Cet article a pour sujet la foi dans le livre des Proverbes, qui n'est pas pour tous, mais qui a été donné dans l'alliance avec Dieu et qui présuppose la nécessité de la foi, de la confiance en Dieu et de la crainte de l'Éternel.

3 pages.

La foi dans le livre des Proverbes

  1. Un livre pour tous?
  2. Le cadre de l’alliance
  3. Dans le livre des Proverbes

1. Un livre pour tous?🔗

Nous avons constaté que le livre des Proverbes a une portée à la fois pratique et universelle qui en fait un écrit qui peut être médité par n’importe qui, croyant ou pas.

Exemple : « Va vers la fourmi, paresseux! » (Pr 6.6).

Cependant, nous avons aussi vu que la référence à Dieu n’est pas anecdotique : elle pourrait passer pour seconde, tellement les sujets abordés sont variés et pratiques (par exemple la paresse, l’éducation des enfants, etc.), mais elle apparaît bien comme primordiale. Si la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse (Pr 1.7; 9.10), enlevez Dieu et il ne reste plus grand-chose…

Cela nous parle de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement en Occident. On veut bien garder les bénéfices de la culture chrétienne, mais s’il vous plaît, ne nous parlez pas de Dieu! Mais que devient la valeur unique de la personne humaine, si l’on enlève Dieu? Que devient l’amour du prochain, si l’on oublie le premier commandement? Et qui va justifier le rôle du magistrat (de l’État) tout en rappelant ses limites (éviter la dictature et l’anarchie), si l’on enlève Dieu? Etc.

Le même raisonnement est possible avec le Décalogue. Sur les dix commandements, sept peuvent être entendus sans référence à Dieu1. Pour le Décalogue, les versets d’introduction donnent le cadre général : « Je suis l’Éternel ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex 20.2-3). Cette introduction est primordiale : l’ôter, c’est profaner le texte, lui enlever tout son sens. Quand les réformateurs ont commenté le Décalogue, ils ont toujours expliqué le sens de chacun des dix commandements en référence à Dieu.

2. Le cadre de l’alliance🔗

L’explication est la suivante : ce texte est un texte d’alliance. En d’autres termes, il a encore un sens en dehors de ce cadre, mais de manière tout-à-fait réduite, dénaturée.

Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que la relation établie avec Dieu n’est pas une aventure incertaine, dépendante des circonstances, provisoire, hasardeuse. Elle se situe dans un cadre précis, un contrat dans lequel Dieu s’engage solennellement. L’alliance est sanctionnée par des signes (la Pâque, la manne, l’eau du rocher, la colonne de feu…), elle est sanctifiée (les sacrifices…) et elle rend possible la présence de Dieu. Elle est personnelle : Dieu connaît son peuple et le peuple connaît son Dieu (remarquez le possessif en Ex 20.2 et Dt 6.4-6).

Est-ce un détail? Loin de là. C’est le cadre dans lequel se situe notre foi. Enlevez l’alliance et il n’y a plus de foi — seulement des marchandages sur le mode religieux…

3. Dans le livre des Proverbes🔗

Une centaine de versets mentionnent le nom de Dieu, dont 88 utilisent le nom de Yahvé (l’Éternel), le Dieu de l’alliance. Ce livre est donc, lui aussi, un livre d’alliance, comme l’Écriture tout entière d’ailleurs, avec ses deux testaments. Le style de ce livre est bien particulier (style sapiential), mais c’est bien le Dieu de Moïse qui y est mentionné. Ce que le cadre de l’alliance apporte, notamment, c’est la stabilité de la relation et, partant, la possibilité de la foi, avec ses corollaires : la fidélité, la constance, le repos, la sainteté, l’amour (Ps 23.1).

Par exemple, la notion de « crainte de Dieu » (Pr 2.5) ne signifie pas seulement le respect craintif vis-à-vis d’un Dieu Tout-puissant2. Elle implique la « connaissance » de Dieu, c’est-à-dire une relation d’intimité, sensible, réciproque, personnelle. Dieu se fait connaître « de sa bouche » (Pr 2.6) et se rend présent aux côtés de celui ou celle qui a reçu cette révélation. « Sache le reconnaître dans toutes tes voies » (Pr 3.6). Cela apparaît fortement plus loin : « Il réserve son amitié [Segond], son intimité [TOB, Semeur], son secret [Darby] aux hommes droits » (Pr 3.32). Ceci nous rappelle l’objectif de l’alliance, notamment de la nouvelle alliance : « Tous me connaîtront » (Jr 31.34).

Une telle dimension d’intimité, « dans toute ta conduite », implique non seulement la révérence et l’obéissance, mais aussi la confiance. Ainsi, le livre des Proverbes mentionne « le bon sens », mais plus encore la foi : « Confie-toi au Seigneur de tout ton cœur » (Pr 3.5), qui est placée au-dessus du bon sens, de la sagesse ou de l’intelligence naturelles (Pr 3.7; voir Hé 11.6). En d’autres termes, le meilleur équipement, sans le secours qui vient de Dieu, est impropre : « Le cheval est équipé pour le jour de la bataille, mais la délivrance appartient à l’Éternel » (Pr 21.31). On croirait entendre l’apôtre Paul. On est donc loin d’un recueil de préceptes moraux. « Afin que ta confiance repose sur l’Éternel, je veux t’instruire aujourd’hui, oui, toi » (Pr 22.19).

Le livre des Proverbes est pratique, mais il n’est pas seulement pragmatique : « Fais cela, car ça marche, et tu te porteras bien. »3 Or, la foi n’est pas seulement précieuse pour ce qu’elle me rapporte, mais elle s’enracine dans une relation d’alliance dont un des paradigmes est la relation conjugale4. Un des enjeux, trop souvent oublié, est la tristesse de Dieu quand son peuple oublie sa Parole (És 1.2-3; Jr 8.7-8).

Ainsi, ce qui est reproché à « la femme étrangère », c’est qu’elle oublie « l’alliance de son Dieu » (Pr 2.17). Le pronom personnel est significatif. Ce même lien personnel prévaut dans les proverbes d’Agour qui craint moins les péchés isolés (bien qu’il les ait en abomination) que l’infidélité : « … de peur que, dans l’abondance, je ne te renie et ne dise : Qui est l’Éternel? [] ou que je ne m’attaque au nom de mon Dieu » (Pr 30.9). C’est l’essence même du langage de l’alliance, dont la quintessence apparaît avec la relation filiale : « Car l’Éternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit » (Pr 3.12; voir Hé 12.5-8).

Notes

1. Y compris le respect du sabbat : la Confédération générale du travail (CGT) a défendu le jour du repos hebdomadaire sans référence à Dieu.

2. Ce qui peut se retrouver dans toutes les religions. Je pense aux paroles d’une musulmane au sujet d’Allah : « Il est gentil, mais il ne faut pas l’énerver… »

3. Cette dimension pragmatique est perceptible quand quelqu’un dit : « Avoir la foi, ça aide dans les moments difficiles. » Cela est sans doute vrai, mais ce n’est pas là la finalité de la foi!

4. Il est vrai que le mot « alliance » n’apparaît qu’une fois (Pr 2.16-17). Cela démontre qu’une concordance des mots ne suffit donc pas pour une bonne étude, car la notion d’alliance sous-tend tout le livre.