Cet article sur Jacques 1.5-8 a pour sujet la sagesse qui nous permet de faire ce qui est juste dans nos épreuves; nous devons la demander à Dieu avec foi dans la prière, car il a promis de la donner à celui qui ne doute pas.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 4 pages.

Jacques 1 - Foi, joie, sagesse

« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève. Qu’un tel homme ne pense pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : C’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies. »

Jacques 1.5-8

Tout est en rapport avec la vie; aussi, tout naturellement, parler de la joie signifie parler de la joie de vivre, être quelqu’un qui dit oui à la vie; qui l’aime et est reconnaissant d’un tel don; c’est l’aimer avec ses hauts et ses bas, avec ses ombres et ses lumières; vivre intensément, mais dans une paix profonde et dans une confiance absolue, comme un enfant qui, à la nuit tombante, joue assis derrière sa mère, à l’ombre de sa protection. Lorsqu’on se demande qui est capable de vivre de cette manière, que l’on se rappelle que Jésus-Christ est notre paix, une paix qui nous entoure de toutes parts.

C’est en se fondant sur cette certitude que Jacques prononce ce mot joie. C’est comme « serviteur de Jésus-Christ » qu’il le prononce. Que Dieu est grand, qui permet que le premier mot que prononce son serviteur soit ce mot joie. Mais Jacques va plus loin; à côté du mot joie, étroitement lié à lui, on lit un mot différent : épreuves. Nous en avons parlé dans le dernier exposé. Est une épreuve tout ce qui nous contrarie et nous afflige jour après jour. Ce combat que nous devons mener journellement et qui peut nous miner et nous enlever notre joie, cette joie qui est comparable à un rayon de soleil, qui luit un instant sur un mur sombre puis disparaît, laissant le mur dans l’ombre. Nous oublions que Jésus-Christ est tous les jours avec nous, prêt à partager nos souffrances et nos épreuves, si bien que nous ne sommes jamais abandonnés. Si le nom de Jésus-Christ représente quelque chose pour nous, cela se manifestera à la qualité de notre résistance dans la petite guerre que nous livrent chaque jour nos nerfs et nos soucis, à la joie de notre résistance, certains que nous sommes dans la présence du Seigneur dans nos vies.

« L’épreuve de votre foi produit la patience », écrit saint Jacques. La foi n’est pas une abstraction qui peut rester dans le domaine intérieur de nos pensées et de nos sentiments. Au contraire, elle est la résistance et la persévérance de tous les jours, rendues possibles par Jésus-Christ, par la force qu’il nous donne. La patience exprime l’action de demeurer ferme sous le poids de ce qui nous accable. Cela signifie persévérer, supporter un fardeau, une peine, une souffrance, une angoisse, et les supporter sans abandonner son poste.

Pour cela, il faut avoir ce dont Jacques parle plus loin; la sagesse. La sagesse n’est pas une réalité philosophique réservée aux gens instruits, aux intellectuels, aux intelligents. Elle est une réalité pratique, qui nous donne la possibilité, à tout instant, dans les situations difficiles et dans nos peines de chaque jour, de découvrir et de faire ce qui est juste, de prendre la bonne décision, d’être capables de donner le conseil le plus judicieux, de suivre le bon chemin. C’est la grande liberté qui nous permet de sortir de tous les embarras de la vie, de tous les abîmes dans lesquels nous pouvons tomber, parce que Jésus-Christ est avec nous et qu’il nous a donné à tous et depuis longtemps, par sa résurrection d’entre les morts, la victoire définitive.

Maintenant : « si quelqu’un manque de sagesse… »; la question est de savoir si nous possédons vraiment cette liberté. Qui parmi nous oserait l’affirmer? Jacques nous connaît si bien qu’il découvre que même lorsque nous nous présentons comme étant très sûrs de nous-mêmes, tout au fond nous restons instables, hésitants, mal en point, toujours tentés de prendre la mauvaise décision… Nous parlons et nous écoutons parler dans les prédications du pardon, de la grâce, de la paix, de la victoire et de la rédemption. Mais cela reste trop souvent pour nous des paroles vides de sens. Dans le combat que nous menons journellement, nous nous montrons inférieurs et détestables; rien ne transparaît de notre nouveauté et liberté de vie en Christ. Il doit en être tout autrement.

Mais pour cela, il faut tout d’abord abandonner notre christianisme dénaturé. Nous devons nous laisser saisir par les grands mots que nous utilisons : foi, joie, sagesse. Alors, même dans nos échecs, Dieu abaissera son regard sur nous et fera de nous des saints. Or, Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, réclame un peuple qui sait non seulement mourir saintement, mais aussi vivre saintement. Nous sommes invités à être ce peuple qui acquiert une vraie sagesse pour sa vie de tous les jours. Pour y parvenir, Jacques dit : « Qu’il demande cette sagesse-là ». Être obligé de demander signifie que l’on est une personne qui vit dans un dénuement total, qui ne possède pas ce qu’elle devrait avoir, incapable de s’en tirer toute seule… Mais voilà, si je suis incapable de m’en tirer tout seul, toi, Seigneur, tu peux m’aider; viens à mon secours!

Je sais que cette sagesse de la Bible contredit notre philosophie de vie, qui est tout autre et qui nous conduit dans une direction différente. À l’heure de la détresse, notre philosophie ne nous dit pas « demande! », mais « reprends-toi, rassemble tes forces, agis! » Là, Jacques intervient et nous dit : « Ne te fie pas à tes propres forces, demande! » C’est là la sagesse du Sermon sur la Montagne prononcé par Jésus : « Ne vous inquiétez pas ». Que signifie s’inquiéter? En bref ceci : s’efforcer de venir tout seul au bout des difficultés quotidiennes. Tel est notre véritable tourment. En effet, ce ne sont pas tellement nos difficultés elles-mêmes qui nous tourmentent, mais la peine que nous nous donnons pour les surmonter. Ce qui nous tourmente, c’est de penser que nous devrions venir nous-mêmes à bout de nos difficultés. Et nous ne le pouvons pas! C’est notre folie qui nous arrête et nous retient loin de la seule sagesse, la seule qui peut nous tirer d’affaire : adresser à Dieu nos demandes.

Notre inquiétude nous dresse contre lui. Jacques veut que nous cessions cette attitude, qui est le combat de notre péché. Jésus-Christ a ouvert pour nous, en combattant, le chemin qui conduit à Dieu. Devrait-il l’avoir ouvert en vain? Allons-nous encore tenter sans lui l’impossible, nous efforcer d’être nous-mêmes notre propre secours? Nos échecs, les grands comme les petits, l’agitation dans laquelle nous plongent nos nerfs à vif, nos insomnies durant lesquelles on tend à ne penser qu’à soi, tout cela sont des signes de notre manque de sagesse. Mais pourquoi cette opposition à la grâce et à la fidélité de Dieu, qui ne nous demande qu’une seule chose : le laisser nous aider?

Or, Jacques nous dit qui est le Dieu à qui nous pouvons nous adresser : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche! » « Dieu qui donne », c’est le Dieu de la grâce. Ce qui nous est proposé, ce n’est pas un nouvel art de vivre qui nous permettrait de nous secourir nous-mêmes. Nous devrions le savoir; Dieu existe et Dieu donne. Dieu vient à nous, et c’est là le mouvement de son incompréhensible amour. La nature de Dieu est de donner, uniquement de nous donner. En nous rappelant que Dieu est un Dieu qui donne, Jacques nous redit toute la grandeur et toute la liberté de Dieu, qui n’est pas regardant. Nous pouvons aller à lui avec l’entière confiance de l’enfant qui sait que s’il manque de quelque chose, il en sera comblé. Car notre Dieu est le Dieu qui donne. Jacques précise : Dieu donne à tous. Les hommes répètent sans cesse : « Je n’appartiens pas à la catégorie des gens pieux; je ne suis qu’un enfant du monde; Dieu ne prête aucune attention à moi ».

Or Jésus, par son sang versé, a fait de nous, gens de mauvaise réputation, des hommes irréprochables aux yeux de Dieu. Il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient. Certes, il existait au ciel un acte qui nous accusait gravement, mais le Sauveur l’a effacé, l’a annulé. Il l’a rendu nul et non avenu. Dès lors, personne ne peut dire de soi-même : cela ne me concerne pas, Dieu ne peut rien pour moi; je ne peux rien lui demander. Jacques ajoute : Dieu donne libéralement, simplement, sans condition, sans arrière-pensée, sans façon. Il ne donne pas sans que nous puissions avoir la certitude que nous ne sommes pas jugés selon notre mérite ni repoussés par une raison quelconque. Dieu aurait mille raisons de ne rien nous donner, et il n’a absolument aucune raison de nous donner quelque chose. Et pourtant il donne, il donne sans raison, il donne parce qu’il aime donner. Simplement, royalement. Tel est Dieu.

« Et sans reproche », ajoute Jacques. En donnant, Dieu n’a pas l’intention de nous mettre mal à l’aise. Nous pouvons avoir honte de notre vie, mais non honte d’aller à Dieu et de lui confier notre vie, d’avoir recours à lui, de lui dire : Père, je suis ton enfant, non que je mérite cette grâce, mais parce que tu me l’offres toi-même en Jésus, ton Fils, parce que c’est toi qui veux que je t’invoque et que j’aie recours à toi! C’est ainsi qu’on s’adresse correctement à Dieu.

Jacques termine par un mot sur le doute : « Celui qui demande, qu’il demande avec foi, sans douter ». Car la tentation nous guette jusque dans la prière. Nous hésitons entre deux choses qui ne vont pas ensemble. Ces deux choses sont le visible et l’invisible, les promesses de Dieu et les ténèbres du monde. Le croyant connaît ces deux réalités; il connaît la réalité de ce monde visible qui semble sans cesse lui répéter que le Dieu grand et généreux n’existe pas; mais il sait aussi que dans cette réalité du monde visible, c’est la Parole de Dieu qui le soutient et le gouverne, que Dieu, dont les promesses sont fidèles, ne l’abandonne pas. Aussi il ne chancelle pas. Il s’abandonne, lui et tout ce qui est visible, à la direction de la Parole éternelle et puissante de son Dieu. Tout autre est celui qui doute. Il met sa confiance dans les choses visibles et méprise la promesse de Dieu. C’est le meilleur moyen d’être anéanti! Il est évident que c’est contre notre doute que nous avons à lutter. Alors, « si quelqu’un manque de sagesse », qu’il l’a demande. Chacun à sa manière et tous ensemble, nous devons nous remettre à la prière. Ce n’est pas en vain que nous nous adresserons à Dieu. Il nous exaucera. Il ne faut pas que ce soit en vain que Jacques nous ait adressé cet appel.