Cet article a pour sujet le baptême des enfants des croyants qui est le signe et le sceau des promesses de grâce faites aussi bien aux parents croyants qu'à leurs enfants qu'il a placés avec eux dans son Église et son alliance.

6 pages. Traduit par Alexandre Grondin

Il faut baptiser les enfants des croyants

  1. Le baptême des enfants est remis en question
  2. Le baptême des enfants est un point confessionnel
  3. Le baptême des enfants n’est pas une doctrine isolée
  4. La relation entre le baptême des enfants et la grâce souveraine de Dieu
  5. La relation entre le baptême des enfants et l’alliance
  6. La relation entre le baptême et la circoncision
  7. Les enfants appartiennent à l’Église du Christ
  8. La responsabilité des parents

1. Le baptême des enfants est remis en question🔗

La doctrine du baptême des enfants a été et continue d’être un sujet de mésentente et de division parmi les chrétiens. Pour certains, les arguments des personnes qui rejettent le baptême des enfants sont plutôt convaincants. On ne trouve aucun commandement explicite de baptiser des enfants dans le Nouveau Testament.

Les objections au baptême des enfants ne sont pas nouvelles. Le mouvement anabaptiste du 16siècle a enseigné qu’avant de recevoir le baptême, on doit pouvoir donner un témoignage personnel montrant qu’on a connu l’amour de Dieu dans sa vie. Le baptême devient le témoignage visible que l’on a accepté Jésus comme Sauveur personnel. C’est le symbole externe de la vie chrétienne et il doit être donné uniquement à ceux qui démontrent avoir commencé la vie chrétienne, c’est-à-dire, avoir été régénérés et être nés de nouveau1.

2. Le baptême des enfants est un point confessionnel🔗

Rejeter le baptême des enfants n’est pas un point mineur ou un point non essentiel. Tant la Confession des Pays-Bas que le Catéchisme de Heidelberg attirent délibérément notre attention sur l’importance de défendre la doctrine du baptême des enfants. À l’article 34 de la Confession des Pays-Bas, nous confessons :

« Pour cette raison, nous croyons que quiconque aspire à la vie éternelle ne doit être baptisé qu’une seule fois, d’un seul baptême, sans jamais le répéter, car nous ne pouvons pas naître deux fois. Toutefois, ce baptême ne nous est pas profitable seulement au moment où l’eau est répandue sur nous et que nous la recevons, mais il l’est durant toute notre vie. Nous rejetons donc l’erreur des anabaptistes qui ne se contentent pas d’un seul baptême reçu une seule fois et qui condamnent également le baptême des petits enfants des croyants. »

Dans le Catéchisme de Heidelberg, la question suivante est posée : « Faut-il aussi baptiser les petits enfants? » La réponse nous est familière :

« Oui, car puisqu’ils appartiennent aussi bien que les adultes à l’Alliance de Dieu et à son Église, et puisque la rémission des péchés par le sang du Christ et par le Saint-Esprit, qui produit la foi, ne leur sont pas moins promis qu’aux adultes, ils doivent aussi être incorporés à l’Église par le Baptême, qui est le signe de l’Alliance. Ils sont ainsi distingués des enfants des infidèles, comme cela se faisait dans l’Ancien Testament par la circoncision, à la place de laquelle le Baptême a été institué dans le Nouveau Testament. »

3. Le baptême des enfants n’est pas une doctrine isolée🔗

La doctrine du baptême des enfants n’est pas une doctrine isolée des autres enseignements de l’Écriture. Baptiser les enfants des croyants met en valeur l’Évangile de la grâce souveraine de Dieu en Jésus-Christ et la doctrine de l’alliance du Seigneur établie avec les croyants et leurs enfants. Cela met aussi en valeur notre position en tant que peuple de Dieu : ceux qui ont été sanctifiés en Christ (1 Co 7.14) et appelés à vivre une vie sainte et sans tache. Lorsqu’on remet en question le baptême des enfants, c’est la façon même dont on est sauvé qui est remise en cause. S’agit-il d’un acte de Dieu par lequel, dans sa souveraineté et sa grâce, il nous rend la vie par la rédemption de Christ, ou bien pouvons-nous, en usant de notre libre arbitre, décider d’accepter le Christ dans nos vies? Le baptême est-il un symbole du début de la vie chrétienne qui, par conséquent, est destiné uniquement aux personnes qui font une profession de foi crédible, ou bien s’agit-il d’un signe de la fidélité de Dieu à notre égard?

4. La relation entre le baptême des enfants et la grâce souveraine de Dieu🔗

Le baptême ne cause pas la régénération (comme le disent les catholiques romains) et ne symbolise pas non plus le fait qu’une régénération intérieure a eu lieu (comme le disent les baptistes). Personne, ni les adultes ni les enfants, ne devrait être baptisé parce qu’il croit en Dieu et qu’il s’est engagé à vivre en chrétien. Le baptême est donné à cause de l’Évangile de la grâce souveraine de Dieu en Jésus-Christ qui est reçue par la foi. L’Éternel a choisi de nous sauver en montrant sa fidélité envers les croyants et leurs enfants; c’est ainsi qu’il a fait les choses. Tant l’Ancien que le Nouveau Testament sont absolument clairs à ce sujet. Le Seigneur proclame sa grâce souveraine aux croyants et à leurs enfants (Ps 102.28; 105.5-6, 8; 112.1-2).

Dans Ésaïe 59.20-21, le prophète parle premièrement du salut qui sera manifesté pour le peuple que Dieu a choisi, en ces termes : « Un Rédempteur vient pour Sion, pour ceux de Jacob qui se détournent de leur crime, dit l’Éternel. » Ensuite, le prophète montre comment cela s’applique aussi aux enfants :

« Quant à moi, voici mon alliance avec eux, dit l’Éternel : Mon Esprit qui repose sur toi, et mes paroles que j’ai mises dans ta bouche, ne se retireront pas de ta bouche ni de la bouche de tes enfants, ni de la bouche des enfants de tes enfants, dit l’Éternel, dès maintenant et à toujours! »

La rédemption du péché et le Saint-Esprit, qui donne la foi, leur sont promis non moins qu’aux adultes.

Le Seigneur, dans sa grâce souveraine, choisit qui il veut et où il veut. Il a choisi Corneille et le geôlier de Philippes. Jésus-Christ les a ajoutés à son Église. Lorsque l’Évangile de la grâce leur a été annoncé, eux et leurs enfants ont été baptisés, tout comme Abraham et les membres de sa famille avaient été circoncis. Dans Actes 16.32-33, nous lisons :

« Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison. Il les prit avec lui, à cette heure même de la nuit, lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens. »

Selon son bon plaisir souverain, le Seigneur accorde aux enfants des croyants comme à leurs parents les mêmes promesses de l’Évangile. Il leur promet, à eux aussi, de laver leurs péchés et de renouveler chaque jour leur vie. Comme Pierre l’a dit dans son sermon le jour de la Pentecôte, « la promesse est pour vous et vos enfants… » (Ac 2.39). Dieu se lie à nous et à nos enfants. Il établit une relation avec les croyants et leurs enfants. Dans le sacrement du saint baptême, il donne le signe et le sceau de ce qu’il promet.

5. La relation entre le baptême des enfants et l’alliance🔗

Le Seigneur établit son alliance avec les croyants et leurs enfants. Lorsque l’Éternel a fait alliance avec Abraham, il a non seulement établi cette alliance, mais il a aussi déterminé qui serait inclus dans celle-ci. Ainsi, nous lisons dans Genèse 17.7 :

« J’établirai mon alliance avec toi et ta descendance après toi, dans toutes leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de tes descendants après toi. »

Comme signe de cette alliance, l’Éternel a commandé que les petits garçons soient circoncis à l’âge de huit jours (Gn 17.12-13).

« La circoncision, bien qu’elle soit pratiquée sur les petits enfants, n’en était pas moins le sacrement de la justice de la foi [Rm 4.11], signe de repentance et de régénération. Si ces réalités avaient été incompatibles, Dieu n’aurait pas fait une telle ordonnance. Mais en nous enseignant ce qu’est la substance de la circoncision, et en la prescrivant aux petits enfants, il nous montre clairement que, pour ces points-là, elle leur est donnée en vue du futur. La vérité présente que nous devons considérer dans le baptême, lorsqu’il est administré aux petits enfants, est le suivant : le baptême qui les introduit et les scelle dans l’alliance de Dieu est une promesse de leur salut.2 »

Tout au long de notre vie, nous pouvons demander à Dieu de continuer de nous montrer sa fidélité à son alliance qu’il a commencé à nous montrer le jour même de notre naissance. Puisque l’Éternel est loyal et qu’il respecte l’alliance qu’il a établie avec nous, tous peuvent se présenter devant lui par des prières et des supplications, sans aucun empêchement. Il entend le cri des personnes seules et affligées. Les personnes sans ami ou compagnon véritable sur cette terre peuvent prier :

« Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, car je suis seul et malheureux. Les angoisses ont rempli mon cœur; fais-moi sortir de mes angoisses. Vois ma misère et ma peine et pardonne tous mes péchés. […] Garde mon âme et délivre-moi. » (Ps 25.16-20).

6. La relation entre le baptême et la circoncision🔗

Les personnes qui rejettent le baptême des enfants suggèrent qu’il n’y a aucun lien entre le baptême et la circoncision. Ils affirment que la circoncision n’avait pas de signification spirituelle pour le peuple d’Israël, mais qu’elle servait uniquement de signe attestant qu’ils sont membres de la nation d’Israël. Le baptême ne peut pas être placé sur un même pied d’égalité que la circoncision parce que la signification du baptême est entièrement spirituelle, tandis que celle de la circoncision est entièrement matérielle.

Néanmoins, déjà dans l’Ancien Testament, la signification spirituelle de la circoncision était soulignée. La circoncision est plus qu’un signe d’unité nationale. Dieu en appelle à la circoncision pour exhorter les membres de son peuple, Israël, à enlever le péché de leurs cœurs (Dt 10.16; Jr 4.4). De plus, le Seigneur a commandé à Abraham et à sa maison d’être circoncis lorsqu’il a établi son alliance de grâce avec lui. La circoncision d’Abraham représentait des bénédictions spirituelles. Sa circoncision était le sceau de la justice qu’il a obtenue par la foi pendant qu’il était encore incirconcis (Rm 4.9-13).

Abraham a été déclaré juste, et ce n’était aucunement à cause de ses œuvres. Dieu redresse le chemin d’Abraham et lui permet de marcher devant sa face, parce que le Messie va venir. Le Messie va laver Abraham de ses péchés. Le même signe, scellant la promesse faite à Abraham, est donné aux enfants. Un enfant, à l’âge de huit jours, n’a pas la foi, mais reçoit le sceau de la justice qui s’obtient par la foi.

Colossiens 2.11-12 est le passage classique du Nouveau Testament qui démontre comment le baptême remplace la circoncision comme signe de l’alliance. Nous avons été circoncis en Christ d’une circoncision qui n’est pas faite par la main des hommes, de sorte qu’étant ensevelis avec lui par le baptême, nous avons aussi été ressuscités avec lui pour que nous marchions en nouveauté de vie.

L’Éternel Dieu est celui qui décide qui recevra le signe de l’alliance et à quel moment il le recevra. Cette décision ne nous appartient pas. La circoncision n’était pas fondée sur la foi d’Abraham ou sur son expérience avec le Seigneur. Cette cérémonie manifestait les richesses de la grâce de Dieu pour le peuple de son alliance.

7. Les enfants appartiennent à l’Église du Christ🔗

Les enfants des croyants appartiennent, avec leurs parents, à l’Église de Dieu. Lorsque Joël s’est fait commander par le Seigneur de convoquer une réunion de tout le peuple, il devait inclure les enfants, et même les nourrissons (Jl 2), parce qu’ils appartiennent au Seigneur. Les enfants font partie des brebis de Jésus-Christ. Tout comme le berger n’expulse pas les agneaux hors du troupeau, Jésus-Christ, le Berger qui nous aime, rassemble ses agneaux dans la bergerie, leur faisant les mêmes promesses et leur offrant les mêmes bienfaits qu’aux adultes. Puisque les enfants appartiennent à l’alliance et à l’Église du Christ, ils doivent être baptisés.

L’argument selon lequel « on ne voit nulle part dans le Nouveau Testament qu’il est écrit que les enfants doivent être baptisés » a comme point de départ une mauvaise prémisse. Une question plus pertinente, en accord avec ce que révèle l’Écriture, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, est plutôt : « Où voit-on, dans le Nouveau Testament, que les enfants ne doivent pas être baptisés? » Au contraire, Jésus-Christ a continué de reconnaître que les enfants font partie de son troupeau. Il a dit à Pierre de paître ses agneaux (Jn 21). Dans les lettres qu’il a écrites aux différentes Églises, Paul s’est adressé tant aux enfants qu’aux parents, considérant aussi bien les uns que les autres membres des Églises auxquelles il s’adressait (Ép 6.1-3; Col 3.20).

8. La responsabilité des parents🔗

Les parents ont le devoir d’enseigner à leurs enfants la signification de leur baptême. C’est pour cette raison qu’ils promettent d’instruire leurs enfants et de s’assurer que la doctrine du salut leur est enseignée. Savoir pourquoi leurs enfants doivent recevoir le signe et le sceau de l’alliance de Dieu à travers le baptême devrait être la motivation première des parents dans tout ce qu’ils font pour leurs enfants et dans la façon dont ils les éduquent et les disciplinent. Les parents ne permettront pas que leurs enfants soient imprégnés de la pensée du monde. Ils feront au contraire tout leur possible pour leur enseigner les voies du Seigneur.

Puisqu’ils savent ce que le Seigneur donne dans le baptême, les parents et les membres de leur assemblée feront tout leur possible pour faire connaître à ces enfants la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. À ce sujet, Calvin conclut avec raison :

« Savoir que, dès leur naissance, le Seigneur les a reçus dans son peuple, comme membres de son Église, est un grand encouragement pour nous inciter à leur apprendre la vraie piété et l’obéissance que l’on doit à Dieu.3 »

Les enfants doivent apprendre à utiliser leur baptême. C’est pour cette raison que les pères et les mères ont la responsabilité d’amener leurs enfants à l’église, où ceux-ci pourront entendre la voix du Saint-Esprit et le message du pardon par le sang du Christ. Les parents encourageront leurs enfants à lire la Bible, à étudier le catéchisme et à apprendre la doctrine chrétienne. Il devient prioritaire pour tous les adultes de faire en sorte que les enfants de l’Église comprennent que leur vie, du début à la fin, est dirigée par la grâce du Seigneur.

« Quand, en effet, le Père céleste nous atteste de façon visible, par le signe du baptême que, pour l’amour de nous, il veut avoir égard à notre descendance et être le Dieu de nos enfants, ne devons-nous pas nous réjouir à l’exemple de David, parce que Dieu se comporte avec nous comme un bon père de famille, étendant sa providence non seulement sur nous, mais sur les nôtres après notre mort? […] C’est pourquoi ne rejetons pas la grande bonté de notre Seigneur, présentons-lui avec confiance nos enfants qu’il a fait entrer, par sa promesse, dans l’assemblée de ceux qu’il reconnaît comme ses familiers et les membres de sa famille, qui est l’Église chrétienne.4 »

Notes

1. Voir par exemple Wayne Grudem, Systematic Theology.

2. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV.16.21.

3. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV.16.32.

4. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV.16.32.