Cet article sur Jacques 4.13-17 a pour sujet notre prétention à faire des projets comme si nous tenions notre vie entre nos mains. Grâce à Jésus, nous pouvons faire des projets à la gloire de Dieu, assurés d'être entre les mains du Père.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 4 pages.

Jacques 4 - Plans humains et dessein divin

« À vous maintenant qui dites : Aujourd’hui ou demain, nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons des affaires et nous réaliserons un gain! Vous qui ne savez pas ce que votre vie sera demain! Vous êtes une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît. Vous devriez dire au contraire : Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela. Mais maintenant vous vous glorifiez dans votre présomption. Toute gloriole de ce genre est mauvaise. Si quelqu’un sait faire le bien et ne le fait pas, il commet un péché. »

Jacques 4.13-17

Prenons garde à ne pas vouloir comprendre trop rapidement ces paroles de Jacques. Nous risquerions de ne pas les comprendre du tout! Jacques pense à des membres de l’Église chrétienne. Il pense à ces hommes qui reconnaissent en Jésus-Christ leur Seigneur, qui sont instruits dans la foi, qui sont baptisés, à ceux qui, comme vous et moi, ont besoin de se repentir, d’être réveillés de leur profond sommeil.

Les gens dont Jacques parle ici ne semblent pas précisément avoir été des dormeurs. Ce sont, au contraire, des gens très actifs et pleins de vitalité qu’il dépeint ici, des hommes qui s’affairent, qui suivent leurs plans et atteignent leur but. Ce ne sont pas tous des hommes d’affaires, ce sont peut-être des médecins, des professeurs, des magistrats, des ménagères; peut-être des pasteurs et des évangélistes… Il existe, en effet, une sorte d’approche au ministère dans lequel des pasteurs, missionnaires ou évangélistes s’agitent, courent à gauche et à droite et cherchent à gagner des âmes comme s’il s’agissait d’un commerce spirituel! Or, l’acuité des problèmes, des tâches, des questions qui se posent à eux leur font oublier parfois la chose la plus importante de la vie.

Quelle est donc cette chose si importante et que nous avons pourtant tendance à oublier sans cesse, surtout lorsque nous croyons être particulièrement actifs et zélés? Quel est ce sommeil dont il faut nous tirer, si nous voulons vraiment atteindre le but de notre vie? Jacques répond : « Vous ne savez pas ce que votre vie sera demain! » Car, qu’est-ce que votre vie? « Vous êtes une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît. » Il nous fait perdre toutes nos illusions. Il nous dit que nous vivons comme si nous pouvions disposer de notre vie; comme si nous la tenions entre nos propres mains, comme si le Seigneur ne régnait ni sur nous ni sur notre vie.

Et pourtant, qu’est-ce que notre vie? C’est une vapeur! Vous aspirez aux choses les plus élevées, dit Jacques, vous nourrissez les pensées les plus profondes, vous dressez les plans les plus hardis, puis, tout d’un coup, vous disparaissez, vous êtes oubliés, vous êtes enterrés. Vous ne savez même pas ce qui arrivera demain. Et vous vivez comme si vous le saviez, comme si vous étiez maîtres de l’heure qui vient, du jour qui vient. Or la mort menace votre vie tout entière, menace tout ce que vous pensez, projetez et faites. Quel est alors le sens de la vie, puisque la mort vous guette et vous attend?

Ce n’est pas par pessimisme que Jacques nous dit tout cela, car il n’est pas un penseur voulant défendre sa philosophie de la vie et de la mort. Il a vécu à une époque qui, comme la nôtre, était bouleversée par toutes sortes d’événements, où la mort était particulièrement présente et menaçante. Ce n’est pas cela non plus qui lui fait dire que notre vie est semblable à « un peu de vapeur ». Il le fait au nom de Jésus-Christ. Il vit et pense par lui. C’est pour cela qu’il parle avec tant de gravité de la vie, qu’il voit l’ombre de la mort s’étendre sur chaque vie humaine.

Mais n’est-ce pas justement Jésus-Christ qui a arraché à la mort sa puissance, nous permettant de ne plus trembler devant elle? Dès lors, a-t-on le droit de parler, au nom de Jésus-Christ, de la vie humaine comme d’une vie menacée par la mort? Jacques ne connaîtrait-il pas le message de Pâques, la victoire que Jésus-Christ a remportée sur la mort? Sans doute, Jésus a brisé la puissance de la mort. Mais il l’a fait après avoir obligé la mort à manifester toute sa violence. Elle n’a jamais montré plus clairement son emprise sur nous qu’en s’emparant de la vie du Fils de Dieu. C’est à la croix du Calvaire qu’on mesure le plus tragiquement la profondeur des ténèbres dans lesquelles la mort plonge notre vie. C’est, en effet, là que le Fils de Dieu est mort comme nous, avec nous et pour nous; c’est là où il a laissé la mort s’emparer de sa vie humaine que Jésus-Christ a arraché définitivement toute sa puissance à la mort.

L’œuvre de Jésus-Christ c’est de partager notre vie menacée par la mort et de la remettre entre les mains du Père. C’est entre les mains du Père que le Christ nous remet en mourant sur la croix, c’est entre ses mains que notre vie est en sécurité, bien qu’elle ne soit qu’un souffle, une vapeur qui disparaît… La mort n’a pas disparu, mais quand elle se précipite pour nous saisir, elle ne peut plus s’emparer de nous. Dieu, le Père en Jésus-Christ, nous protège en étendant sa propre main sur nous. C’est donc au tout dernier moment que nous avons été sauvés par le miracle de Jésus-Christ.

Bien que notre vie ne soit qu’un souffle, elle est maintenant assurée. Grâce à Jésus-Christ, nous pouvons vivre délivrés de la crainte de la mort. Nous pouvons faire des projets et entreprendre leur réalisation. Nous pouvons dire : « Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela ». L’intention de Jacques est de nous garder contre l’abus que nous pourrions faire de la grâce de Jésus-Christ. Nous sommes devenus raisonnables, ayant appris que nous devons tous mourir, que nous ignorons ce que demain nous réserve. Mais c’est justement dans cette grande insécurité, alors que la terre tremble sous nos pieds, que nous pouvons rendre gloire à Dieu, sachant que jusqu’à l’heure de notre mort nous sommes entre les mains du Père. « Si Dieu le veut, nous vivrons », nous plaçant ainsi sur un terrain parfaitement solide.

Nous constatons ici trois choses :

1. Nous vivons actuellement une époque où la fragilité de notre vie est mise particulièrement en évidence. Chaque jour nous sommes menacés. Une catastrophe peut à tout instant fondre sur nous. C’est pourquoi Jacques nous exhorte à nous placer sous la protection de Dieu le Père. Nous devrions fort bien comprendre cela. Et voilà que nous faisons la sourde oreille. Nous dormons et nous ne nous laissons pas réveiller. Nous agissons ainsi parce qu’au fond nous avons tous peur de ce qui peut arriver. Ne faudrait-il pas alors suivre un autre chemin? Mais existe-t-il vraiment une catastrophe, aussi terrifiante soit-elle, qui puisse effectivement nous anéantir? Ne sommes-nous pas, depuis que Jésus-Christ est devenu notre frère, irrévocablement entre les mains de Dieu? Quelle puissance serait capable de nous arracher de ses mains?

2. Lorsque Jacques écrit : « À vous maintenant qui dites : aujourd’hui ou demain, nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons des affaires et nous réaliserons un gain », il décrit exactement la manière de vivre des hommes de notre temps. Nous avons tous entendu parler de ces plans, de ces projets, de ces entreprises, de ces empires que les hommes veulent édifier pour mille ans, comme s’ils étaient des dieux… C’est la prétention de notre époque, et c’est cette prétention qui provoque la guerre. Il s’agit de renoncer à cette prétention-là, de lui résister jusqu’au sang. Mais ce ne sont pas seulement les grands de ce monde qui s’expriment ainsi. Nous tous, nous le faisons. Nous devons renoncer à nous-mêmes et nous engager sur un nouveau chemin, renoncer à cet acharnement aveugle que nous mettons parfois à réaliser nos projets, nos œuvres et nos affaires. Nous devons renoncer à tout ce qui fait notre réputation et notre orgueil. Ce dont nous nous sommes vantés n’était que fausse sécurité; le mal de notre temps est de ne pas le reconnaître.

3. Enfin, troisièmement, « si quelqu’un sait faire le bien et ne le fait pas, il commet un péché ». Une fois de plus, Jacques prend un ton sévère pour s’adresser à nous. Il nous rappelle que Dieu ne nous demande pas seulement de renoncer à quelque chose, mais aussi de faire le bien. Ce qui veut dire que Dieu nous impose des tâches. L’avantage des difficultés de notre époque, c’est que de nombreuses occasions se présentent à nous de faire quelque chose pour que pénètre dans le monde le renouveau que Jésus-Christ accomplit pour nous. Ce sera peut-être une parole courageuse prononcée à un moment critique, une opposition qui nous coûtera peut-être cher, une opinion que nous devrons défendre envers et contre tout, la persévérance que nous ne devrons jamais abandonner, ou encore — et peut-être avant tout — une œuvre de miséricorde, d’amour et de patience, qui exigera de nous un renoncement total.

Le mot d’ordre que Jacques nous adresse nous apaise et nous fortifie tout à la fois. Si nous le suivons au pied de la lettre, nous deviendrons semblables à un voyageur qui traverse les difficultés les plus grandes, qui fait même face aux choses les plus obscures et terrifiantes, marchant sans crainte, libres intérieurement, parce que fondés sur la grâce de Jésus-Christ, sans prétention ni orgueil.