Cet article sur Hébreux 11 et Hébreux 12 a pour sujet la vraie patrie promise à Abraham et sa descendance qui est l'alliance de Dieu, avec son appel, ses promesses de bénédiction et notre citoyenneté dans son Royaume.

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8 pages.

Hébreux 11 et 12 - Notre vraie patrie

« Or la foi, c’est l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas. C’est à cause d’elle que les anciens ont reçu un bon témoignage. C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible. […] C’est par la foi qu’Abraham obéit à l’appel de Dieu en partant vers un pays qu’il devait recevoir en héritage; et il partit sans savoir où il allait. C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme en un pays étranger, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. C’est par la foi aussi que Sara elle-même, malgré son âge avancé, fut rendue capable de donner le jour à une descendance, parce qu’elle tint pour fidèle celui qui a fait la promesse. C’est pourquoi d’un seul homme — et d’un homme déjà atteint par la mort — sont issus des descendants aussi nombreux que les étoiles du ciel et que le sable qui est au bord de la mer et qu’on ne peut compter. C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vues et saluées de loin, en confessant qu’ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils cherchent une patrie. Et s’ils avaient eu la nostalgie de celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu l’occasion d’y retourner. Mais en réalité, ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu : car il leur a préparé une cité. C’est par la foi qu’Abraham, mis à l’épreuve, a offert son fils Isaac. C’est son fils unique qu’il offrait, lui qui avait reçu les promesses et à qui il avait été dit : “C’est par Isaac que tu auras une descendance qui porte ton nom.” Il comptait que Dieu est puissant, même pour faire ressusciter d’entre les morts. C’est pourquoi son fils lui fut rendu. Il y a là un symbole. C’est par la foi qu’Isaac bénit Jacob et Ésaü en vue de l’avenir. C’est par la foi que Jacob, au moment de mourir, bénit chacun des fils de Joseph, et qu’il se prosterna en s’appuyant sur l’extrémité de son bâton. […]  Et tous ceux-là, qui avaient reçu par leur foi un bon témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur avait été promis. Car Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas sans nous à la perfection. Nous aussi donc, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. »

Hébreux 11.1-3; Hébreux 11.8-21; Hébreux 11.39 à 12.2

Nous vous proposons une méditation basée sur les chapitres 11 et 12 de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament. Le titre de ce message est le suivant : « Notre vraie patrie. »

La naissance d’un enfant peut nous remplir d’une grande joie et d’autres sentiments positifs, particulièrement si nous en sommes les parents. Et pourtant, un tel événement peut aussi susciter dans le cœur humain un sentiment d’angoisse. Car la naissance d’un enfant n’est-elle pas le signe que le cycle imperturbable de la vie et de la mort est en marche? Cette naissance n’est-elle pas le signe que les parents entrent lentement mais sûrement dans la phase suivante de ce cycle, c’est-à-dire qu’ils se rapprochent de leur propre mort? Comment ne pas se souvenir des paroles de l’Ecclésiaste : « Une génération s’en va, une génération vient, et la terre subsiste toujours » (Ec 1.4). Et à quoi ressemble ce monde dans lequel arrive la nouvelle génération? Pour beaucoup, le monde ressemble à une prison dans laquelle de plus en plus d’hommes et de femmes sont maintenus prisonniers : environ six milliards de prisonniers de nos jours… On dirait en fait qu’ils sont trop nombreux pour l’espace et les ressources limitées de la terre. La naissance d’un enfant ne fait donc qu’amener un prisonnier de plus dans la prison, dira-t-on.

Et que peut offrir une telle prison à un tel enfant? Il ou elle n’a pas demandé à naître, et à mesure que l’enfant grandit, il ou elle est confronté à toutes les limitations et les frustrations de la prison de la vie : surpopulation, conditions économiques et sociales défavorables, héritage politique de la génération précédente difficile à gérer, violence, pauvreté, chômage, etc. Quel moyen a-t-il de s’échapper de la prison? Pour beaucoup de jeunes gens, l’échappatoire c’est la consommation de drogue, de la pilule « Ecstasy ». Dans le monde occidental en particulier, on organisera des surprises-parties agitées, on conduira des voitures de plus en plus rapides, on recherchera des aventures inédites, voire dangereuses, des voyages mouvementés. Tout est bon, pourvu qu’on puisse nourrir l’impression qu’on s’échappe de la prison. Certains penseront s’échapper en quittant leurs parents, en se séparant de la génération précédente, car la génération précédente leur rappelle bien trop un attachement au passé. Ce cycle imperturbable des générations qui se suivent leur apparaît lui aussi comme une prison insupportable.

L’auteur de la lettre aux Hébreux nous parle aussi, au chapitre 11, de générations qui se succèdent : Abel, Hénoch, Noé, Abraham et Sara, Isaac, Jacob et encore beaucoup d’autres. Mais, comme vous l’avez remarqué, tous ceux qui sont nommés dans ce chapitre sont décrits par une caractéristique commune : « Par la foi. » C’est par la foi qu’Abraham a quitté son pays. Cherchait-il à s’échapper? A-t-il quitté la terre d’Harân dans le nord de la Mésopotamie, où il vivait avec son père et ses frères il y a près de quatre mille ans, parce que cette terre était devenue pour lui comme une prison? Est-ce la surpopulation, une forme d’oppression politique ou la pauvreté qui ont provoqué cette émigration? Lui qui avait déjà quitté Ur en Chaldée, ne parvenait-il pas à se fixer quelque part? Était-il un vagabond permanent quittant un lieu pour un autre afin de nourrir un sentiment de liberté? Non. Abraham est parti parce que, comme le verset 8 nous le dit, « par la foi il a obéi à l’appel de Dieu en partant vers un pays qu’il devait recevoir en héritage ». Dieu l’a appelé : voilà la raison de son départ, et non pas une recherche personnelle éperdue de liberté. Et pourtant, il est étonnant de lire au verset suivant : « C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme en un pays étranger, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. »

Cela veut dire que, dans le pays promis par Dieu comme son héritage, et où il était bien arrivé, il a pourtant dû vivre toute sa vie comme un étranger : « Sous des tentes. » Régulièrement, il a dû aller planter ses tentes ailleurs. Dieu l’a-t-il donc trompé en lui promettant cet héritage? L’a-t-il déplacé d’un endroit à l’autre comme un joueur d’échecs déplace un pion sur une case différente de l’échiquier, lequel ressemble pourtant toujours à la même prison? Non, pas du tout. Car la vraie patrie d’Abraham, c’est-à-dire l’espace où il se sentait vraiment chez lui, n’était pas sa tente où les différents endroits au pays de Canaan où il plantait ses tentes. Sa véritable patrie était bien davantage une relation particulière qu’il avait avec Dieu, relation marquée par la confiance : confiance, par la foi, dans les promesses que Dieu lui avait faites, ce Dieu qui l’avait appelé. En un mot : l’alliance. L’alliance était la vraie patrie d’Abraham, et aussi celle d’Isaac et de Jacob, et de toutes les générations de croyants après eux.

Et il doit en être de même pour nous aujourd’hui. L’alliance avec notre Dieu est notre vraie patrie. Et si l’alliance avec Dieu n’est pas encore devenue notre vraie patrie, si nous n’y sommes pas encore installés, et si notre loyauté ne va pas en tout premier lieu à l’alliance avec notre Dieu, alors, il nous faut aller méditer sur notre citoyenneté dans le monde. Car si tel est le cas, alors nous ne sommes que de misérables émigrants et vagabonds dans la vie, des gens qui cherchent en vain la libération et la liberté. Nous serons perpétuellement en mouvement, déménageant ou couchant à droite et à gauche, cherchant en vain un ancrage libérateur, mais incapables de le trouver. Qu’il s’agisse de notre égoïsme, de la consommation de drogues, de nos affaires financières, de notre carrière ou de notre pouvoir personnel ou politique, nous tâcherons de transformer toutes ces choses en une patrie, et deviendrons toujours davantage prisonniers de nos propres désirs insensés.

Mais nous devons pourtant nous poser les questions suivantes : Quelle sorte de patrie est donc l’alliance? À quoi ressemble cet espace dans lequel Abraham s’est senti chez lui, quand on le compare à ce que les gens considèrent généralement comme leur patrie?

La première caractéristique de l’alliance comme patrie, c’est qu’elle nous demande de partir parce que Dieu, qui instaure cette alliance, nous y appelle. Écoutez comment Dieu a appelé Abraham et lui a commandé de partir, au chapitre 12 du livre de la Genèse :

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai; je rendrai ton nom grand. Deviens donc une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gn 12.1-3).

Ainsi donc, obéir à Dieu et aller demeurer dans la sphère de son alliance signifie opérer un changement, un déplacement. Nous sommes mis à part par Dieu et devons immédiatement marcher sur une nouvelle voie.

Ne pensez pas que dans le Nouveau Testament, ou la Nouvelle Alliance, les choses soient différentes. Écoutez plutôt les paroles du Seigneur Jésus-Christ :

« De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna et leur dit : Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas ne peut être mon disciple » (Lc 14.25-27).

Voilà à quoi ressemble le chemin sur lequel nous sommes appelés à marcher. Cela ne signifie pas qu’il faut quitter ses parents pour tenter de briser le cycle des générations, et de vouloir oublier son passé pour tracer soi-même le cours de sa vie. Mais il est question ici d’être appelé à montrer une obéissance absolue au Dieu qui nous appelle. Le chemin dans l’alliance avec notre Dieu est si exclusif qu’il nous demande d’opérer un grand changement par rapport à ce que nous avons toujours considéré comme notre vie naturelle. Nulle part dans la Bible il n’est dit que c’est un chemin facile à emprunter. Il s’agit d’un chemin de totale obéissance sur lequel le Dieu de l’alliance réforme et recrée toutes nos pensées par sa Parole, par ses commandements et par son Saint-Esprit.

Maintenant, nous comprenons mieux ce que le séjour d’Abraham sous les tentes a signifié. Il a vécu comme nomade, comme quelqu’un qui ne reste jamais au même endroit, car son cœur et toute sa vie étaient soumis à ce processus de réformation constante. Il ne pouvait s’établir nulle part, en aucun endroit, si ce n’est dans les promesses de Dieu. Et dans ce processus de réformation, de croissance toujours plus près du Dieu qui ne nous laisse jamais nous assoupir dans un endroit donné, Abraham a même dû être prêt à se séparer du seul enfant qu’il avait.

« C’est par la foi qu’Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac. C’est son fils unique qu’il offrait, lui qui avait reçu les promesses et à qui il avait été dit : C’est par Isaac que tu auras une descendance qui porte ton nom. Il comptait que Dieu est puissant, même pour faire ressusciter d’entre les morts. C’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là un symbole » (Hé 11.17-19).

La deuxième caractéristique de l’alliance comme patrie des croyants, c’est qu’elle est accompagnée de bénédictions. Bénédictions pour Abraham, mais aussi pour sa descendance, et pour tous ceux qui le béniront. Voilà l’expression même de la grâce de Dieu, dont l’alliance avec nous est une alliance de grâce. Dieu bénit tous ceux qu’il appelle à aller demeurer dans la nouvelle patrie. Et alors cette patrie devient littéralement pour nous « le pays de notre Père », un pays tellement béni par le Père que qui pourrait encore, après cela, appeler un autre pays du nom de « patrie »? L’auteur de la lettre aux Hébreux l’exprime sans ambages plus loin au même chapitre :

« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vues et saluées de loin, en confessant qu’ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils cherchent une patrie. Et s’ils avaient eu la nostalgie de celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu l’occasion d’y retourner. Mais en réalité, ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu; car il leur a préparé une cité » (Hé 11.13-16).

Non, il n’y avait, chez Abraham, Isaac ou Jacob, aucune nostalgie pour une patrie terrestre. L’alliance avec Dieu, avec ses exigences, ses promesses et ses bénédictions, déterminait ce vers quoi ils devaient tendre. Même s’ils ont demeuré sous des tentes et n’ont pas eu un ancrage sûr et ferme sur terre, ils ont aspiré à une meilleure patrie, c’est-à-dire une patrie céleste. Et dans les bénédictions dont Dieu les a comblés, ils ont pu voir les signes sûrs de cette patrie.

Mais Dieu, le Père de notre patrie céleste, n’est pas un Père pour nous seulement : dans l’alliance, il devient aussi le Père de nos enfants, et cela, c’est une des plus grandes bénédictions que les croyants puissent recevoir. C’est la raison pour laquelle nous lisons au verset 9 qu’Isaac et Jacob étaient aussi avec Abraham — respectivement leur père et grand-père — héritiers des mêmes promesses, c’est-à-dire qu’ils ont été bénis avec lui. Voyez-vous, dans l’alliance, le lien entre les générations se trouve restauré de la plus belle manière. Dans l’alliance, il n’est plus question d’une liberté qui doit s’obtenir au détriment d’une génération. Au contraire, tout comme Dieu bénit ses enfants, désormais la génération précédente peut bénir la génération suivante, comme nous le lisons plus loin :

« C’est par la foi qu’Isaac bénit Jacob et Ésaü en vue de l’avenir. C’est par la foi que Jacob, au moment de mourir, bénit chacun des fils de Joseph, et qu’il se prosterna en s’appuyant sur l’extrémité de son bâton » (Hé 11.20-21).

Dans la patrie du Père, l’ancienne génération se réjouit de voir grandir une nouvelle génération, de jeunes enfants qui sont aussi les héritiers des promesses de Dieu, avec les enfants plus âgés de Dieu. La jeune génération de croyants ne tente pas de prendre la place de la génération ancienne, par exemple en les ignorant ou en les oubliant. Au contraire, la jeune génération témoigne du respect pour l’ancienne génération et elle persévère dans la même voie que les vrais croyants du passé. Voilà pourquoi il est parlé dans la lettre aux Hébreux des générations passées de croyants. Le chapitre 12 nous exhorte à marcher sur la même voie que les générations passées de croyants :

« Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous environne si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (Hé 12.1-2).

Oui, c’est sur la base de la souffrance endurée par Jésus sur la croix et de son élévation à la droite du trône de Dieu que nous pouvons baptiser les petits enfants, comme signe de la grâce de Dieu, qui maintient le peuple de son alliance de génération en génération. Sa bénédiction s’étend d’une génération de croyants à une autre, et il accorde aux enfants des citoyens de la patrie céleste la marque et le signe de son alliance avec la génération précédente.

Considérons maintenant pourquoi le signe et sceau de l’alliance appliqué aux enfants des vrais croyants fortifie notre foi dans les promesses du Dieu qui nous a appelés à vivre dans sa patrie céleste. L’Alliance avec notre Dieu est caractérisée par les promesses divines et les bénédictions qu’il nous accorde. De plus, le Père de notre nouvelle patrie se montre le Père céleste de chaque génération de croyants, et donc de nos propres enfants. Les enfants nés au sein de cette nouvelle patrie, de cette alliance de grâce, en reçoivent le signe qui scelle la véracité des promesses de Dieu pour eux aussi. Ce signe, c’est bien sûr le baptême.

Notez bien qu’un enfant ne devient pas un enfant de l’alliance parce qu’il est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, comme si verser un peu d’eau sur le front de cet enfant en faisait automatiquement un enfant de l’alliance. Croire ceci serait en fait de la superstition. Un formulaire baptismal réformé nous met en garde contre un tel danger, lorsqu’il dit :

« Le baptême est une institution de Dieu afin de sceller en nous et en nos enfants son alliance. C’est pourquoi nous devons l’administrer dans ce but, et non pas par habitude ou superstition. »

Cette superstition devient visible lorsqu’un membre d’une Église, peut-être les parents d’un enfant ou un autre membre de la famille insistent pour que l’enfant soit baptisé dans les deux ou trois semaines qui suivent sa naissance, car, dit-on, s’il mourait avant d’être baptisé, alors cela pourrait entraîner pour sa vie dans l’au-delà des conséquences incalculables. Non, un enfant ne devient pas un enfant de l’alliance parce qu’il est baptisé. C’est l’inverse qui est vrai : un enfant est baptisé parce qu’il est un enfant de l’alliance. Pour le dire autrement : la grâce de Dieu et sa bénédiction accompagnent l’enfant sur la base de la foi vivante qui habite ses parents. Comme nous l’avons déjà cité en Hébreux 12, Jésus est l’auteur d’une telle foi et c’est lui qui la mène à la perfection. En fait, cet enfant est déjà un enfant de l’alliance bien avant sa naissance : dès le moment de sa conception.

Si vous avez des enfants, vous pouvez leur demander de prêter bien attention à ce qui suit : Il y a eu un moment où tu étais très, très petit; bien plus petit encore qu’un tout petit bébé. En fait, tu étais si petit que personne ne pouvait te voir, sauf le Seigneur. Tu étais profondément enfoui dans le ventre de maman, et pour te voir, il aurait fallu regarder à travers un gros microscope. Et tu étais si petit que même avec un microscope on n’aurait pas pu voir tes bras, tes jambes ou ta tête. Mais tu étais déjà là, même si ton papa et ta maman ne savaient pas encore que le Seigneur allait te donner à eux. Mais même si tu étais si petit, le Seigneur te connaissait déjà, car c’est lui qui t’a fait dans le ventre de maman. Et il t’aimait déjà, parce que papa et maman croient que le Seigneur est grand et bon, et aussi parce qu’il leur a donné la foi. Il t’aimait déjà lorsque tu étais si petit, et il a décidé de faire de toi un membre de sa famille. C’est pour cela que l’on t’a baptisé, peu après ta naissance.

Puissions-nous toujours nous souvenir que nous restons toujours petits devant Dieu, et combien grande est sa grâce envers nous, puisque malgré notre petitesse et nos péchés, nous sommes appelés ses enfants dans l’alliance qui a été scellée en Jésus-Christ. Puissions-nous ne jamais oublier que notre baptême est le signe que nous quittons ce monde pour en gagner un autre. Nous sommes morts à ce monde ancien et nous sommes nés à un monde nouveau, qui est incorruptible. Administrer le signe du baptême à un petit enfant signifie donc aussi lui appliquer un signe de mort. Car cet enfant a aussi été conçu périssable, et il doit aussi quitter immédiatement le monde ancien, l’ancienne patrie de la mort. Cet enfant doit aussi être enseveli avec Christ, afin de pouvoir remonter vers la vraie vie.

Mais l’image de l’alliance comme la vraie patrie des croyants ne serait pas complète si nous nous arrêtions là. Car en Jésus-Christ notre patrie reçoit une toute nouvelle dimension : celle du Royaume de Dieu. La paternité de Dieu dans l’alliance nous a été offerte d’une manière unique lorsque son propre Fils est venu vivre sur terre comme notre frère. La famille de Dieu a alors pris une dimension que ni Abraham, ni Sara, ni Isaac ou Jacob n’avaient pu voir directement, comme l’expriment les versets 39 et 40 :

« Et tous ceux-là, qui avaient reçu par leur foi un bon témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur avait été promis. Car Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas sans nous à la perfection. »

Désormais, nous avons vu dans le Fils de Dieu le Roi qui régit notre patrie. Avant lui, les croyants avaient, pour ainsi dire, un permis de résidence permanente, qui leur donnait le droit de demeurer dans la nouvelle patrie, mais sans citoyenneté. Lui, le Roi, nous donne davantage qu’un permis de résidence permanente. Il nous accorde une parfaite citoyenneté dans son Royaume, avec un passeport légal.

Ce n’est pas parce que dans le Nouveau Testament l’alliance aurait soudainement disparu et laissé la place au Royaume. Bien plutôt, nous devons dire que l’alliance avec notre Dieu, laquelle nous donne notre identité d’enfants de Dieu, est désormais devenue la constitution du Royaume. L’alliance de grâce est devenue la constitution du Royaume de Dieu. Et dans cette constitution se trouve cet article central : Jésus-Christ est le Roi du Royaume, il est assis à la droite du trône de Dieu, et nous, les croyants, nous sommes les citoyens du Royaume, porteurs d’un passeport en bonne et due forme. Notre privilège de citoyens du Royaume est d’être les héritiers des promesses de Dieu. Parce que nous savons, par l’Esprit Saint, combien nous sommes dépendants de Dieu le Père en Jésus-Christ, nous sommes particulièrement bénis, car c’est à nous qu’appartient le Royaume des cieux, comme nous l’assure Jésus lui-même dans la première des béatitudes prononcées au cours du Sermon sur la Montagne : « Heureux ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres, car le Royaume des cieux leur appartient » (Mt 5.3). Oui, voilà ce qui est fermement inscrit dans la constitution du Royaume, c’est-à-dire dans la Nouvelle Alliance qui a été scellée par le sang de Jésus-Christ. Comme le dit le verset 28 du chapitre 12, nous recevons un royaume inébranlable, et c’est la raison pour laquelle nous devons être reconnaissants.

Avec le Royaume que nous recevons, nous recevons également une citoyenneté à part entière, mais cela ne veut pas dire que tout est terminé, comme si notre chemin dorénavant était sans embûches et si plat que nous n’aurions plus jamais à changer de demeure ici-bas. Car nous attendons la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur (Hé 11.10). Nous aussi, comme Abraham, nous attendons avec impatience notre patrie céleste, tout en sachant que Dieu nous a préparé une cité. Mais ce n’est pas comme si les contours de cette cité sont flous pour nous. Au contraire, nous voyons la forme de la cité céleste devenir de plus en plus claire dans notre propre vie d’enfants obéissants au Dieu de l’alliance, nous qui sommes en train de croître à tous égards; dans la vie aussi de nos frères et sœurs croyants appartenant à tous les peuples et toutes les langues, c’est-à-dire dans l’Église universelle de Christ; nous voyons les contours de la cité céleste devenir de plus en plus clairs dans les fruits que l’Esprit Saint fait porter à tous ceux dans lesquels il vit, comme dans un temple. C’est comme cela que la cité céleste devient de plus en plus visible et définie, d’une génération de croyants à une autre, car l’architecte et le constructeur en est le Dieu trois fois saint à l’œuvre. C’est pourquoi les raisons que nous avons de persévérer sont d’autant plus grandes et d’autant plus fortes.

« Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection » (Hé 12.1-2).