Cet article sur Jacques 1.19-21 a pour sujet l'écoute de la Parole de Dieu prêchée lors du culte public. Cette écoute est essentielle, car la Parole est capable d'accomplir une oeuvre puissante en nous et nous conduire au salut.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 3 pages.

Jacques 1 - Écouter d'abord, parler ensuite

« Sachez-le, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère : car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de méchanceté, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes. »

Jacques 1.19-21

De quelle écoute et de quel parler s’agit-il ici? Simplement de ceux qui participent au culte communautaire. Après avoir parlé de la vie quotidienne et de ses épreuves, de la foi et de la joie, Jacques, à présent, s’occupe de la tenue du culte célébré en communauté. Je n’insisterai pas longuement sur le rapport qu’il y a entre la vie quotidienne, celle que nous menons dans la semaine, et le culte que nous célébrons le dimanche. D’ordinaire, nous les dissocions, ou même les opposons. Jacques, lui, les associe étroitement. Le rassemblement cultuel du dimanche prépare et équipe la marche de la foi dans la semaine, quand on s’adonne à ses activités dites terrestres, manuelles ou intellectuelles. Ce serait aller contre la logique de la foi que de prétendre que ce qui compte c’est la vie pratique de chaque jour, non des théories et des célébrations, sans rapport avec les préoccupations ordinaires!

Or, c’est lors du rassemblement du dimanche que va retentir, avec force, clarté et autorité, la Parole de Dieu. Alors Dieu, celui qui selon Jacques habite une lumière inaccessible, intervient ici-bas, accomplit son œuvre, installe son règne, signifie sa majesté, si bien que nous recevons ses bénéfices. À condition que la Parole, celle que les prophètes et les apôtres ont transcrite, soit véritablement prêchée et expliquée fidèlement. Il ne s’agit, certes pas, des opinions d’un prédicateur inspiré ni de théories religieuses personnelles, et encore moins des élucubrations d’un illuminé. Jacques nous parle de « la parole plantée en nous ».

Nous sommes ce peuple nouveau dans la vie duquel la réalité de Dieu pénètre par le moyen de la Parole proclamée. Elle nous pénètre pour renouveler nos pensées, s’empare de nos vies pour vaincre le péché qui l’aurait écrasée, nous conduit au moment où nous sommes prêts à nous égarer… Cette Parole-là transforme nos vies. Nous pouvons, enfin, respirer librement. Quand retentit la Parole, c’est comme si une fenêtre s’ouvrait et nous arrachait à la suffocation d’une atmosphère polluée par des miasmes vénéneux. Telle est l’importance du culte hebdomadaire dans une Église locale proclamant fidèlement l’Évangile, qu’il nous faut fréquenter assidûment. Nous y entendons la Parole de Dieu sans nous contenter, comme nous le prétendons, faussement d’ailleurs, « de prier chez nous ».

L’adoration de Dieu ne consiste pas en une prière individuelle, souvent égocentrique; elle se déroule sous l’impact de la Parole prêchée. Voilà pourquoi Jacques nous exhorte deux fois d’être prompts à écouter. Et il ajoute plus loin de rejeter toute souillure et tout excès de malice! Que rien de mauvais ou d’impur ne barre la route à la Parole de Dieu. Car même lorsque nous partageons la Parole de Dieu, ce qui est mauvais et impur trouve quand même le moyen de s’infiltrer en nous… C’est pourquoi, soyons prudents quand nous parlons, ainsi que le prédicateur quand il prêche et l’auditoire quand il écoute.

C’est à nous, communauté cultuelle rassemblée le dimanche, que Dieu s’adresse. Jacques se soucie ici avant tout de nous-mêmes, de notre manière de parler et d’écouter cette Parole. Il n’y a pas lieu de se faire des soucis pour le succès ou la victoire de la cause de Dieu. Dieu œuvre et il continuera à le faire sans répit et avec efficacité. Son trône et son pouvoir sont établis dans les cieux et sur la terre. Mais il se pourrait que nous restions à l’écart de cette Parole, que nous refusions de l’entendre, voire de la proclamer. Nous risquons d’imiter le peuple juif du temps de Jésus, arrogant et rebelle à la Parole faite chair, en nous excluant finalement du Royaume de Dieu.

Pour que la Parole s’empare de nous, nous devons être prompts à écouter, à ouvrir nos oreilles. Jacques souligne fortement ce « écouter ». Nous pouvons nous démener pour faire quelque chose pour Dieu par nos propres efforts, mais Jacques rappelle qu’il s’agit de la Parole de Dieu, celle que les prophètes et les apôtres nous ont transmise. C’est elle qui est à l’œuvre et qui accomplit toujours quelque chose; elle est victorieuse et toujours à l’œuvre. Il vaut la peine de considérer avec attention la protection que Dieu nous accorde en Christ, lui qui est descendu aux enfers et nous en fait remonter.

Sa lumière brille, sa force nous relève aux heures les plus sombres et dans les situations les plus inextricables. Pour avoir part à cette grâce, il nous faut écouter, écouter ce que Dieu a déjà accompli et dont l’Écriture rend un témoignage si puissant et efficace. C’est là l’acte par excellence. Nous devrions nous y mettre ou remettre sérieusement. Pour nous qui nous demandons ce qu’il faut faire pour que le salut et la lumière nous parviennent, la réponse est simple : participez au culte, où vous pouvez écouter la prédication fidèle et correcte de la Parole de Dieu. Soyez prompts à écouter, à recevoir la Parole, afin qu’en écoutant vous soyez sauvés.

Soyez lents à parler, ajoute Jacques. Il ne s’agit pas, certes, de n’importe quelle discussion, mais de la discussion à la suite de l’audition de la Parole de Dieu. En discutant, on se révèle aux autres et l’on fait voir au monde ce que nous apporte la Parole de Dieu. Jacques nous recommande d’être « lents à parler », de faire preuve de retenue lorsque nous parlons, car il peut se glisser si facilement dans notre conversation des fausses passions! Nous risquons alors de forcer la note, de vouloir convertir quelqu’un à tout prix, de vouloir même le convertir à nous plutôt qu’à Dieu. Ce serait alors l’incorporer à un parti, celui que nous représentons, plutôt que de l’amener à l’Église de Jésus-Christ. Pour amener quelqu’un à Dieu, il faut être « lent à parler »; évitons aussi, autant que possible, ces « témoignages de conversion » qui ne sont, trop souvent, que des bavardages sur nous-mêmes… Ne faisons pas de notre personne le centre de l’attention de celui qui doit entendre la Parole.

Pourquoi Jacques inclut-il ici cette phrase sur « la colère qui n’accomplit pas la justice de Dieu »? Être en colère signifie nous laisser envahir par une passion. Même si nous avions raison et que la cause défendue était juste, il faut se garder de discuter avec « colère », car être passionnel n’est pas nécessairement la preuve de la présence de l’Esprit. Savoir écouter dans un silence prudent peut l’être parfois davantage… C’est à Dieu qu’il faut, en définitive, donner raison; c’est sa justice qui doit se révéler à ceux qui s’égarent.

Combien de campagnes enfiévrées dites d’évangélisation restent à un niveau superficiel dans leurs efforts pour « gagner des âmes »! Que de passion et de colère humaines mettons-nous parfois dans nos efforts pour annoncer la Bonne Nouvelle! Or, ce n’est que la lumière de Dieu qui éclaire les hommes. C’est l’œuvre de Jésus-Christ, non pas nous, zélateurs de nos propres partis ou farouches avocats de nos propres opinions. Il n’y a qu’une passion qui se justifie : celle qui est mise à révéler Jésus-Christ aux hommes, le mystère de son nom, la puissance de sa vie et le salut de son œuvre. Défendre la cause de Jésus-Christ tout en nous laissant arracher à notre vaine manière de vivre serait à la fois folie et hypocrisie.

Le pardon des péchés est l’œuvre de Jésus-Christ; c’est le dessein de Dieu sur la terre. Alors, recevons avec douceur la Parole plantée en nous. La douceur veut dire la paix et la sérénité dans laquelle nous pouvons vivre, parce que nous avons accepté que la Parole soit plantée en nous; la véritable douceur est le fruit de cette Parole.

Laissons donc faire Dieu, laissons son œuvre s’accomplir en nous, en l’écoutant d’abord. La puissance, la richesse et la miséricorde du Christ sont telles que nous ne pouvons pas rester à l’écart quand il appelle son Église à son repos et offre la liberté à son peuple.