Cet article sur Jacques 4.1-12 a pour sujet les guerres et les querelles entre nous, contre nous-mêmes et contre Dieu, à cause de notre haine et de nos passions. Nous devons prier et nous repentir pour avoir la paix avec Dieu et vivre en paix avec les autres.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 3 pages.

Jacques 4 - Les trois guerres

« D’où viennent les luttes, et d’où viennent les querelles parmi vous, sinon de vos passions, qui guerroient dans vos membres? Vous convoitez et vous ne possédez pas; vous êtes meurtriers et envieux, sans rien pouvoir obtenir; vous avez des querelles et des luttes, et vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de tout dépenser pour vos passions. Adultères! Ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. Croyez-vous que l’Écriture dise en vain : Dieu aime jusqu’à la jalousie l’Esprit qu’il a fait habiter en vous? Mais il donne une grâce supérieure, puisqu’elle dit : Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles. Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Purifiez vos mains, pécheurs, et nettoyez vos cœurs, âmes partagées. Reconnaissez votre misère, menez le deuil, pleurez; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. Ne médisez pas les uns des autres, frères. Celui qui médit d’un frère ou qui juge son frère, médit de la loi et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’en es pas l’observateur, mais le juge. Un seul est législateur et juge, celui qui peut sauver et perdre; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain? »

Jacques 4.1-12

Dans le paragraphe précédent, Jacques parlait de la douceur, mais ici même nous n’avons guère l’impression de douceur. En effet, Jacques est en colère, brandit le fouet et nous en menace. Souvenons-nous qu’un autre, plus grand que Jacques, brandit, lui aussi, le fouet. « Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous [les marchands] du temple », nous est-il dit dans l’Évangile de Jésus-Christ (Jn 2.15). Quand il s’agit des choses saintes, quand elles sont attaquées et qu’il faut les défendre, les protéger, les sauvegarder, il n’est alors pas défendu de s’opposer farouchement à l’adversaire, montrant même, s’il le faut, sa colère et sa passion.

Quand Jacques se fâche, il ne sort pourtant pas du domaine de la douceur et de la paix. Jugez-en par ses paroles : « D’où viennent les luttes et d’où viennent les querelles parmi vous? » Vous ne connaissez pas la paix : vous enviez et vous n’obtenez pas, vous avez des querelles et des luttes et vous ne possédez pourtant rien! Il n’est pas si facile d’acquérir la douceur et la paix. Là où la miséricorde du Christ nous presse et nous vainc, là naît la douceur, là se dresse la digue qui empêche les vagues de nos désirs et de nos injustices de déferler sur nous, là se dresse le mur qui fait obstacle « aux passions qui combattent dans nos membres » et leur trace une limite.

C’est de cette sainteté que parle Jacques. C’est en vue de cette sainteté qu’il s’efforce de nous convaincre par ses paroles. Vous luttez et vous combattez, et pourtant vous ne parvenez à rien, vous cherchez à saisir et vous ne retenez rien. Pourquoi? Parce que vous ne demandez pas!, répond Jacques. Sa réponse nous indique déjà le chemin de cette sainteté. Car demander signifie pour lui remonter à la source d’où jaillit la miséricorde de Dieu en Jésus-Christ; pour être aidé, pour être sauvé, il faut savoir tendre les mains vers Dieu et les lui laisser remplir. Et c’est justement ce que vous ne faites pas. Vous ne demandez pas. Ou si vous demandez, « vous demandez mal ». Vos demandes sont égoïstes et arbitraires. Là où la grâce du Christ et la miséricorde d’en haut sont méconnues, là il n’y a d’autre possibilité que la guerre.

Les mots de l’auteur décrivent vraiment tout ce qui manque à la paix de notre vie, qui est un champ de bataille. Tout d’abord, nous sommes égoïstes. Notre « moi » nous possède avec la force et la violence d’une rage, si bien que nous sommes entraînés les uns contre les autres dans une lutte dont l’enjeu est l’argent ou la puissance, ou encore tout ce que l’argent ou la puissance peut nous permettre d’acquérir. Nous avons aussi un esprit de domination. C’est pourquoi nous sommes en guerre les uns contre les autres. L’homme contre la femme et la femme contre l’homme, parce que l’un veut dominer l’autre. Nous menons notre guerre avec les armes empoisonnées de nos paroles, de nos pensées, de nos passions et de notre haine. Tel est l’état de guerre dans lequel nous vivons.

Mais il y a une autre guerre plus inquiétante encore que celle dans laquelle nous entraînent nos passions et notre cupidité. C’est celle qui n’est plus une guerre extérieure, mais intérieure, contre nous-mêmes. C’est comme s’il y avait deux hommes en nous, un bon et un mauvais, qui se font la guerre. Comme on voudrait pouvoir parfois sortir de soi-même! Comme on peut se haïr et se détester soi-même! Il faut se rendre à l’évidence : il est impossible d’échapper à soi-même. Celui que nous voudrions fuir fuit avec nous, car c’est notre nature de lutter contre nous-mêmes. Qui ne l’a pas expérimenté? Voilà pourquoi nous ne pouvons vivre en paix.

C’est sur un ton de violent reproche que Jacques nous parle de cette guerre. Il nous rappelle que nous nous haïssons : « Parce que vous ne demandez pas! » Il ne s’agit pas d’une simple exhortation moralisante, mais de quelque chose d’infiniment plus important. Demandez, demandez de la bonne manière, et alors vous recevrez, vous obtiendrez tout ce qui vous était refusé jusqu’alors. Mais Jacques laisse sous-entendre qu’il existe encore une autre guerre, que nous menons tous en secret et qui est la cause de la guerre dont nous venons de parler. Non seulement nous luttons contre nous-mêmes, non seulement nous luttons les uns contre les autres, mais nous luttons encore (à moins que nous y ayons renoncé?) contre Dieu. Avant même que nous fasse défaut la paix extérieure, elle nous fait défaut intérieurement, car c’est avec Dieu que nous ne sommes pas en paix. C’est ce que Jacques appelle notre « inimitié contre Dieu ».

C’est au-dedans de nous que se joue le drame de notre fuite loin de Dieu, qui est pourtant notre Dieu; c’est au-dedans de nous que naît ce désir de l’homme de se précipiter dans son propre monde, un monde qu’il construit poussé par son envie et sa cupidité. Cette guerre, cette inimitié, ce fait de n’être pas du tout en ordre avec Dieu sont la cause de notre manque de paix. Mais cette guerre n’est-elle pas derrière nous? Jacques nous dit : demandez! Allez vers Dieu comme vers votre Père, afin qu’il supprime votre inquiétude. Mais le Père peut-il nous laisser venir à lui, nous écouter comme si nous étions ses enfants, nous qui l’avons abandonné? Pourtant il le fait. Tel est le glorieux message que contient la Bible : l’œuvre du Christ à Golgotha, où son sang a été répandu pour nous. C’est là que s’est conclue la paix que nous n’aurions jamais pu conclure nous-mêmes. C’est là que Dieu dit : Tu es mon enfant! Même lorsque cet homme lutte encore contre Dieu…

Maintenant, nous pouvons comprendre ce qui suit. Maintenant, nous comprenons le ton sévère que Jacques prend pour nous parler, les dures paroles qu’il prononce contre nous : « Vous êtes des adultères. » Ce n’est pas un jugement moral qu’il porte. Il veut dire que Dieu a conclu une paix avec nous et que cette paix doit être respectée exactement comme doit être respecté le mariage.

C’est pourquoi, « soumettez-vous à Dieu »! Laissez-vous envahir par la paix de Dieu! Reconnaissez humblement devant Dieu que vous avez combattu contre lui, et il mettra lui-même fin à ce combat. Jacques sait bien que cette capitulation nous coûte beaucoup. Elle nous coûte des larmes. C’est pourquoi il nous exhorte à y mettre le prix sans hésiter. « Reconnaissez votre misère, menez le deuil, pleurez; que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera! »

Abandonner Dieu nous conduit à un échec, nous devons donc renoncer à notre fausse manière de vivre. Laissez seulement couler les vraies larmes que suscite la misère dans laquelle vous vivez. Mettez fin à votre joie superficielle, cessez d’aimer le monde! Si les choses se passent ainsi, si cette capitulation a lieu, un événement important et nouveau s’est passé dans notre vie. C’est la grâce de Dieu qui s’oppose victorieusement à toutes nos passions mauvaises. Ainsi, Jacques nous expose le problème de la repentance et de la foi. Nous pouvons adresser nos demandes à Dieu. Il nous aidera et nous permettra de vivre en paix avec lui.