Cet article sur Jacques 1.22-24 a pour sujet la loi de Dieu qui est comme un miroir nous montrant notre réalité. Nous n'aimons pas la voir, mais en nous avons besoin pour connaître la profondeur de notre péché et notre besoin du Sauveur.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 4 pages.

Jacques 1 - Faire face à la réalité

« Pratiquez la Parole et ne l’écoutez pas seulement, en vous abusant par de faux raisonnements. Car si quelqu’un écoute la Parole et ne la pratique pas, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il est. »

Jacques 1.22-24

Dans son roman Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde, le célèbre auteur britannique, jugeait et évaluait de façon saisissante sa propre vie. Sorte d’autobiographie lucide et tragique, ce roman est une illustration exceptionnelle de la vérité que nous avons découverte, étape par étape, durant notre étude du Décalogue. Dorian Gray, jeune et séduisant aristocrate londonien, était considéré par ses intimes, comme par tous ceux qui le fréquentaient, comme un modèle pour la jeunesse. Non seulement sa grande beauté physique, mais encore tout son comportement passait pour exemplaire au regard des autres. Un jour, un artiste exécuta son portrait, véritable chef-d’œuvre d’art, et Dorian, tel un nouveau Narcisse, tomba amoureux de lui-même en contemplant son portrait, et il émit un vœu. Je vous retranscris ce passage de l’œuvre d’Oscar Wilde :

« Oh quelle pitié! murmura Dorian Gray, les yeux fixés sur son portrait. Quelle pitié! Je deviendrai vieux, horrible, repoussant. Et cette peinture restera toujours jeune. Elle ne sera jamais plus âgée que ce jour de juin. Oh! que n’est-ce le contraire! Que n’est-ce moi de rester toujours jeune, au portrait de vieillir! Pour ce miracle, je donnerais tout. En vérité, il n’y a rien au monde que je ne fusse prêt à sacrifier! Pour ce miracle, je donnerais mon âme… »

Poussé vers le mal par un de ses amis, un aristocrate vieillissant, cynique et blasé, il se mit à mener une double vie. Trempant secrètement dans tous les vices, il apparaissait toujours en public comme un modèle de vertus.

Or, à son grand étonnement, il remarqua que son visage, sur le portrait, changeait peu à peu d’expression. Imperceptiblement au début, l’altération de ses traits devenait peu à peu visible. Alors, il se souvint du vœu qu’il avait formulé le jour où il s’était contemplé pour la première fois sur la toile achevée. Son souhait était devenu réalité! En effet, son portrait, ce chef-d’œuvre de pureté, commença à se flétrir, tandis que Dorian Gray, lui, gardait toute la beauté et la fraîcheur de sa jeunesse. Après ses débauches nocturnes, Dorian, rentrant chez lui, le contemplait avec étonnement et inquiétude. Les signes de son avilissement apparaissaient de plus en plus visibles sur la toile. Simultanément, ce miroir existentiel laissait intacts chez lui, contre toute attente, tous les traits de sa jeunesse. Personne, même dans son proche entourage, n’aurait pu déceler la moindre trace de décrépitude ni soupçonner la vie déréglée de Dorian. Tous ceux qui le connaissaient admiraient et souvent enviaient le secret de cette jeunesse et de cette fraîcheur permanentes, ignorant que ce héros adulé ne portait qu’un masque…

Au début, Dorian se réjouit de la tournure qu’avaient prise les événements. Il continua donc à se vautrer dans toutes les débauches. Que pouvait-il souhaiter de plus? Il n’avait pas à payer le prix de ce train de vie licencieux. Mais peu à peu, son portrait commença à le troubler. En le contemplant, il discernait sa réalité intérieure, et bientôt il fut incapable de le supporter. Cela le rendit si malheureux qu’il décida d’éloigner le portrait de sa vue en l’enfermant à clé, clé qu’il gardait toujours sur lui, dans la chambre la plus éloignée de son grenier. Mais parfois, il ne pouvait se retenir d’y monter et d’observer la toile en cachette. Avec quelle rapidité la dégénérescence y progressait! Cette expérience devenait tellement douloureuse qu’il n’arrivait plus à endurer la vue de ce miroir de son âme. Combien longtemps pourrait-il supporter ce contraste?

Après des années de cette vie criminelle, le portrait n’avait plus de ressemblance avec l’original. Il était devenu le témoin accablant de sa vie malfaisante, et cette saisissante image d’un pécheur horriblement vieilli et enlaidi était insoutenable au regard de l’homme orgueilleux… Même lorsqu’il se retenait de visiter la chambre secrète, cette image le poursuivait comme son ombre et le torturait. Un soir, il y monta pour la dernière fois, un couteau à la main. Il avait pris la résolution de déchirer la toile, de la faire disparaître, d’en finir une fois pour toutes avec cette accusation accablante. S’il pouvait seulement s’en débarrasser, il saurait retrouver la paix…

Lorsque le matin suivant son valet de chambre, ne le voyant pas, força la porte de la chambre interdite, il trouva, gisant par terre, un corps horriblement vieilli et défiguré, complètement usé par le vice. Un couteau était enfoncé dans le cœur de l’homme. En revanche, sur le chevalet était posé le portrait d’un jeune homme vigoureux, infiniment beau et séduisant… D’une manière mystérieuse, le couteau avait pénétré le cœur du pécheur au lieu d’atteindre le portrait. Dorian Gray avait tenté, en vain, de le détruire. Il n’avait réussi qu’à détruire sa propre vie.

La loi de Dieu que nous avons étudiée ressemble un peu à ce portrait du roman d’Oscar Wilde. Elle est comme un miroir que Dieu tient devant nous pour nous dire : « Regardez-vous bien, elle dévoile à vos yeux votre portrait authentique. Vous y découvrirez votre vie intérieure. » Vous pouvez jouir d’une bonne réputation et les hommes ne s’apercevront pas des marques de votre péché. Mais ce miroir vous dira toute la vérité sur votre personne. Regarder la loi de Dieu nous laisse toujours dans une position embarrassante. C’est la raison pour laquelle nous avons hâte de nous en éloigner. Ou bien nous fermons nos yeux, ou bien nous nous en débarrassons. Nous n’aimons pas qu’on nous rappelle nos fautes. Nous préférons plutôt qu’on flatte nos qualités. Mais souvenez-vous de ce que nous avons lu au début dans l’épître de Jacques au sujet de celui qui se regarde dans un miroir et ensuite oublie son visage! Ceci semble peut-être ridicule, voire absurde…

Lorsque quelqu’un se regarde dans un miroir et aperçoit son visage sale, il ne s’en éloigne pas tâchant d’oublier ce qu’il vient de voir. Normalement, il fait face à la réalité et il s’applique à se nettoyer. Il serait tout à fait anormal s’il venait à fuir tous les miroirs parce qu’il a horreur d’y rencontrer le reflet de son visage! Mais il ne nous est pas possible d’échapper à notre portrait tel qu’il nous apparaît dans la loi de Dieu. Nous pouvons l’oublier un instant, mais à la fin, elle nous tient. Même si nous avons réussi à l’ignorer, aussi longtemps que nous vivons, nous savons qu’elle nous atteindra pour nous confronter avec la réalité. Un jour, nous nous trouverons sous les projecteurs lumineux du regard divin.

Mais pourquoi Dieu nous poursuit-il avec ce portrait? Pourquoi ne nous laisse-t-il pas seuls et tranquilles? Il sait bien que cela nous rend plus malheureux. N’est-il donc pas sans pitié en persistant à nous montrer notre péché? Pourquoi ne l’oublie-t-il pas? Après tout, il sait que nous ne pouvons pas observer sa loi. Quel avantage y a-t-il à parler de nos échecs? Pouvons-nous y remédier? Pourquoi votre médecin vous examine-t-il aux rayons X lorsqu’il soupçonne la présence d’une maladie? Prendrait-il plaisir à vous troubler par son diagnostic, lorsqu’il vous sait atteint par une terrible maladie? Supposez un instant qu’il vous dise, au contraire, que vous êtes très bien portant et l’image même de la santé! Que vous n’avez pas de soucis à vous faire. Auriez-vous préféré être rassuré de la sorte? Heureux de payer un prix exorbitant pour une consolation aussi trompeuse? Tôt ou tard, vous découvririez que vous n’étiez que la dupe d’un charlatan…

Pourquoi Dieu nous poursuit-il de sa loi? Il sait qu’à moins de nous connaître comme il nous connaît, nous ne nous rendrons jamais compte combien désespérante est notre condition en sa présence. S’il ne nous aimait pas, il ne nous troublerait pas avec sa loi. S’il n’avait pas de thérapeutique à nous prescrire, il ne nous révélerait pas combien grave est notre mal. S’il n’avait pas le désir de nous sauver, il ne nous montrerait pas la tragédie due à notre péché. Autrement dit, il sait que si nous n’allons pas jusqu’au mont Sinaï, nous ne connaîtrons jamais le mont Calvaire. Si nous ne regardons pas le péché en face, nous ne rencontrerons jamais le Sauveur.

Sans la lumière de la loi qui nous scrute, nous ne serons pas au bénéfice de l’amour qui sauve. Le mont Calvaire est pour ceux qui se sont d’abord rendus au mont Sinaï. Seule la loi du Sinaï peut refléter notre portrait réel. Il est fort possible que nous ne l’ayons pas apprécié. En tout cas, j’espère que cela a été le cas, car une réaction différente de notre part serait un très mauvais signe. Elle prouverait que nous sommes incapables de regarder la réalité en face. Cependant, si vous avez bien suivi notre texte, vous vous êtes aperçus que la croix vous présente un autre portrait : non pas celui que vous auriez aimé, mais le portrait de l’Unique qui, n’ayant jamais transgressé un seul des commandements de Dieu, s’est chargé de toutes nos transgressions, devenant en tout semblable à nous, sauf pour le péché, pour nous en délivrer et pour nous ramener à Dieu.

J’espère que la signification profonde de ces deux portraits ne vous a pas échappé. Le premier est celui qui peut vous perdre. Le second veut vous conduire vers le Dieu dont la loi nous accorde la vraie liberté.