la foi pour la marche. Quand l’espérance manque, la foi flanche. La vie d’Abraham le montre.

Je l’illustre avec les paroles de Jésus. Quand Jésus dit : « Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent » (Jn 10.27), il décrit la foi qui reçoit et obéit sans attendre. Quand il dit : « Je leur donne la vie éternelle [c’est au présent] et elles ne périront jamais [c’est au futur] » (Jn 10.28), il évoque l’espérance. De même quand il dit : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père; je vais vous préparer une place, afin que là où je suis, vous soyez aussi maintenant » (Jn 14.2).

Deux autres exemples dans la bouche de Jésus : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis [la foi]; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux [l’espérance] » (Lc 10.20). Là, il semble que l’espérance est plus importante que la foi. Mais souvenez-vous du dialogue entre Jésus et Marthe, devant le tombeau de Lazare : « Ton frère ressuscitera », dit Jésus. Et Marthe répond : « Je sais qu’il ressuscitera, à la résurrection, au dernier jour » [c’est l’espérance]. Mais Jésus, comme avec la Samaritaine, veut lui parler d’autre chose. Il lui répond en parlant au présent : « Je suis la résurrection et la vie. Crois-tu cela? » (Jn 11.23-26). Et cela concerne la foi, maintenant. Les deux sont donc importantes : « Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie » (Jn 16.22). L’espérance relie le présent du chrétien à son avenir avec Dieu. C’est déjà vrai, mais ce n’est pas encore entièrement accompli.

Nous comprenons que cela a un rapport très important avec des réalités comme la maladie et même la mort! En un sens, on pourrait dire ceci : la foi a en vue la guérison (Jc 5.15); l’espérance a en vue la résurrection!

Cela est dit également de Jésus : « En vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix [la séparation d’avec Dieu] et méprisé la honte » (Hé 12.2). Ce verset résume sa vie et son œuvre. Jésus est décrit comme un homme de douleur : il a lutté avec cris et larmes pour apprendre l’obéissance jusqu’à la mort sur la croix. Mais il a dit à ses disciples : « Vous aurez en vous ma joie et ma joie est parfaite » (Jn 15.11; 17.13). D’où donc pouvait bien venir cette joie? De l’espérance. « En vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix. » L’espérance a fortifié sa foi, la foi a permis l’obéissance. C’est ainsi que Jésus est allé jusqu’au bout de sa mission.

S’adressant aux chrétiens d’Éphèse, Paul écrit : « Vous étiez autrefois sans Christ, sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Ép 2.12). On comprend ici que l’espérance n’est pas moins importante que la foi.

Quand Jésus laisse à ses disciples cette dernière parole : « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.20), ne leur donne-t-il pas ce qui est nécessaire à la foi (tous les jours) et à l’espérance (jusqu’à la fin)?

Ainsi l’espérance, qui est en lien avec les choses à venir, a bien un effet immédiat : elle affecte le présent, elle conditionne la marche, elle éclaire le chemin. La vie d’un chrétien, aujourd’hui, est aussi conditionnée par son espérance que par sa foi (Ac 23.6; 1 Tm 4.19). L’apôtre Jean le dit ainsi : « Celui qui a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur » (1 Jn 3.3). Est-ce uniquement une question de sainteté de vie? Non, cela a aussi un rapport avec l’amour.

6. L’espérance et la constance dans l’épreuve🔗

Ce point important pourrait faire l’objet de toute une étude à lui seul.

Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :

« Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité; dans la détresse, mais non dans le désespoir; persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle » (2 Co 4.8-11).

Avant d’ajouter, un peu plus loin : « Nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire » (2 Co 4.17). Les afflictions dont il parle étaient-elles réellement légères, comme il le dit? Bien sûr que non. Alors pourquoi les qualifie-t-il ainsi?

La réponse est donnée juste après : « Car nous regardons non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles : car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles » (2 Co 4.18). C’est bien à cause de (ou grâce à) l’espérance. Ces afflictions du temps présent ne sont pas du tout légères; cependant, elles le sont en comparaison avec la joie qui nous est réservée avec le Seigneur lors de son retour.

Paul aborde ce même sujet dans sa lettre aux Romains, au chapitre 8 : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir », écrit-il (Rm 8.18). Pourquoi? À cause de l’espérance! Il le dit :

« Nous savons que jusqu’à ce jour, la création soupire et souffre les douleurs de l’enfantement; et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi. Nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance qu’on est sauvés. L’espérance qu’on voit n’est plus l’espérance. Ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance » (Rm 8.22-25).

Que signifie l’expression : « la rédemption de notre corps »? Elle signifie que notre salut, bien qu’il soit une réalité déjà pleine et effective, ne peut être pleinement manifesté tant que nous avons encore un corps mortel. Celui qui croit a déjà la vie éternelle, mais il habite encore un corps mortel. Ce réalisme biblique est remarquable et il touche la question du rapport de la foi et de l’espérance.

Écoutons encore ce que dit l’apôtre Paul :

« Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste, si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus. Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons qu’en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur, car nous marchons par la foi et non par la vue, nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur » (2 Co 5.1-8).

La foi et l’espérance sont bel et bien évoquées ici, évidemment proches l’une de l’autre. « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance » (Rm 8.25).

Sur la proximité entre la foi et l’espérance : « Le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée » (2 Tm 4.7-8).

7. Les trois!🔗

Je voudrais terminer avec deux passages bibliques qui mentionnent la foi, l’espérance et l’amour, sous la plume de Paul.

Le premier n’est pas le plus connu. Paul écrit aux Colossiens :

« Nous rendons grâces à Dieu […] et nous ne cessons de prier pour vous, ayant été informés de votre foi en Jésus Christ et de votre amour pour tous les saints, à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux… » (Col 1.3-5).

Que remarquons-nous ici? Trois choses. La foi, comme nous l’avons dit, s’attache à la personne de Jésus-Christ, invoqué et reçu comme Sauveur et Seigneur. Ce n’est pas « la foi » toute seule. L’amour se manifeste envers ceux qui appartiennent à Jésus-Christ (qui sont appelés « saints » ici, « frères » ailleurs; voir 1 Th 4.9; 1 Pi 2.17). Cela semble aller à l’encontre de ce qui est admis généralement, mais l’Écriture est claire à ce sujet : Christ et les siens, c’est un seul. Enfin, Paul dit : « à cause de l’espérance qui est en vous ». Cela semble dire que l’espérance, en un sens au moins, conditionne et rend possible la foi et l’amour. À cause de l’espérance; ou grâce à l’espérance. Cela confirme ce que nous avons dit au sujet de Jésus. En d’autres termes, l’espérance du chrétien conditionne sa marche, autant que la foi et l’amour.

Le deuxième texte de Paul est plus connu : « Trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour. La plus grande, c’est l’amour » (1 Co 13.13). En général, on retient la dernière mention : « la plus grande, c’est l’amour », sur un mode généralement un peu romantique qui mettrait aisément de côté l’espérance et la foi. La foi ne réunit pas tout le monde; l’espérance encore moins! L’amour, lui, rassemble tout le monde, évidemment. Mais de quel amour parle-t-on? Paul dit : « Trois choses demeurent. » Un jour, il n’y aura plus la foi, car les croyants verront ce qu’ils auront cru; il n’y aura plus l’espérance, car les croyants auront reçu ce qu’ils attendaient. Il n’y aura plus que l’amour. Mais aujourd’hui, les trois demeurent.

Cela signifie que les trois sont indissociables. L’un ne peut pas vraiment exister sans les deux autres. Ce n’est pas à la carte. En un sens, c’est la même réalité, spirituelle, déclinée en trois facettes. Et au centre des trois, il y a la personne de Jésus. L’amour dont parle 1 Corinthiens 13, c’est l’amour de Jésus. Ce n’est pas un amour profane. Comment le recevoir sans la foi en Jésus? Et si on ne le reçoit pas, comment le vivre, comment le donner? D’où viendrait-il? En fait, il y a très probablement beaucoup moins d’amour sur cette terre que ce qu’il nous semble. Nous nous contentons des apparences.

L’apôtre Jean dit que « l’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce qu’il a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui » (1 Jn 4.9). Il ajoute : « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » (1 Jn 4.16). À ceux qui ne veulent pas venir et croire en lui, Jésus dit : « Vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas » (Jn 5.42-44). Ils n’ont pas en eux l’amour de Dieu parce qu’ils n’ont pas cru en celui que le Père a envoyé. Il y a bien un lien plus qu’étroit entre l’amour et la foi. Et les deux ne peuvent pas être sans l’espérance : c’est elle qui permet de souffrir pour le Seigneur s’il le faut, c’est elle qui permet de donner sa vie, ce qui est le propre de l’amour. C’est elle qui maintient la joie du salut, même dans les larmes. « Frères, ne pleurez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13).

Notes

1. CPDH, le 7 avril 2017.

2. Dans Keren Israël de décembre 2016.