Cet article sur Jean 1.29-34 a pour sujet le témoignage de Jean-Baptiste au sujet de l'Agneau de Dieu venu s'offrir en sacrifice d'expiation pour ôter le péché du monde et accorder le baptême du Saint-Esprit.

Source: La Parole s'est faite chair - Méditations sur l'Évangile selon Jean. 5 pages.

Jean 1 - Voici l'Agneau de Dieu

« Le lendemain, il vit Jésus venir à lui et dit : Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. C’est de lui que je vous ai parlé lorsque je disais : Un homme vient après moi, il m’a précédé, car il existait avant moi. Moi non plus, je ne savais pas que c’était lui, mais si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour le faire connaître au peuple d’Israël. Jean rendit ce témoignage : j’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui; et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise d’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que c’est lui le Fils de Dieu. »

Jean 1.29-34

Le prologue qui commence le premier chapitre de l’Évangile de Jean a proclamé la nature éternelle et divine de la Parole qui s’est faite homme en Jésus-Christ; Jean-Baptiste a rendu un témoignage clair et précis sur celui qui est véritablement le Messie attendu par les Israélites. Il n’a pas prétendu se substituer au Christ, mais a formellement désigné celui-ci comme le Fils de Dieu, non seulement devant ses disciples, mais aussi devant les autorités juives venues de Jérusalem pour le questionner au sujet de son identité et de sa mission. Lui, il baptise d’eau, pratiquant le baptême de la repentance, mais le Christ, lui, baptisera du Saint-Esprit, car l’Esprit même de Dieu s’est posé sur lui sous forme de colombe, au moment où Jean-Baptiste l’a baptisé d’eau.

Déjà au verset 29 du premier chapitre, celui-ci, voyant Jésus venir vers lui, l’a désigné sous le nom d’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Que veut-il dire par là? Tout d’abord, par le mot « agneau », il fait allusion aux anciens sacrifices de la loi. Il s’adresse aux Juifs qui, ayant l’habitude des sacrifices, ne pouvaient pas être enseignés au sujet de la purification des péchés autrement qu’en pensant à un sacrifice quelconque. Plusieurs sortes de sacrifices étaient prescrits par la loi. Ici, Jean en propose un seul, qui les englobe tous en quelque sorte. Mais il est probable qu’il pense surtout à l’agneau sacrifié durant la Pâque juive, lorsque les Israélites sont sortis d’Égypte.

Jean-Baptiste résume en cette courte phrase le ministère du Messie : en effaçant les péchés du monde par le sacrifice de sa mort, il réconcilie les hommes avec Dieu. Certes, Dieu confère à ses enfants de nombreux autres bienfaits, mais celui-ci est le plus grand, et les autres en dépendent tous : en apaisant la colère de Dieu, Jésus-Christ fait que nous sommes dorénavant considérés comme justes et purs par son Père.

Donc Jean-Baptiste commence par le pardon gratuit des péchés obtenu par Jésus-Christ pour amener vers celui-ci tous ceux qui l’écoutent. Le signe du baptême nous fait saisir ce que vaut la rémission des péchés acquise par le sang du Christ : ce signe indique que nous sommes lavés et purifiés de toutes nos impuretés. Il est probable que les Juifs auxquels Jean-Baptiste s’adressait s’arrêtaient au signe extérieur des sacrifices accomplis, comme si le simple fait de sacrifier pouvait purifier des péchés. Penser de cette manière était bien sûr abuser de ces cérémonies. Mais en proposant Jésus-Christ comme l’Agneau de Dieu, Jean-Baptiste indique que tous les sacrifices accomplis par les Juifs sous la dispensation de la loi de Moïse n’avaient pas en soi la puissance d’effacer les péchés : c’étaient seulement des figures ou des signes, dont la réalité, la vérité a été manifestée en la personne du Christ.

Cela dit, pourquoi Jean-Baptiste parle-t-il du péché au singulier, et non des péchés? Il signifie par là l’ensemble de toutes les fautes, de toutes les iniquités commises par tous les hommes. C’est comme s’il disait que tout ce qu’il y a d’iniquité aliénant les hommes de Dieu est ôté par Christ. Et en parlant du péché du monde, il montre que la grâce de Dieu a été étendue à tout le genre humain, pas seulement aux Juifs, qui pouvaient penser que le Rédempteur ne serait envoyé que vers eux et pour eux. En même temps, cela montre que la totalité du genre humain fait l’objet de la même condamnation, car tous les hommes sans exception sont coupables d’injustice devant Dieu et ont besoin d’être réconciliés avec lui. C’est exactement le même message que l’apôtre Paul a énoncé au début de sa lettre aux Romains.

En entendant cette parole de Jean-Baptiste, chacun de nous devrait donc être incité à contempler sa propre misère et à chercher le remède en Jésus-Christ. Et puisque ce remède nous est offert si clairement, chacun de nous devrait l’embrasser et y trouver refuge : car rien ne peut empêcher de trouver la réconciliation en Christ, pourvu qu’on vienne à lui dans la foi.

Ce qu’il faut encore noter concernant cette déclaration de Jean-Baptiste, c’est que celui-ci ne met en avant aucun autre remède que Christ. Car il ne s’agit pas d’un agneau quelconque, mais de l’Agneau de Dieu par excellence. Aucun autre agneau ne pourrait opérer un sacrifice meilleur et plus efficace. Quelles que soient les inventions des hommes pour obtenir la purification devant Dieu, quels que soient les motifs qui les amènent à inventer d’autres remèdes, Jean-Baptiste nous ramène au Christ seul, et il montre que Dieu ne nous est favorable qu’à travers le bienfait procuré par Christ. Tout autre chemin ou voie empruntée ne peut donc être qu’une astuce de Satan pour nous éloigner de Dieu.

Que veut dire le mot « ôter », dans la phrase « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde »? On peut dire que Christ a pris sur lui le fardeau qui nous accablait, comme l’apôtre Pierre écrit dans sa première lettre qu’il a porté nos péchés et nos iniquités sur le bois de la croix, ou comme il est écrit au livre du prophète Ésaïe, au chapitre 53 :

« Mais il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (És 53.5).

Donc, bien que le péché soit toujours attaché à notre nature, il est annulé quant au jugement de Dieu, car puisqu’il est aboli par la grâce du Christ, il ne nous est pas imputé. Sachons donc que nous sommes réconciliés avec Dieu par la grâce du Christ quand nous nous fions à la valeur de sa mort, et quand nous nous en tenons au fait que ce crucifié est le sacrifice unique offert pour satisfaire à nos péchés.

Un autre élément de la prédication de Jean-Baptiste doit retenir notre attention : c’est la relation entre son propre baptême et le baptême de l’Esprit conféré par Jésus-Christ. Cette question préoccupe beaucoup de communautés chrétiennes dans le monde et donne souvent lieu à de grandes confusions, c’est pourquoi je souhaite m’arrêter sur ce point, qu’il faudra reprendre la prochaine fois. Relisons d’abord les versets 32 à 34 du premier chapitre de l’Évangile selon Jean :

« Jean rendit ce témoignage : j’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui; et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise d’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que c’est lui le Fils de Dieu. »

Notons tout d’abord que le Saint-Esprit, qui remplit le ciel et la terre de sa présence et de son action divine, ne peut naturellement pas être enfermé ou compris sous une forme de colombe, comme s’il se réduisait à cette apparence extérieure. Nous avons affaire à un signe, à un symbole propre à être saisi par la compréhension limitée des hommes. C’est de la même manière que l’on doit comprendre les sacrements tels que le pain et le vin dans la Cène du Seigneur, ce repas célébré par les chrétiens. Certes, le Saint-Esprit était véritablement présent au moment où Jean-Baptiste l’a vu sous cette forme, ce n’est pas en vain que ce spectacle a été présenté à ses yeux. Comme dans le cas du sacrement de la Cène, le signe donné est en même temps un gage certain par lequel nous sommes sûrs que la vérité qui y est signifiée nous est donnée. Ce n’est pas une simple apparence de cette vérité, elle est vraiment présente.

Mais, demandera-t-on, pourquoi une colombe, pourquoi pas un aigle par exemple? Il nous faut toujours nous souvenir que le signe donné par Dieu contient une similitude, ou une analogie particulière avec la réalité qu’il signifie. Pensons par exemple au signe donné aux disciples au moment de la Pentecôte, après la résurrection du Christ, lorsque des langues de feu se sont posées sur leurs têtes : le signe signifiait que l’Évangile devait être proclamé, annoncé dans toutes les langues, et que cet Évangile est une puissance de feu pour embraser le monde entier. Dans le passage qui nous concerne, avec la colombe, Dieu a clairement voulu représenter la douceur et la bonté du Christ. Là encore, on peut se reporter à la prophétie d’Ésaïe écrite sept siècles plus tôt sur le serviteur de Dieu qui viendrait un jour :

« Voici mon serviteur que je soutiens, celui que j’ai choisi, qui fait toute ma joie. Je lui ai donné mon Esprit et il établira la justice pour les nations. Mais il ne criera pas, il n’élèvera pas la voix, il ne la fera pas entendre dans les rues. Il ne brisera pas le roseau qui se ploie et il n’éteindra pas la flamme qui faiblit, mais il établira le droit selon la vérité » (És 42.1-3).

Bien sûr, Jésus n’était pas dépourvu du Saint-Esprit avant son baptême par Jean-Baptiste, puisque, comme le rapporte l’évangile selon Luc, il a été conçu du Saint-Esprit de Dieu. C’est du reste à ce titre qu’il peut baptiser du Saint-Esprit et accorder la nouvelle naissance, ce que le baptême de Jean-Baptiste n’aurait pu faire. Jean-Baptiste pointait en cette direction et son message consistait à dire que celui qui baptiserait du Saint-Esprit existait de tout temps avant lui, et qu’il allait sous peu se présenter devant le peuple. Le temps de la repentance était plus que jamais d’actualité, en vue de cette venue imminente. Lorsque Jésus-Christ s’est présenté publiquement, Jean-Baptiste l’a reconnu.

Comment définir la relation entre le baptême pratiqué par Jean-Baptiste et le baptême de l’Esprit pratiqué par le Christ? S’opposent-ils l’un à l’autre, se réfèrent-ils à quelque chose de différent? Rappelons d’abord que, selon le témoignage formel de Jean-Baptiste, le Saint-Esprit s’est manifesté sous forme de colombe au-dessus de la personne du Christ, au moment de son propre baptême (cela les autres Évangiles le confirment). De cette manière, Jésus-Christ est intronisé dans son ministère public, il reçoit en quelque sorte l’onction divine du Saint-Esprit par laquelle il est en mesure de baptiser lui-même du Saint-Esprit. C’est parce qu’il est lui-même une personne divine que Jésus-Christ est en mesure de conférer pleinement et parfaitement tous les dons et toutes les bénédictions figurées par le baptême de Jean-Baptiste. C’est là toute la différence entre la personne purement humaine de Jean-Baptiste, aussi spéciale et unique soit-elle dans le cours de la révélation de Dieu aux hommes, et celle de Jésus-Christ, Dieu éternel devenu homme en conservant sa nature divine, afin que Dieu soit parfaitement manifesté au milieu de l’humanité.

En tous points, Jésus-Christ accomplira ce qui a été figuré ou prophétisé avant lui. Il n’y a donc aucune opposition entre le baptême d’eau de Jean-Baptiste et le baptême de l’Esprit Saint conféré par Jésus-Christ, il s’agit d’une même réalité dont le premier élément signifie ou annonce le second. Jean-Baptiste le dit explicitement dans notre texte :

« Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. C’est de lui que je vous ai parlé lorsque je disais : Un homme vient après moi, il m’a précédé, car il existait avant moi. Moi non plus, je ne savais pas que c’était lui, mais si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour le faire connaître au peuple d’Israël » (Jn 1.30-31).

Lorsque nous lirons le chapitre trois de l’Évangile selon Jean, qui rapporte la rencontre entre Jésus et le pharisien Nicodème, nous verrons plus clairement comment eau et Esprit vont de pair lorsqu’il s’agit de la nouvelle naissance. Jésus dira en effet à Nicodème : « En vérité en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3.5).