Cet article a pour sujet la grâce de Dieu qui est la seule source de salut, car tout vient de Dieu, même la foi qui est un don de Dieu. Dieu n'est pas injustice.

Source: Souveraineté de Dieu et responsabilité de l'homme. 3 pages.

La grâce seule

  1. Le secours vient de l’Éternel (Ps 121.2)
  2. Et la foi?
  3. Tout vient de Dieu
  4. Y a-t-il là une exagération?
  5. Garder les deux!
  6. Dieu est-il injuste?
« Nous qui étions morts par nos offenses, il nous a rendus à la vie avec Christ! […] C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi1. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres afin que personne ne se glorifie » (Ép 2.5, 8-9).

1. Le secours vient de l’Éternel (Ps 121.2)🔗

En réalité, tous les chrétiens sont d’accord avec le principe de la grâce. Mais tous ne sont pas prêts à accepter le principe de « la grâce seule », le sola gratia de la Réforme. Le principe de la grâce tel qu’il est souvent entendu aujourd’hui fait entendre que l’homme seul ne peut pas parvenir au salut si Dieu ne l’aide, ne vient à sa rencontre, ne lui donne une chance. À l’homme d’accepter cette aide, de venir à la rencontre de Dieu, de saisir cette chance.

Si on imagine l’homme et Dieu aux deux extrémités d’une ligne, beaucoup imaginent que chacun d’eux doit se déplacer vers l’autre2. Quelques-uns imaginent que c’est à eux de faire la plus grande part, Dieu comblant ce qui manque; d’autres pensent que Dieu fait la plus grande part et que c’est à l’homme de combler ce qui manque. Dans ce sens, même si c’est Dieu qui opère la plus grande part (par exemple 90 % ou même 98 %), on peut parler d’une forme de coopération.

Le sola gratia de la Réforme ne dit pas cela. Il dit que l’homme déchu n’est pas en mesure d’accomplir la plus petite part de son salut, y compris dans ses élans les plus élevés ou ses réalisations les plus grandes (1 Co 13.1-5)3, et que le salut est à 100 % l’œuvre de Dieu.

2. Et la foi?🔗

La foi est aussi un don de Dieu. Sinon, d’où viendrait-elle? D’un cœur corrompu? Cette incapacité pour l’homme naturel à produire un bien qui est agréé par Dieu est souvent rappelée par les prophètes. « Un Éthiopien peut-il changer sa peau, et un léopard ses taches? De même, pourriez-vous faire le bien, vous qui êtes accoutumés à faire le mal? » (Jr 13.23).

Nous imaginons volontiers que la foi est ce qui rend possible l’œuvre de Dieu en nous. Tout dépendrait donc de nous. Ce n’est pas entièrement faux, mais d’où vient cette foi? L’œuvre de Dieu est première : la foi est déjà le fruit de la grâce, la conséquence d’une œuvre de Dieu dans le cœur. « Que la paix et la charité avec la foi soient données aux frères de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ! » (Ép 6.23)4. D’abord a lieu la régénération; ensuite la foi qui en est le fruit.

3. Tout vient de Dieu🔗

« Lorsque le Seigneur nous convertit, c’est comme si on changeait une pierre en chair » (Paul Wells). Dieu lui-même dit :

« Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions » (Éz 36.26-27).

Luther écrit : « Aucun homme ne peut percevoir un iota dans l’Écriture s’il n’a pas l’Esprit de Dieu. » Et Calvin : « L’Écriture commence à vraiment nous toucher quand elle est scellée en nos cœurs par le Saint-Esprit. […] Illuminés par lui, nous croyons que l’Écriture est de Dieu. » Et Calvin encore de dire : « Tout ce qui est bon dans le cœur humain est une œuvre de pure grâce »5.

4. Y a-t-il là une exagération?🔗

Nous retrouvons cela chez l’apôtre Paul. Je lis :

« Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables… » (2 Co 3.5-6).

Et Jésus, que dit-il? « Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6.43-44; voir Ph 2.13).

J’ai connu des chrétiens qui, découvrant cette dimension de la grâce, ont affirmé avoir vécu cela comme une deuxième conversion. À la radicalité du mal doit correspondre la radicalité du remède. On comprend pourquoi l’apôtre Paul parle de la folie de la prédication, disant que cela ne pouvait aucunement venir d’une pensée humaine. Cela signe, en quelque sorte, la défaite définitive de l’homme pécheur (1 Co 1.18-21). C’est cette défaite qui désigne Dieu comme l’auteur de notre salut, sans contribution de notre part, « afin que personne ne se glorifie devant Dieu » (1 Co 1.29; Ép 2.9).

5. Garder les deux!🔗

Le grand prédicateur anglais Charles Spurgeon affirme la responsabilité de l’homme et la grâce souveraine de Dieu dans cette phrase : « Celui qui périt a choisi de périr; mais celui qui est sauvé l’est parce que Dieu a choisi de le sauver. » Cette phrase est impossible à recevoir en dehors de la foi. Elle reflète pourtant l’enseignement de l’Écriture. Nous reviendrons sur la question de l’élection. Mais retenons pour le moment que toute capacité de l’homme lui est accordée par Dieu.

Ainsi Jésus dit-il : « Si le Fils de l’homme vous rend libres, vous serez réellement libres » (Jn 8.36). Comment un homme pourrait-il accomplir la volonté de Dieu — et ce que Dieu veut, c’est que nous croyions (Jn 6.29) — sans avoir été auparavant affranchi? L’apôtre Paul confirme : « Cela ne dépend donc pas de la volonté ni des efforts de l’homme, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9.16).

6. Dieu est-il injuste?🔗

Dans ce même passage, l’apôtre Paul, devançant ses contradicteurs, demande : « Y a-t-il en Dieu de l’injustice? » Il répond : « Loin de là! » (Rm 9.14). Dieu en effet serait juste s’il ne faisait grâce à personne. Ainsi, il est tout aussi juste en révélant sa colère envers ceux qui ne croient pas et en accordant sa grâce à ceux qu’il a destinés à servir sa gloire, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les païens (Rm 9.19-24). Nous reviendrons sur cette question. Il y a là, il est vrai, la dimension d’un mystère, comme Paul lui-même le dit au début du chapitre 3 de sa lettre aux Éphésiens.

Notes

1. Le courant moderniste insiste sur le salut par la grâce pour en faire un salut universel, sans la foi. C’est oublier le sola fide de la Réforme. La foi est, il est vrai, un fruit de la grâce, mais elle est nécessaire!

2. En théologie, on appelle cette compréhension « synergisme », ce qui signifie que le travail de Dieu et de l’homme s’ajoute se conjugue. L’homme et Dieu coopéreraient, en quelque sorte.

3. Ces 5 versets démontrent l’insuffisance totale des meilleures réalisations que l’homme peut mettre en œuvre.

4. Remarquez que même la repentance — qui semble pourtant être, par définition, la part qui revient à l’homme — est accordée par Dieu, selon ce que dit Paul à Timothée (2 Tm 2.25-26).

5. « En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11.25-27).